Euzhan Palcy

réalisatrice de fictions, de documentaires et compositrice française

Euzhan Palcy, née le au Gros-Morne[1] (Martinique)[2], est une réalisatrice française.

Euzhan Palcy
Euzhan Palcy à la cérémonie des prix Lumières en 2012
Biographie
Naissance
Nationalité
Domicile
Formation
Activités
Autres informations
Membre de
Site web
Distinctions
Œuvres principales
Rue Cases-Nègres, Une saison blanche et sèche, Le Combat de Ruby Bridges (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Surtout connue pour ses films Rue Cases-Nègres et Une saison blanche et sèche, elle est la première femme réalisatrice noire à être produite par un studio hollywoodien (Metro Goldwyn Mayer)[3], ce qui lui assure une reconnaissance internationale.

Biographie

modifier

Enfance et jeunesse

modifier

Enfant, dans sa Martinique natale, Euzhan Palcy se passionne pour le cinéma. Elle regarde les films de Fritz Lang, d’Alfred Hitchcock, de Billy Wilder ou d’Orson Welles, d'Ousmane Sembène, de François Truffaut et de Costa-Gavras. Elle écrit aussi des nouvelles et des poèmes. Sa sensibilité artistique se développe au contact de la réalité martiniquaise et de ses salles obscures. À travers les films américains, elle remarque que les comédiens noirs interprètent toujours les rôles les plus dégradants, les plus ridicules. Cette constante la choque et la révolte même[4],[5].

C’est en se plongeant dans la lecture de La Rue Cases-Nègres, le roman de Joseph Zobel qui raconte la Martinique des années 1930, que la condition des Noirs se révèle à elle. À 14 ans, elle fait du roman son livre de chevet. À force de le lire et relire, elle se découvre une ambition nouvelle : devenir cinéaste et porter à l’écran la voix des Noirs[6].

Études et cinéma

modifier

Euzhan Palcy réalise, à 17 ans, pour la télévision française de Martinique son premier téléfilm, La Messagère. En 1975, elle s’envole pour Paris sur les conseils de son père qui l’encourage dans son amour du cinéma mais lui conseille aussi de s’inscrire à l’université. Diplômée de la faculté des lettres de Paris (lettres et théâtre), elle étudie également à l'École Louis-Lumière et se spécialise en tant que directeur de la photographie.

Carrière

modifier

Rue Cases-Nègres

modifier

Euzhan Palcy, qui veut adapter La Rue Cases-Nègres au cinéma, rencontre François Truffaut, qui s'intéresse au projet de la réalisatrice, la soutient, distille ses conseils techniques et facilite les relations de la jeune réalisatrice avec les producteurs[7],[8].

En 1983, Rue Cases-Nègres émeut le public qui découvre la Martinique an tan lontan et l’existence miséreuse des familles noires attachées aux plantations de canne. Le film est un succès public. Le long métrage remporte dix-sept prix internationaux, en France et aux États-Unis[7].

Une saison blanche et sèche

modifier

Euzhan Palcy adapte ensuite Une saison blanche et sèche, le roman de l’écrivain sud-africain André Brink dans lequel il parle de son pays déchiré par l’apartheid et le racisme. Après le succès de son premier long métrage, elle peut mener à bien ce projet aux États-Unis. Marlon Brando, Zakes Mokae, Donald Sutherland et Susan Sarandon font partie de la distribution du film. Euzhan Palcy est la seule réalisatrice à avoir dirigé Marlon Brando. L’équipe tourne au Zimbabwe. Le film dénonce la ségrégation alors même que Nelson Mandela est encore emprisonné dans les geôles sud-africaines. Le film est aussi un succès public.[réf. nécessaire]

Elle reçoit, en 1989, le prix Orson Welles pour l'importance et la qualité de son travail (Orson Welles Prize for Special Cinematic Achievement), pour ce film[9]. Mais Euzhan Palcy constate que dans la plupart des films occidentaux comme à la télévision, l’image des Noirs ne varie guère. Leur représentation reste dégradante ou secondaire dans la plupart des scénarios qu’on lui propose. Elle décide de rentrer en France et de se replonger dans la réalité de la vie martiniquaise.

Siméon et Césaire

modifier

Son retour prend forme à travers la réalisation de Siméon, « un conte antillais fantastique et musical, entre la vie et la mort dans lequel le fantôme d’un musicien, poète et séducteur célèbre, est le captif d’une petite fille, Orélie, dont il ne peut se délivrer qu’en accomplissant une bonne action », explique la réalisatrice. Kassav' compose la musique du film pour en faire une œuvre complète et fondamentalement antillaise. Bruno Coulais en compose la musique dramatique.

Euzhan Palcy désire aussi rendre un hommage à Aimé Césaire, celui qu’elle considère comme son père spirituel. En 1994, elle lui consacre une série de trois films documentaires, Aimé Césaire, une voix pour l’histoire, et passe plusieurs mois à capter son quotidien pour immortaliser son message.

Appel américain

modifier

Ressourcée, la cinéaste reprend ses projets aux États-Unis. En , la télévision américaine diffuse le film Ruby Bridges, une fresque historique qu’elle réalise et coproduit sur une enfant de cinq ans qui se bat pour mettre à bas les barrières de la discrimination raciale dans les années 1960.

