Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou 1995

Le FESPACO 1995 est la 14e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou. Il se déroule du 25 février au 4 mars 1995 à Ouagadougou au Burkina Faso.

FESPACO 1995
Image liée à la cérémonie
14e Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou
Détails
Dates Du 25 février au
Lieu Ouagadougou, Burkina Faso
Site web fespaco.bf
Résumé
Guimba Cheick Oumar Sissoko
Chronologie

Le thème de cette édition est « Cinéma et histoire de l’Afrique »[1].

Le film Guimba de Cheick Oumar Sissoko décroche l'Étalon de Yennenga[2].

Contexte

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Gaston Kaboré indique qu'il y a moins d'un siège de cinéma pour 100.000 habitants et que l'Afrique produit cinquante films par an, « qui ne sont même pas vus sur le continent africain »[2], mais complète qu'il y a une quinzaine de salles à Ouagadougou[3].

En février 1994, des cinéastes réunis à Ouagadougou sous l'égide de la FEPACI pour un atelier international organisé à l'occasion du 25e anniversaire du Fespaco lancent un appel à leurs homologues de tout le continent pour la conservation de la mémoire filmique en déposant leurs films à la cinémathèque panafricaine inaugurée à l'occasion de cette 14e édition[4]. Dans leur déclaration, les cinéastes, étant donné « le rôle historique des festivals, recommandent l'intensification de la concertation entre eux et demandent aux gouvernements d'oeuvrer toujours plus pour garantir les intérêts matériels et moraux de ces manifestations »[5].

Lors de cet atelier, les cinéastes décident aussi de marquer le centenaire du cinéma par différentes activités durant le Fespaco. Dans le catalogue, Ousmane Sembène indique que « si les films ethnographiques nous choquent, ce ne sont pas les images mais les commentaires qui les accompagnent ». Il ajoute : « Si nous n'avons pas à nous gêner de ce qui a été fait avant nous, nous avons à l'assumer, le digérer, le dépasser »[6].

Également décidé durant cet atelier, un ouvrage collectif L'Afrique et le centenaire du cinéma rend compte de « la pensée, les points de vue, les opinions et la vision propres des Africains sur le cinéma ». Il est publié avec le soutien de l’État du Burkina Faso, l'Union européenne, le PNUD-Ouagadougou, le CNC et le Centro Orientamento Educativo (it) de Milan. Ses articles sont gracieusement offerts par les auteurs ayant répondu à l'appel lancé par la FEPACI. Il est précédé d'une préface d'Ousmane Sembène où il écrit : « Une nouvelle génération de cinéastes s'exprimant avec beaucoup de volonté, maîtrisant superbement la technique, a vu le jour. Une relève. », et conclut : « En Afrique, enfin, nous sortons du temps du mégotage pour aborder le vrai cinéma africain »[7].

Déroulement et faits marquants

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Le jury longs métrages de la 14e édition est présidé par Ousmane Sembène et comporte le cinéaste ivoirien Henri Duparc, l'acteur marocain Hassan Essakali, le professeur burkinabè Didier Ouedraogo, le musicien congolais Ray Lema, le producteur mozambicain Pedro Pimenta, la journaliste française Catherine Ruelle ainsi que Bijaye Coomar Mahdon, directeur du festival de Maurice.

Le jury courts métrages et documentaires est présidé par la romancière burkinabè Monique Ilboudo et comporte la cinéaste sud-africaine Seipati Bulane-Hopa, l'enseignant de cinéma français Dominique Avron et le programmateur canadien Cameron Bailey (en). Dans son procès verbal de palmarès, ce jury « regrette que tous les films pré-sélectionnés ne soient pas parvenus à temps à Ouagadougou et que les copies de soient pas systématiquement disponibles en français et en anglais »[8].

Le jury de la compétition TV/Vidéo est constitué par Djibril Diallo, Nouhoun Nignan et Daniel Thévenot[9].

