Corps des ingénieurs de l'armement

corps militaire français d'ingénieurs

Les ingénieurs de l'armement sont des hauts fonctionnaires[1] qui constituent l'un des quatre grands corps techniques de l'État en France, le seul à statut militaire. Ils ont vocation à travailler dans tout l'écosystème de la défense, et peuvent plus généralement accomplir toute mission scientifique, technique, industrielle ou administrative, au sein de ministères français et d'organismes publics ou internationaux[2].

Casquette d'ingénieur général de première classe.

Si les ingénieurs de l'armement ont une vocation interministérielle, ils jouent un rôle clé à la direction générale de l'Armement, premier investisseur de l'État, et plus généralement au ministère des Armées. Dotés d'une expertise reconnue, ils pilotent en particulier la réalisation des grands systèmes de sécurité et de défense de la France, notamment au profit des forces armées, depuis la sphère internationale, étatique ou privée.

Histoire

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Le corps est issu de la fusion[3], le , des anciens corps d'ingénieurs militaires :

  • ingénieurs du génie maritime (1800) et de l'artillerie navale ;
  • ingénieurs militaires de l'air ;
  • ingénieurs militaires des poudres ;
  • ingénieurs militaires des fabrications d'armement ;
  • ingénieurs militaires des télécommunications.

En 1970, le corps des ingénieurs hydrographes a été également fusionné dans celui des ingénieurs de l'armement.

Depuis 1968, les ingénieurs de l'armement, très présents au sein de la direction générale de l'Armement et des grandes entreprises de défense françaises et européennes, ont largement contribué au développement de la dissuasion nucléaire française et de l'aéronautique civile et militaire.

Au sein de la haute fonction publique française, le corps des ingénieurs de l'armement est le seul grand corps de l'État ayant un statut militaire - les autres corps de niveau équivalent (ingénieurs des mines, ingénieurs des ponts, des eaux et des forêts, administrateurs de l'Insee, magistrats du Conseil d'Etat et de la Cour des Comptes, inspecteurs des finances, préfets[4]) étant des corps de fonctionnaires civils[5].

Il s'agit également de l'un des quatre corps d'ingénieurs de l'État à statut militaire, avec ceux des ingénieurs des études et techniques de l'armement, des ingénieurs militaires d'infrastructure de la défense et des ingénieurs des essences.

Activités

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Les ingénieurs de l'armement sont majoritairement en activité au sein de la direction générale de l'Armement mais également :

De nombreux ingénieurs de l'armement choisissent également de rejoindre le secteur privé. Ils sont alors en position de détachement, en position de non-activité, ou démissionnaires.

En 2018, sur 889 ingénieurs de l'armement en activité dans le corps, près de 480 sont en poste à la DGA, 160 au ministère des Armées hors DGA, une trentaine dans les autres ministères, 120 en service détaché et une centaine en congés de plus de six mois pour convenances personnelles[13].

Recrutement et formation

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Recrutement sur classement de sortie de l'École polytechnique

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Les ingénieurs de l'armement sont recrutés principalement parmi les élèves français de l'École polytechnique (communément appelée « X »), sur classement de sortie, comme les membres des autres grands corps techniques de l'État.

Le décret no 2008-941 du portant statut particulier du corps militaire des ingénieurs de l'armement précise, par ailleurs, que la proportion d'ingénieurs issus de l'École polytechnique ne peut pas être inférieure à 67 %[2].

Les ingénieurs de l'armement issus de l'École polytechnique effectuent, après la fin de leur cursus à l’X, une formation professionnalisante dans un établissement ayant des liens avec la défense, comme l'ISAE-SUPAERO ou l'ENSTA Paris ou d'autres écoles et universités, françaises ou étrangères. Pour certains, cette formation peut prendre la forme d'une thèse de doctorat[14].

Recrutement sur concours sur titres (ou concours externe)

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Certains ingénieurs sont recrutés via un concours sur titres parmi les ingénieurs diplômés des écoles suivantes[15] :

Le concours est également ouvert aux élèves des Écoles normales supérieures de Paris, Paris-Saclay et Lyon, titulaires d'un master[15].

Le concours consiste en une pré-sélection sur dossier suivie d'une épreuve d'entretien d'une heure devant une commission. L'épreuve d'entretien porte essentiellement sur les connaissances générales dans le domaine de la défense, les motivations, le parcours et l'aptitude au management des candidats[2],[16].

Recrutement sur concours interne

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La direction générale de l'armement recrute également des ingénieurs de l'armement sur concours interne parmi les ingénieurs des études et techniques de l'armement mais également parmi les ingénieurs civils du ministère de la défense : ingénieurs civils de la défense (ICD) et ingénieurs contractuels (ICT)[2].

Nombre d'ingénieurs de l'armement recrutés

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Chaque année, un arrêté fixe le nombre de postes offerts au recrutement dans le corps des ingénieurs de l'armement.

