Forces armées arabes syriennes
Les Forces armées arabes syriennes étaient l'armée de la Syrie sous le régime baasiste. Elles étaient constituées de l'armée syrienne, la marine syrienne, l'armée de l'air syrienne et la défense aérienne syrienne.
À la suite de l'offensive rebelle de 2024, le régime de Bachar el-Assad fut renversé, et l'armée arabe syrienne dissoute.
Histoire militaire
modifierXIXe siècle
modifierLe , une armée égyptienne vainquit l'armée ottomane durant la bataille de Konya. Sous la pression diplomatique de la France et du Royaume-Uni craignant que la Russie impériale n'intervienne, un traité est signé et place la Syrie et la Palestine sous contrôle militaire de l'Égypte jusqu'à la mort de Méhémet Ali.
En 1839, l'intervention des forces armées britanniques allié à la Turquie et appuyé par l'Autriche débarquant à Beyrouth et à Acre en fit que Muhammad Ali ayant ses voies de communication coupées dut faire la paix et évacuer la Syrie en [5].
XXe siècle
modifier- Pendant la Première Guerre mondiale
- Sous le Mandat Français
Les Troupes spéciales du Levant étaient des unités militaires constituées durant la période du mandat français en Syrie en complément de l'Armée du Levant. Composées de personnel recruté localement, ces troupes constitueront la base des armées nationales de la Syrie et du Liban. Elles sont encadrées par des officiers et sous officiers français, libanais ou syriens formés à l'École militaire d'Homs.
- L’armée après l'indépendance
De 1948 à 1990, la Syrie fut en conflit quasi permanent avec Israël dans le cadre du contexte du conflit israélo-arabe.
L'armée syrienne, avec d'autres armées arabes, participa à la guerre israélo-arabe de 1948-1949. Malgré les 20 000 hommes déployés, elle fut repoussée par des contre-attaques efficaces de l'armée du futur État hébreu.
Durant la guerre des Six Jours en 1967, l'armée syrienne est bombardée par les forces aériennes et terrestres de Tsahal. Elle est évincée en une journée du plateau du Golan qu’Israël occupe encore aujourd’hui.
En dépit de ses échecs militaires, les services secrets de l'armée fournisse un appui logistique à l'OLP dans l’événement du Septembre noir.
Durant la guerre du Kippour en 1973, l'armée syrienne attaque Israël avec 30 000 hommes. Tsahal qui a dû transférer une grande partie de ses forces dans le Sinaï pour contrer l’offensive égyptienne, a les plus grandes peines à contenir l'assaut. Elle parvient enfin à repousser l'armée syrienne avec de lourdes pertes.
La guerre du Liban qui fait rage depuis plusieurs années amène la Ligue arabe à décider d'une intervention armée. Une force arabe de dissuasion (FAD) est créée en 1976 avec l'appui de 25 000 soldats syriens et envoyée sur place. En 1979, les effectifs de l'armée passent à 40 000 hommes, le retrait des autres pays de la coalition fait passer la FAD sous contrôle syrien exclusif. L’invasion israélienne en 1982 aboutit à la dissolution de la force arabe par les autorités libanaises en 1983. L'armée syrienne participe alors directement au conflit inter religieux que connaît le pays, en appui des milices chiites.
L'accord de Taef, négocié par l'ensemble des belligérants de conflit met fin à la guerre civile. Le Liban, complètement ruiné passe alors de facto sous contrôle syrien.
Le corps expéditionnaire syrien durant la deuxième guerre du Golfe envoyé pour libérer le Koweït entre 1990 et 1991 compta 21 000 hommes et s'acquitta avec succès de sa mission.
L'assassinat de Rafiq Hariri en 2005, attribué à la Syrie, met le président Bachar el-Assad dans une position difficile, et le contraint a évacuer prématurément les 14 000 soldats restants, mettant fin à près de 30 ans d'occupation syrienne du Liban.
XXIe siècle
modifierL'armée joue encore un rôle prédominant dans la vie politique syrienne. Le président actuel, Bachar el-Assad, a été colonel dans l'armée de terre et l'ancien président, Hafez el-Assad, était chef d'état major de l'armée de l'air.
Au début du soulèvement syrien en mars 2011, seules les forces de l'ordre et les milices étaient engagées dans la répression. Mais, constatant le débordement progressif des forces de sécurité par la masse des manifestants, le gouvernement décide alors à partir d'avril 2011 de faire intervenir l'armée dans la répression du soulèvement. Toutefois, cette décision allait se révéler lourde de conséquences car si les milices sont extrêmement loyales au gouvernement, tel n'est pas le cas de la plupart des soldats qui ont la même origine ethnique et sociale que les manifestants.
