Euzhan Palcy
Euzhan Palcy, née le au Gros-Morne[1] (Martinique)[2], est une réalisatrice française.
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(en) www.euzhanpalcy.net |
Distinctions | Liste détaillée Coupe Volpi () Lion d'argent () César du cinéma () César du meilleur premier film () Prix Candace () Bourse Guggenheim () Trophées des arts afro-caribéens () Women in Film Crystal + Lucy Awards (en) () Oscar d'honneur () Officier de la Légion d'honneur Officier de l'ordre national du Mérite |
Rue Cases-Nègres, Une saison blanche et sèche, Le Combat de Ruby Bridges (d) |
Surtout connue pour ses films Rue Cases-Nègres et Une saison blanche et sèche, elle est la première femme réalisatrice noire à être produite par un studio hollywoodien (Metro Goldwyn Mayer)[3], ce qui lui assure une reconnaissance internationale.
Biographie
modifierEnfance et jeunesse
modifierEnfant, dans sa Martinique natale, Euzhan Palcy se passionne pour le cinéma. Elle regarde les films de Fritz Lang, d’Alfred Hitchcock, de Billy Wilder ou d’Orson Welles, d'Ousmane Sembène, de François Truffaut et de Costa-Gavras. Elle écrit aussi des nouvelles et des poèmes. Sa sensibilité artistique se développe au contact de la réalité martiniquaise et de ses salles obscures. À travers les films américains, elle remarque que les comédiens noirs interprètent toujours les rôles les plus dégradants, les plus ridicules. Cette constante la choque et la révolte même[4],[5].
C’est en se plongeant dans la lecture de La Rue Cases-Nègres, le roman de Joseph Zobel qui raconte la Martinique des années 1930, que la condition des Noirs se révèle à elle. À 14 ans, elle fait du roman son livre de chevet. À force de le lire et relire, elle se découvre une ambition nouvelle : devenir cinéaste et porter à l’écran la voix des Noirs[6].
Études et cinéma
modifierEuzhan Palcy réalise, à 17 ans, pour la télévision française de Martinique son premier téléfilm, La Messagère. En 1975, elle s’envole pour Paris sur les conseils de son père qui l’encourage dans son amour du cinéma mais lui conseille aussi de s’inscrire à l’université. Diplômée de la faculté des lettres de Paris (lettres et théâtre), elle étudie également à l'École Louis-Lumière et se spécialise en tant que directeur de la photographie.
Carrière
modifierRue Cases-Nègres
modifierEuzhan Palcy, qui veut adapter La Rue Cases-Nègres au cinéma, rencontre François Truffaut, qui s'intéresse au projet de la réalisatrice, la soutient, distille ses conseils techniques et facilite les relations de la jeune réalisatrice avec les producteurs[7],[8].
En 1983, Rue Cases-Nègres émeut le public qui découvre la Martinique an tan lontan et l’existence miséreuse des familles noires attachées aux plantations de canne. Le film est un succès public. Le long métrage remporte dix-sept prix internationaux, en France et aux États-Unis[7].
Une saison blanche et sèche
modifierEuzhan Palcy adapte ensuite Une saison blanche et sèche, le roman de l’écrivain sud-africain André Brink dans lequel il parle de son pays déchiré par l’apartheid et le racisme. Après le succès de son premier long métrage, elle peut mener à bien ce projet aux États-Unis. Marlon Brando, Zakes Mokae, Donald Sutherland et Susan Sarandon font partie de la distribution du film. Euzhan Palcy est la seule réalisatrice à avoir dirigé Marlon Brando. L’équipe tourne au Zimbabwe. Le film dénonce la ségrégation alors même que Nelson Mandela est encore emprisonné dans les geôles sud-africaines. Le film est aussi un succès public.[réf. nécessaire]
Elle reçoit, en 1989, le prix Orson Welles pour l'importance et la qualité de son travail (Orson Welles Prize for Special Cinematic Achievement), pour ce film[9]. Mais Euzhan Palcy constate que dans la plupart des films occidentaux comme à la télévision, l’image des Noirs ne varie guère. Leur représentation reste dégradante ou secondaire dans la plupart des scénarios qu’on lui propose. Elle décide de rentrer en France et de se replonger dans la réalité de la vie martiniquaise.
