Enlèvement de Foniké Menguè et Billo
L'enlèvement de Foniké Menguè et Billo, deux activistes politiques guinéens membres du Front national pour la défense de la Constitution, a lieu le au domicile familial de Foniké Menguè à Commandanyah, dans la commune de Dixinn, Conakry en république de Guinée[1],[2].
Contexte
modifierAprès la fermeture des médias en mai 2024, des ONG notamment le Front national pour la défense de la Constitution, MAOG, la CNROC, la Coalition Nationale Pour le Retour à l’Ordre Constitutionnel et le FRONC, réunies au sein de la plateforme dénommée la Dynamique de la société civile, se mobilisent le 8 juillet 2024 pour dénoncer la fermeture des médias, la cherté de la vie et demander un retour à l’ordre constitutionnel en Guinée[3],[4].
Enlèvement
modifierDans la nuit du 9 juillet 2024, aux environs de 23 h, les deux leaders politiques étaient chez Foniké Menguè quand un groupe d’hommes en tenues militaires et cagoules fait irruption chez Foniké pour les emmener de force vers une destination inconnue. Mohamed Cissé, coordinateur communal du FNDC à Matoto, qui a voulu en savoir plus sur la raison leur arrestation, a aussi été enlevé.
Selon la belle-sœur de Foniké Menguè, un cortège de six pickups militaires était stationné derrière la cour, d'où sont sortis cinq hommes ayant enlevé les leaders[5].
Suites
modifierDès le lendemain, les associations de défenses des droits de l’homme, ONG, hommes politiques et leaders d’opinion nationale et internationale, demandent leur libération, notamment les Forces vives de Guinée[6], le SPPG, le collectifs des avocats du mouvement Amnesty international[7] et 14 ONG d’Afrique de l’Ouest.[réf. souhaitée]
À l’international, Jean-Luc Mélenchon appelle le gouvernement français à intervenir pour faciliter leur libération[8]. L’activiste et parlementaire sénégalais Guy Marius invite la CEDEAO à regarder de près la situation de la transition guinéenne[9].
Le barreau de Guinée s’insurge et donne un préavis, avant de décider le 15 juillet de boycotter tous les procès en cours en Guinée jusqu'au 31 juillet 2024[10].
Le 16 juillet, dans un communiqué de presse, le parquet général près la cour d'appel de Conakry nie toute implication ou connaissance de leur lieu de détention. Le procureur général Fallou Doumbouya déclare qu’« aucun organe d'enquête n'a procédé à aucune interpellation ou arrestation de qui que ce soit; mieux aucun établissement pénitentiaire du pays ne détient ces personnes faisant objet d'enlèvement. »[11].
Le 18 juillet, les avocats français Vincent Brengarth et William Bourdon adressent une lettre au procureur de la CPI, Karim Khan, pour l'informer : « Nous vous écrivons en urgence pour vous faire part de la plus vive préoccupation de ceux que nous représentons, en lien avec la disparition très inquiétante de deux membres du FNDC… Nous demandons que la CPI intervienne en urgence afin de demander des investigations immédiates sur le cas de ces deux personnes disparues…. »[12],[13].
Le 21 juillet, l’ONU, à travers une déclaration de Thameen Al-Kheetan, porte-parole du bureau des droits de l’homme, dit s’inquiéter du sort des deux activistes et demande leur libération : « Nous exhortons les autorités de transition guinéennes à libérer immédiatement et sans condition les deux militants, à moins d’être officiellement inculpés conformément à la procédure judiciaire établie… »[14].
Le 23 juillet, les épouses de Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah portent plainte contre le général Mamadi Doumbouya, Aboubacar Sidiki Camara et Balla Samoura auprès du procureur de la république près le tribunal de Paris pour disparition forcée[15].
Le , le FNDC dévoile la liste de 16 personnes selon lui impliquées dans l'enlèvement des deux activistes[16].
Un mois après l'enlèvement de Foniké Menguè et Billo Bah, Kalifa Gassama Diaby, ancien ministre des droits de l’homme et des libertés publiques, écrit une tribune intitulée « Transition en Guinée : la dynamique totalitaire et les ingrédients du chaos » pour dénoncer les agissement du CNRD et le silence des partenaires de la Guinée[17].
