Gérard Blasius (orig. Gerrit Blasius, né le [1],[2] à Amsterdam, où il est mort le [3],[4],[5]), est un anatomiste néerlandais, et l'un des tout premiers professeurs de médecine d'Amsterdam (1660). Il compte au nombre des fondateurs de l'anatomie comparée[6],[7]. De 1649 à 1682 il a publié trente livres, dont treize éditions critiques d'autres médecins et une introduction à la médecine[8]. Gérard Blasius n'hésita pas à usurper les découvertes d'autrui et reste célèbre pour la vive polémique qu'il dut engager avec son ex-étudiant Nicolas Sténon.

Gerardus Leonardus Blasius
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Biographie

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Gérard Blasius d'Oostvliet, comme il se nommait lui-même[9],[10], est né à Amsterdam. Son père, Léonard Blasius, était un ingénieur des fortifications, dépêché à Glückstadt par le Conseil de Flandre zélandaise, qui entra en comme architecte au service de Christian IV de Danemark, à la mort d’Hans van Steenwinckel le Jeune, pour parachever la construction de la Tour Ronde de Copenhague. Léonard Blasius est crédité de la rénovation de l'église d'Holmens, face à la Bourse de Copenhague, deux édifices typiques de la Renaissance flamande.

Gérard étudia la médecine dans la capitale danoise et, à la mort de son père, rapatria sa famille à Leyde. Sa mère, Hillegondt Gerrits de Bartelinck, s'installa avec ses enfants dans le quartier de Steenschuur, le long d'une dérivation du canal de Rapenburg de Leyde ; l'une de ses filles, Éléonore, devint peintre (cf. Thieme-Becker[11]). Quant à Gérard, il poursuivit ses études jusqu'au à l'université de Leyde, où il soutint sa thèse, consacrée aux fonctions rénales, le . Blasius épouse à Amsterdam Cornelia van Ottinga (native de Leyde et fille d'un maître soyeux) en 1653. Le couple aura huit enfants, dont deux jumeaux[12] et trois enfants morts en bas âge[13]. En 1655, il s'installa à Amsterdam mais, déjà âgé de 29 ans, se réinscrivit pourtant à l'université de Leyde l'année suivante[14]. En 1658 il commence à donner ses premiers cours privés à Amsterdam et l'année suivante est recruté comme maître de conférences à l’Athenaeum Illustre pour la pharmacologie, la chimie, et plus tard l'anatomie sous la direction d’Arnoldus Senguerdius, professeur de philosophie[15]. En 1660 il est reçu médecin de la ville d'Amsterdam.

Entre-temps, comme il s'est converti à la foi réformée, il est promu le [Quand ?] professeur extraordinaire (sans rémunération) de l'Athenaeum. Dans sa leçon inaugurale, il développe le projet d'une faculté de médecine et indique comment la financer[16]. Les régents et le bourgmestre firent en sorte d'exclure la théologie du cursus, pour éviter de concurrencer sur ce point les universités d'Utrecht et de Leyde.

 
Une dissection de Jan Deyman, détail de « La Leçon d'anatomie du docteur Deijman » par Rembrandt (1656), conservé au Musée d'Amsterdam.

L'Athenæum reçut l'autorisation d'ouvrir une chaire d'anatomie théorique, la Guilde des Chirurgiens se réservant le monopole de la pratique. Le , Blasius était lui-même autorisé à dispenser ses cours privés d'anatomie[17] et d’utiliser officiellement les locaux de l’hospice Saint-Pierre d'Amsterdam pour cela[18].

 
Nicolas Sténon par Justus Sustermans.

En 1661, Blasius, dans la préface de sa Medicina generalis, revendiqua pour lui-même une découverte de son ex-étudiant danois, Nicolas Sténon. L'année précédente, ce dernier avait découvert, en disséquant une tête de mouton, un canal salivaire dépassant de la glande parotide, qu'il appela pour cette raison ductus parotidicus[19]. Blasius ainsi que le jeune Sténon (il n'avait alors que 23 ans) se mirent à correspondre de la question avec l'illustre Thomas Bartholin ; mais Sténon crut bon de publier sa découverte et Blasius dénonça « l'arrogance d'un étudiant perfide »[20]. Sténon ne s'en tint naturellement pas là et fit connaître en 1663 par un libelle que Blasius n'était pas expert en anatomie et qu'il était « esclave de ses impressions »[21]. Blasius chargea son frère Johan, qui était avocat[22], d'aller à Leyde pour raisonner Sténon et le convaincre de retirer ses accusations.

En 1664, Blasius est reçu membre du Collegium Privatum Amstelodamense, présidé par Jan Swammerdam. Cette société savante se réunissait pour décider des études qu'elle ferait publier : elle permit ainsi à Blasius de faire paraître en 1666 une monographie sur l'anatomie de la moelle épinière résumant les recherches de Swammerdam[6] ; mais le nom de Blasius a été supprimé dans la seconde édition de l'ouvrage, sans doute sur décision du Collegium[23].

