Boulevard Bineau

boulevard de Neuilly-sur-Seine, en France

Le boulevard Bineau est une voie de circulation de Levallois-Perret et de Neuilly-sur-Seine dans les Hauts-de-Seine.

Boulevard Bineau
Image illustrative de l’article Boulevard Bineau
Le boulevard Bineau en 2019.
Situation
Coordonnées 48° 53′ 22″ nord, 2° 16′ 24″ est
Pays Drapeau de la France France
Région Île-de-France
Département Hauts-de-Seine
Ville Levallois-Perret
Neuilly-sur-Seine
Début Avenue de la Porte-de-Champerret,
rue Cino-Del-Duca,
rue Jacques-Ibert
Fin Pont de Courbevoie (Seine)
Morphologie
Type Boulevard
Longueur 1 850 m
Histoire
Création 1856 et 1912
Anciens noms Boulevard T, lotissement du Parc
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Boulevard Bineau
Géolocalisation sur la carte : Île-de-France
(Voir situation sur carte : Île-de-France)
Boulevard Bineau

Situation et accès

modifier

Ce boulevard fait partie de l'ex-route nationale 308 (actuellement RD 908) qui prend le nom de boulevard Bineau sur plusieurs communes.

Le boulevard Bineau prolonge l'avenue de Villiers parisienne, au delà de la Porte de Champerret.

Partant de Paris, il rencontre le carrefour Bineau, puis le boulevard Victor-Hugo. Au niveau de la Seine, il croise le boulevard Bourdon, puis traverse l'île de la Jatte avant de passer le pont de Courbevoie qui mène au boulevard de Verdun .

Le quartier est desservi par la ligne de métro 3 à la station Anatole France.

Origine du nom

modifier
 
Jean-Martial Bineau.

Ce boulevard rend hommage à Jean-Martial Bineau (1805-1855), homme politique français, ministre des Travaux publics en 1849.

Historique

modifier

Il prend son nom en 1856 pour la partie allant de Paris à la Seine, et en 1912 pour la portion traversant l’île de la Jatte[1].

Toutefois, un plan de Courbevoie dressé en 1897 indique que l'actuel boulevard de Verdun s'appelle alors boulevard Bineau[2], du nom de la voie de Neuilly qu'il prolonge en ligne droite jusqu'à l'embranchement de Colombes (actuel rond-point de l'Europe).

En 1871, pendant la Commune de Paris, « on se bat continuellement d’une barricade à l’autre, depuis l’entrée du bois de Boulogne jusqu’à Levallois. Le point le plus important est toujours la barricade de la rue Peyronnet, et la fusillade ne cesse guère entre tirailleurs des deux côtés du rond-point de l’avenue d'Inkerman et du boulevard Bineau »[3].

En janvier 1910, lors de la crue de la Seine, le boulevard est envahi par les eaux comme d’autres voies de Neuilly (boulevards Bourdon et d’Argenson ; rues Soyer et du Bois-de-Boulogne...). La mairie envoie rapidement des pompiers à la rescousse. Une centaine de personnes sont accueillies dans des hôtels ou hébergées aux frais de la municipalité[4].

Le 24 avril 1914, le roi George V d'Angleterre et son épouse la reine Mary visitent l’hôpital anglais à Levallois. Cela attire une foule considérable de curieux. Pour l'occasion, la porte de Champerret, l'avenue de Villiers et le boulevard Bineau sont pavoisés de drapeaux français et britanniques[5].

Bâtiments remarquables et lieux de mémoire

modifier
 
No 81.
 
No 86 (angle rue de Rouvray).
 
No 89 : jardin de la fondation Galignani.
 
No 96 : lycée.
 
