Brigitte Billaud-Varenne
Brigitte Billaud-Varenne, également connue sous le nom de Virginie Billaud-Varenne, (?-après 1874) est une esclave guadeloupéenne noire affranchie par Jacques-Nicolas Billaud-Varenne, qui la prend comme concubine. Amenée à Billaud-Varenne par le marchand d'esclaves suisse Siéger ou Siégert, qui lui fournit des esclaves pendant son exil, elle n’est alors qu’une enfant. Billaud-Varenne, qui l’appelle Virginie, en fait sa concubine et la garde à ses côtés pour le servir. Après la mort du révolutionnaire en 1819, qui lui lègue tous ses biens, elle vit au moins jusqu’en 1874.
Activité | |
---|---|
Conjoint | |
Statuts |
Elle est utilisée comme exemple, notamment dans l'art, pour illustrer l'hypocrisie du révolutionnaire avec qui elle partage une partie de sa vie, étant à la fois abolitionniste et propriétaire d'esclaves.
Biographie
modifierSa vie avant d'être transportée à Cayenne depuis la Guadeloupe par le marchand d'esclaves suisse Siéger[1] ou Siégert[2], qui la vend à son ami Jacques-Nicolas Billaud-Varenne, reste inconnue[1],[2]. Malgré le fait que le biographe français du politicien, Arthur Conte, la décrive comme ayant « rapidement conquis son cœur solitaire »[1], en réalité, elle est amenée sur un navire négrier alors qu'elle n'est encore qu'une enfant[1]. Elle tente de se suicider pendant le voyage en se jetant à l'eau[1]. Billaud en fait sa concubine, alors qu'il a trente ans de plus qu'elle[1]. Bien qu'il l'affranchisse théoriquement[1], il l'utilise pour effectuer toutes les tâches ménagères, y compris la cuisine, la gestion du bétail et du jardin[1], ainsi que la supervision des autres esclaves noirs qu'il a acquis de son ami[2]. Elle s'appelle Brigitte, mais il la nomme Virginie[3]. Elle accompagne Billaud-Varenne lors de son voyage aux États-Unis[4].
Cette situation est surprenante, étant donné que Billaud-Varenne est l'un des abolitionnistes pendant la Révolution française[2] et soutient l'abolition de l'esclavage en 1794, l'une des premières de l'histoire[5]. Cependant, il ne semble jamais exprimer de remords ou de préoccupations morales concernant son implication dans l'esclavage, que ce soit avec Brigitte ou plus généralement avec tous ses esclaves[2].
Après sa mort en 1819, dans son testament, il lègue tous ses biens à Brigitte et l'exprime ainsi : « Je donne ce surplus, quelle que soit sa valeur, à cette honnête fille; autant pour la récompenser des immenses services qu'elle m'a rendus depuis plus de dix-huit ans que pour reconnaître la nouvelle et plus complète preuve de son attachement sans faille, en consentant à me suivre où que j'aille »[6],[7]. Elle ne peut pas signer le testament car elle ne sait pas écrire et doit être remplacée par un notaire, qui signe en son nom[7]. Il semble qu'avec les quelques biens restants de Billaud-Varenne, elle parvienne à acquérir une petite maison à Port-au-Prince[7].
Bien plus jeune que lui, elle meurt après 1874[3],[6], année où elle est encore signalée comme vivante en Haïti[7]. Elle joue un rôle important dans la préservation des documents de son ancien maître, qu'elle vend à un collectionneur privé au cours du XIXe siècle[6].
Postérité
modifierArt
modifierElle est représentée dans l'œuvre d'Alejo Carpentier, notamment dans Explosion dans une cathédrale, où l'auteur met en lumière l'hypocrisie de Billaud-Varenne[8] en la dépeignant nue, dans une pose érotique, lisant un journal révolutionnaire[8],[9].
Références
modifier- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Brigitte Billaud-Varenne » (voir la liste des auteurs).
- Arthur Conte, « XX - L’exil à Cayenne. La mort à Haïti », Hors collection, , p. 463–508 (lire en ligne, consulté le )
- Charles Vellay, « Billaud-Varenne esclavagiste », Revue historique de la Révolution française, vol. 6, no 20, , p. 275–280 (ISSN 1150-045X, lire en ligne, consulté le )
- (en) « Billaud-Varenne, Jean-Nicolas (1756-1819 ; député à la Convention de Paris ; La Rochelle, Port-au-Prince) », sur FranceArchives (consulté le )
- Charles Vellay, « BILLAUD-VARENNE AUX ÉTATS-UNIS (5 mai-18 juillet 1816) », Revue historique de la Révolution française, vol. 2, no 6, , p. 219–227 (ISSN 1150-045X, lire en ligne, consulté le )
- Jean-Daniel Piquet, « Robespierre et la liberté des noirs en l’an II d’après les archives des comités et les papiers de la commission Courtois », Annales historiques de la Révolution française, no 323, , p. 69–91 (ISSN 0003-4436, DOI 10.4000/ahrf.1822, lire en ligne, consulté le )
- « Une lettre inédite de Billaud-Varenne, déporté en Guyane, à son père, en (...) - L'ARBR- Les Amis de Robespierre », sur www.amis-robespierre.org (consulté le )
- Jacques Nicolas (1756-1819) Auteur du texte Billaud-Varenne et Collot d'Herbois (1749-1796) Auteur du texte, Billaud-Varenne, membre du Comité de salut public : mémoires inédits et correspondance / accompagnés de notices biographiques sur Billaud-Varenne et Collot-d'Herbois par Alfred Bégis,..., (lire en ligne)
- Dominique Chancé, Poétique baroque de la Caraïbe, Karthala, coll. « Lettres du Sud », (ISBN 978-2-84586-176-3)
- (en) Roberto Gonzalez Echevarria, « On reasons of state », Review: Literature and Arts of the Americas, vol. 10, no 18, , p. 25–29 (ISSN 0890-5762 et 1743-0666, DOI 10.1080/08905767608593922, lire en ligne, consulté le )