Helichrysum italicum
L'Immortelle d'Italie (Helichrysum italicum), souvent nommée plante au curry, plante cari, fleur de Saint-Jean[1] ou hélichryse italienne dans le langage courant en aromathérapie[2],[3], est une espèce de plantes à fleurs de la famille des Asteraceae et du genre Helichrysum. Elle est présente tout autour de la Méditerranée. Elle prend la forme d'un petit buisson de 40 à 60 cm en hauteur, fleurissant jaune d'or de mai à août. Elle est réputée pour sa forte fragrance, et on l'utilise couramment pour en extraire de l'huile essentielle, à partir de souches cultivées. Dans plusieurs pays, c'est une espèce protégée.
Règne | Plantae |
---|---|
Division | Magnoliophyta |
Classe | Magnoliopsida |
Ordre | Asterales |
Famille | Asteraceae |
Sous-famille | Asteroideae |
Genre | Helichrysum |
floraison, en avril
(Ici sur le littoral nord de l'Île d'Elbe)
Le terme « Helichrysum » vient du grec helios, soleil, et chrysos, or (allusion à la couleur générale de la fleur). L'appellation « italicum », vient du latin italicus, Italie, région où la plante a été décrite pour la première fois[4]. L'appellation française d'« immortelle » viendrait de la conservation exceptionnellement longue des bouquets secs[5].
Description
modifierHelichrysum italicum est une plante vivace de 25 à 50 cm, ligneuse à la base et sempervirente. Hermaphrodite, elle fleurit de mai à août. Elle est pollinisée par les insectes (et parfois autogame) et ses fruits sont dispersés par la gravité.
L'espèce type, déterminée par la sous-espèce Helichrysum italicum subsp. italicum, est décrite ainsi : toute la plante a une odeur forte de curry. Dressée ou ascendante, rameuse et tomenteuse, elle porte des feuilles linéaires très étroites, grêles et allongées, atteignant 2 à 3 cm, roulées en dessous par les bords, tomenteuses, verdâtres ou vertes sur les deux faces. Son involucre est petit (2 à 3 mm de diamètre), franchement oblong-cylindrique. Les fleurs sont des bractées d'un jaune pâle regroupées en capitules serrés en corymbe. Les bractées internes sont linéaires, dressées-appliquées, oblongues et non élargies au sommet, glanduleuses sur le dos et bien plus longues que les externes, ovales-obtuses. Les fruits sont des akènes très petits, couverts de petites glandes blanches et brillantes[4],[6].
Sous-espèces
modifier- Helichrysum italicum subsp. italicum - L'Immortelle d'Italie à proprement parler
- Helichrysum italicum subsp. microphyllum (Willd.) Nyman Elle se distingue de l'espèce type par des feuilles plus courtes (1 cm) et par ses bractées internes et externes glanduleuses sur le dos.
- Helichrysum italicum subsp. serotinum (DC.) P.Fourn. Elle se distingue de l'espèce type par des capitules plus ovoïdes et des akènes dépourvus de glandes.
- Helichrysum italicum subsp. pseudolitoreum (Fiori) Bacch. & al.
- Helichrysum italicum subsp. siculum (Jord. & Fourr.) Galbany & al.
- Helichrysum italicum subsp. picardii (Boiss. & Reut.) Franco
Écologie
modifierL'immortelle d'Italie est endémique du pourtour méditerranéen. Plus précisément, elle est présente en Algérie, au Maroc, à Chypre, en Grèce, en Albanie, en Monténégro, en Italie, en Slovénie, en Croatie, en France, au Portugal, en Bosnie-et-Herzégovine et en Espagne. Malgré certaines zones bien fournies (Corse, Sardaigne, zone littorale des Balkans), elle reste globalement rare. En France, elle est rare à très rare dans le Languedoc-Roussillon, les Alpes maritimes et dans le Var et assez rare à moyennement courante en Corse[4].
Son comportement est variable suivant la sous-espèce. Néanmoins toutes sont héliophiles, thermophiles et souvent xérophiles. Elles affectionnent essentiellement les roches composées d'altérites de calcaires ou de silice où elles s'installent souvent dans les fentes ou sur des zones très rocailleuses. Elles affectionnent donc des pH très différents.
- La sous-espèce italicum est propre aux falaises et pierriers granitiques des littoraux (Helichrysetalia italici) et des maquis (synonyme Rosmarinenalia officinalis)[4].
- La sous-espèce microphyllum, plus xérophile, est propre aux garrigues et falaises calcaires maritimes de Corse, Sardaigne et Italie (synonymes Crithmo maritimi-Staticetalia, Ononidion hispanicae subsp. ramosissimae)[4].
- La sous-espèce serotinum est la plus continentale de toutes (synonyme Crucianellion maritimae)[4].
Usages
modifierCultivée comme plante ornementale, elle est aussi utilisée à des fins alimentaires ainsi qu'en parfumerie en raison de ses arômes proches du curry.