No 148.
  • En 1935, l’ingénieur Louis Lumière (1864-1948), « dans une coquette villa, enfouie parmi les arbres et les fleurs » du boulevard, réalise l’un des tout premiers films en relief[6]. Il y meurt en 1948 à l’âge de 84 ans, suivi par son frère Auguste, en 1954, à l’âge de 92 ans[7].
  • No 53 : consulat général d'Égypte en France.
  • No 65 : en 1960, siège de l’organisation maçonnique Grande loge nationale française ayant pour caractéristique d’être majoritairement composée d’Anglo-saxons[8].
  • No 73 : ancien atelier de Gustave Courtois, Pascal Dagnan-Bouveret et Carl Ernst von Stetten.
  • Nos 81-83 : église adventiste du septième jour de Neuilly-sur-Seine[9] ; ancienne chapelle anglicane de Neuilly élevée à la fin des années 1870 et destinée aux nombreux Britanniques installés alors à Neuilly. L'édifice, réalisé par les architectes Leroux et Alfred Bitner[10], s'inspire des églises anglaises de style anglo-normand de la même époque. La pose de la première pierre a lieu le 10 juillet 1878 en présence du prince de Galles[11]. Au début de la Seconde Guerre mondiale, les Britanniques quittent massivement Neuilly. L’édifice est racheté en 1949 par l’église adventiste et un nouveau culte y est célébré[12]. L’écrivain américain de langue française Julien Green (1900-1998) évoque dans son autobiographie la petite église anglicane Christ Church dans laquelle il fut baptisé, qui « se trouvait à Neuilly au 81, boulevard Bineau », ajoutant, par erreur, qu’elle « n’existe plus aujourd’hui »[13].
  • No 86 (et 2, rue de Rouvray) : immeuble de six étages de très grand standing réalisé en 2021 par l’agence d’architecture Wilmotte & Associés, ne comprenant qu’un appartement par étage et présentant la particularité d’intégrer dans sa construction les deux premiers niveaux d’une ancienne maison de maître[14]. En 1935, à cet emplacement, à l’angle de la rue de Rouvray, se trouve l’hôtel particulier d’un fabricant de produits pharmaceutiques[15]. En 1947, un pavillon situé à cette adresse est entièrement détruit par le feu[16].
  • No 89 : fondation Galignani[17] ; maison de retraite construite en 1885-1888 sur un terrain de 7000 m2 légué à l’Assistance publique de Paris par le journaliste et éditeur William Galignani[18] (1798-1882). Des hommes et des femmes parfois célèbres ont achevé leur vie dans cet établissement[19].
  • No 96 : lycée professionnel Vassily-Kandinsky.
  • No 101 : le vendredi 18 juillet 1980, vers 8 h 25, trois jeunes gens, porteurs de fausses cartes de presse, se présentent devant l’entrée de la résidence, où vivait Chapour Bakhtiar, dernier Premier ministre de l’ex-chah d’Iran. Après avoir franchi deux cordons policiers, les trois hommes entrent dans l’immeuble, sonnent par erreur chez une voisine, l’abattent et tentent ensuite, en vain, de s’introduire dans l’appartement occupé par l’ancien Premier ministre. Une fusillade avec les policiers éclate alors, au terme de laquelle les membres du commando sont arrêtés mais on dénombre, côté policiers, un mort et plusieurs blessés. L’affaire Anis Naccache, du nom du chef du commando, vient de débuter[20].
  • No 126 : villa ayant appartenu dans les années 1925 au prince Carol de Roumanie[21].
  • No 140 : l’homme d’affaires et homme politique Jacques Foccart (1913-1997) vit à cette adresse dans les années 1950[22].
  • No 148 : immeuble de 1928 réalisé par l’architecte Louis Gondallier de Tugny[23]. Le peintre et sculpteur français Charles-Albert Walhain[24] (1877-1936) y a habité et y est mort[25],[26].
  • No 154 : bâtiment appartenant à l'ambassade d'Indonésie. Ancienne résidence du baron de Lopez Tarragoya[27].
  • No 167 : église Saint-Jacques de Neuilly-sur-Seine, construite en 1936-1937. Son clocher-porche est décoré du trigramme IHS en blanc signifiant Iesus Hominum Salvator[28].

