Les Cerretains ou Kerètes (Cerretani /kèrrètani/ en latin) étaient le peuple ibère qui habitait la Cerdagne (qui leur doit son nom) et plus généralement la vallée du Sègre. Leur ville principale était Julia Libyca (Llivia).

Ils avaient pour voisins, à l'est les Sardones et au sud les Ilergetes.

Synonymie

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Les Kerètes furent nommés Ceretani ou Cerretani par les auteurs gréco-latins dont Avienus[1], Strabon[2] et Silius Italicus[3]. On trouve aussi les Ausocérètes parfois traduits Acrocérètes pour indiquer la fusion possible entre les Ausètes d'Ausa (Vic) du versant sud pyrénéens et les Kerètes sur les hauteurs[4].

Les Kerètes parlaient une langue pré-celtique de type bascoïde[5].

Étymologie

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Le nom pourrait provenir du radical Ker/kar à partir d'un élément de toponymie pré-celtique signifiant « pierre ». Une autre explication le rapprocherait du basque herri pour le décliner en kere (natif). Le suffixe -te marque l'ablatif de la langue ibère[6] signifiant l'appartenance et l'origine « issu de, venu de » comme dans d'autres noms de peuples ibères tels Indikètes, Ilerkètes etc. En général il se rapporte au nom de la capitale. Ainsi les Indikètes sont de Untika (Ullastret), les Ilerkètes sont de Ilerka (Lerida) on peut en déduire que Kerètes signifie « de Kera ». Cette ville jamais mentionnée pouvait être aux environs de Llivia ou de Puigcerda.

Des Kerètes aux Cerdans

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Le K initial pré-celtique n'était pas dans l'alphabet latin. Les Romains le remplacèrent par la lettre de leur alphabet qui donnait le même phonème soit C. Puis le C latin se transformera en prononciation sifflante en français donnant la forme actuelle. En raccourcissant plusieurs siècles d'évolution, on passe donc du mot Kerètes à Ceretani, prononcé Keretani en latin, puis Cerdans, prononcé Serdans en français. De plus la première lettre de la dernière syllabe en alphabet ibère nord-oriental correspond indifféremment à deux lettres latines T ou D, ce qui donne l'ambivalence Ceretania ou Ceredania. Le suffixe latin -ani dérive de la diminution d'un autre suffixe -nia indiquant le pays, le territoire qui s'est traduit en français par le suffixe -gne comme dans Allemagne, Espagne, Bretagne, Gascogne, etc. Kerretania signifie donc littéralement le « pays des Kerètes ». Ainsi les Kerètes de Kera en Keretania sont devenus les Cerdans de PuigCerda en Cerdagne.

Toponymie

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Les Kerètes auraient donné leur nom à la ville de Céret et à la région de la Cerdagne. Le nom du Boulou pourrait aussi avoir une racine bascoïde Buru (« tête ») qui se serait latinisé[6]. Les Romains fondent ou rebaptisent aussi Cerdania ou Certadania l'actuelle Puigcerda, et Cered l'actuelle Céret. À l'époque romaine, Jules César baptise Iulia Lybica l'actuelle Llivia sur l'emplacement d'un camp romain.

Localisation

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Territoire possible des Kerètes et principales villes
 
Erénésiens
Iacetans
Castellans
Bargusiens
Lacetans
Laietans

Les terres Kerètes sont centrées sur le plateau Pyrénéen de Cerdagne correspondant aujourd'hui à la partie ouest du département des Pyrénées-Orientales. Les constantes de la description sont l'absence de territoire littoral méditerranéen, la relative proximité des Vascons à l'ouest et une partie des versants nord et sud des Pyrénées[7]. Leur territoire occupait entre autres les hautes vallées périphériques au plateau Cerdan comme le Vallespir et le Conflent, les hautes vallées du Tech, de la Têt, de l'Aude et de la Sègre pour les principales. Les peuples qui les entourent sont les Andosins à l'ouest, les Atacines au nord, les Sardones, les Bébryques, les Indikètes à l'est et les Ausètes, Bergistes et Ilerkètes au sud[1],[4].

Histoire

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Leur date d'arrivée dans les Pyrénées est inconnue mais probablement antérieure aux migrations celtiques du VIe siècle. Les Kerètes semblent être des agriculteurs-éleveurs. Ils excellent dans la réalisation de jambon de porc très réputés dans l'antiquité[2]. Le jambon des Cerretains est brièvement mentionné dans les Épigrammes du poète romain Martial (c.40 - c.100) : "Qu'il me vienne un jambon du pays des Cerretains ou des Ménapiens, je laisse les délicats se gorger du filet"[8].

