Couvent des Dames de la Foi de Périgueux
Le couvent des Dames de la Foi est un couvent français implanté à Périgueux dans le département de la Dordogne, en région Nouvelle-Aquitaine. Il a été édifié au XIIe siècle.
Type | |
---|---|
Destination actuelle |
Propriété d'une société privée |
Style | |
Construction | |
Patrimonialité |
Pays | |
---|---|
Région | |
Département | |
Commune |
Coordonnées |
---|
Présentation
modifierLe couvent des Dames de la Foi se situe en Périgord, au centre du département de la Dordogne, dans le secteur sauvegardé du centre-ville de Périgueux, en rive droite de l'Isle. C'est une propriété privée sise 4-6 rue des Farges.
Histoire
modifierOn trouve dans le registre de la Charité dans une mention daté de 1247, « maison du Temple, sise rue des Farges ». À cette époque, la rue des Farges était un axe majeur de communication de la Cité au Puy-Saint-Front, avant la réalisation de la rue Taillefer. Arlette Higounet-Nadal a trouvé dans le fonds Sallegourde un acte passé le par le commandeur d'Andrivaux, frère Arnaud de Serres, de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, précepteur de 1324 à 1346, par lequel il a vendu à Hugo Peyroni, bourgeois de la ville, une maison sise rue des Farges. La position de cette maison décrite dans l'acte a permis de confirmer qu'il s'agit bien de la maison dite « des Dames de la Foi ». Hugo Peyroni a payé cette maison 100 deniers d'or ou réaux. Arnaud de Serres devait être le premier précepteur de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem après la suppression de l'ordre du Temple, en 1312. L'acte de vente précise que cette somme doit lui permettre d'acheter des terres à Marsac.
Arlette Higounet-Nadal a reconstitué la généalogie des descendants d'Hugo Peyroni, bourgeois et marchand du Puy-Saint-Front, investisseur dans l'immobilier. Il a laissé comme seule héritière une fille mineure, Maria, qui a épousé en 1350 Hélie III Ségui, dont elle a été la seconde femme. Elle en a eu un fils, Hélie IV qui n'eut qu'une seule fille, Marguerite, mariée à Jean de Vernoilh. Deux enfants sont nés mais sont morts prématurément. Jean de Vernoilh s'est remarié à Huguette de Cahors et a eu une fille, Catherine Vernoilh, mariée jeune à Géraud Amault de Golse. On trouve les armoiries de cette famille qui timbraient la voûte d'une des caves de cette maison. Les fortunes de ces deux familles s'étant réunies, il a été possible à Arnault de Gorse d'investir dans l'immobilier. Il a probablement commencé la construction de l'hôtel de Sallegourde, rue Aubergerie.
Quand Bertrand du Guesclin est passé à Périgueux, en 1376, il aurait logé dans cette maison, alors propriété de Jordana Ségui, épouse de Durand de Cohertirion, son troisième mari, qui est connu par son testament de 1377. Elle-même a vécu au moins jusqu'au et est décédée sans enfants. La maison est toujours dans la famille Ségui en 1415 car appartenant à Marguerite Ségui, petite-fille de Maria Peyroni « dont elle conservait les biens ».
La maison est ensuite passée aux Amault de Laborie au XVIe siècle quand un Louis Arnault de Laborie (mort en 1547) s'est marié avec Anne Amault de Golce[1]. Le portail Renaissance porte les armes des Arnault de Laborie. Louis Arnaud de Laborie a été maire de Périgueux en 1529. Un de ses fils, François Arnault de La Borie (1525?-1607)[2], a été chanoine de Saint-Front de Périgueux, de Poitiers, d'Embrun, d'Amiens, doyen de Carennac, archidiacre de Saint-André de Bordeaux, et archiprêtre de Valeuil en 1596. Il est mort à Périgueux en 1607. Érudit et humaniste, il a traduit le Traicté des anges et démons du R. P. Maldonat. Il s'est attiré la haine des protestants qui ont dévasté en 1575 sa maison de la rue des Farges et l'ont transformée en forteresse jusqu'en 1581. La famille Arnault de Laborie a retrouvé ensuite sa maison. L'intérieur a été réaménagé vers 1600 sans modifier la façade sur rue. Alain Arnault, seigneur de la Borie, a traité, le , avec le maire et les consuls de la ville de Périgueux du dédommagement de sa maison qui avait été transformée en forteresse et avait brûlé peu de temps après que les protestants aient été chassés de la ville. Il s'est marié en 1603 avec la Marquise de Saint-Astier. Il est mort à 95 ans, en 1666[3].
La maison a été donnée en 1680 à la congrégation des Dames de la Foi qui avait été introduite à Périgueux en 1670. Un couvent y est établi. Il est destiné à la conversion des jeunes protestantes. Il disparaît à la Révolution, en 1792.
