Bounty (stéréotype)

insulte raciale

Bounty (prononcé [bun.ˈti]) est à la fois, selon les contextes, une identité sociale revendiquée, soit un stéréotype ou insulte raciale visant des personnes racisées et jugées par leurs paires comme ayant adopté les comportements et les représentations considérés comme typiquement blancs.

Une barre de Bounty.

Il s'agit dans les deux cas, d'une réaction d'appropriation d'une identité sociale au stigma causée par le racisme.

C'est une métaphore faisant référence à Bounty, une marque de barre chocolatée constituée d'une pâte de coco à l'intérieur et d'un nappage de chocolat au lait à l'extérieur, ce qui le rend « noir dehors et blanc dedans »[1].

Signification

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Urban Dictionary définit bounty comme « Noir parlant et agissant comme un blanc ou défendant la culture blanche contre sa propre culture. »[2]. L'Urban Dictionary répertorie également la forme bounty en anglais britannique en 2006 avec le même sens[3].

Origine

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Les stéréotypes racistes dénigrants les personnes racisées contribuent à l'idée qu'être douée à l'école ou parler "bien" n'est pas normal quand on est noir, et que donc ces personnes sont forcément blanches[4]. Ces préjugés n'ont pas été crées par les personnes racisées, qui les subissent, mais par le racisme scientifique et les idées racistes dans les sociétés.

Appropriation sociale

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Des personnes ou des groupes de personnes stigmatisées socialement peuvent choisir d'adopter et valoriser le label qui leur a été apposé, et d'en être fières[5],[6].

L'identité noire (blackness identity) est revendiquée et valorisée par certains groupes ou individus, dans un processus d'appropriation sociale d'un label stigmatisant, ayant confiné les non blancs à des catégories socialement et historiquement vues comme inférieures dans la classification en « races »[7].

Synonymes et variantes

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En anglais, l'expression « Oreo » est issue d'un roman satyrique portant sur l'identité multiethique, des enfants au sein d'union mixes[8] et se rapporte davantage aux gens vues comme appartenant à deux catégories différentes[4]

 
Des biscuits Oreo.

Utilisation

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Langue française

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Bounty est une expression usuelle dans les Antilles françaises, en Guyane et en métropole où sont établies des populations antillaises[9]. Elle peut être utilisée comme insulte[9],[10],[11] ou bien être acceptée[12] voire revendiquée[13]. L'écrivain français d'origine camerounaise Gaston Kelman, qui se « [pose] en représentant d'une classe moyenne noire parfaitement occidentalisée », endosse également le concept[1].

Le terme est attesté dans une chanson du groupe Sniper, dans son album À toute épreuve[2][source insuffisante]

Réalisé par Shyaka Kagamé, le film Bounty traite des préjugés raciaux ayant des implications dans le quotidien et dans les attentes que la société projette sur les individus racisés[14] et donne comme exemple de ces clichés comment aimer le rock tout en étant noir est vu comme « bizarre »[15],[14].

En 2016, alors qu'elle est abordée dans le Dictionnaire de la zone qui s'est donné pour vocation de traiter « l'argot des banlieues », ni le Centre national de ressources textuelles et lexicales français ni la Banque de dépannage linguistique québécoise ne comptent la forme de bounty dans leur corpus[2],[16],[17].

Langue anglaise

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Le terme anglo-américain Oreo est similaire au terme Bounty, désignant également une personne noire qui est perçue comme agissant comme une personne blanche[18],[19],[20] ou provenant d'un milieu familial mixte[8],[4].

L'écrivaine afro-américaine Fran Ross (en) publie en 1974 son unique roman, Oreo (en), une œuvre satirique qui raconte l’histoire d'une jeune fille, fruit de l’union d’une mère noire et d’un père juif[21].

Références

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  1. a et b Ange-Dominique Bouzet, « Gaston Kelman. Au-delà du noir et du blanc », sur next.liberation.fr, (consulté le ).
  2. a b et c Cobra le Cynique, « Entrée bounty », sur dictionnairedelazone.fr (consulté le ).
  3. (en) Urban Dictionary, « Entrée bounty », sur urbandictionary.com, (consulté le ).
  4. a b et c (en-US) « The Oreo Effect: Life Being Multiracial – Affinity Magazine » (consulté le ).
  5. « The Labeling Tradition », sur deviance.socprobs.net (consulté le ).
  6. Adam D Galinsky, Kurt Hugenberg, Carla Groom et Galen V Bodenhausen, « THE REAPPROPRIATION OF STIGMATIZING LABELS: IMPLICATIONS FOR SOCIAL IDENTITY », dans Identity Issues in Groups, vol. 5, Emerald Group Publishing Limited, coll. « Research on Managing Groups and Teams », , 221–256 p. (ISBN 978-1-84950-168-2, DOI 10.1016/s1534-0856(02)05009-0/full/html, lire en ligne).
  7. (en) « Appropriating Blackness », sur www.dukeupress.edu (consulté le ).
  8. a et b (en) Mat Johnson, « 'Oreo': A Satire Of Racial Identity, Inside And Out ».
  9. a et b Tiblanc des Antilles, « Le racisme antiblanc aux Antilles et en Guyane est une réalité », sur rue89.nouvelobs.com, (consulté le ).
  10. Didier Arnaud, « Entre «vrai Noir» et «Bounty» », sur liberation.fr, (consulté le ).
  11. Nicolas Delesalle, « A La Défense, les Indignés résistent au “vent du capitalisme” », sur telerama.fr, (consulté le ).
  12. Isabelle Regnier, « Cannes 2014 : Karidja Touré, bac pro, option ciné », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  13. Vincent Josephy, « Espoirs Match amical, ce mercredi (16 heures), à Wavre Belgique - Congo, une première historique », sur lesoir.be, (consulté le ).
  14. a et b Milena Pellegrini, « Rencontre avec Shyaka Kagame | "Un Noir qui écoute du rock, ça paraît bizarre" - Le Billet - webzine culturel - musique cinéma internet », sur Le Billet - webzine culturel - musique cinéma internet, (consulté le ).
  15. Julien de Weck, « La première génération de Suisses noirs portée à l’écran », 24 heures,‎ (ISSN 1424-4039, lire en ligne, consulté le ).
  16. Centre national de ressources textuelles et lexicales, « Résultats de la requête bounty » (consulté le ).
  17. Office québécois de la langue française, « Résultats de la requête bounty », sur bdl.oqlf.gouv.qc.ca (consulté le ).
  18. (en-US) Gayraud S. Wilmore, African American religious studies : an interdisciplinary anthology, Durham : Duke University Press, (ISBN 978-0-8223-0904-8 et 978-0-8223-0926-0, lire en ligne), p. 441.
  19. (en) Irving J. Spitzberg et Virginia V. Thorndike, Creating Community on College Campuses: Beyond the Cultural Politics of Enjoyment, SUNY Press, (ISBN 978-0-7914-1005-9, lire en ligne), p. 35.
  20. (en-US) Grace Lee Boggs, Living for change : an autobiography, Minneapolis : University of Minnesota Press, (ISBN 978-0-8166-2954-1 et 978-0-8166-2955-8, lire en ligne), p. 117.
  21. Le Progrès, « Oreo , de Fran Ross », sur leprogres.fr, (consulté le ).

Articles connexes

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