Gothique angevin
Le gothique Plantagenêt ou gothique angevin, ou encore gothique de l'Ouest, est une variante de l’architecture gothique classique. Le style est caractérisé par des voûtes avec un profil très bombé. Il s’est répandu dans l'ouest de la France : en Anjou, en Touraine, en Limousin, en Poitou, en Gascogne, dans le Maine et Bretagne.
Caractéristiques
modifierLe gothique angevin se distingue par des façades différentes de celles d’Île-de-France, qui comportent trois portails. Le chevet ne comporte pas non plus systématiquement d'arcs-boutants (comme la cathédrale Saint-Pierre de Poitiers, dont le chevet est un simple mur vertical).
Mais ce sont surtout les voûtes qui caractérisent le gothique angevin : la voûte angevine présente un profil très bombé (clef de voûte sensiblement plus haute que les doubleaux et les formerets), alors que la voûte francilienne est plus plate (clef de voûte au même niveau que les doubleaux et les formerets).
Ces voûtes gothiques fortement bombées souvent armées de 8 nervures toriques qui rayonnent autour d’une clef de voute ronde. Ce voûtement à nervures multiples concerne en Maine-et-Loire une quarantaine d’édifices[1], et en Indre-et-Loire une trentaine d'édifices[2].
Dans la nef de la cathédrale d'Angers, la clef de voûte est 3,50 mètres plus haute que la clef des doubleaux et les formerets.
Au XIIe siècle, des nervures plus nombreuses et plus gracieuses retombent sur le haut des colonnes rondes. Comme à l'abbaye Saint-Serge d'Angers.
Ce système typique du milieu du XIIe siècle est une combinaison d'influences du renouveau gothique (voûte d'ogives) et de l'architecture romane de l'ouest de la France (églises à files de coupoles comme la cathédrale Saint-Front de Périgueux ou la cathédrale Saint-Pierre d'Angoulême). Il se caractérise par une nef qui peut être à vaisseau unique (sans bas côtés) ou à trois vaisseaux, des croisées d'ogives très bombées qui poussent peu à dévers et qui ne nécessitent pas d'arcs-boutants.
À Poitiers, Aliénor d’Aquitaine fit construire dans le palais des ducs d’Aquitaine et comtes de Poitou, la magnifique salle du Roi ou salle des Pas-Perdus, à la fin du XIIe siècle.
Dans la région de ce style, quelques voûtes angevines sont construites jusqu'à la fin du Moyen Âge.
Diffusion
modifierLe gothique angevin ou Plantagenêt s’est répandu en Anjou, en Touraine, en Limousin, en Poitou, en Gascogne, dans le Maine et Bretagne[3].
En France
modifierParmi les plus beaux exemples de voûtes angevines, voici quelques exemples tant à Angers qu'ailleurs.
Angers
modifier- La cathédrale Saint-Maurice d'Angers,
- La collégiale Saint-Martin d'Angers[4],
- L'église de la Trinité d'Angers.
- L'ancien hôpital Saint-Jean d'Angers (actuel musée Jean-Lurçat),
- La chapelle du château d'Angers.
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Église de la Trinité d'Angers, fin du XIIe siècle.
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Église Saint-Martin d'Angers, début du XIIIe siècle.
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Cathédrale Saint-Maurice d'Angers, 1148–1240.
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Chapelle axiale de Saint-Eutrope de Saintes, XVIe siècle.
Ailleurs
modifier- L'abbaye Notre Dame du Loroux sur la commune de Vernantes, en Maine-et-Loire,
- L'église Notre-Dame-la-Neuve de Chemillé, en Maine-et-Loire,
- La collégiale Notre-Dame du Puy-Notre-Dame
- Le prieuré de la Jaillette, sur la commune de Segré-en-Anjou Bleu,
- La collégiale Saint-Martin de Candes, à Candes-Saint-Martin,
- L'abbaye Saints-Pierre-et-Paul devenue paroisse Notre-Dame de la Couture, Le Mans[5],
- La cathédrale Saint-Julien du Mans (la nef)
- Le chœur de l'église Saint-Martin de Luché
- La cathédrale de la Sainte-Trinité de Laval
- La cathédrale Saint-Pierre de Poitiers[6],
- L'église Sainte-Radegonde de Poitiers,
- Le palais des ducs d’Aquitaine, comtes de Poitou à Poitiers,
- L'église Saint-Étienne de Celle-Lévescault dans le Poitou,
- L'abbaye Notre-Dame des Fontenelles, sur la commune de La Roche-sur-Yon, en Vendée,
- L'abbaye Saint-Magloire de Léhon, dans les Côtes-d'Armor,
- La cathédrale Saint-André de Bordeaux (la nef).