Aussi, de nombreux soldats, principalement sunnites, refusent de plus en plus les ordres d'ouvrir le feu sur les manifestants, majoritairement sunnites eux-aussi et désertent en grand nombre au fur et à mesure que le conflit s'éternise. Ainsi, en 2014, l'armée régulière aurait subi la défection d'environ 120 000 soldats et officiers (soit entre 20 et 30 officiers chaque jour), ce qui représente près de 40 % de la totalité des effectifs des forces gouvernementales (estimées à 325 000 hommes en 2011)[6]. Si certains d'entre eux ont fui le pays avec leur famille, la plupart des déserteurs ont commencé à se rassembler afin de mieux se défendre contre les forces régulières. Certains officiers, dont le colonel Riad Al-Asaad, ont notamment décider de créer, le 29 juillet 2012, une faction armée pour combattre l'armée gouvernementale, l'Armée Syrienne Libre. Équipés exclusivement d'armes légères au début du conflit, ils commencent à acquérir de l'armement lourd pris à l'armée régulièrement et reçoivent un soutien international plus important.
En mars 2012, pour limiter le nombre de désertion, le gouvernement a imposé de nouvelles restrictions de voyage aux hommes en âge de servir dans l'armée. En vertu des nouvelles restrictions, rapportées par les médias syriens locaux, tous les hommes âgés de 18 à 42 ans n'ont plus le droit de voyager à l'extérieur du pays.
Le 18 juillet 2012, le ministre syrien de la Défense Dawoud Rajha , l'ancien ministre de la Défense Hasan Turkmani et le beau-frère du président, le général Assef Shawkat ont été tués dans un attentat à la bombe à Damas. Le chef des renseignements syriens Hisham Bekhityar et le chef de la 4e division militaire Maher Al Assad, frère du président Assad, ont également été blessés dans l'explosion.
Depuis le début du conflit en Syrie, les groupes de défense des droits de l'homme affirment que la majorité des abus ont été commis par les forces du gouvernement syrien, et les enquêtes de l'ONU ont conclu que les abus commis par le gouvernement sont les plus graves, tant par leur gravité que par leur ampleur. Toujours selon l'ONU, les branches des forces armées les plus impliquées dans l'effusion de sang sont l'armée de terre syrienne, l'armée de l'air et le renseignement militaire. Ces accusations sont cependant niées par les autorités syriennes qui affirment que ce sont les groupes armés, bénéficiant d'un soutien étranger, qui sont à l'origine des atrocités, notamment les insurgés liés à Al-Qaïda.
Les effectifs des forces armées syriennes ont considérablement diminué pendant la guerre civile, à cause des pertes militaires et des désertions.
Année | Armée de terre | Armée de l'Air | Marine | Total : Armée + Force aérienne |
---|---|---|---|---|
2011 | 220 000 | 100 000 | 5000 | 325 000 |
2014 | 110 000 | 63 000 | 4000 | 177 000 |
Bien que près de la moitié des troupes militaires et personnels, ce qui est un chiffre considérable aient déserté depuis 2011, celui-ci doit être pondéré, car les unités d’élite de l’armée – forces spéciales et garde républicaine – , ainsi que les effectifs des membres actifs du renseignement, n’ont été que peu touchés par ces défections. Les forces gouvernementales ont su garder leur cohésion et leur efficacité. Ainsi, les forces armées sont devenues en 2014 beaucoup plus flexibles et plus compétentes, notamment dans la lutte anti-guérilla. Leur mode opératoire étant passé, en 2011, de forces militaires conventionnelles traditionnelles sur le modèle soviétique, habituée à intervenir en grand nombre dans un secteur donné à une force composée de petits groupes combattant dans des combats de guérilla rapprochés avec un rôle croissant pour les officiers subalternes.
En septembre 2018, Statista Charts estimait que l'armée syrienne avait perdu 111 avions depuis le début de la guerre civile, dont des drones de reconnaissance et d'attaque. L'armée a perdu la plupart de ses avions de combat au cours des quatre premières années de la guerre, les pertes ayant considérablement diminué après l’ intervention russe qui a remplacé l'armée de l'air syrienne dans ses opérations de bombardements et de soutien aux forces terrestres.
