Gabriele D'Annunzio

écrivain, poète, journaliste et dramaturge italien
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Gabriele D'Annunzio ou d'Annunzio[2] Écouter, prince de Montenevoso, est un écrivain italien, né à Pescara le et mort à Gardone Riviera le .

Gabriele D ’Annunzio
Gabriele D'Annunzio vers 1915.
Fonction
Député
XXe législature du royaume d'Italie
-
Titre de noblesse
Prince de Montenevoso (d)
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Pseudonymes
Duca Minimo, Ariel, Bottom, Bull-Calf, Conte (Il) di Sostene, Floro, Happemouche, Filippo La Selvi, Lila Biscuit, Mab, Mambrino, Marchese (Il) di Caulonia, Mario de' Fiori, Miching Mallecho, Morilot, Musidoro, Myr, Pittore di Allegorie, Puk, Shiun-Sin-Katsu-Hava, Sir Ch. de Vere, SveltVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Université de Rome « La Sapienza »
Internat national Cicognini (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Période d'activité
Conjoint
Maria Hardouin (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Mario D 'Annunzio (d)
Gabriellino D 'Annunzio
Ugo Veniero D 'Annunzio (d)
Renata D 'Annunzio (d)
Gabriele Cruillas (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Partis politiques
Idéologie
Membre de
Arme
Grades militaires
Conflit
Distinctions
Archives conservées par
Prononciation
Blason
Œuvres principales
L'Enfant de volupté, Les Vierges aux rochers, Francesca da Rimini, The Intruder (d), The Dream of a Spring Morning (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
signature de Gabriele D'Annunzio
Signature
Vue de la sépulture.

Héros de la Première Guerre mondiale, il soutient le fascisme à ses débuts et s'en éloigne par la suite. Principal représentant du décadentisme italien, il est notoire pour deux de ses sept romans, L'Enfant de volupté (1889) et Les Vierges aux rochers (1899).

Biographie

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Portrait de D'Annunzio par Mario Nunes Vais.

Son père, Francesco Paolo Rapagnetta, est un riche propriétaire terrien, un temps maire de Pescara ; il fait ajouter « D'Annunzio » à son nom en 1851 à la suite de son adoption par sa tante (sœur de sa mère), qui en deuxièmes noces se marie avec Antonio D'Annunzio. À la naissance de son fils Gabriele, celui-ci est inscrit sur le registre de l'état civil sous le seul nom de « D'Annunzio ».

Un écrivain populaire

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Caricature de Sem.

Gabriele est élève au lycée Cicognini, à Prato, en Toscane. À l'âge de seize ans, il publie son premier recueil poétique, intitulé Primo Vere (1879) ; il est influencé par les Odi barbare de Giosuè Carducci, mais aussi par le poète Lorenzo Stecchetti, alors à la mode pour son ouvrage Postuma.

En 1881, il entre à l'université de Rome « La Sapienza », où il fréquente différents cercles littéraires, dont celui de la revue Cronaca Bizantina, et écrit des articles de critique littéraire pour la presse locale.

Il publie Canto Nuovo (1882), Terra Vergine (1882), L'Intermezzo di Rime (1883), Il Libro delle Vergini (1884) et la plupart des nouvelles, ensuite recueillies sous le titre San Pantaleone (1886). La critique littéraire voit très vite en lui un enfant prodige. Son premier roman, Il Piacere (Le Plaisir traduit en français sous le titre de L'Enfant de volupté), paru en 1889, est suivi en 1891 par L'Innocente (traduit en français sous le titre L'Intrus, puis L'Innocent) et Giovanni Episcopo en 1892.

Ces trois romans font une forte impression sur le public. L'Innocente, traduit en français par Georges Hérelle[3], est encensé par les critiques littéraires étrangers.

En 1882, il publie un recueil de poèmes intitulé Elegie romane qui est une réponse aux Élégies romaines de Goethe, une œuvre qui raconte le voyage de l'auteur allemand en Italie (1786 - 1788). Elles sont traduites en latin par le médiéviste Annibale Tenneroni, son ami de quarante ans que d’Annunzio appelait son « frère candide »[4].