C'est la première fois que l'Afrique du Sud, nouvellement sortie de l'apartheid, participe au Fespaco, avec une puissante délégation de 75 représentants. Elle est représentée par le groupe musical Super Queens à l'ouverture[10]. Auparavant, l'ANC était représentée par le cinéaste Lionel Ngakane, d'ailleurs membre du jury en 1993. Le film d'ouverture est son film de 1966 sans dialogues de 29 minutes Jemima & Johnny (en), sur l'amitié entre deux enfants, l'un noir et l'autre blanc dans une rue de Londres où règne l'hostilité raciale[11]. Une polémique est déclenchée par le fait que Nelson Mandela aurait décliné l'invitation pour ne pas entériner le coup d’État de 1987 (Thomas Sankara avait envoyé symboliquement des armes à l'ANC) alors que la Vice-ministre des Arts et de la Culture de l'Afrique du Sud Winnie Mandela est présente, contre la volonté de son mari, et reçoit un accueil conséquent en tant qu'ambassadrice du pays[12]. Elle ne reste cependant pas longtemps[13].

L'inauguration de la cinémathèque africaine par le ministre de la Culture Nurukyor Claude Somda constitue un autre fait marquant du festival[14]. Quelque 150 films y sont déposés, notamment ceux d'Ousmane Sembène[15]. La présence pour l'inauguration du ministre français de la Culture Jacques Toubon témoigne de la forte présence de la France qui défend à cette époque l'exception culturelle face aux États-Unis[16]. Cela fait que Nwachukwu Frank Ukadike (en), parle d'un « Fespaco dominé par l'influence française »[17].

En outre, le critère d'ancienneté des films en sélection est ramené de trois à deux ans dans le règlement du Fespaco et la sélection est, selon le critique Clément Tapsoba, « désormais soumise à une sélection rigoureuse confiée à une commission établie »[18].

Un atelier est organisé le 28 février sous l'égide de l’Union panafricaine des femmes de l’image (UPAFI), créée en 1991, et de la FEPACI[19]. Il a pour thème Paroles et regards de femmes dans l'Afrique d'aujourd'hui[20]. L'atelier a encouragé les femmes africaines à s'investir dans le domaine audiovisuel avec une approche critique de leur rôle, « celui-ci devant consister à s'interroger sur les vertus réelles de nos traditions et à contribuer à créer une nouvelle société pour les générations à venir »[21].

Sélections officielles

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Sur la base du Catalogue de l'édition 1995

Longs métrages en compétition

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Vingt films de dix-sept pays sont en compétition pour l'Étalon de Yennenga. Quatre sont réalisés par des femmes.

Titre Réalisation Pays Minutes
Confessions of a Yeoville Rapist Ian Kerkhof   Afrique du Sud 67
Youcef ou la légende du septième dormant Mohamed Chouikh   Algérie 105
Haramuya Drissa Touré   Burkina Faso 90
Keïta ! L'Héritage du griot Dani Kouyaté   Burkina Faso 90
Le Grand Blanc de Lambaréné Bassek Ba Kobhio   Cameroun 90
Wariko, le gros lot Fadika Kramo-Lanciné   Côte d'Ivoire 97
Ahlam Saghira Khaled El Hagar (en)   Égypte 90
Marcides Yousry Nasrallah   Égypte 109
Le Ballon d'or Cheick Doukouré   Guinée 90
Xime Sana Na N'Hada   Guinée-Bissau 95
Battle of the Sacred Tree (en) Wanjiru Kinyanjui (en)   Kenya 80
Guimba, un tyran, une époque Cheick Oumar Sissoko   Mali 83
À la recherche du mari de ma femme Mohamed Abderrahman Tazi   Maroc 88
Lumière noire Med Hondo   Mauritanie 102
The Snake in My Bed Omah Diegu   Nigeria 90
Fire Eyes Soraya Miré (en)   Somalie 60
Shida and Matatizo Flora M'mbugu-Schelling (en)   Tanzanie 57
Kawilasi Blaise Kilizou Abalo   Togo 90
I am the Future Godwin Mawuru (en)   Zimbabwe 110
More Time Isaac Meli Mabhiwka   Zimbabwe 90