En 1666, sur la recommandation de plusieurs médecins, dont Nicolas Tulp, Blasius se voit confier la chaire de medicine de l’Athenaeum Illustre d’Amsterdam, moyennant l'engagement de ne plus donner de leçons d'anatomie publiques[24]. À partir de 1671, Blasius enseigna dans la chapelle Sainte-Agnès (nl) en bas des collèges de la Halle aux Bouchers (Vleeshal), et donnait ses leçons de botanique dans le jardin de simples de l'hôpital. Ce hortus medicus de Johannes Snippendael avait été aménagé au cours du quatrième agrandissement d’Amsterdam (1664–1665), entre la rue d'Utrecht, le long du canal de Keizersgracht et les terrains de l'hospice de Binnengasthuis (Amsterdam).

 
Blasius fut inhumé en 1682 dans le cimetière du Groenburgwal. Cette planche gravée datée de 1625 est de la main de Balthasar Florisz van Berckenrode.

Le il est autorisé à enseigner aux étudiants dans l'enceinte de l'hospice Saint-Pierre, puis au mois d', de présenter les cadavres des patients décédés[25],[26] afin que les étudiants puissent associer théorie et pratique ; mais il n'aura jamais la possibilité de réaliser de dissections dans l’amphithéâtre d’anatomie, ce privilège étant strictement réservé aux chirurgiens. Blasius dispensait à ses étudiants une formation élémentaire solide, qu'ils complétaient le plus souvent à Leyde, car à l'Athenæum ils ne pouvaient passer aucun diplôme[27]. Plusieurs de ses leçons sont conservées aujourd'hui à la British Library[28]. Le il obtint l'autorisation de faire imprimer des planches anatomiques[29]. Sténon est l'auteur qu'il cite le plus souvent[30] dans son dernier ouvrage, Anatome animalium (1681).

Blasius avait amassé une fortune considérable de sa pratique médicale ; sa veuve n'en hérita qu'en 1687[31]. Par suite de la crise financière qui frappa les Pays-Bas, les biens de Blasius furent liquidés en 1692 par Pieter Bernagie.

Œuvres

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Une dissection par son collègue Govert Bidloo.
 
Le ductus parotidicus Stenonianus est désigné ici comme le parotid duct.

Blasius a écrit sur l’anatomie, la pharmacologie et la chimie dans l'esprit de l’iatrochimie, et plusieurs manuels.

À moins de mention particulière, ses travaux sont en latin.

  • Disputatio physica de principatu cordis, etc Praes Albertus Kyper (1655)
  • Impetus Jacobi Primerosii doctoris medici, in Vop. Fort. Plempium ... retusus / a Gerardo Leon. Blasio (1659)
  • Oratio inauguralis de iis quae homo naturae, quae arti, debeat. / Gerardus Leon. Blasius
  • Anatome contracta (1660)
  • Medicina generalis nova accurataque methodo fundamenta exhibens / Gerardus Leonardi Blasius (1661)
  • Pest-geneesing en bewaaring voor dezelve. (1663)
  • Observata anatomica in homine, simia, equo variisque animalibus aliis Accedunt extraordinaria in homine reperta praxin medicam aeque ac anatomen illustrantia n (1664)
  • Medicina universa ; hygieines et therapeutices fundamenta methodo nova brevissimè exhibens… (1665)
  • Anatome medullae spinalis, et nervorum inde provenientium (1666)
  • Anatome contracta, in gratiam discipulorum conscripta, & edita (1666)
  • Observationes anatomicae selectiores collegii privati Amstelodamensis (1667)
  • Institutionum medicarum compendium, disputationibus XII ... absolutum
  • Miscellanea anatomica, hominis, brutorumque variorum, fabricam diversam magnâ parte exhibentia (1673) Gerardi Blasii med. doct. & prof.
  • Observata anatomica in homine, simiâ, equo, vitulo, ove, testudine, echino, glire, serpente, ardeâ, Gerardi Blasii ab Oost-Vliet ... variisque animalibus aliis. : Accedunt extraordinaria in homine reperta, praxin medicinam æque ac anatomen illustrantia (1674)
  • (nl) Ontleeding des menschelyken lichaems beschreeven en in verscheydene figuren afgebeelt door Geerard Blasius (1675)
  • Observationes medicae anatomicae rariores (1677)
  • Observationes medicae rariores in quibus multa ad anatomiam et medicinam spectantia deteguntur
  • Zootomiae, seu Anatomes variorum animalium pars prima (1676)
  • Medicina curatoria methodo nova in gratiam discipulorum conscripta (1680)
  • Anatome animalium, terrestrium variorum, volatilium, aquatilium, serpentum, insectorum, ovorumque, structuram naturalem ... figuris variis illustrata (1681)