Il épouse en 1883 Maria Hardouin di Gallese (1864-1954) qui lui donne trois fils. Antonio de La Gandara fit d'elle un portrait remarquable, image fidèle de la beauté du modèle. D'Annunzio et Maria Hardouin divorcent en 1891. D'Annunzio commence trois ans plus tard une liaison tumultueuse avec l'actrice Eleonora Duse, qu'il fait jouer dans ses pièces, notamment La Città morta (La Ville morte, 1898) et Francesca da Rimini (1901) ; ils rompent en 1910. En 1897, D'Annunzio est élu à la Chambre des députés pour un mandat de trois ans. Il y siège parmi les indépendants.

Au tournant du siècle, il publie des poèmes dont l'importance — avec ceux de Pascoli — sera déterminante pour la nouvelle poésie italienne du XXe siècle (en particulier : Alcyone, dont J.-Ch. Vegliante a procuré quelques traductions en français).

Le , il inaugure avec Ettore Ferrari, grand maître de la franc-maçonnerie italienne du Grand Orient d'Italie, l'Université populaire de Milan, où il donnera par la suite plusieurs conférences culturelles. L'amitié avec Ferrari l'a rapproché de la franc-maçonnerie, où il a atteint le 33e degré du Rite écossais ancien et accepté. À partir de 1920 D'Annunzio figure comme membre de la loge Italia-XXX ottobre, de la Grande Loge d'Italie, appelée de « Piazza del Gesù » qui, en 1908, avait fait scission du Grand Orient d'Italie[5].

En , lors d'un voyage en Italie, Victor Goloubew et sa femme Natalia Cross sont présentés à Gabriele D'Annunzio. Le , cette dernière s'offre à D'Annunzio, qui accepte, mais n'apprécie pas son don pathétique ainsi qu'il le conte dans son journal intime qui deviendra « Solus ad Solam ». Elle quittera pourtant son mari fin 1908, à la demande du poète, finalement conquis, pour une liaison qui durera jusqu’en 1916.

D'Annunzio, dans la nuit du au , achève les cinq actes de sa Fedra (Phèdre), composée pour Natalia. Elle en commence immédiatement la traduction.

En , il fuit en France, à Arcachon[6], pour échapper à ses créanciers. Il y collabore avec Claude Debussy et Léon Bakst pour Le Martyre de saint Sébastien (1911), écrit pour Ida Rubinstein et chorégraphié par Michel Fokine[7]. L'œuvre s'attire les foudres de l'archevêque de Paris, Léon Adolphe Amette, qui menaça d'excommunication tout catholique qui assisterait au spectacle.

Nonobstant l'ire de l'archevêque, en reconnaissance de sa francophilie, le gouvernement français honore les dettes de D’Annunzio.

D'Annunzio écrit en  le roman Leda senza Cigno, dont l’héroïne est à nouveau inspirée de Natalia Cross.

Le , il est à Chantilly, grisé par un goût de sang et de mort à l'idée de la campagne prochaine. Il ne songe pas une minute à quitter la France menacée mais, en nationaliste exalté, rêve surtout à la gloire de sa patrie. Il publie quatre sonnets d'amour pour la France dans Le Figaro en 1915, reprenant dans l'un d'eux un vers de Victor Hugo : « France, France, sans toi le monde serait seul ». Il rejoint l'Italie début mai 1915 et arrache par ses éclatants discours historiques l’entrée en guerre de son pays.

D'Annunzio entretient des relations nombreuses avec le monde intellectuel et mondain Français. Il est ainsi l'ami de la comtesse Martine de Béhague qui le reçoit dans son palais de la rue Saint-Dominique et sa propriété La Polynésie à Hyères[8].

Un engagement politique

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Portrait de D'Annunzio.