Courts métrages fiction en compétition

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Titre Réalisation Pays Minutes
Imbazo, The Axe Mickey Madoda Dube   Afrique du Sud 20
La Femme mariée à trois hommes Cilia Sawadogo   Burkina Faso 6
Gombélé Issa Traoré   Burkina Faso 25
La Succession Vincent Gles   Côte d'Ivoire 23
Minka Mohamed Camara   Guinée 26
L'Enfant terrible Kadiatou Konaté   Mali 11
Sigida Salif Traoré   Mali 26
A Lucy Radha Rajen Jaganathen   Maurice 9
Octobre Abderrahmane Sissako   Mauritanie 37
le Franc Djibril Diop Mambety   Sénégal 44
Le Symbole Ahmadou Diallo   Sénégal 7
Maral Tanie : la seconde épouse Mahamat Saleh Haroun   Tchad 25
Heritage Najwa Tlili (en)   Tunisie 26
Perle noire Nzita-Joseph Kumbela   Zaïre 26
Rwendo Farai Sevenzo   Zimbabwe 44

documentaires en compétition

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Titre Réalisation Pays Minutes
Le Démon au féminin Hafsa Zinaï Koudil (en)   Algérie 95
Afrique, mon Afrique Idrissa Ouedraogo   Burkina Faso 52
La Tête dans les nuages Jean-Marie Teno   Cameroun 37
Seven Songs for Malcolm X (en) John Akomfrah   Ghana 52
Femmes aux yeux ouverts Anne-Laure Folly   Togo 52
Ker Jo Ouakam Taïeb Louhichi   Tunisie 13
Le Roi, la vache et le prisonnier Mweze Ngangura   Zaïre 60
Tango Ya Ba Wendo Roger Kwami Zinga (en), Mirko Popovitch   Zaïre 52

Longs métrages de la diaspora en compétition

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Titre Réalisation Pays Minutes
Soul Survivor Stephen Williams   Canada 150
L'Exil de Behanzin Guy Deslauriers   Martinique 90
Welcome to the Terrordome Ngozi Onwurah   Royaume-Uni 90
A Litany for Survival: the Life and Work of Audre Lorde Michelle Parkerson (en)   États-Unis 80
A Question of Color Kathe Sandler (en)   États-Unis 58
Uncommon Ground Amie Williams   États-Unis 60

Courts métrages de la diaspora en compétition

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Saar Selina Williams   Canada 28
Save my lost Nigga' Soul Clement Virgo   Canada 24
Le Cri des Neg Mawon Tony Coco-Viloin   Guadeloupe 27
Concrete Garden Alrick Riley   Royaume-Uni 23
Home away from Home Maureen Blackwood   Royaume-Uni 11
The Garden Charles Dumas   États-Unis 28
Henry "Box" Brown Patricia Khayyam   États-Unis 10
Little Black Panther Freeman Koina   États-Unis 20

Films sur l'Afrique du Sud

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Amok ! Souheil Ben Barka   Maroc 28
Jemima & Johnny (en) Lionel Ngakane   Afrique du Sud 29
Jobman Darrell Roodt   Afrique du Sud 97
A World Apart Chris Menges   Royaume-Uni 112
Une saison blanche et sèche (film) Euzhan Palcy   Martinique 106
Sarafina! Darrell Roodt   Afrique du Sud 117
Taxi to Soweto Manie Van Rensburg   Afrique du Sud 10
Wheels and Deals Michael Hammon   Afrique du Sud 96

Longs métrages hors compétition

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Titre Réalisation Pays Minutes
Bab El-Oued City Merzak Allouache   Algérie 93
Touchia, cantique des femmes d'Alger Rachid Benhadj   Algérie 80
Milli Milli Wayne Barker   Australie 53
Les Derniers colons Thierry Michel   Belgique 60
Les Noms n'habitent nulle part Dominique Loreau   Belgique 76
Le Cri du cœur (film, 1994) Idrissa Ouedraogo   Burkina Faso 82
Totor Daniel Kamwa   Cameroun 90
La Solution Adahodou Amevi Minomekpo, Dave Powers   Côte d'Ivoire 87
Rue Princesse Henri Duparc   Côte d'Ivoire 86
L'Enfant lion Patrick Grandperret   France 86
Le Voyage de Baba Christine Eymeric   France 90
Back Home Again Kame Johnson   Ghana 110
L'Homme sur les quais Raoul Peck   Haïti 105
Tiéfing Djibril Kouyaté   Mali 100
That Fire Within Jet Homoet, Simon Wilkie   Royaume-Uni 62
Echec et mat Rachid Ferchiou   Tunisie 107
Le Magique Ezzedine Fazai   Tunisie 90
Perfect "B" Laurence Williams   États-Unis 86
W.E.B. Du Bois: A Biography in Four Voices Louis Massiah (en)   États-Unis 120