Structure
modifierDémographie et service militaire
modifierAvec son quartier général à Damas, l'armée syrienne se compose de forces aériennes, terrestres et navales. Le personnel actif était estimé à 295 000 en 2011, avec 314 000 réservistes. Les forces paramilitaires étaient estimées à 108 000 en 2011. Les estimations de la diminution de la taille des forces armées au fil du temps incluent 141 400 en juin 2019. (réduction de 50 % selon les sources) En 2023, le nombre de soldats actifs dans l’armée syrienne est passé à 170 000. Toujours en 2023, le nombre de paramilitaires actifs et de forces de réserve dans l'armée syrienne a diminué jusqu'à 50 000.
En 2011, la majorité de l'armée syrienne est composée de soldats sunnites, mais la plupart des officiers étaient alaouites. Les Alaouites représentaient 12 % de la population syrienne d'avant-guerre, mais 70 % des soldats de carrière de l' armée syrienne . Un déséquilibre similaire est observé dans le corps des officiers, où environ 80 % des officiers sont des Alaouites. Les divisions militaires les plus élitistes, la Garde républicaine et la 4e division blindée, commandées par Maher, le frère de Bachar al-Assad , sont exclusivement alaouites. La plupart des 300 000 conscrits syriens en 2011 étaient sunnites.
Avant le début de la guerre civile syrienne, la durée du service militaire obligatoire diminuait au fil du temps. En 2005, elle a été réduite de deux ans et demi à deux ans, en 2008 à 21 mois et en 2011 à un an et demi. Depuis la guerre civile syrienne, le gouvernement syrien a mis en place un système de rétention pour les personnes en service obligatoire (conservation des conscrits en service après l'expiration de la période spécifiée) et a promulgué de nouvelles réglementations, les citoyens ayant terminé la conscription obligatoire étant appelés dans la réserve. devoir. En 2020, alors que le gouvernement syrien reprenait le contrôle d'une grande partie du territoire syrien, l'état-major général de l'armée et des forces armées a rendu plusieurs décisions de démobilisation du service (rétention et réserve) par lots.
Les soldats des forces armées syriennes sont divisés en deux catégories principales :
- Les volontaires sont ceux qui rejoignent volontairement ses rangs après avoir atteint l'âge de dix-huit ans, de tous grades, spécialisations et des deux sexes. Ils sont promus selon le règlement intérieur et reçoivent en contrepartie un salaire et une indemnité.
- La conscription où les hommes sont appelés (exclusivement) à servir dans l'armée lorsqu'ils atteignent l'âge de dix-huit ans et jusqu'à l'âge de quarante-deux ans, mais ils sont exemptés du service tant qu'ils sont célibataires avec leur mère, ou n'ont pas d'autre frère capable de prendre soin de leurs parents ou ont un obstacle, un état de santé les empêche d'accomplir le service.
Il existe également des employés civils et des réservistes dans les rangs des forces armées qui sont appelés à servir en temps de guerre et d'urgence.
La guerre civile que connait le pays depuis 2011 a durement éprouvé l'ensemble des forces armées syriennes. La désertion de nombreux soldats de confession sunnite et les violents combats urbains qu'a subie l'armée depuis 4 ans ont réduit considérablement les capacités militaires de la Syrie, qui se voit obligée de demander le soutien et l'appui de forces armées étrangères (Hezbollah, Russie, Iran...). On estime que les forces armées gouvernementales sont passés de 325 000 hommes en 2011 à 150 000 hommes en 2015, pour atteindre 170 000 hommes en 2023.
Selon Le Monde, en 2015, avant l'intervention militaire de la Russie, la situation de l'armée syrienne est catastrophique : « Des trente-six brigades régulières que comptait l’armée, vingt-deux ont disparu corps et biens depuis 2011. Seules quelques compagnies disparates des forces spéciales, la Garde républicaine et la 4e division, des unités quasi exclusivement alaouites, ont survécu au cataclysme, sans être épargnées par la saignée démographique après des années de guerre : elles ne comptent plus qu’un tiers de leurs effectifs et elles étaient alors dispersées aux quatre coins de la Syrie »[7].
Le , un avion de reconnaissance électronique Iliouchine Il-20 avec 15 personnes à bord est abattu par un missile sol-air S-200[8], imputé par la Russie à Israël alors qu'il s'agit d'un tir ami syrien[9].
Le poids de l'armée dans le pays
modifierL'armée, comme dans la plupart des pays arabes, a toujours représenté un important facteur de cohésion nationale, supplantant les divisions ethniques ou religieuses. Elle symbolise à bien des égard la colonne vertébrale des régimes nationalistes arabes qui l'utilise pour réaliser une union de la population autour des valeurs défendues par eux. L'armée syrienne a notamment été utilisée par la régime pour faire valoir ses revendications irrédentistes sur le plateau du Golan, après son occupation par les israéliens en 1967.