Bâtiments démolis

modifier
  • No 64 : en 1880, on pouvait voir à cette adresse, « dans une charmante villa », trois chalets recouverts de chaume abritant des parcs à huîtres alimentés en eau de mer[29].

Notes et références

modifier

Sur les autres projets Wikimedia :

  1. M. Cayla, Correspondance des anciens et nouveaux noms des rues de Neuilly-sur-Seine, 2005.
  2. Henri de Frémont (1913-2007), Deux siècles à Courbevoie — À l'ombre d'une maison : l'hôtel de Guines, Courbevoie, Mayenne (Imprimerie de la Manutention, n° 205-94), édité par l'auteur, , 222 p. (ISBN 2-9500407-5-6), p. 108-109 (plan de la ville de Courbevoie, 1897).
  3. « La bataille », L’Estafette, 23 mai 1871, sur RetroNews.
  4. « Les cinq mille sinistrés de Choisy-le-Roi », Le Journal, 25 janvier 1910, sur RetroNews.
  5. « Les souverains anglais ont visité ce matin l’hôpital anglais de Levallois », La Presse, 24 avril 1914, sur RetroNews.
  6. « Un descendant du grand Cuvier a réalisé le premier film en relief », Paris-soir, 2 juillet 1935, sur RetroNews.
  7. Pascal Bajou, « Le cinéma Lumière, une histoire de famille et de frères... », Humanisme, 2011, no 192, pp. 91 à 95.
  8. « Un manifeste de la Grande loge du boulevard Bineau », Le Monde, 28 septembre 1960.
  9. « Église Adventiste du 7e jour » sur neuillysurseine.fr.
  10. « Église anglicane, actuellement Église adventiste du 7ème jour », Plateforme ouverte du patrimoine (POP).
  11. Panneau d'information visible devant l'église.
  12. « L’église Christ Church, boulevard Bineau », Société internationale d’études greeniennes.
  13. Julien Green, Jeunes années. Autobiographie, Plon, 2011.
  14. « 2 Rouvray », sur pss-archi.eu.
  15. « Des malfaiteurs cambriolent à Neuilly l’hôtel d’un fabricant de produits pharmaceutiques », Le Matin, 12 août 1936, sur RetroNews.
  16. « À Neuilly », Paris-presse, 28 août 1947, sur RetroNews.
  17. « Les édifices remarquables : Fondation Galignani », sur neuillysurseine.fr.
  18. « William Galignani (1798-1882) », sur BnF Data.
  19. « Boulevard Bineau, des hommes et des femmes qui furent célèbres achèvent leurs jours dans une paisible retraite », Le Matin, 3 juillet 1938, sur RetroNews.
  20. « Dix années d’un poker menteur et cruel. Le 18 juillet 1980 un commando tente d’assassiner, à Paris, un ancien premier ministre du chah d’Iran. Le 27 juillet 1990, le chef du commando s’envole pour Téhéran. Une décennie de marchandages et de cynisme pour un détenu modèle... et encombrant », Le Monde, 29 juillet 1990.
  21. « Un cambriolage simulé dans la villa du prince Carol à Neuilly », Excelsior, 29 octobre 1927, sur RetroNews.
  22. Le Crapouillot, 1er décembre 1971, sur RetroNews.
  23. « Promenade architecturale à Neuilly », Neuilly-sur-Seine.
  24. Selon le panneau explicatif apposé à l’entrée de l’immeuble, Charles Walhain eut son atelier à cette adresse dès 1910 et édifia l’immeuble en 1929.
  25. « Nécrologie », L’Intransigeant, 24 mai 1936, sur RetroNews.
  26. « Immeuble Art Déco », sur neuillysurseine.fr (consulté le ).
  27. Revue mensuelle, Touring-club de France, 1er janvier 1912, sur Gallica.
  28. Ce qui se traduit par « Jésus sauveur des hommes ».
  29. « Parcs aux huîtres de Neuilly », Les Contemporains, 15 septembre 1881, sur RetroNews.

Annexes

modifier

Articles connexes

modifier

Liens externes

modifier