Courts métrages hors compétition

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Titre Réalisation Pays Minutes
Speechless Stephen Coert Schmidt   Afrique du Sud 18
Merci Monsieur Monet Mila Gerra   Algérie 14
Capoeira Basile Sallustio   Belgique 30
Port de Cotonou N'Diagne Adechoubou   Bénin 32
Interférences Raymond Tiendre   Burkina Faso 22
L'Institut des peuples noirs, la longue marche Dramane Deme   Burkina Faso 26
Le Karité, un arbre béni des dieux Gaston Kaboré   Burkina Faso 18
Naissance Cilia Sawadogo   Burkina Faso 2
Weemba Maurice Kaboré   Burkina Faso 26
Il faut que je me soigne Collectif des enfants burundais   Burundi 15
Quel enfant ! Collectif des enfants burundais   Burundi 10
Tenue correcte exigée Amobé Mévégué   Cameroun 20
Making Change Colina Phillips   Canada 18
A Variation on the Key 2 Life Stephen Williams   Canada 27
Un pygmée dans la baignoire Léandre-Alain Baker   République démocratique du Congo 13
Les Falashas François Margolin   France 52
Le Pari de Bintou Kirsten Johnson   France 15
Paysage de l'aveugle Benjamin Jules-Rosette   Martinique 28
Entre l'absence et l'oubli Daoud Aoulad Syad   Maroc 26
Extasy Xavier Thiam   France 8
Tanun Gahité Fofana   Guinée 54
Là-bas si j'y suis Hassan Legzouli   Maroc 14
Le Marchand de souvenirs Hassan Legzouli   Maroc 9
Les Pierres bleues du désert Nabil Ayouch   Maroc 21
Hector Anicet est mort Camille Mauduech   Martinique 6
Taxi-co Camille Mauduech   Martinique 6
Magic of Nigeria Ola Balogun   Nigeria 29
Greenhouse Rose Ruth Louz   Pays-Bas 10
Iron Waltz Ruth Louz   Pays-Bas 7
Morena Marlies Louz   Pays-Bas 8
Simukai,Sstand up and be Counted Simon Atkins   Royaume-Uni 55
Warrior Marks Pratigha Parmar   Royaume-Uni 54
La Pirogue de ma mémoire Ahmed Diop   Sénégal 46
Insan Ibrahima Chaddad   Soudan 26
Un taxi pour Aouzou Issa Serge Coelo   Tchad 22
Le Chant du Baye Fall Taïeb Louhichi   Tunisie 20
Ecrans d'Afrique Taïeb Louhichi   Tunisie 24
No Loans Today Lisanne Skyler   États-Unis 55
Retribution Benmio McCrea   États-Unis 21

Compétition TV-Vidéo

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Films présentés au Marché international de la télévision et du cinéma africains (MICA)

Titre Réalisation Pays
The Line Brian Telley   Afrique du Sud
L'Algérie dévoilée Ali Akika   Algérie
Femmes d'islam : le voile et le silence Yamina Benguigui   Algérie
L'Homme et le crocodile Inoussa Kinda   Burkina Faso
Soliloque du Bendré Abdoulaye Dao   Burkina Faso
Sadjo la Sahélienne Franceline Oubda   Burkina Faso
Roger le fonctionnaire Gaston Kaboré   Burkina Faso
Le Safoutier, pourquoi pas ? Francis Noukiatchom   Cameroun
L'Argent facile Pierre N. Poumié   Cameroun
Fringes of Impossibility Emmanuel Wongibe   Cameroun
Nantes, archéologie de la mémoire Kitia Touré   Côte d'Ivoire
Sida dans la cité Franck Amblard   Côte d'Ivoire
Mista Didier Ping   Gabon
L'Auberge du Salut Charles Mensah   Gabon
Time Bomb Kwabena Yeboah   Ghana
Crossroads of People, crossroads of Trade Kwaw Ansah   Ghana
Usilie mtoto wa Africa Anne Mungai   Kenya
Retrouver Oulad Moumen Izza Génini   Maroc
Diallabougou Massa Bakary Sangaré   Mali
You, Africa! Ndiouga Moctar Ba   Sénégal