L'ONG Afrikki décide de saisir plusieurs institutions, notamment la cour de justice de la CEDEAO, la Cour pénale internationale, le Haut-Commissariat aux droits de l’Homme, la commission de la CEDEAO, la commission de l'UE, l'organisation des Nations unies, l'UA et la commission africaine des droits de l'homme et des peuples pour que de « tels agissements ne restent pas impunis et engager une mobilisation internationale »[18].
Le 15 août, les journalistes des médias fermés par le CNRD rendent visite aux familles de Foniké Mènguè et de Bilo Bah[19]. Le représentant de la famille et demi-frère de Foniké Menguè, l'homme politique Mamadou Sylla, déclare :
« s’ils les ont tués, qu’ils nous le disent pour qu’on puisse faire au moins leurs sacrifices et prier pour le repos de leurs âmes. »[20]
Le 30 août, l’ambassade des États-Unis en Guinée exprime sa préoccupation au sujet de l'état de santé et du bien-être des deux activistes et encourage le gouvernement à accélérer les enquêtes en cours pour soulager leurs familles[21].
Le , leurs avocats appellent la CEDEAO à intervenir en leur faveur pour accéder à leurs clients[1],[2]. Le , le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme attire l'attention de la commission sur leurs « inquiétudes sur la situation des défenseurs des droits humains disparus » en Guinée, notamment Foniké Menguè et Billo Bah qui « risqueraient d'être torturés, maltraités et exécutés de manière extrajudiciaire en raison de leur travail légitime de défense des droits humains et de la démocratie » [22],[23].
Le , le Groupe de travail sur les disparitions forcées de l'ONU et la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples, affichent leurs inquiétudes sur les disparitions forcées de Fonikè Manguè et Mamadou Billo Bah[24].
Cent jours après leur disparition, plusieurs organisations de défense des droits de l'homme exigent des réponses de la part des autorités de la transition guinéenne[25],[26], notamment l'Union européenne[27] ou la Fédération internationale pour les droits humains[28].
Manifestation
modifierAprès leur arrestation, des manifestations sont organisées en Guinée et à l'international, notamment le 20 juillet à Paris[29], le 4 août en Bruxelles[30],[31], le 12 août 2024 une ville morte à Conakry[32],[33], le 20 août à New York[34].
Notes et références
modifier- « En Guinée, l’arrestation de deux figures du FNDC suscite l’inquiétude de la société civile », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « Conakry : Fonikè Mengué et Billo arrêtés, le FNDC « dissous » dénonce un “kidnapping” », sur Guinéenews©, (consulté le )
- Loni infos, « Cherté de la vie et fermeture des médias : que compte faire la société civile ? », sur Loni-infos, (consulté le )
- Mamadou Saidou Diallo, « Fermeture des médias et cherté de la vie en Guinée : la société civile décide de prendre ses responsabilités - Guinee360 », sur Guinee360 - Actualité en Guinée, Politique, Économie, Sport, (consulté le )
- Guineematin.com, « Affaire Foniké Manguè et Billo Bah : « ceux qui sont venus les arrêter, on dirait qu’ils partaient en guerre » - Guineematin.com », (consulté le )
- « Guinée: Arrestation de Foniké Menguè et Cie - Les Forces Vives de Guinée exigent leur libération immédiate et sans conditions », Aminata.com, (lire en ligne, consulté le )
- « Guinée. Les autorités doivent libérer immédiatement les militants détenus », sur Amnesty International, (consulté le )
- Mohamed Cisse, « Arrestation des activistes en Guinée : Jean-Luc Mélenchon appelle la France à intervenir », sur Avenirguinee.org, (consulté le )
- Antoine Sarr, « Parlement de la Cedeao : Le député Guy Marius Sagna dénonce la situation en Guinée et au Libéria (Vidéo) », sur Senego.com - Actualité au Sénégal, (consulté le )
