Coolmore (Coolmore Stud) est une fondation privée qui gère l'un des élevages de chevaux les plus prestigieux du monde et leur entraînement. Elle est basée à Ballydoyle, dans le comté de Tipperary, sur une superficie de 3 500 hectares. 600 personnes y travaillent.

Coolmore
Description de cette image, également commentée ci-après
L'une des quatre casaques utilisées par l'Écurie Coolmore, celle de Susan Magnier
Création 1975
Propriétaire Susan et John Magnier, Michael Tabor, Derrick Smith et Georg von Opel
Jockeys Ryan Moore, Michael Kinane, Johnny Murtagh, Joseph O'Brien, Seamie Heffernan, Wayne Lordan
Entraineurs Aidan O'Brien, Vincent O'Brien, André Fabre
Site web Coolmore
Chevaux Thunder Gulch, Montjeu, Giant's Causeway, Rock of Gibraltar, Johannesburg, Hawk Wing, Galileo, High Chaparral, Yeats, Hurricane Run, Dylan Thomas, Duke of Marmalade, St Nicholas Abbey, Camelot, Australia, Found, Minding, Gleneagles, Churchill, Magical, St Mark's Basilica, Love, Kyprios, Paddington, Auguste Rodin, City of Troy

Histoire

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C'était une ferme en Irlande, 160 hectares de verts pâturages que la famille Vigors acquit à la fin de la guerre. Le père de famille y entraînait quelques pur-sangs. Le fils, Tim, était quant à lui un as de l'aviation, une légende de la Royal Air Force qui s'est couvert de gloire lors de la bataille d'Angleterre et en Orient. Au retour de la guerre, il ouvrit une agence de photographie avant de se lancer avec succès dans le courtage des chevaux de course[1]. Lorsqu'il hérite de Coolmore en 1968, Tim Vigors vend son agence de courtage pour se consacrer au développement de son haras. Il n'hésite pas à payer 1 million de livres sterling en 1973 pour s'offrir les services de Rheingold, qui vient de remporter le Prix de l'Arc de Triomphe, et s'associe à une célébrité locale, Vincent O'Brien, entraineur légendaire (il fut l'homme de Nijinsky) basé tout près de Coolmore Farm, à Ballydoyle. En cette même année 1973, il lui cède la moitié du haras et embauche un jeune homme, John Magnier, 25 ans à peine. Celui-ci n'est autre que le gendre de Vincent O'Brien. Et surtout, il a croisé un jour d'octobre 1971 sur l'hippodrome de Haydock en Angleterre la route d'un riche homme d'affaires anglais, Robert Sangster, qui possède une écurie de chevaux de course et surtout beaucoup d'argent[2]. Cette rencontre va bouleverser le paysage des courses mondiales. Car bientôt le trio Magnier, O'Brien, Sangster (ce dernier rachetant ses parts à Tim Vigors en 1975[3], date de la fondation de Coolmore), va mettre en œuvre une spectaculaire stratégie pour conquérir le marché international du pur-sang. Cette stratégie porte un nom : Northern Dancer, le champion canadien qui s'avère un étalon exceptionnel, comme on n'en a peut-être jamais vu. Les hommes de Coolmore n'ont qu'une idée en tête : faire main basse sur sa production, dépenser sans compter pour acquérir ses rejetons qui passent en vente de yearlings de Keeneland, Kentucky. Lorsqu'ils débarquent à Keeneland en 1975, ils lâchent 1,8 million de dollars et repartent avec un lot de poulains. Parmi eux, un futur champion, The Minstrel. Encouragés, les nouveaux hommes forts de l'élevage mondial repartent à l'assaut des rings de Keeneland. Mais ils ne sont pas les seuls à lorgner sur les fils de Northern Dancer : tous les grands propriétaires du monde rêvent de s'en offrir, en particulier la famille Al Maktoum, assise sur une montagne de pétrodollars. Les batailles d'enchères entre les deux puissances deviennent épiques, une rivalité qui tourne au combat de coqs et suscite dans les années 80 une spectaculaire flambée du marché du pur-sang[4], tandis que E.P. Taylor, l'éleveur-propriétaire canadien de Northern Dancer, se frotte les mains et négocie les saillies de son étalon star autour du million de dollars. En 1983, Cheikh Mohammed débourse 10,2 millions de dollars (environ 27 millions de dollars en comptant l'inflation) pour un fils de Northern Dancer qui ne verra jamais un champ de courses, Snaafi Dancer. En 1985, c'est Sangster et ses associés (dont Stavros Niarchos) qui se délestent de 13,1 millions de dollars (environ 32 millions de dollars actuels) pour le frère du crack Seattle Slew par Nijinsky, avec un peu plus de réussite : le yearling le plus cher de l'histoire, nommé Seattle Dancer, se classera deuxième du Grand Prix de Paris avant de devenir un honorable étalon. L'escalade des prix continue jusqu'à la conclusion d'une sorte de pacte de non agression qui se traduit par un tassement puis un effondrement du marché des yearlings à partir de 1985[5].