En 218 av. J.-C. Hannibal les soumets en traversant les Pyrénées avant de négocier son passage à Illiberis (Elne) avec les Celtes de Ruscino (Château-Roussillon). Après la deuxième guerre punique, les Romains les annexent autour de 200 av. J.-C. Les Kerètes se révoltent contre Rome en 39 av. J.-C. mais sont vite réprimés. Les romains rattachent leur territoire à la province de Tarraconaise après l'avoir intégré à l'Hispanie citérieure jusqu'en 27 av. J.-C. Contrairement à la Cerdagne, la plaine littorale du Roussillon est rattachée à la province de Narbonnaise.

Mythologie

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En revenant de la réalisation d'un de ses travaux, Héraclès aurait monté son camp pour se reposer et aurait pu ainsi fonder la ville de Puigcerda[9]. Le mythe d'Héraclès repose sur une légende de prince phénicien originaire de la ville de Tyr (Diodore de Sicile raconte la légende de l'Hercule Tyrien dans son Histoire universelle). Héraclès aurait pu ainsi fonder une autre Kartha (Karth signifie « ville » en phénico-punique qui donne les villes de Carthage ou Carthagène).

Notes et références

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  1. a et b Avienus, Traduction par MM. E. Despois et Ed. Saviot http://www.thelatinlibrary.com/avienus.ora.html (en latin), « Rufus Festus Avienus, Ora Maritima, v. 542 », sur remacle.org, C.L.F. Panckoucke, (consulté le ) : « Quant au territoire qui s'écarte de la grande mer, les Cérètes, et auparavant les durs Acrocérètes, l'ont possédé tout entier : maintenant toute la nation se confond sous le nom d'Ibères. Le peuple des Sardones y vivait aussi dans des lieux inaccessibles. Répandus vers la mer Intérieure, ils habitaient an milieu des retraites des bêtes sauvages, du côté où les monts Pyrénées montrent leur sommet chargé de pins et dominent au loin les terres et la mer. Sur les confins du territoire des Sordes était autrefois, dit-on, l'opulente cité de Pyrène : là les habitants de Massilie venaient souvent faire leurs échanges de commerce. Des colonnes d'Hercule, de la mer Atlantique et des rivages de Zéphyris jusqu'à Pyrène, la navigation, pour un vaisseau rapide, est de sept jours. Après les monts Pyrénées s'étendent les sables du rivage Cynétique, largement sillonnés par le fleuve Roschinus. Cette terre, comme nous l'avons dit, dépend des Sordes. Un lac marécageux s'étend çà et là, et les habitants le nomment Sordicé. Au-delà des eaux bruissantes de ce lac, que sa vaste étendue expose à la fureur des vents, et du sein même de ces eaux, coule le fleuve Sordus. Par les bouches du fleuve [...]se courbe en détours sinueux ; la mer creusa la côte ; l'eau se répand au loin et sa vaste masse couvre une grande étendue. Trois îles considérables s'élèvent de son sein, et leurs durs rochers sont baignés par des bras de mer. Non loin de ce golfe qui creuse ainsi le rivage, s'en ouvre un autre, et quatre îles (une ancienne tradition n'en indique que trois) sortent du milieu de la mer. La nation des Élésyces occupait autrefois ces lieux, et la ville de Narbonne était la capitale considérable de ces peuples indomptés.
    Haec propter undas atque salsa sunt freta, at quicquid agri cedit alto a gurgite, Ceretes omne et Ausoceretes prius habuere duri, nunc pari sub nomine 545 gens est Hiberum. Sordus inde denique ac pertinentes usque ad interius mare qua piniferae stant Pyrenae vertices inter ferarum lustra ducebant diem et arva late et gurgitem ponti premunt. 550 in Sordiceni caespitis confinio quondam Pyrene civitas ditis laris stetisse fertur hicque Massiliae incolae negotiorum saepe versabant vices. sed in Pyrenen ab columnis Herculis 555 Atlanticoque gurgite et confinio Zephyridis orae cursus est celeri rati septem dierum. post Pyrenaeum iugum iacent harenae litoris Cynetici, easque late sulcat amnis Rhoscynus. 560 hoc Sordicenae, ut diximus, glaebae solum est. stagnum hic palusque quippe diffuse patet, et incolae istam Sordicem cognominant. praeterque vasti gurgitis crepulas aquas (nam propter amplum marginis laxae ambitum 565 ventis tumescit saepe percellentibus) stagno hoc ab ipso Sordus amnis effluit. rursusque ab huius effluentis ostiis