Palmarès

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Source : Fespaco News du dimanche 5 mars 1995

Prix Lauréat Film Pays
Grand prix Étalon de Yennenga Cheick Oumar Sissoko Guimba, un tyran, une époque   Mali
Prix spécial du jury (longs métrages) Mohamed Abderrahman Tazi À la recherche du mari de ma femme   Maroc
Mention spéciale du jury (longs métrages) Bassek Ba Kobhio Le Grand Blanc de Lambaréné   Cameroun
Prix Oumarou Ganda Dani Kouyaté Keïta ! L'Héritage du griot   Burkina Faso
Prix d'interprétation féminine Youssra Marcides de Yousry Nasrallah   Égypte
Prix d'interprétation masculine Mohamed Ali Allalou Youcef ou la légende du septième dormant de Mohamed Chouikh   Algérie
Prix du meilleur scénario Khaled El Hagar (en) Ahlam Saghira (De petits rêves)   Égypte
Prix de la meilleure monteuse Kahena Attia À la recherche du mari de ma femme, Guimba, un tyran, une époque, Haramuya   Tunisie
Prix de la meilleure collaboration artistique (costumes et décors) Cheick Oumar Sissoko Guimba, un tyran, une époque   Mali
Prix Paul Robeson (film de la diaspora) Guy Deslauriers L'Exil du roi Béhanzin   Martinique
Prix du meilleur court métrage Djibril Diop Mambety Le Franc   Sénégal

Prix spéciaux

Prix Lauréat Film Pays
Prix de l'Union Européenne (5 millions FCFA) Cheick Oumar Sissoko Guimba, un tyran, une époque   Mali
Prix PNUD (Cinéma) (2,1 millions FCFA) Blaise Kilizou Abalo Kawilasi   Togo
Prix PNUD (TV/Vidéo) Franceline Oubda, Benjamine Nama Femmes de Boussé : survivre à tout prix   Burkina Faso
Prix spécial Air Afrique (25 000 km de route) Cheick Oumar Sissoko Guimba, un tyran, une époque   Mali
Prix UNICEF (Regard de la femme) (2 millions FCFA) Anne-Laure Folly Femmes aux yeux ouverts   Togo
Prix UNICEF (James Grant pour l'enfance) (2 millions FCFA) Daniel Kamwa Totor   Cameroun
Prix spécial population et développement (CILSS en cinéma) (2,5 millions FCFA) Salif Traoré Sigida   Mali
Prix spécial population et développement (CILSS en TV/Vidéo) (500 000 FCFA) non décerné
Prix CILSS (Club du Sahel) (2 millions FCFA) Zara Mahamat Yacoub Dilemme au féminin   Tchad
Prix CDEAO (Intégration africaine) (2,3 millions FCFA) Cheick Oumar Sissoko Guimba, un tyran, une époque   Mali
Prix UIDH et Nord-Sud 21 (2 millions FCFA) Issa Traoré de Brahima Gombèle   Burkina Faso
Prix FANAF (2 millions FCFA) Jean-Marie Teno La Tête dans les nuages   Cameroun
Prix de la ville de Ouagadougou (2 millions FCFA) Fadika Kramo-Lanciné Wariko, le gros lot   Côte d'Ivoire
Prix OUA (5 000 $US) Cheick Oumar Sissoko Guimba, un tyran, une époque   Mali
Prix OCIC (2 millions de FCFA) Salif Traoré Sigida   Mali
Prix Centro Orientamento Educativo (it) (2 millions de FCFA) ex æquo Mohamed Camara Minka   Guinée
Prix Centro Orientamento Educativo (it) (2 millions de FCFA) ex æquo Isaac Meli Mabhiwka More Time   Zimbabwe
Prix de la CNSS (2 millions de FCFA) Mouhamadou Samaké Récupération et recyclage artisanal des métaux à Bamako   Mali
Prix UICN (2 millions de FCFA) Jean-Marie Teno La Tête dans les nuages   Cameroun
Prix INALCO (Caméra H18 d'une valeur de 2,5 millions de FCFA) Cheick Oumar Sissoko Guimba, un tyran, une époque   Mali
Prix CNLD (2 millions de FCFA) Pierre Nsangou Poumié L'Argent facile   Cameroun
Prix Ligue française de l'Enseignement et l'Abola (2 millions de FCFA) Issa Traoré de Brahima Gombèle   Burkina Faso
Prix Central Film Laboratories (2 millions de FCFA) Fadika Kramo Lanciné Wariko, le gros lot   Côte d'Ivoire
Prix CFI TV (5 millions de FCFA) Kadiatou Konaté L'Enfant terrible   Mali
Prix Télévision nationale du Burkina (2 millions de FCFA) Kwaw Ansah Crossroads of People, crossroads of Trade   Ghana
Prix Graine de baobab et cinéphage (500 000 FCFA) Idriss Diabaté Vous avez dit... peinture   Côte d'Ivoire
Prix ACCT long métrage (3 millions de FCFA) Bassek Ba Kobhio Le Grand Blanc de Lambaréné   Cameroun
Prix ACCT court métrage (2 millions de FCFA) Radha Rajen Jaganathen A Lucy   Maurice
Prix de la Coopération du court métrage[22] (3 millions de FCFA) Bouna Medoune Seye Saï Saï By - dans les Tapas de Dakar   Sénégal
Prix de la Coopération du moyen métrage (5 millions de FCFA) Djibril Diop Mambety Le Franc   Sénégal
Prix de la Coopération de la série télévisuelle Charles Mensah L'Auberge du Salut   Gabon