- L'Equipe de la Rédaction, « QUAND LE BARREAU DE GUINÉE POUSSE LE PARQUET GÉNÉRAL A JOUÉ SON RÔLE! », sur Billetdujour.com, (consulté le )
- « Guinée_Le Procureur général sur le cas Foniké Menguè et Cie: “aucun établissement pénitentiaire du pays ne détient ces personnes faisant objet d’enlèvement” – Aminata.com L'information en Guinée et dans le monde » (consulté le )
- « Disparition de deux opposants en Guinée : des avocats interpellent la CPI « en urgence » », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « Le sort de Mengué et Billo Bah toujours incertain – DW – 18/07/2024 », sur dw.com (consulté le )
- Mohamed Cisse, « Enlèvement des activistes en Guinée : les Nations Unies « extrêmement préoccupées » », sur Avenirguinee.org, (consulté le )
- Loupeguinee, « La femme de Foniké méngué et celle de Billo BAH portent plainte contre des grosses pointures du CNRD (communiqué) », sur Loupeguinee, (consulté le )
- « Enlèvement de Foniké Menguè et Billo Bah : le FNDC dénonce le parquet général de Conakry et publie une liste de personnes à poursuivre », sur guineematin.com, (consulté le )
- « Transition en Guinée : la dynamique totalitaire et les ingrédients du chaos (Par Kalifa Gassama Diaby) », sur PLANETE 7, (consulté le )
- Mohamed Bangoura, « Guinée: un mois après l'enlèvement de Foniké et Billo, Afrikki décide de saisir plusieurs institutions internationales », sur Mosaiqueguinee.com, (consulté le )
- « Conakry: des journalistes rendent visite aux familles de Foniké Mènguè et de Bilo Bah », sur Kalenews, (consulté le )
- Doura, « Mamadou Sylla à propos de Foniké et Billo : « s'ils les ont tués, qu'ils nous le disent… » », sur Mosaiqueguinee.com, (consulté le )
- « Cas Foniké Menguè et Billo Bah : l’ambassade des États-Unis brise le silence », sur Lerenifleur224.com, (consulté le )
- « Guinée : Inquiétudes sur la situation des défenseurs des droits humains disparus » [doc], sur https://www.ohchr.org/fr, (consulté le )
- « Guinée : inquiétudes sur la situation des défenseurs des droits humains disparus », sur La Guinée info - Les informations sur la Guinée en un seul clic, (consulté le )
- « Afrique Guinée: L'ONU exhorte la libération de Foniké Mengué et de Billo Bah », sur rfi.fr, (consulté le )
- « Disparition de Foniké Menguè et Billo Bah: l’Union européenne exige des réponses », sur La Guinée info - Les informations sur la Guinée en un seul clic, (consulté le )
- Mohamed Bangoura, « Disparition de Foniké et Billo: l'UE demande des explications à l'Etat guinéen », sur Mosaiqueguinee.com, (consulté le )
- « MSN », sur www.msn.com (consulté le )
- « Guinée : le pays s’enfonce dans la répression et la France regarde ailleurs », sur Fédération internationale pour les droits humains (consulté le )
- « Paris : le FNDC manifeste pour exiger la libération de Foniké Mengué et Billo Bah », sur Guinee360 - Actualité en Guinée, Politique, Économie, Sport, (consulté le )
- (en-US) Guinée114.com, « Enlèvement de Foniké Menguè et Billo : une manifestation prévue en Belgique ce dimanche 4 août », sur Guinee114.com, (consulté le )
- « Belgique : Les Guinéens manifestent contre le CNRD », sur lelynx.net, (consulté le )
- « Les Forces vives de Guinée appellent à une journée ville morte le 12 août prochain », sur Guinee360 - Actualité en Guinée, Politique, Économie, Sport, (consulté le )
- « Guinée : face à Doumbouya, l’opposition appelle à la reprise des manifestations - Jeune Afrique.com », sur JeuneAfrique.com (consulté le )
- LA RÉDACTION, « Le FNDC mobilise à New York », sur L’information équilibrée, (consulté le )
Voir aussi
modifierArticles connexes
modifierLiens externes
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