Douce France (chanson)
Douce France est une chanson française écrite et interprétée par Charles Trenet en 1943, composée avec Léo Chauliac, et enregistrée en 1947 en single chez Columbia [1],[2], un des grands succès de son répertoire et de la chanson française.
Sortie | 1943 |
---|---|
Enregistré |
6 mai 1944 |
Durée | 3:11 |
Genre | Chanson française, variété française, romance, french jazz-zazou, music-hall |
Format | Disque 78 tours |
Auteur | Charles Trenet |
Compositeur | Charles Trenet, Léo Chauliac |
Label | Columbia |
Clip vidéo
[vidéo] « Charles Trénet - Douce France », sur YouTube
Histoire
modifierCharles Trenet, surnommé « le Fou chantant », âgé de 30 ans, écrit en 1943 (en pleine occupation de la France par l'Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale) les paroles de cette romance poétique idyllique bien-heureuse et fleur bleue des années 1930, sur le thème de son amour pour la France, accompagné par son pianiste-compositeur Léo Chauliac. Il l'interprète avec succès cette même année sur la scène de music-hall des Folies Bergère de Paris, en tant qu’icône française du « french jazz-zazou parisien » des années 1940[3] « Douce France, cher pays de mon enfance, berceau de tant d'insouciance, je t'ai gardée dans mon cœur, mon village au clocher aux maisons sages, où les enfants de mon âge, ont partagé mon bonheur, oui, je t'aime, et je te donn' ce poème, oui, je t'aime, dans la joie ou la douleur... »[4].
Reprises et adaptations
modifierElle est reprise entre autres par :
- 1944 : Roland Gerbeau
- 1962 : La Serpe d'or, bande dessinée Astérix, adaptée par Obélix en Douce Gaule
- 1964 : Juliette Gréco (album Les Grandes Chansons de Juliette Gréco)
- 1983 : le groupe punk Les Kambrones.
- 1986 : Rachid Taha et son groupe Carte de séjour[5] (symbole pour une jeunesse métissée et anti-raciste[6], en plein débat au parlement sur le code de la Nationalité française[5],[7])
- 1997 : le groupe Orkest Polytour (album Le Roi des jongleurs[8])
- 2003 : Les Pommes de ma douche (album Y va tomber des cordes !)
- 2005: Reinhard Mey, en version allemande (album Douce France)
- 2011 : Carla Bruni, en version italienne (album Little French Songs)[9]
- 2012 : Guy Marchand (album Chansons de ma jeunesse)
- 2014 : Jean-Jacques Debout (album Sur le chemin du bonheur)
- 2021 : le groupe Pomplamoose et John Tegmeyer (album Impossible à prononcer).
Au cinéma
modifier- 1986 : Douce France, de François Chardeaux
Quelques références littéraires
modifierSon titre et ses paroles sont peut-être, entre autres, inspirés de[10] :
La Chanson de Roland
modifierSon titre est peut-être inspiré d'un lieu commun sur la France médiévale apparu vers l'an 1080 dans la Chanson de Roland[11]. Roland mourant regarde l'Espagne, se souvient de ses conquêtes et de sa « dulce France »[12] :
Le comte Roland s'étendit dessous un pin.
Vers l'Espagne, il a tourné son visage.
Bien des choses lui reviennent en mémoire,
Tant de terres que le baron conquit,
La douce France, les hommes de son lignage,
Charlemagne, son seigneur qui l'éleva.
Il ne peut s'empêcher de pleurer et de soupirer[13].
Joachim du Bellay
modifierL'expression la plus célèbre de cette nostalgie des exilés a été déclinée en « douceur angevine », aux alentours de 1555 par Joachim du Bellay, dans son sonnet des Regrets commençant par le célèbre hémistiche « Heureux qui comme Ulysse » :
Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
(...)
Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
(...)
Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la doulceur angevine[14].
Cette « douceur angevine » fait d'abord référence au climat très tempéré de l'Anjou.
Paul Verlaine
modifierIl y a également dans les paroles une référence au recueil « Romances sans paroles » de 1874, du poète Paul Verlaine « Je chantais à pleine voix, des romances sans paroles ».
Notes et références
modifier- (en) « Douce France by Roland Gerbeau accompagné par Léo Chauliac », sur secondhandsongs.com (consulté en )
- (en) « Charles Trenet – N'Y Pensez Pas Trop / Douce France », sur www.discogs.com (consulté en )
- Nelson Monfort, Le roman de Charles Trenet, Éditions du Rocher, , 300 p.
- Charles Trenet, Encyclopédie Larousse
- Patrick Labesse, « Avec Charles Trenet, en 1947, et Carte de séjour, en 1986, « Douce France » pour tous », Le Monde, (lire en ligne)
- Philippe Hanus, « Douce France par Carte de Séjour. Le cri du “Beur” ? », Volume !, vol. 12, no 1, , p. 123-137 (lire en ligne)
- « " Douce France " », Le Monde, (lire en ligne)
- Discogs, « Polytour - Le roi des jongleurs », sur discogs.com (consulté le ).
- (en) Peter Allen, « Carla Bruni records 'Sweet France' – in Italian », Telegraph, (lire en ligne)
- « Petites histoires de grands tubes : Douce France, de Charles Trénet », sur www.sudouest.fr (consulté en )
- Chanson de Roland,
- VIII, 116-117 « La siet li reis ki dulce France tient.$ Blanche ad la barbe e tut fleurit le chef. »
- LXXXV, 1054,
- CL, 2017 « E beneist Karlun e France dulce » (Qu'il bénisse Charles et la douce France). - « Charles Trenet : connaissez-vous l’histoire de Douce France ? », sur www.melody.tv (consulté en )
- Chanson de Roland, CLXXVI, 2375-2381.« Li quens Rollant se juz desuz un pin.
Envers Espaigne en ad turnet sun vis.
De plusurs choses a remembrer li prist,
De tantes teres cum li bers cunquist,
De dulce France, des humes de sun lign,
De Carlemagne, son seignor kil nurrit.
Ne poet muer n'en plurt e ne suspirt. » - Ioach. du Bellay Ang., Les Regrets et Autres Œuvres Poetiques, XXXI, Federic Morel impr., Paris, 1558
Voir aussi
modifierLiens externes
modifier- Ressource relative à la musique :
- [vidéo] « Charles Trénet - Douce France », sur YouTube
- (en) « Douce France », sur www.charles-trenet.net (consulté en )