Lors de sa conférence de presse, Filippe Savadogo, Secrétaire permanent du Fespaco, en donne les chiffres pour l'édition 1995 : 1500 invités, 130 films inscrits, 40 stands à la rue marchande, 80 guides hôtesses, 25 hôtels et centres d'accueil mobilisés. Dans le catalogue du 7e Marché international de la télévision et du cinéma africains (MICA), son président Abel Nadié donne un millier de visionnements comme objectif. Sont ainsi disponibles 149 films : 12 d'Afrique du Sud, 4 de l'Algérie, 4 de Belgique, 33 du Burkina Faso, 16 du Cameroun, 1 du Congo, 15 de Côte d'Ivoire, 1 d’Éthiopie, 16 de France, 3 du Gabon, 5 du Ghana, 1 de Guinée, 1 de Guinée-Bissau, 1 d'Haïti, 1 de Jamaïque, 4 du Kenya, 9 du Mali, 1 de Mauritanie, 3 de Martinique, 4 du Niger, 2 du Nigeria, 5 du Sénégal, 1 du Tchad, 2 du Togo et 4 des États-Unis. L'apport du gouvernement burkinabè dans le budget du festival est de 165 millions de Francs CFA[23]. Le budget est complété par la France, la Suède, le Danemark et l'Union européenne qui couvre depuis 1989 25 % du budget[24].

Cheick Oumar Sissoko signale que l'Étalon de Yennenga remporté par son film Guimba, un tyran, une époque ne lui a pas permis une distribution panafricaine : « Je l’ai seulement sorti au Mali, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Bénin et au Congo Brazzaville. C’est le même problème que rencontrent tous les films Etalons »[25].

Lors d'une réunion lors du Southern African Film Festival d'Harare en octobre 1993, les cinéastes africains présents s'inquiétaient de « la prolifération des festivals de films africains à travers le monde qui pourrait conduire à la non-commercialisation des films africains » et « demandaient à la FEPACI de prendre des mesures pour endiguer ce flot de festivals à l'extérieur du continent »[5]. Dans son compte-rendu du Fespaco 95 dans Ecrans d'Afrique, le critique burkinabè Clément Tapsoba regrette lui aussi que « le cinéma africain ne continue d'exister qu'à travers le circuit non-commercial constitué par les festivals et autres manifestations culturelles qui essaiment l'Europe », ce qu'il lie aussi aux petits budgets des films. Il regrette en outre « le manque de rigueur dans la sélection des films pour la compétition »[20].

Dans son bilan contrasté du festival dans Le Monde, Jean-Michel Frodon indique que quatre longs métrages en compétition ont connu des problèmes d'acheminement, et que « bien peu parmi les autres répondaient aux critères requis ». Il relève « quelque mauvaise humeur du jury face à une sélection hétéroclite, où se trouvaient des films que leur durée, leur nature ou leur origine auraient dû faire figurer à un autre titre »[13].