Peu après le déclenchement de la Première Guerre mondiale, il retourne en Italie, et fait de nombreux discours publics en faveur de l'entrée en guerre de l'Italie dans le camp allié. D'Annunzio s'engage volontairement dans l'aviation, et perd l'usage d'un œil dans un accident de vol.

En , il prend part à un raid sur le port austro-hongrois de Bakar (aujourd'hui en Croatie) pour rehausser le moral des Italiens, au plus bas après le désastre de Caporetto.

À bord d'une MAS (acronyme de Motoscafo Armato Silurante, vedette lance-torpilles ultra rapide produite par le chantier vénitien de la Società Veneziana Automobili Navali — la SVAN), commandée par Costanzo Ciano, il pénètre, de nuit, dans le port militaire austro-hongrois de Bakar (Buccari en italien). Les torpilles, mal réglées, explosent dans le quai sans causer de dégâts militairement significatifs, mais le génie propagandiste de D'Annunzio sait exploiter médiatiquement cette incursion audacieuse, qu'il baptise La beffa di Buccari (Le camouflet de Bakar).

 
Gabriele d'Annunzio, L'armata d'Italia, Carabba, 1916, frontispice et page de titre.

D'Annunzio conserve la MAS 96 qui servit au raid et l'utilise comme yacht personnel (avec tout l'équipement militaire resté à bord, torpilles comprises) sur le lac de Garde ; elle est exposée dans sa maison-musée du Vittoriale degli italiani.

Le , à la tête de la 87e escadrille de chasse, il effectue un vol de plus de mille kilomètres avec son compagnon de vol Aldo Finzi pour larguer au-dessus de Vienne des tracts bilingues rédigés par l'écrivain Ugo Ojetti incitant les Autrichiens à demander l'armistice[9] :

« Viennois !

Apprenez à connaître les Italiens. Nous volons au-dessus de Vienne, nous pourrions larguer des tonnes de bombes. Nous ne vous lançons qu'un salut tricolore : les trois couleurs de la liberté. Nous autres Italiens ne faisons pas la guerre aux enfants, aux vieillards et aux femmes. Nous faisons la guerre à votre gouvernement, ennemi de la liberté des nations, à votre gouvernement aveugle, obstiné et cruel, qui ne parvient à vous donner ni la paix, ni le pain, et vous nourrit de haine et d'illusions. Viennois ! Vous êtes réputés intelligents. Mais pourquoi donc avez-vous revêtu l'uniforme prussien ? Vous le voyez, désormais tout le monde est contre vous. Vous voulez continuer la guerre ? Continuez-la, c'est votre suicide. Qu'en attendez-vous ? La victoire décisive que promettent les généraux prussiens ? Leur victoire décisive, c'est comme le pain en Ukraine : on meurt en l'attendant. »

 
Foule de Fiume acclamant D'Annunzio et les participants à la marche sur la ville (Marcia di Ronchi, 1919).

De façon caractéristique[pas clair], l'état-major italien avait approuvé et planifié le vol, mais rejeté le texte du tract écrit par D'Annunzio, un long poème jugé trop complexe et intraduisible en allemand ; finalement, seul l'avion de D'Annunzio emporta et largua quelques milliers d'exemplaires de ce texte.

La Première Guerre mondiale renforce les idées nationalistes et irrédentistes de Gabriele D'Annunzio, et il fait ouvertement campagne pour que l'Italie devienne une puissance européenne de premier plan. Aventurier, il s'empare notamment de la ville de Rijeka (Fiume en italien) qu'il offre à l'État italien.

Il occupe la ville à partir du 12 septembre 1919. Vexé du refus de Rome, il y fonde la Régence italienne du Carnaro en 1920 avec son camarade syndicaliste révolutionnaire Alceste De Ambris. « Les troupes alliées quittent la ville en catimini et D'Annunzio, du haut du balcon municipal, s'adresse à la foule en discourant une à deux fois par jour. Il se proclame porte-drapeau de la nouvelle croisade anti-impérialiste et lance depuis son balcon un cri de révolte à tous les peuples opprimés par l'impérialisme anglo-saxon »[10].