L'évêque constitutionnel Pierre Pontard l'a habitée. En 1795, la maison est transformée en dépôt de mendicité. Puis plusieurs propriétaires l'ont occupé. Vers 1850, un propriétaire l'a modifiée en créant un entresol entre les deux étages primitifs, créant quatre fenêtres rectangulaires modernes, modifiant l'harmonie de la façade. La maison est alors divisée en logements locatifs.
La maison a été rachetée en 1966 permettant, à partir de l'an 2000, une étude archéologique et la découverte de peintures murales relativement bien datées de la fin du XIIIe siècle ou du début du XIVe siècle.
La façade sur la rue des Farges a été restaurée en 2018.
Protection
modifierLe , le couvent est classé au titre des monuments historiques[4].
Architecture
modifier-
Proposition de restitution de la façade romane.
Félix de Verneilh, Annales archéologiques, 1846, tome 4 -
Vue partielle de la façade romane de la Maison “des Dames de la Foi” avant restauration -
La façade du Couvent des Dames de la Foi sur rue après restauration pendant la Félibrée 2019 -
Façade de la maison des Dames de la Foi côté jardin
Notes et références
modifier- François-Alexandre Aubert de La Chenaye-Desbois, Dictionnaire de la noblesse : contenant les généalogies, l'histoire et la chronologie des familles nobles de France, chez Schlesinger, Paris, 1863, tome 1, col. 818 (lire en ligne)
- data BnF : François Arnault de La Borie (1525?-1607).
- Aubert de La Chenaye-Desbois, col. 820.
- « Maison ancienne dite Maison des Dames de la Foi ou ancien hôtel Arnaud de Laborie », notice no PA00082750, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture, consultée le 16 mars 2014.
Annexes
modifierBibliographie
modifier- Félix de Verneilh, « Architecture civile du Moyen Âge dans le Périgord et le Limousin au XIIe et XIIIe siècles », dans Annales archéologiques, 1846, tome 4 (lire en ligne)
- Abbé François-Georges Audierne, Le Périgord illustré. Guide monumental, statistique, pittoresque et historique de la Dordogne, Imprimerie Dupont, Périgueux, 1851, p. 393-394 (lire en ligne) (lire en ligne)
- M. Dannery, « Du sort des établissements religieux périgourdins », dans Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, 1921, tome 48, p. 101-102 (lire en ligne)
- Arlette Higounet-Nadal, « Ce fut la maison des Templiers d'Andrivaux », dans Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, 1988, tome 115, 2e livraison, p. 153-156 (lire en ligne)
- Isabelle Dotte-Mespoulède, « Étude architecturale de quatre maisons romanes à Périgueux », dans Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, 1992, tome 119, 3e livraison, p. 239-264 (lire en ligne)
- Pierre Garrigou Grandchamp, « Le grenier du chapitre de Saint-Front et la "Maison des Dames de la Foi" », dans Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, 1994, tome 121, 2e livraison, p. 193-222 (lire en ligne)
- Pierre Garrigou Grandchamp, « L'architecture civile romane en Périgord aux XIIe et XIIIe siècles », dans Bulletin de la Société nationale des Antiquaires de France 1995, 1997, p. 190-214 (lire en ligne)
- Agnès Marin, Dordogne. « Périgueux, Maison dite “des Dames de la Foi”, 4-6 rue des Farges », dans Bulletin Monumental, 2003, tome 161, no 3, p. 244-247 (lire en ligne)
- Agnès Marin, « La Maison dite “des Dames de la Foi” à Périgueux, 4-6 rue des Farges », dans Mémoires de la Société archéologique du Midi de la France, 2003, tome 63, p. 291-298, (ISSN 0373-1901) (lire en ligne)
- Agnès Marin, postface de Pierre Garrigou Grandchamp, « Maison dite des “Dames de la Foi” (Périgueux, 24) », Ausonius (collection Documents archéologiques du grand Sud-Ouest no 2), Bordeaux, 2011, (ISBN 978-2-35613-052-5) (compte-rendu par Anne-Laure Napoléone, dans Bulletin Monumental, 2013, tome 171, no 1, p. 75-76)
- Agnès Marin, « Dordogne. Périgueux, la façade de la maison 4-6 rue des Farges, dite des "Dames de la Foi" », dans Bulletin monumental, 2018, tome 176, no 3, p. 245-249, (ISBN 978-2-901837-73-2)
- Agnès Marin, « Maison des Dames de la Foi », dans Hervé Gaillard, Hélène Mousset (dir.), Périgueux, Ausonius (collection Atlas historique des villes de France no 53), Pessac, 2018, tome 2, Sites et Monuments, p. 286-291, (ISBN 978-2-35613241-3)
Jean Secret, « À propos des Mirepoises de Sarlat. Les Dames de la Foi en Périgord », dans Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, t. 92, 1965, p. 49-52 (lire en ligne)
Article connexe
modifierLiens externes
modifier- Ressource relative à la religion :
- Ressource relative à l'architecture :
- DRAC Aquitaine : Maison des Dames de la Foi (Périgueux)