Un reportage pour la série Faut pas rêver sur France 3 est réalisé par Régis Michel et Yvon Bodin : Les Cinéphiles de Ouagadougou. Pour Thérèse-Marie Deffontaines, qui remarque que la population a plébiscité les films africains, « il ne le montre pas mais le public burkinabé aime aussi passionnément son cinéma »[26].

Bibliographie

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  • Colin Dupré, Le Fespaco, une affaire d'État(s), 1969-2009, L'Harmattan, , 406 p. (ISBN 978-2-336-00163-0)
  • Fespaco, Black Camera et Institut Imagine, Cinéma africain - Manifeste et pratique pour une décolonisation culturelle : Première partie - le FESPACO : création, évolution, défis, Ouagadougou, Auto-édition, , 786 p. (ISBN 978-2-9578579-4-4).

Notes et références

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  1. « FESPACO : Les 50 ans sous différents thèmes et visuels » (consulté le )
  2. a et b Louis Skorecki, « Fespaco 95, Festival du cinéma africain. Paroles du cinéma africain. Le sous-développement, c'est aussi le manque d'images », sur Libération, (consulté le )
  3. Michel Braudeau, « Ouagadougou, le dur défi du cinéaste noir », Le Monde,‎ , p. 9
  4. « Fespaco : 25 ans déjà », Jeune Afrique, no 1755,‎
  5. a et b Dossier cinéma africain et festivals II, « Dossier cinéma africain et festivals II », Ecrans d'Afrique, no 8,‎ 2e trimestre 1994, p. 53-66 (lire en ligne)
  6. Catalogue 1995, p. 87
  7. FEPACI, L'Afrique et le centenaire du cinéma, Paris, Présence africaine, , 412 p. (ISBN 2-7087-0588-1)
  8. Procès-verbal du jury officiel courts métrages et documentaires
  9. Fespaco News du 26 février 1995, p.8.
  10. Fespaco News du 5 mars 1995, p.4.
  11. « Le film d'ouverture », Fespaco News,‎ , p. 8
  12. Dupré 2012, p. 305.
  13. a et b Jean-Michel Frodon, « Le Festival de Ouagadougou révèle la vitalité du cinéma sud-africain », sur Le Monde, (consulté le )
  14. J.F. Werner, « Fespaco 95 : un regard anthropologique », bulletin du GIDIS-CI (Orstom Abidjan), no 10,‎ , p. 79-82 (lire en ligne)
  15. Jean-Michel Frodon, « Naissance d'une Cinémathèque », sur Le Monde, (consulté le )
  16. Dupré 2012, p. 298.
  17. (en) Nwachukwu Frank Ukadike, Questioning African Cinema - Conversations with Filmmakers, Minneapolis, University of Minnesota Press, , 320 p. (ISBN 0-8166-4005-X), p. 313
  18. Clément Tapsoba, « Fespaco 95 : le début d'une adaptation aux enjeux actuels », Ecrans d'Afrique, nos 9/10,‎ 3e-4e trimestre 1994, p. 34-35
  19. Thierry Rolland Ouedraogo, « Les Femmes cinéastes unissent leurs forces pour valoriser leurs œuvres et leurs personnalités », sur lefaso.net, (consulté le )
  20. a et b Clément Tapsoba, « Fespaco 95 : après la fête, quel avenir pour le cinéma africain ? », Ecrans d'Afrique, no 11,‎ 1er trimestre 1995, p. 36-41
  21. Fespaco News du 4 mars 1995, p.3.
  22. Fespaco News du 2 mars 1995, p.7.
  23. Lassina Fabrice Sanou, « Cinéma : il faut sauver le Fespaco », sur lefaso.net, (consulté le )
  24. Fespaco News du 20 février 1995, p.5.
  25. Jean-Pierre Caillon, « Survol du cinéma africain et du Fespaco de Ouagadougou », sur http://jeanpierrecaillon.unblog.fr, (consulté le )
  26. Thérèse-Marie Deffontaines, « Ouagadougou célèbre le septième art », sur Le Monde, (consulté le )