Il y fonde la Ligue de Fiume qui se voulait l'avant-garde d'une « croisade de tous les hommes pauvres et libres contre les nations usurpatrices et accumulatrices de toutes les richesses »[11]. Dans le même temps, il tient un discours avec des accents antioccidentaux (au sens géopolitique, D'Annunzio était opposé aux anglo-saxons qui étaient les "leaders" au sein des démocraties occidentales) appelant à « tourner le dos à l'Occident », condamnant durement l'Occident « corrompu » avec les mots suivants :

« Libérons-nous de l'Occident qui ne nous aime pas et ne veut pas de nous. Tournons le dos à l’Occident qui devient chaque jour plus stérilisé, infecté et déshonoré par des injustices tenaces et une servitude tenace. Séparons-nous de l'Occident dégénéré qui, oubliant qu'il contenait dans son nom "la splendeur de l'esprit inaltérable", est devenu une immense banque au service de l' impitoyable ploutocratie transatlantique[12]. »

Le 27 août 1920, à Fiume, Gabriele D'Annunzio donne une constitution révolutionnaire à la régence. Le texte a été rédigé par le poète lui-même, en compagnie du syndicaliste révolutionnaire Alceste De Ambris. On peut y lire la « reconnaissance et la souveraineté de tous les citoyens, sans distinction de sexe, de race, de langue, de classe ou de religion ; une égalité absolue des sexes devant la loi, l'éligibilité des femmes à toutes les fonctions privées ou publiques, la représentation proportionnelle, les allocations en cas de maladie, de chômage ou d'accident du travail, la retraite à toute personne âgée, le salaire minimum garanti, la création de juge de travail »[13].

Gabriele D'Annunzio estime que « l'artiste est celui qui sait inventer sa propre vertu, pour offrir à ses frères un don nouveau »[13].

L'État libre de Fiume est brièvement reconnu au traité de Rapallo (1920), puis D'Annunzio déclare la guerre à l'Italie, avant que la ville ne doive se rendre en décembre 1920, après un bombardement de la marine italienne. Proche du duc d'Aoste, qui était à cette époque « la référence pour ceux qui préconis[aient] une solution autoritaire et militaire à la crise que travers[ait] le régime »[14], D'Annunzio méprisait le roi Victor-Emmanuel III. En 1926, il déclare au journaliste Jacques Benoist-Méchin que son but était « d'obliger le "nabot pusillanime" à se démettre en faveur du duc »[15].

En 1921, il est élu « membre étranger littéraire » de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, et le restera jusqu'à sa mort, bien qu'il n'y ait jamais siégé.

Après l'affaire de Fiume, il se retire dans sa maison du lac de Garde. Dans la nuit du 13 au 14 août 1922, il fait une chute par une fenêtre. Mussolini prend le pouvoir peu de temps après. D'Annunzio lui-même garde le silence sur les circonstances exactes de sa chute[16].

Proximité avec le fascisme

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Les rapports de D'Annunzio avec Mussolini sont pour le moins complexes. Le fascisme emprunte beaucoup du décorum paramilitaire créé par D'Annunzio lors de l'expédition de Fiume (chemises noires, cri de ralliement, salut romain, culte de l'héroïsme, etc.)

 
D'Annunzio en 1922.

Quoiqu'il ait une influence notable sur l'idéologie mussolinienne, il ne s'implique jamais directement dans le gouvernement fasciste au pouvoir à partir de 1923.

Mussolini, craignant que la popularité et l'indiscutable talent de propagandiste de D'Annunzio ne lui fassent de l'ombre, le pousse à se retirer dans la magnifique villa de Gardone Riviera qui est achetée par l'État italien fasciste pour en faire un « monument aux victoires italiennes » (Vittoriale degli italiani). L'écrivain est endetté et le Duce accepte de financer le domaine, à condition qu'il soit légué à l'Italie[9].