Siméon et Césaire
modifierSon retour prend forme à travers la réalisation de Siméon, « un conte antillais fantastique et musical, entre la vie et la mort dans lequel le fantôme d’un musicien, poète et séducteur célèbre, est le captif d’une petite fille, Orélie, dont il ne peut se délivrer qu’en accomplissant une bonne action », explique la réalisatrice. Kassav' compose la musique du film pour en faire une œuvre complète et fondamentalement antillaise. Bruno Coulais en compose la musique dramatique.
Euzhan Palcy désire aussi rendre un hommage à Aimé Césaire, celui qu’elle considère comme son père spirituel. En 1994, elle lui consacre une série de trois films documentaires, Aimé Césaire, une voix pour l’histoire, et passe plusieurs mois à capter son quotidien pour immortaliser son message.
Appel américain
modifierRessourcée, la cinéaste reprend ses projets aux États-Unis. En , la télévision américaine diffuse le film Ruby Bridges, une fresque historique qu’elle réalise et coproduit sur une enfant de cinq ans qui se bat pour mettre à bas les barrières de la discrimination raciale dans les années 1960.
Immédiatement après ce film, elle consacre trois ans à ce qui aurait été le « premier dessin animé noir produit par un studio américain » et dont l’action se déroule en Afrique de l’Ouest 2000 ans av. J.-C. Mais au moment de finaliser son projet, le producteur (la Fox) perd son studio d’animation et met un terme à la réalisation en cours.
En 2001, elle réalise The Killing Yard, un drame inédit sur la mutinerie de la prison d'Attica, qui a eu lieu 30 ans auparavant dans l’État de New York.
Depuis 2005
modifierAu cours de l’année 2005, grâce au documentaire Parcours de dissidents, la cinéaste tente de corriger les oublis de l’Histoire en donnant la parole aux Antillais de la Seconde Guerre mondiale qui ont combattu aux côtés du général de Gaulle[10].
En 2011, le festival de Cannes lui rend hommage et projette en version restaurée Rue Cases-Nègres[11] ; un collège martiniquais ainsi qu’une salle de cinéma dans l'Oise portent son nom[12],[13].
Distinctions
modifierEuzhan Palcy est citoyenne d'honneur de New York, Atlanta, La Nouvelle-Orléans[14].
Depuis 2013, elle est membre du Comité national pour la mémoire et l'histoire de l'esclavage (CNMHE)[15].
Décorations
modifier- Officier de la Légion d'honneur (2018)[16]
- Officier de l'ordre national du Mérite (2009)[17]
- Grand compagnon de l'ordre de OR Tambo (Afrique du Sud) (2017)[18]
Filmographie partielle
modifierRéalisatrice
modifier- 1975 : La Messagère, téléfilm
- 1982 : L'Atelier du diable, court métrage
- 1983 : Rue Cases-Nègres
- 1989 : Une saison blanche et sèche (A Dry White Season)
- 1990 : Comment vont les enfants ?, documentaire de long métrage ; segment Hassane
- 1992 : Siméon, conte musical et fantastique antillais
- 1994 : Aimé Césaire, une voix pour l'Histoire, documentaire en trois parties :
- L'Île veilleuse
- Au rendez-vous de conquête
- La Force de regarder demain
- 1998 : Le Combat de Ruby Bridges (en), téléfilm
- 2001 : The Killing Yard
- 2005 : Parcours de dissidents, documentaire
- 2007 : Les Mariées de l'isle Bourbon, téléfilm d'aventure en deux épisodes
- 2008 : L’Ami fondamental : Césaire/Senghor, documentaire inédit
- 2010 : Parcours de dissidents, sorti en DVD
Scénariste
modifier- 1975 : La Messagère
- 1982 : L'Atelier du diable
- 1983 : Rue Cases-Nègres
- 1983 : Dionysos réalisé par Jean Rouch
- 1989 : Une saison blanche et sèche (A Dry White Season)
- 1992 : Siméon, conte musical et fantastique antillais