Année 2015[17] 2016[18] 2017[19] 2018[20] 2019, 2020, 2021[21],[22],[23] 2022[24],[25] 2023[26] 2024[27]
Classement de sortie de Polytechnique 18 18 18 20 22 23 26 26
Concours externe 1 1 2 4 4 5 5 7
Concours interne au grade d'ingénieur 2 2 2 2 3 3 3 3
Concours interne au grade d'ingénieur principal 3 2 2 2 3 3 4 3
Concours interne au grade d'ingénieur en chef 1 0 0 0 0 0 0 0

Formation

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Logo de l'Ecole Polytechnique

Les ingénieurs de l'armement issus de l'École polytechnique et du concours externe effectuent, avant leur prise de poste, sept mois de formation administrative et militaire. Il s'agit de deux mois de conférences et de visites, organisées par la DGA et le Conseil général de l'armement avec le soutien de l'ENSTA Paris, de quatre mois de stage militaire, et d'un temps de navigation à bord d'un bâtiment de la Marine nationale[28]. Les ingénieurs de l'armement issus de l'École polytechnique suivent cette formation à l'issue de leur année d'école d'application[29].

Grades et rémunération

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Les grades des ingénieurs de l'armement sont assimilés aux grades des officiers des armées, avec certains décalages au grade d'ingénieur principal. Néanmoins, eu égard à leurs compétences interministérielles et leurs liens avec l'industrie, ils exercent régulièrement sans porter d'uniforme.

Fourreau d'épaule Grade Exemples d'emploi Equivalent dans l'armée de terre Contingentement pour l'année 2020[30]
  Ingénieur général de classe exceptionnelle de l'Armement (IGCEA) Délégué général pour l'armement (ou son adjoint[31])

Inspecteur général des armées - Armement

Délégué interministériel

Général d'armée 52
  Ingénieur général hors classe de l'Armement (IGHCA) Chef de l'inspection de l'armement

Emplois de directeurs d'administration centrale :

Général de corps d'armée
  Ingénieur Général de l'Armement (IGA) IGA de première classe Emplois de chefs de service[33] et de directeurs d'unité de management (UM) de la direction des opérations Général de division
  IGA de deuxième classe Directeur de DGA Essais en vol[34] (et de certains autres centres de la direction technique)

Emplois de sous-directeurs

Responsable de Pôle de la direction technique

Général de brigade 67
  Ingénieur en Chef de l'Armement (ICA) Après deux ans de grade Directeur d'un programme d'armement

Directeur-adjoint d'unité de management

Responsable de Pôle de la direction technique

Colonel 473
  Moins de deux ans de grade Architecte technique au sein d'un programme d'armement Lieutenant-colonel
  Ingénieur principal de l'Armement (IPA) Commandant 136
  Ingénieur de l'Armement (IA) 4e et 5e échelon de solde Jeune ingénieur de l'armement en poste Capitaine 166
  2e et 3e échelon de solde Ingénieur de l'armement issu de l'École polytechnique, en école d'application Lieutenant
  1er échelon de solde Ingénieur de l'armement stagiaire recruté par concours externe[35] Sous-lieutenant

Rémunération

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Un ingénieur de l'armement débutant est placé au 4e échelon du grade d'ingénieur[2]. Il touche une rémunération brute d'environ 4 200  (en 2020). En effet, il perçoit une solde indiciaire d'indice brut 617[36], soit 518 d'indice majoré (2 427  mensuels), à laquelle il faut ajouter la part fonctionnelle de la prime de performance de 1 426  mensuels[37] et des indemnités pour charges militaires de 353  mensuels pour un célibataire sans enfant[38]. À cette rémunération s'ajoute la part variable de la prime de performances, d'au plus 13 718  annuels.

La rémunération progresse ensuite en fonction du grade, des fonctions occupées, et de la situation familiale.

Rémunérations annuelles brutes moyennes, selon le corps, tous ministères confondus, hors primes (en 2021)[39]
Corps Ingénieur Ingénieur principal et

ingénieur en chef

Ingénieur général
Armement 55 043 € 80 318 € 105 820 €
Mines 68 619 € 94 749 € 132 882 €
Administrateurs civils 74 533 € 94 512 € 116 354 €

La réforme de la haute fonction publique prévoit un alignement des quatre grands corps techniques (Mines, Armement, Ponts, INSEE) sur la rémunération des administrateurs de l'Etat à partir de 2025[40],[41].

Quelques Ingénieurs de l'Armement

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Liste d’ingénieurs de l’armement, classés par promotion croissante, avec l'indication des fonctions qu'ils ont exercées[N 1] :

Promotions des Ingénieurs de l'Armement

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Notes et références

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  1. Si les fonctions sont actuellement exercées, il sera possible d’ajouter la mention « actuel » ou bien de préciser « depuis le » avec la date correspondante. Sinon, aucune mention ne sera reportée sauf si les dates de début et de fin de fonction sont connues, auquel cas il sera précisé « de » (exemple : 1950) « à » (exemple : 1955). La mention « ancien » est par conséquent à proscrire, car elle alourdit inutilement le texte. Les abréviations concernant les titres seront également évitées : ainsi, « président-directeur général » ou plus simplement « président » seront par exemple préférés à « PDG ».