Un budget très généreux est alloué par Mussolini à D'Annunzio pour les transformations de la propriété. Mussolini lui-même expliqua : « Quand vous avez une dent pourrie qui vous fait mal, vous pouvez soit la faire arracher, soit la remplir d'or… dans le cas de D'Annunzio, j'ai choisi la deuxième solution ».

Après que Mussolini a déclaré en août 1934 que « Hitler est un affreux dégénéré sexuel et un fou dangereux », que l'Allemagne nazie « représente la barbarie sauvage » et que « ce serait la fin de notre civilisation européenne si ce pays d'assassins et de pédérastes devait submerger le continent », Gabriele D'Annunzio, très antinazi, écrit à Mussolini : « Je sais que tes hésitations cèdent la place à ta sagacité virile, et que tu as si bien su repousser ce félon d'Hitler, à l'ignoble face ternie sous les taches indélébiles de peinture où il avait trempé sa mèche de clown féroce qui se prolonge jusqu'à la racine de son nez nazi. Avec son gros pinceau de barbouilleur, Hitler couvre de sang l'humain et le divin »[17],[9].

Le 30 septembre 1937, D'Annunzio rencontre Mussolini qui revient d'Allemagne pour lui déconseiller de s'allier avec Hitler : « Une telle alliance ne peut que conduire l'Italie à la ruine. Notre meilleure alliée, malgré ses erreurs du passé, reste la France. » Mais Mussolini ne l'écoute pas et considère que l'Italie doit avoir l'Allemagne voisine, deux fois plus peuplée que l'Italie, comme alliée et non comme ennemie, à défaut d'avoir les Français et les Britanniques de son côté[18].

Il n'a par ailleurs pas beaucoup d'estime pour les fascistes, les qualifiant de « carne agglomerata » (« agglomérat de viande »), refuse la proposition d'être candidat sur les listes du parti et ne renouvelle finalement pas sa carte des Faisceaux. Alors que le secrétaire du parti Michele Bianchi lui envoie une lettre qu'il conclut par « Vive le fascisme ! », Gabriele D'Annunzio y répond par : « Je n'ai eu, et je n'ai, je n'aurai jamais à prononcer qu'un cri : Vive l'Italie ! »[9].

Les dernières années

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Après l'échec de l'expédition de Fiume, D'Annunzio se consacre, outre l'édification du Vittoriale, qu'il meuble et décore luxueusement[9], à la promotion publicitaire de la Riviera des lacs, notamment à travers le sport motonautique.

Passionné (à l'instar de Marinetti et des futuristes) de vitesse et de sports mécaniques, et notamment de vitesse sur l'eau depuis l'expédition de Buccari, qui utilisait des bateaux à la pointe du progrès technique, équipés de très puissants moteurs Isotta Fraschini, D'Annunzio s'associe en 1927 avec Attilio Bisio (ingénieur naval, constructeur des vedettes MAS) pour une tentative de record de vitesse à bord du racer Spalato (nom italien de la ville de Split en Croatie) qui sera couronnée de succès (127 km/h) mais vite dépassée par les surpuissants engins américains du célèbre pilote-constructeur Gar Wood ou les bolides britanniques à moteur Rolls Royce de sir Henry Seagrave.

En 1931, il crée la Coppa dell oltranza (Coupe de l'Outrance), une épreuve motonautique disputée à Gardone Riviera, face au Vittoriale qui attirera les foules et les célébrités, la première édition sera remportée par l'anglais Kaye Don, sur le Miss England II, un racer à bord duquel Henry Seagrave s'était tué l'année précédente en remportant le record mondial de vitesse[19]. D'Annunzio, adepte d'un syncrétisme religieux très personnel, fera figurer le volant tordu du Miss England II, au titre de « relique de la religion du courage » au milieu de dizaines d'artefacts de toutes les religions planétaires dans une salle du Vittoriale.

Il est fait « prince de Montenevoso » en 1924, et nommé président de l'Académie royale italienne en 1937.