La stratégie flambeuse des hommes de Coolmore a porté ses fruits. Alleged, Storm Bird, Caerleon ou Be My Guest, acquis yearling ou à l'amiable, sont installés au haras, qui profite de ce que l'Irlande est un paradis fiscal pour chevaux (les saillies et la revente d'étalons sont exonérées de taxes depuis 1969[6]). En 1985, un poulain élevé par Sangster dans son haras anglais de Swettenham Stud, nommé Sadler's Wells, rejoint le parc d'étalons de Coolmore et en devient vite la vedette : il est le meilleur continuateur de Northern Dancer au stud, et accumule les titres de champion sire, engendrant une pléiade de champions qui à leur tour deviennent de grands étalons tels Montjeu ou l'omniprésent Galileo, étalon de tous les records et père du crack Frankel. Coolmore s'installe aussi en Australie, où en 1986 il fait main basse sur les 3 500 hectares de Hunter Valley en Australie : 500 personnes veillent sur les mille chevaux de ce haras qui accueillera les meilleurs étalons du pays tels Encosta de Lago ou Fastnet Rock[7]. En 1990, Coolmore et le haras australien Arrowfield Stud achètent à Juddmonte Farms la moitié d'un sprinter, Danehill, pour exploiter sa carrière d'étalon, et entreprennent de lui faire faire la navette entre l'Irlande et l'Australie. Le succès est fulgurant et Coolmore débourse rapidement 24 millions de dollars pour s'assurer l'entière propriété du cheval. Le choix de parier presque exclusivement sur la descendance mâle de Northern Dancer est payant : Coolmore est devenu l'épicentre de l'élevage mondial et, à eux seuls, Sadler's Wells et Danehill revendiqueront la paternité de la moitié des chevaux ayant remporté les 200 premiers groupe 1 de l'écurie.

En 1993, Robert Sangster vend ses parts et Magnier se trouve deux nouveaux associés, Derrick Smith et Michael Tabor, deux anciens bookmakers. Bientôt, ils font courir leurs chevaux sous leurs propres couleurs : Prince Arthur leur offre en 1995 un premier succès de groupe 1 dans le Premier Parioli, bientôt imité dans les Phoenix Stakes par Danehill Dancer, appelé à devenir un autre étalon star, tandis qu'aux États-Unis Thunder Gulch s'affirme comme le meilleur 3 ans américain, manquant de peu la triple couronne (il gagne le Kentucky Derby et les Belmont Stakes, mais finit troisième des Preakness Stakes) avant de devenir lui aussi un étalon à succès. À Ballydoyle, un jeune entraîneur de 25 ans, Aidan O'Brien succède à son homonyme (ils n'ont aucun lien de parenté) Vincent O'Brien, lequel prend du recul. Avec lui, Coolmore se bâtit un palmarès hors du commun, tout en continuant à dominer le marché de l'élevage sur tous les continents. Au milieu des années 80, Coolmore prend ses quartiers à Ashford Stud dans le Kentucky (États-Unis), où travaillent 300 personnes autour de certains des meilleurs étalons américains (Thunder Gulch, Giant's Causeway, Uncle Mo), certains achetés à prix d'or, tels les vainqueurs de la Triple Couronne American Pharoah (dont Coolmore acquiert les droits d'exploitations pour 13,8 millions de dollars[8], un montant multiplié par trois après sa victoire dans la triple couronne) et Justify (acheté durant sa carrière de courses pour un montant présumé de 60 millions de dollars plus 25 millions pour sa quête réussie de la triple couronne[9]). En 2021, Georg von Opel s'associe à Susan et John Magnier, Michael Tabor et Derrick Smith[10].

Entraînement

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Sous la coupe de l'entraîneur Aidan O'Brien, qui a succédé à son homonyme Vincent O'Brien, et sur un terrain d'entraînement, situé à quelques kilomètres du centre de Ballydoyle, 150 chevaux se préparent à courir dans les grands prix de courses hippiques à travers la planète. Les victoires dans des courses de groupes se comptent par centaines et Aidan O'Brien peut s'enorgueillir de posséder le plus riche palmarès de l'histoire des courses. Preuve de sa toute puissance, l'écurie réussit en 2016 l'incroyable exploit de placer ses trois représentants, tous issus de Galileo, sur le podium du Prix de l'Arc de Triomphe à Longchamp, remporté cette année-là par Found.

Palmarès (groupe 1)

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  Royaume-Uni


  Irlande


  France


  Italie


  États-Unis


  Canada


  Australie

  • Cox Plate – 1 – Adelaïde (2014)
  • Golden Slipper – 1 – Shinzo (2023)

  Hong Kong


  Émirats arabes unis


  Arabie saoudite

Casaques

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Les chevaux de Coolmore se produisent en compétition parés de la casaque de l'un des quatre associés de l'écurie, selon qu'ils sont enregistrés comme propriété de l'un ou de l'autre.

Liens externes

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Notes et références

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  1. « Death of Tim Vigors, visionary bloodstock agent, at 82. - Free Online Library », sur www.thefreelibrary.com (consulté le )
  2. (en) « Obituary: Robert Sangster », sur the Guardian, (consulté le )
  3. (en) « Coolmore : Three "lades" with a vision », sur THE VAULT: Horse racing past and present, (consulté le )
  4. « La folie du prix des pur-sang : même la reine Elizabeth et l'Aga Khan ne peuvent plus suivre les cours " haut de gamme " », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. « Le crack des cracks », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. contre-pied, « Revers de fortune pour Coolmore avant le Prix de l’Arc de Triomphe », sur CONTRE-PIED, (consulté le )
  7. (en-GB) « Coolmore », sur Coolmore (consulté le )
  8. (en) Maggie McGrath, « Why American Pharoah, The First Triple Crown Winner In 37 Years, Is Worth $50 Million », sur Forbes (consulté le )
  9. (en-US) Melissa Hoppert et Joe Drape, « Justify’s Breeding Rights Are Said to Be Sold to Coolmore for $60 Million », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  10. « Luxembourg, un digne héritier de la tradition Coolmore », sur France sire (consulté le )