Travaux d'édition

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Notes et références

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  1. D’après Baarsma, E.A. et Koopman J.P., « Schandaal in Holland. De onverkwikkelijke prioriteitstrijd tussen Gerard Blasius en Niels Stensen », Nederlands Tijdschrift voor Keel-Neus-Oorheelkunde, 17e série, no 1,‎ , p. 36 (lire en ligne).
  2. Le 3 octobre 1627 on a baptisé Gerrit, fils de Leender Blasius et d'Hilletje Gerrits, dans la Vieille église d'Amsterdam: (nl) « DTB Stadsarchief Amsterdam »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?) [base de donneés], sur ville d'Amsterdam (consulté le ).
  3. L'année 1695 est souvent citée, mais un « Gerardus Blasius du quartier de Verversgracht, professeur, a été inhumé en 1682 dans la Zuiderkerk » : (nl) « DTB Stadsarchief Amsterdam »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?) [base de données], sur ville d'Amsterdam (consulté le )
  4. D’après Bep Bijtelaar, « HET GRAF VAN HENDRICK DE KEYSER », Maandblad Amstelodamum,‎ , p. 22 (lire en ligne).
  5. D’après Jacques Alexandre de Chalmot, Dictionnaire biographique des Pays-Bas [« Biographisch woordenboek der Nederlanden »], vol. 3, p. 131.
  6. a et b Cf. Georges Cuvier et Magdeleine de Saint-Agy, Histoire des Sciences Naturelles : Depuis leur origine jusqu’à nos jours, vol. 2 : XVIe et XVIIe siècles, Paris, Béchet l’Aîné, , « 16e leçon: Anatomistes compilateurs », p. 433.
  7. D’après H. Beukers, Athenaeum Illustre. Elf studies over de Amsterdamse Doorluchtige School (1632-1877), , « 'Publycque lessen in de faculteyt van de medicina' », p. 321.
  8. D’après Baarsma et Koopman, op. cit., p. 37.
  9. Voir la page de titre de Medicina universa.
  10. Il signe souvent ses livres « Gerardus Leonardus Blasius Amstelodamensis » : Gérard Léonard Blasius, [= fils de Léonard : Leonardszoon], d'Amsterdam. Son pseudonyme dans la Leopoldina était Podalirius II.
  11. Archives municipales de Leyde Druk op haar naam
  12. D'après « DTB Stadsarchief »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  13. D'après « DTB »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  14. H. Beukers (1997) Athenaeum Illustre. Elf studies over de Amsterdamse Doorluchtige School (1632-1877) 'Publycque lessen in de faculteyt van de medicina', p. 320.
  15. L. Kooijmans, (2004), p. 68.
  16. D'après D. van Miert, Illuster onderwijs. De Amsterdamse Athenaeum in de Gouden Eeuw, 1632-1704, , p. 258.
  17. Vier jaar later, toen hij gewoon hoogleraar werd, werd het besluit vernietigd. (zie Moulin, 1981, p. 93).
  18. Baarsma, E.A., Koopman J.P. (2011), p. 378.
  19. appelé aujourd'hui « canal de Sténon » (Stensens kanaal), ou ductus parotidicus Stenonianus.
  20. Litt. « schaamteloze aanmatiging van de perfide student » ; cf. Luuc Kooijmans, Gevaarlijke kennis. Inzicht en angst in de dagen van Jan Swammerdam, Amsterdam, , p. 7-10, 16, 33.
  21. Litt. "een slaaf van zijn gevoelens." ; cité d'après Nicolas Sténon, N. Stenonis Apologiae prodromus, quo demonstratur, judicem Blasianum et rei anatomicae imperitum esse, et affectuum suorum servum.
  22. Blasius était le frère aîné de l'avocat, régisseur du théâtre de Van Campen, poète et dramaturge Joan Blasius (nl), féru d'Hugo Grotius et de droit international et ami de Johannes Klencke.
  23. D'après E.A. Baarsma et J.P. Koopman, op. cit., p. 37.
  24. Kooijmans, L. (2004), p.69
  25. L. Kooijmans, op. cit., p.80
  26. D’après D. van Miert, op. cit., p. 132.
  27. D’après D. van Miert op. cit., p. 260.
  28. British Library
  29. Moulin, D. de & I.H. van Eeghen, R. Meischke (1981) Vier eeuwen Amsterdams Binnengasthuis
  30. H. Beukers (1997) Athenaeum Illustre. op. cit. , p. 323.
  31. Registres des veuvages, archives municipales d'Amsterdam.

Voir aussi

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Bibliographie

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  : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Liens externes

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