Fondamentalement antinazi et détestant Adolf Hitler, il s'oppose au rapprochement de l'Italie avec l'Allemagne nazie. Dans une lettre à Mussolini datée du , il s'oppose au rapprochement italo-allemand. Le 12 juillet 1934, D'Annunzio essaye de troubler les relations entre Hitler et Mussolini après leur rencontre à Venise, allant jusqu'à publier un pamphlet satirique contre Hitler. Le 30 septembre 1937 a lieu à Vérone, dans le même but, la dernière rencontre entre d'Annunzio et Mussolini[20]. Mussolini lui accorde cependant des funérailles nationales après son décès, survenu le 1er mars 1938, officiellement à la suite d'une hémorragie cérébrale, dans sa demeure de Gardone Riviera (devenue ensuite le mausolée du Vittoriale degli Italiani). En vérité, D'Annunzio a été empoisonné par l'Autrichienne Emy Heufler : l'antinazisme affiché de D'Annunzio était un obstacle à l'alliance italo-allemande ; peu après sa mort, la jeune femme qui était son infirmière est partie à Berlin, où elle est passée au service de Ribbentrop, ministre des Affaires étrangères de l'Allemagne nazie[21].

Dans l'étonnant complexe muséal du Vittoriale, conçu par D'Annunzio et mis en architecture par Giancarlo Maroni (qu'un écrivain américain a qualifié de « Lunapark fasciste »), on trouve des souvenirs guerriers (canons, avion du raid sur Vienne, vedette MAS 96, proue du croiseur Puglia, démontée à grands frais et réinstallée à flanc de montagne, l'étrave pointant vers la côte adriatique, etc.), un mausolée de style néo-médiéval où D'Annunzio et ses compagnons de Fiume sont inhumés dans des sarcophages pseudo-médiévaux perchés sur de hauts piliers de pierre, une villa-musée décorée dans le style art nouveau ainsi qu'un amphithéâtre en plein air au milieu d'un parc ornemental splendide dominant le panorama du lac de Garde[pas clair].

« Été voir, hier, Gabriele d'Annunzio chez lui 44, avenue Kléber. Il occupe au quatrième un appartement dont j'ai vu le petit salon. Il en a dissimulé la laideur, selon lui, avec des paravents, des tringles, des étoffes ton d'or, etc. C'est assez encombré. Par terre, des coupes où des fleurs baignent, sur la cheminée un Bouddha (…) des plumes de paon qui porteraient malheur si elles n'atteignaient pas le nombre de 999. Ce chiffre conjure tout, m'a dit le romancier-poète (…) Je suis toujours en état de « ferveur », m'a-t-il dit ensuite. De là l'affection qu'il a inspirée à de jeunes prêtres. Il m'a parlé aussi de la candeur inviolable qui est en lui. Il a eu des ennemis, il a subi beaucoup d'attaques. Il est « impuissant à haïr ». Il ne faut pas juger les autres. Il m'a montré des vases qu'il fait car il est verrier, lui-même. Il a un atelier rue de Suffren. Être merveilleux que ce petit homme au front dégarni, à la parole étrangère et chantante. »

— Abbé Arthur Mugnier, Journal, 13 octobre 1914[22]

Son fils, Gabriellino D'Annunzio (1886-1945), devint acteur de cinéma, puis scénariste et réalisateur.

Romaine Brooks a peint le portrait du poète en exil, en 1912 et Albert Besnard a réalisé son portrait en 1917[23], durant son séjour à Rome comme directeur de la Villa Médicis (1913-1921).

Œuvres

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Le Triomphe de la mort, palais Abatellis, Palerme.