La sommité fleurie (tige et multiples petites fleurs en haut de la plante) est récoltée lors de la période de floraison, principalement en juin et juillet. Un proverbe provençal explique qu'il est préférable de la recueillir trop tôt que trop tard "Voou mies la dessouta que de la laissa troou madura".
Il faut compter une tonne de fleurs pour produire 2 kg d’huile essentielle[7].
Usages médicinaux
modifierLes sommités fleuries d'Helichrysum italicum sont distillées afin de produire une huile essentielle. Il existe plusieurs chémotypes. Les chémotypes des sous-espèces microphyllum et serotinum semblent être les plus appréciés. Leurs huiles essentielles contiennent des monoterpènes, des sesquiterpènes, un ester terpénique, l'acétate de néryle et une cétone particulière, l'italidione[5] (β-diketone (en) [8]). Elles ont des propriétés antioxydantes, antibactériennes et antifongiques[9]. Ce sont également de puissants analgésiques[10].
En aromathérapie, elle est utilisée dans le traitement des hématomes, les douleurs inflammatoires et les troubles de la circulation sanguine[5]. Son huile est surnommée « huile du boxeur ». Elle peut être utilisée par la voie cutanée pour les adultes avec une goutte 3 fois par jour pendant 7 jours [11].
Elle a également d'excellentes vertus cicatrisantes sur les plaies et les brûlures[12].
Comme la plupart des huiles essentielles, elle est déconseillée aux enfants et aux femmes enceintes ou allaitantes[5] et sa consommation par voie interne nécessite obligatoirement la consultation d'un thérapeute.
L'immortelle d'Italie fait partie des 5 principales plantes utilisées par la mésange bleue pour protéger son nid contre les parasites[13].
Protection
modifierEn France, Helichrysum italicum est protégée en région Provence-Alpes-Côte d'Azur[14].
Notes et références
modifier- CNPMAI, « L’hélichryse : une plante aux multiples facettes », sur Conservatoire National des Plantes, (consulté le )
- Pascale Gélis-Imbert, « Qu'est-ce que je soigne avec l'huile essentielle d'hélichryse ? », sur TopSanté, (consulté le ).
- Binette & Jardin, « L'hélichryse italienne : pour résorber les hématomes », sur jardinage.lemonde.fr (consulté le ).
- Flore forestière française. Guide écologique illustré, Volume 3, Région méditerranéenne, Jean-Claude Rameau, Dominique Mansion, Gérard Dumé, Christian Gauberville, 01/03/2008, IDF - (ISBN 978-2-904740-93-0)
- Ma Bible des huiles essentielles. Guide complet d'aromathérapie, Danièle Festy, 01/09/2008, Leduc.S Éditions - (ISBN 978-2-84899-242-6)
- Flore descriptive et illustrée de la France, de la Corse et des contrées limitrophes, Tomes 1, 2, 3, Hippolyte Coste, 01/04/1998, Albert Blanchard (ISBN 2-85367-058-9)
- France Agrimer, « L’HELICHRYSE Production, utilisations, marchés », FOCUS IMMORTELLE (HELICHRYSE), (lire en ligne)
- (en) Essential Oil : Helichrisum italicum
- (en) NCBI : Anti-inflammatory and antioxidant properties of Helichrysum italicum (Asteraceae), Sala A., Recio M., Giner R. M., Máñez S., Tournier H., Schinella G., Ríos J.L. Departament de Farmacologia, Facultat de Farmàcia, Universitat de València, Spain.
- (en) NCBI : A new dual inhibitor of arachidonate metabolism isolated from Helichrysum italicum. Sala A., Recio M. C., Schinella G. R., Máñez S., Giner R. M., Ríos J. L. Departament de Farmacologia, Facultat de Farmàcia, Universitat de València, Av. Vicent Andrés Estellés s/n. 46100 Burjassot, Spain.
- Dictionnaire complet d'Aromathérapie. Jean-Philippe Zahalka. Éditions du Dauphin page 168/169
- « Le top 10 des huiles essentielles », sur Magazine Avantages (consulté le )
- (en) Cécile Petit, Martine Hossaert-McKey, Philippe Perret, Jacques Blondel, Marcel M. Lambrechts, « Blue tits use selected plants and olfaction to maintain an aromatic environment for nestlings », Ecology Letters, vol. 5, no 4, , p. 585–589 (DOI 10.1046/j.1461-0248.2002.00361.x)
- Arrêté du 9 mai 1994 relatif à la liste des espèces végétales protégées en région Provence-Alpes-Côte d'Azur
Liens externes
modifier- (fr) Référence Tela Botanica (France métro) : Helichrysum italicum (Roth) G.Don, 1830
- (fr) Référence INPN : Helichrysum italicum (Roth) G.Don, 1830 (TAXREF)
- (en) Référence NCBI : Helichrysum italicum (taxons inclus)
- (en) Référence GRIN : espèce Helichrysum italicum (Roth) G. Don
- Page sur Royal Botanic Garden Edinburgh