Productrice
modifier- 1975 : La Messagère
- 1982 : L'Atelier du diable
- 1992 : Siméon, conte musical et fantastique antillais
- 1998 : (en) Le Combat de Ruby Bridges, téléfilm
- 2005 : Parcours de dissidents, documentaire
- 2011 : Moly
Récompenses
modifier- Rue Cases Nègres, 17 prix internationaux dont :
- Une saison blanche et sèche (MGM)
- Siméon
- The Killing Yard (Paramount)
- 2002 Marteau d'argent du meilleur film sur la justice par le barreau américain[21], catégorie Television Dramas
- Le Combat de Ruby Bridges (Disney)
- 1998 Christopher Award du meilleur film
- 1998 Humanitas Prizes
- 1998 National Educational Media Network, USA Gold Apple
- 1998 Young artist award Best Performance in a TV Movie or Series - Young Actress Age Ten or Under
- Aimé Césaire : une voix pour l’Histoire
- The National Black Programming Consortium Award of Excellence
- Oscar d'honneur en 2022[22]
Rétrospectives
modifier- Rétrospective Euzhan Palcy, au Centre Pompidou, à Paris, du 8 au 19 novembre 2023[23].
Notes et références
modifier- Voir sur cinema.encyclopedie.personnalites.bifi.fr.
- Voir sur africultures.com.
- (en) « Euzhan Palcy: A Filmmaker's Journey », sur dga.org (consulté le ).
- « Euzhan Palcy, réalisatrice de "Rue Case-Nègres", première partie », Grioo.com, (lire en ligne, consulté le )
- « Euzhan Palcy », sur champselyseesfilmfestival.com.
- (en) « In Conversation With... Euzhan Palcy », sur youtube.com, (consulté le ).
- Yolande-Salomé Toumson, Herméneutique littéraire du cinéma de Euzhan Palcy (thèse de doctorat en littérature générale et comparée), Université des Antilles, (lire en ligne)
- (en) « Filmmaker in Focus: Euzhan Palcy », sur moma.org.
- « L'édition 2001 de Black Movie célèbre les femmes », Le Temps, (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
- « Parcours de dissidents. L’histoire méconnue des résistants antillais pendant la Seconde Guerre mondiale » Académie de Paris, 5 mai 2014.
- Sur festival-cannes, « Cannes rend hommage à Euzhan Palcy »
- « Collège Euzhan Palcy », sur education.gouv.fr (consulté le ).
- « Fouilloy : Ciné rural 60 passe au numérique et à la 3D le 30 mars », sur actu.fr (consulté le ).
- UNESCO - fiche Euzhan Palcy.
- Décret du 10 mai 2013 portant nomination des membres du Comité national pour la mémoire et l'histoire de l'esclavage.
- « Promotion du Nouvel an 2018 », sur legiondhonneur.fr (consulté le ).
- Legifrance décret du 13 novembre 2009 portant promotion et nomination.
- (en) « French Filmmaker Euzhan Palcy honored in South Africa », sur Ambassade d'Afrique du Sud en France (consulté le ).
- Mostra de Venise 1983.
- 9e cérémonie des César.
- Voir sur americanbar.org.
- « Oscar d'honneur pour Euzhan Palcy : "C'est la récompense suprême", réagit la réalisatrice martiniquaise », sur Franceinfo, (consulté le ).
- https://www.lesinrocks.com/cinema/linvisibilite-est-une-blessure-qui-reste-rencontre-avec-la-cineaste-euzhan-palcy-599796-03-11-2023/
Voir aussi
modifierRadio
modifier- « Euzhan Palcy : "Dans mon cinéma, je ne veux pas trahir l'Histoire" », France Culture, Les Midis de Culture, le
Vidéos
modifier- Conférences de l'université des Antilles et de la Guyane
Liens externes
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- (en) Site officiel
- Ressources relatives à l'audiovisuel :
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Ressource relative à plusieurs domaines :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Fiche UniFrance (films français uniquement)