- L'église Saint-Nicolas de Tiffauges, en Vendée
- L'église Notre-Dame-des-Anges d'Angles, en Vendée,
- L'église Notre-Dame-de-Séronne à Châteauneuf-sur-Sarthe,
- La basilique Saint-Eutrope de Saintes (voûtes de la chapelle axiale; ses fenêtres sont flamboyant).
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Vue intérieure de Notre-Dame de la Couture
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Style gothique angevin de l'ancien palais des ducs d'Aquitaine à Poitiers
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Nef de la collégiale Notre-Dame du Puy-Notre-Dame
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Voûtes de style gothique angevin de la collégiale Saint-Martin de Candes
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Voûtes en ogives angevines de la cathédrale du Mans
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Voûtes de la nef de la cathédrale Saint-Pierre de Poitiers
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Nef et style gothique angevin de la cathédrale de Bordeaux
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Les voûtes bombées de la nef de la cathédrale de Laval
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Voûtes de style gothique angevin de l'abbaye Saint-Magloire de Léhon
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Voûtes Plantagenêt de l'église Saint-Nicolas de Tiffauges
Le gotico angioiano dans les royaumes (d'une branche des Capétiens) de Naples et de Sicile n'est pas développé du gothique angevin, en dépit de la même etymologie des termes.
Des voûtes angevines aux voûtes westphaliennes
modifierLes voûtes angévines sont adaptées en Westphalie, en premier autour de 1200 dans l'abbatiale cistercienne de Marienfeld (DE) et dans la Große Marienkirche (DE) (Ste-Marie-la-Grande) de Lippstadt. On suppose, que le seigneur Bernard II de Lippe, un partisan d'Henri le Lion, accompagne le Welf à l'exil « anglais » – en Poitou. En 1184, il vit le chantier de la cathédrale de Poitiers. Retourné en Allemagne, il fut actif comme un des fondateurs de l'abbaye de Marienfeld. Et son territoire comprenait la ville de Lippstadt[7]. Depuis la Westphalie, ce modèle de voûtes et ses modifications se propagèrent au nord d'Allemagne et au nord des Pays-Bas. En hollandais, on parle de « Westfaalse koepelgewelven »[8].
Notes et références
modifier- Subes-Picot, Marie-Pasquine, « Yves Blomme, Anjou gothique. Paris, Picard, 1998. 359 p., 322 ill. n. et bl. avec cartes et plans. », Revue de l'Art, Persée - Portail des revues scientifiques en SHS, vol. 124, no 1, , p. 84–84 (lire en ligne, consulté le ).
- http://academie-de-touraine.com/Tome_27_files/265-284.SCHULE%20gothique.pdf
- « Voutes de style Plantagenet », sur free.fr via Internet Archive (consulté le ).
- Conseil général de Maine-et-Loire, « Collégiale Saint-Martin d’Anjou », sur collegiale-saint-martin.fr via Wikiwix (consulté le ).
- « La fondation de l'abbaye », sur ndcouture.org via Wikiwix (consulté le ).
- « Le Figaro - Culture », sur Le Figaro.fr (consulté le ).
- (de) Holger Kempkens, « Bernhard II. zur Lippe und die Architektur der Abteikirche Marienfeld » dans : Jutta Prieur (éd.), « Lippe und Livland, » Bielefeld 2008 (ISBN 9783895347528) (Table des matières)
- Stenvers et al. (éd.), série Monumenten in Nederland, volume sur la province de « Groningen », p. 20, chapitre « Stijl en verscheiningsvorm » (à télécharger de digitale bibliotheek voor de Nederlandse letteren).
Annexes
modifierBibliographie
modifier- Anthyme Saint-Paul, « Origine du style ogival Plantagenêt », dans Annuaire de l'archéologue français, 1877, volume 1, p. 125-127 (lire en ligne)
- John Bilson (en) (trad. comte Charles de Lasteyrie), « Les voûtes de la nef de la cathédrale d'Angers », dans Congrès archéologique de France. 77e session. Angers et Saumur. 1910, Paris, Société française d'archéologie, (lire en ligne), p. 203-223
- André Rhein, « Les voûtes de l'église de Mouliherne », dans Congrès archéologique de France. 77e session. Angers et Saumur. 1910, Paris, Société française d'archéologie, (lire en ligne), p. 224-233
- Emmanuel Litoux et Daniel Prigent, « Un nouveau regard sur l'architecture médiévale en Anjou : D'un congrès à l'autre, l'évolution des paradigmes », dans Congrès archéologique de France. 180e session. Maine-et-Loire. 2021 : Nouveaux regards sur l'architecture médiévale en Anjou, Paris, Société française d'archéologie, , 600 p. (ISBN 978-2-36919-204-6), p. 11-26