    • * *
    . . . . . . . . . . . . . . . . <litus dehinc> 570 sinuatur alto et propria per dispendia caespes cavatur, repit unda largior molesque multa gurgitis distenditur. tris namque in illo maximae stant insulae saxisque duris pelagus interfunditur. 575 nec longe ab isto caespitis rupti sinus alter dehiscit insulasque quattuor (at priscus usus dixit has omnis Piplas) ambit profundo. gens Elesycum prius loca haec tenebat atque Naro civitas 580 erat ferocis maximum regni caput. »
  2. a et b Strabon, Traduction Amédée Tardieu 1867, « Géographie, Livre III, Chapitre 4, §11 », sur mediterranees.net, (consulté le ) : « Des deux versants du Mont Pyréné, celui qui regarde l'Ibérie est couvert de belles forêts, composées d'arbres de toute espèce, notamment d'arbres toujours verts ; celui qui regarde la Celtique, au contraire, est entièrement nu et dépouillé ; quant aux parties centrales de la chaîne, elles contiennent des vallées parfaitement habitables : la plupart de ces vallées sont occupées par les Cerrétans, peuple de race ibérienne, dont on recherche les excellents jambons à l'égal de ceux de Cibyre, ce qui est une grande source de richesse pour le pays. ».
  3. Silius Italicus, Traduction française de M. Nisard en 1878 (Académie française), « Silius Italicus (Lucain), Livre III v 357 », sur remacle.org, Firmin Didot, (consulté le ) : « Les Cerrétans, anciens soldats de Tirynthe, et le Vascon, toujours sans casque, s'empressèrent d'apporter leurs secours. ».
  4. a et b Christian Rico, « Pyrénées romaines: essai sur un pays de frontière », Casa de Velazquez, (ISBN 84-86839-74-2, consulté le ) : « Le nom de cette tribu se décompose en deux éléments auso et ceretes bien connus par les textes, les Ausétans et les Cerretani de l'autre qui sont très certainement la forme latinisée de Ceretes, que l'on trouve également mentionnée dans l'Ora maritima (v550). P. Bosch Gimpera définissait les Ausocérètes comme un groupe réunissant des éléments de ces deux tribus. A. Schulten de son côté, les décrivait comme une peuplade indépendante située dans les environs de Ripoll limitrophe au nord des Ceretes et au sud des Ausétans. », p. 87.
  5. Joan Corominas, « Estudis de toponimia Catalana, Volume I », Barcino, (consulté le ) : « Les ceretani parlaient une langue bascoïde. », p. 93,231.
  6. a et b Jean-Baptiste Orpustan, « L'ibère et le basque : recherches et comparaisons », 2009/2010 (consulté le ), p. 8.
  7. M. Delcor, « La romanisation de la Cerdagne » (consulté le ).
  8. Martial, Épigrammes, XIII, LIII
  9. Camille Jullian, « Histoire de la Gaule. Tome I. Chapitre VII, 1 », sur mediterranee-antique.info (consulté le ) : « "Dans les vallées des Pyrénées orientales, sur les terrasses d’Aragon et dans les chaînes de Catalogne, les Indigètes[19] et les Cérètes[20], chasseurs et porchers durs et féroces, partageaient avec les bêtes les repaires des rochers."
    (20) Et Aucocérètes : sierra de Rosas, Vallespir, Cerdagne, etc. ; Avienus, 549-551. Plus tard Cerretani, Strabon, III, 4, 11 ; Silius, III, 357. — Il ne serait cependant pas impossible qu’il n’y ait eu d’assez bonne heure en Cerdagne une vie municipale. La bourgade de Βραχύλη, que cite Étienne de Byzance (s. v., d’après Hicatée ?) appartenait aux Cérites : et ce sont peut-être ses ruines qu’on appela camp d’Hercule (Silius, III, 357). C’est, je crois, Puycerda. La Cerdagne était du reste traversée par la route commerciale de la Perche. »

Liens externes

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