Hémistiche
Un hémistiche est la moitié d'un vers à césure. On parle alors du premier hémistiche et du deuxième hémistiche d'un vers. La position médiane d'un vers est dite à l'hémistiche : ainsi, une coupe à l'hémistiche signifie que la coupe se trouve au milieu du vers.
Hémistiche en métrique française
modifierEn métrique française, l'hémistiche apparaît dans les vers de plus de huit syllabes[a]. L'octosyllabe ne nécessite donc pas de césure.
Dans le cas de l'alexandrin, l'hémistiche est un sous-vers de six syllabes, soit la moitié du vers entier, qui en comporte douze.
- Nous partîmes cinq cents, | et par un prompt renfort (Pierre Corneille, Le Cid)
À l'oral, la césure ne doit être marquée à l'hémistiche que si le sens l'exige.
- Qui n'a pu l'obtenir | ne le méritait pas (Corneille, Le Cid)
Quand les deux hémistiches riment, on parle de vers léonin.
- Jusqu'au dernier soupir, | je veux bien le redire (Corneille, Le Cid)
Hémistiche et césure
modifierVoltaire distingue l'hémistiche de la césure : l'hémistiche est toujours à la moitié du vers (alexandrin) ; la césure qui rompt le vers est partout où elle coupe la phrase[1].
- Hélas ! | quel est le prix des vertus ? | La souffrance
Presque chaque mot est une césure dans ce vers :
- Tiens, | le voilà. | Marchons. | Il est à nous. | Viens. | Frappe. |
Le décasyllabe comporte traditionnellement une césure après la quatrième syllabe :
- Femme je suis | pauvrette et ancienne,
- Qui rien ne sais ; | oncques lettre ne lus.
- Au moutier vois | dont suis paroissienne
- Paradis peint, | où sont harpes et luths,
- (Villon, Ballade pour prier Notre-Dame)
Mais on trouve aussi, à partir du XIXe siècle, une césure à l'hémistiche :
- La faim fait rêver | les grands loups moroses ;
- La rivière court, | le nuage fuit ;
- Derrière la vitre | où la lampe luit,
- Les petits enfants | ont des têtes roses.
- (Hugo, Choses du soir)
Exceptions notables
modifierDans Ruy Blas de Victor Hugo, dans l'acte I scène 1, il y a un non-respect de la césure à l'hémistiche :
- Au milieu des éclats de rire de la foule !
Dans Éléments de métrique française, Jean Mazaleyrat constate que, par une extension d'emploi commode et légitime, le mot « hémistiche » peut aussi désigner deux parties de vers inégales (par exemple 4 syllabes // 6 syllabes). Le terme est réservé aux mesures de rythme binaire.
Notes et références
modifierNotes
modifier- Il faut bien différencier la syllabe du pied, terme utilisé en versification latine ou anglaise, qui combine plusieurs syllabes longues ou brèves. Par exemple : le dactyle, le spondée, l'anapeste sont des pieds à quatre temps ; l'iambe, le trochée et le tribraque sont des pieds à trois temps.
Références
modifier- Voltaire, Encyclopédie, « Hémistiche ».