Immédiatement après ce film, elle consacre trois ans à ce qui aurait été le « premier dessin animé noir produit par un studio américain » et dont l’action se déroule en Afrique de l’Ouest 2000 ans av. J.-C. Mais au moment de finaliser son projet, le producteur (la Fox) perd son studio d’animation et met un terme à la réalisation en cours.

En 2001, elle réalise The Killing Yard, un drame inédit sur la mutinerie de la prison d'Attica, qui a eu lieu 30 ans auparavant dans l’État de New York.

Depuis 2005

modifier

Au cours de l’année 2005, grâce au documentaire Parcours de dissidents, la cinéaste tente de corriger les oublis de l’Histoire en donnant la parole aux Antillais de la Seconde Guerre mondiale qui ont combattu aux côtés du général de Gaulle[10].

En 2011, le festival de Cannes lui rend hommage et projette en version restaurée Rue Cases-Nègres[11] ; un collège martiniquais ainsi qu’une salle de cinéma dans l'Oise portent son nom[12],[13].

Distinctions

modifier

Euzhan Palcy est citoyenne d'honneur de New York, Atlanta, La Nouvelle-Orléans[14].

Depuis 2013, elle est membre du Comité national pour la mémoire et l'histoire de l'esclavage (CNMHE)[15].

Décorations

modifier

Filmographie partielle

modifier

Réalisatrice

modifier

Scénariste

modifier

Productrice

modifier

Récompenses

modifier
  • Rue Cases Nègres, 17 prix internationaux dont :
    • 1983 Mostra de Venise : Lion d’Argent du meilleur premier film, prix d’interprétation féminine, prix de l’Office catholique, prix de l’Unesco[19]
    • 1984 Fespaco : Prix du public
    • 1984 César de la meilleure première œuvre[20]
  • Une saison blanche et sèche (MGM)
    • 1989 Prix Orson Welles for best achievement
    • 1989 Prix Barclay du meilleur film (Lausanne)
    • Nomination aux Oscars et prix d'interprétation masculine au Festival international du film de Tokyo pour Marlon Brando
  • Siméon
    • 1993 Corbeau d'Argent au Festival international du Film fantastique de Bruxelles
    • 1993 Prix du meilleur film pour la jeunesse (Italie)
    • 1993 Fespaco : Prix de l'Institut des Peuples noirs
    • 1993 Festival de Philadelphie : Prix du public
  • The Killing Yard (Paramount)
  • Le Combat de Ruby Bridges (Disney)
  • Aimé Césaire : une voix pour l’Histoire
    • The National Black Programming Consortium Award of Excellence
  • Oscar d'honneur en 2022[22]

Rétrospectives

modifier

Notes et références

modifier
  1. Voir sur cinema.encyclopedie.personnalites.bifi.fr.
  2. Voir sur africultures.com.
  3. (en) « Euzhan Palcy: A Filmmaker's Journey », sur dga.org (consulté le ).
  4. « Euzhan Palcy, réalisatrice de "Rue Case-Nègres", première partie », Grioo.com,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. « Euzhan Palcy », sur champselyseesfilmfestival.com.
  6. (en) « In Conversation With... Euzhan Palcy », sur youtube.com, (consulté le ).
  7. a et b Yolande-Salomé Toumson, Herméneutique littéraire du cinéma de Euzhan Palcy (thèse de doctorat en littérature générale et comparée), Université des Antilles, (lire en ligne)
  8. (en) « Filmmaker in Focus: Euzhan Palcy », sur moma.org.
  9. « L'édition 2001 de Black Movie célèbre les femmes », Le Temps,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
  10. « Parcours de dissidents. L’histoire méconnue des résistants antillais pendant la Seconde Guerre mondiale » Académie de Paris, 5 mai 2014.
  11. Sur festival-cannes, « Cannes rend hommage à Euzhan Palcy »
  12. « Collège Euzhan Palcy », sur education.gouv.fr (consulté le ).
  13. « Fouilloy : Ciné rural 60 passe au numérique et à la 3D le 30 mars », sur actu.fr (consulté le ).
  14. UNESCO - fiche Euzhan Palcy.
  15. Décret du 10 mai 2013 portant nomination des membres du Comité national pour la mémoire et l'histoire de l'esclavage.
  16. « Promotion du Nouvel an 2018 », sur legiondhonneur.fr (consulté le ).
  17. Legifrance décret du 13 novembre 2009 portant promotion et nomination.
  18. (en) « French Filmmaker Euzhan Palcy honored in South Africa », sur Ambassade d'Afrique du Sud en France (consulté le ).
  19. Mostra de Venise 1983.
  20. 9e cérémonie des César.
  21. Voir sur americanbar.org.
  22. « Oscar d'honneur pour Euzhan Palcy : "C'est la récompense suprême", réagit la réalisatrice martiniquaise », sur Franceinfo, (consulté le ).
  23. https://www.lesinrocks.com/cinema/linvisibilite-est-une-blessure-qui-reste-rencontre-avec-la-cineaste-euzhan-palcy-599796-03-11-2023/

Voir aussi

modifier

Vidéos

modifier

Liens externes

modifier