Théâtre

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  • La città morta (La Ville morte, 1898)
  • La Gioconda (La Joconde, 1899)
  • Francesca de Rimini (1901)
  • L'Éthiopie en flammes (1904)
  • La figlia di Iorio (La Fille de Jorio, 1904)
  • Fedra (Phèdre, 1909)
  • Le Martyre de Saint-Sébastien (écrit en français, 1911)
  • La Pisanelle (écrit en français, 1913)

Poésie

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  • Canto novo (1882)
  • Intermezzo di rime (1883)
  • Isaotta Guttadàuro ed altre poesie (1886)
  • L'Isotteo-La Chimera (1889)
  • Elegie romane (1892)
  • Poema paradisiaco (1893)
  • Sonnets cisalpins (1896)
  • Maia (Laudi del cielo, del mare, della terra e degli eroi I) 1903 [rédaction dès 1896]
  • Elettra (Laudi venuti dal cielo, dal mare, dalla terra e dagli eroi II) 1903
  • Alcyone (Laudi del cielo, del mare, della terra e degli eroi III) 1903
  • Merope (Laudi del cielo, del mare, della terra e degli eroi IV; premier titre : Canzoni delle gesta d’oltremare) 1912
  • Canti della guerra latina - Asterope (Laudi del cielo, del mare, della terra e degli eroi V) 1918.

Nouvelles et autres proses

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  • Terra vergine, (1882)
  • La beffa di Buccari (en français : La Beffa di Buccari. Un pied de nez aux Autrichiens, trad. M. Orcel, La Bibliothèque)
  • La Leda senza cigno (en français : La Léda sans cygne, trad. A. Doderet, L'Arbre vengeur)
  • Notturno (en français Nocturne, École des Loisirs, le Seuil)
  • Dant de Flourence, Deux préfaces à la Comédie de Dante, éd. de P. Bitner, ARCADES AMBO, Nice, 2021.

Œuvres politiques

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  • L’Armata d’Italia (1888)
  • Per la più grande Italia (1915)
  • Orazione per la sagra dei Mille (1915)
  • La riscossa (1917)
  • Lettera ai dalmati (1919)
  • Italia o Morte (1919)
  • Carta del Carnaro. Disegno di un nuovo ordinamento dello Stato libero di Fiume (1920)
  • Teneo te, Africa (1936)
  • Le dit du sourd et du muet qui fut miraculé en l’an de grâce 1266, de Gabriele d’Annunzio qu’on nommoit Guerra de Dampnes (écrit en français, 1936)

Livret pour la Parisina de Mascagni d’après le poème homonyme de Lord Byron (1913)

Cinéma

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Scénario et intertitres de Cabiria, film de Giovanni Pastrone (1914)

Œuvres dérivées

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Adaptations cinématographiques

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Hommages

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L'actuelle rue de la Manutention, à Paris, s'est appelée rue Gabriele-d'Annunzio de 1938 à 1949. Il existe une allée Gabriele-d'Annunzio à Arcachon, en Gironde, une avenue Gabriele-D'Annunzio à Pessac dans le même département, une avenue Gabriele-d'Annunzio à Biscarrosse-Plage dans les Landes et une rue Gabriele-D'Annunzio à Meudon, dans les Hauts-de-Seine.

Dans son roman La Ville d'hiver (2005), Dominique Bona évoque le séjour de Gabriele D'Annunzio à Arcachon.

Dominique Lormier rend hommage à l'écrivain dans son roman Gabriele d'Annunzio ou le roman de la Belle Époque en 2014[24].

Romain Gary l’évoque dans son roman La Promesse de l'aube, dans lequel il met en scène sa mère, qui le destinant à la gloire, proclamait alors : « Tu seras un héros, tu seras général, Gabriele D’Annunzio, Ambassadeur de France ».