Références

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  1. CAIA, « Confédération Amicale des Ingénieurs de l'Armement - Accueil », sur www.caia.net (consulté le )
  2. a b c d et e Décret no 2008-941 du portant statut particulier du corps militaire des ingénieurs de l'armement, (lire en ligne)
  3. https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000000504461/
  4. « Que sont les grands corps de l'État ? », sur www.vie-publique.fr (consulté le )
  5. « Quels sont les grands corps de l'État ? »  , sur www.vie-publique.fr (consulté le )
  6. https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?dateTexte=&categorieLien=id&cidTexte=JORFTEXT000034811144&fastPos=10&fastReqId=938089344&oldAction=rechExpMesuresNominatives
  7. https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000541148
  8. Décret du 29 mai 2019 portant promotion et nomination (lire en ligne)
  9. https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000028786923/
  10. https://www.legifrance.gouv.fr/eli/arrete/2015/12/17/FCPA1528772A/jo
  11. https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000031128012
  12. Décret du 6 juillet 2018 portant nomination du directeur général des entreprises - M. COURBE (Thomas) (lire en ligne)
  13. Magazine des ingénieurs de l'armement, no 114 - , page 20
  14. Les chercheurs parlent aux chercheurs, Le Magazine des ingénieurs de l'armement, no 111
  15. a et b « Arrêté du 19 septembre 2016 fixant la liste des titres ou diplômes exigés des candidats au recrutement par concours sur titres au grade d'ingénieur dans le corps militaire des ingénieurs de l'armement - Légifrance », sur www.legifrance.gouv.fr (consulté le )
  16. Arrêté du 12 juin 2015 fixant les conditions d'organisation et de déroulement du concours sur titres pour le recrutement au grade d'ingénieur dans le corps militaire des ingénieurs de l'armement (lire en ligne)
  17. JORF no 0069 du , texte no 14.
  18. JORF no 0049 du , texte no 59.
  19. Arrêté du 28 février 2017 fixant le nombre de places offertes au recrutement en 2017 dans le corps des ingénieurs de l'armement et des ingénieurs des études et techniques de l'armement (lire en ligne).
  20. Arrêté du fixant le nombre de places offertes au recrutement en 2018 dans le corps des ingénieurs de l'armement et des ingénieurs des études et techniques de l'armement (lire en ligne)
  21. JORF no 0051 du , texte no 9.
  22. JORF no 0053 du , texte no 5.
  23. « JORF no 0054 du , texte no 13 », sur www.legifrance.gouv.fr (consulté le )
  24. Arrêté du 24 janvier 2022 fixant le nombre de postes offerts au recrutement en 2022 dans les corps des ingénieurs de l'armement et des ingénieurs des études et techniques de l'armement
  25. Arrêté du 24 mars 2022 modifiant l'arrêté du 24 janvier 2022 fixant le nombre de postes offerts au recrutement en 2022 dans les corps des ingénieurs de l'armement et des ingénieurs des études et techniques de l'armement
  26. Arrêté du 27 février 2023 fixant le nombre de postes offerts au recrutement en 2023 dans les corps des ingénieurs de l'armement et des ingénieurs des études et techniques de l'armement
  27. Arrêté du 16 février 2024 fixant le nombre de postes offerts au recrutement en 2024 dans les corps des ingénieurs de l'armement et des ingénieurs des études et techniques de l'armement (lire en ligne)
  28. La Mission Jeanne d'Arc des ingénieurs de l'armement, Le Magazine des ingénieurs de l'armement, no 110
  29. Le Magazine des ingénieurs de l'armement, no 109, page 76
  30. https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000039666907&categorieLien=id
  31. « Décret du 31 août 2022 portant nomination d'un officier général - Légifrance », sur circulaire.legifrance.gouv.fr (consulté le )
  32. Décret du 20 juillet 2016 portant maintien dans la 1re section et dans l'emploi, affectations et élévations, promotions et affectations, promotions dans la 1re et la 2e section, nominations et affectations, nominations dans la 1re et la 2e section et affectation d'officiers généraux (lire en ligne)
  33. Décret du 2 janvier 2020 portant affectations d'officiers généraux (lire en ligne)
  34. Décret du 2 juillet 2018 portant affectations d'officiers généraux (lire en ligne)
  35. Décret n° 2008-941 du 12 septembre 2008 portant statut particulier du corps militaire des ingénieurs de l'armement, (lire en ligne)
  36. https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000024631765&categorieLien=cid
  37. https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000044517215
  38. https://www.legifrance.gouv.fr/eli/arrete/2017/3/2/DEFH1623469A/jo
  39. Vincent Berger, Marion Guillou, Frédéric Lavenir et Richard Castaing, Réforme de la haute fonction publique : pour une gestion des ingénieurs par domaines de compétences : Rapport au Premier ministre sur les grands corps techniques de l'État / Vincent Berger, Marion Guillou, Frédéric L'Avenir, [éditeur inconnu], (lire en ligne)
  40. « Rapport sur la réforme de la haute fonction publique »  , sur www.vie-publique.fr (consulté le )
  41. « Les grands axes de la réforme de la haute fonction publique | Le portail de la fonction publique », sur www.fonction-publique.gouv.fr (consulté le )

Annexes

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Articles connexes

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Liens externes

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