L'armée syrienne a été par le passé un des moteurs arabes de la guerre contre les Israéliens. Elle est fréquemment intervenue dans les nombreux conflits opposants Israël aux pays arabes.
Après l'échec de l’engagement militaire syrien lors de la guerre israélo-arabe de 1948-1949, la Syrie va treverser une phase instabilité importante et plusieurs coups d'Etat vont être organisés, aboutissant à la prise de pouvoir du parti Baas en 1963, et surtout, le coup d'Etat du général Hafez El-Assad en 1970 et le lancement du Mouvement correctif visant à mettre l'accent sur la défaite d'Israël, en développant massivement l'armée avec le soutien de l' Union soviétique. Surtout, l'arrivée au pouvoir de Hafez El-Assad va aboutir à la reconstruction de l'appareil d'État, en particulier son noyau dur, l'armée, afin de se créer une garde prétorienne.
Hafez était alaouite, une minorité religieuse en Syrie persécutée et méprisée durant des siècles, il a été lui aussi confronté aux préjugés de la part des sunnites[10]. En conséquence, une fois arrivé au sommet de l'Etat, il va tout faire pour avoir une armée totalement loyale au régime, en favorisant l'embauche et l'avancement d'officiers alaouites au détriment des officiers sunnites. Cette politique va accroitre massivement le ressentiment de la population contre le régime d'Hafez puis de son fils Bachar Al-Assad, qui vont construire leur domination sans partage sur la Syrie.
Cette situation explique que le soulèvement de 2011 ne va pas aboutir, comme en Tunisie ou en Egypte au renversement du régime mais à une guerre civile féroce entre le gouvernement et des manifestants anti régime rejoints par des déserteurs de l'armée, sunnites, face à une armée régulière composée d'officiers alaouites[11].
L'industrie de la défense nationale syrienne
modifierFemmes dans l'armée
modifierEn 2013, dans le contexte de la guerre civile syrienne et pour pallier la baisse des effectifs dans l'armée (morts, fuites vers l'Europe, désertions, etc.), le président Bachar el-Assad autorise les femmes à combattre sous uniforme[12].
Budget
modifierLa Syrie consacrait 6,2 % de son PIB aux dépenses d'armement en 2004, contre 2,6 % pour la France la même année. En 2011, les dépenses militaires représentaient 2,5 milliards de dollars.
Depuis le début de la guerre civile syrienne, les données concernant le budget de la défense ne sont plus communiqués. Toutefois, celui-ci est estimé à 1,8 milliards de dollars en 2019 avec l'effondrement de l’économie et les lourdes pertes de l'armée face aux rebelles.
Armée de terre en 2011
modifierOrganisation
modifier- 3 Corps d'Armée (Damas, Zebdani...)
- Commandement des missiles (Alep)
- Garde Républicaine
- Autres unités indépendantes
- Unités de réserve
Principaux matériels en service en 2011
modifierMarine de guerre
modifierElle dispose d’une aptitude aux opérations de lutte anti-sous-marine et de surface.
Principaux matériels en 2011
modifier- Frégates Petya II,
- Patrouilleurs de classe Osa II, armés d'une version améliorée du missile SS-N-2 Styx,
- Vedettes lance-missiles de la classe Komar,
- Hélicoptères de Lutte anti-sous-marine (Kamov Ka-25 Hormone, Kamov Ka-28 (Helix-A), Mi-14PL).
Armée de l'air syrienne
modifierPrincipaux matériels en service en 2011
modifierNotes et références
modifier- [1]
- [2]
- IISS 2019, pp. 272–273
- IISS 2020, pp. 272–273
- Nezib Et Beyrout, Souvenirs d'Orient de 1833 à 1841, Baron d'Armagnac
- (ru) « Кто воюет в Сирии », sur Газета.Ru, (consulté le )
- Madjid Zerrouky, « Le Tigre » à la reconquête de la Syrie, Le Monde, 8 juillet 2018.
- « L'avion russe disparu abattu par la défense anti-aérienne syrienne », sur ladepeche.fr, (consulté le )
- La Syrie abat un avion russe et fait flamber la tension entre Moscou et Israël
- Zahler, Kathy A., La Syrie des Assad,
- « Syria between Revolution and Counter-Revolutions - CETRI, Centre Tricontinental », sur web.archive.org, (consulté le )
- Nigina Beroeva, « Dans Damas assiégée », Le Figaro Magazine, semaine du 11 décembre 2015, pages 58-70.