Notes et références

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  1. « ark:/36937/s005b07bd73e93e5 », sous le nom ANNUNZIO Gabriel d' (consulté le )
  2. « d'Annunzio », comme il avait l'habitude de signer lui-même. Les deux graphies sont avérées. Cf. Guglielmo Gatti, Vita di Gabriele d’Annunzio, Florence, 1956, p. 1-2.
  3. Georges Hérelle fut le premier traducteur français de D'annunzio. Entre 1891 et 1913, les deux hommes entretinrent une riche correspondance. Les lettres de D'Annunzio nous renseignent à la fois sur l'homme et sur l'écrivain. Voir Gabriele D'Annunzio à Georges Hérelle. Correspondance, accompagnée de douze Sonnets cisalpins, Introduction, traduction et notes de Guy Tosi, Paris, Denoël, 1946.
  4. Al "candido fratello"...carteggio Gabriele D'Annunzio-Annibale Tenneroni (1895-1928) 1 vol. (639 p.).Édition : Lanciano : R. Carabba , impr. 2007. Éditeur scientifique : Mirko Menna
  5. (it) Gran Loggia d'Italia.
  6. Depuis 1968, cette ville française est d'ailleurs jumelée — en souvenir de ce séjour — avec deux villes d'Italie, Pescara et Gardone Riviera, lieux de naissance et de décès de D'Annunzio.
  7. Voir Carlo Santoli, Le Théâtre français de Gabriele D'Annunzio et l'art décoratif de Léon Bakst, Paris, PUPS, 2009.
  8. Jean-David Jumeau-Lafond, Martine de Béhague. Une esthète à la Belle époque, Paris, Flammarion,
  9. a b c d et e Nicolas Ungemuth, « Il Vittoriale, une folie italienne », sur Le Figaro Magazine, , p. 78-84.
  10. Enzo et Laurent Berrafato, Jean-Pierre Verney, L'Italie en guerre, 1915-1918, éd. Soteca 14-18, 2006, p. 238.
  11. Stefano Fabei, Le Faisceau, la croix gammée et le croissant, Saint-Genis-Laval, Akribeia, , 468 p., p. 24-25, 41
  12. (it) CARLO FELICI, « Fiume tra carnevale e quaresima », sur Avanti !, (consulté le )
  13. a et b Mussolini, Chroniques de l'histoire, Bassillac, éditions Chronique, , 128 p. (ISBN 978-2-905969-92-7 et 2-905969-92-X), p. 40.
  14. Frédéric Le Moal, Victor-Emmanuel III. Un roi face à Mussolini, Perrin, 2015, p. 266.
  15. Cité par Frédéric Le Moal, Ibid.Jacques Benoist-Méchin, À l'épreuve du temps. Souvenirs, Perrin, 2011, p. 181.
  16. Göran Hägg, Mussolini. En studie i magt, Norstedts, Stockholm, 2008.
  17. Mussolini, Chroniques de l'histoire, Bassillac, éditions Chronique, , 128 p. (ISBN 978-2-905969-92-7 et 2-905969-92-X), p. 72.
  18. Mussolini, Chroniques de l'histoire, Bassillac, éditions Chronique, , 128 p. (ISBN 978-2-905969-92-7 et 2-905969-92-X), p. 81.
  19. Cf lien ci-dessous
  20. voir http://www.gabrieledannunzio.net/english/eroe_finale.htm
  21. Mussolini, Chroniques de l'histoire, Bassillac, éditions Chronique, , 128 p. (ISBN 978-2-905969-92-7 et 2-905969-92-X), p. 83.
  22. Abbé Arthur Mugnier, Journal, Mercure de France, 1985, p. 275.
  23. no 184 au catalogue par Louis Godefroy de l'œuvre gravé du peintre, Paris, 1926.
  24. L'écrivain Gabriele d'Annunzio ressuscité dans un roman historique, sur slate.fr, consulté le 26 mai 2019

Bibliographie

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  • Philippe Jullian, Gabriele D'Annunzio, Fayard, 1971, 384 p.
  • Michel Ostenc, Intellectuels italiens et fascisme : 1915-1929, Payot, 1983, 338p.
  • Paolo Alatri (it), Gabriele D'Annunzio, traduit de l'italien par Alain Sarrabayrouse, Fayard, 1992, 630p.
  • Claudia Salaris (it), À la fête de la révolution : artistes et libertaires avec D'Annunzio à Fiume, traduit de l'italien par Philippe Baillet, préface de Michel Ostenc, Editions du Rocher, 2006, 376 p.
  • Maurizio Serra, D'Annunzio le magnifique, Grasset, 2018, 697 p.

Liens externes

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