Bâtard
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Sens premier
Historiquement le mot bâtard (au féminin bâtarde) était employé pour désigner un enfant adultérin ou illégitime, c'est-à-dire conçu hors des normes sociales (mariage, célibat des prêtres…), également appelé « enfant de l'amour ». « Bâtard » était prononcé au XIIe siècle « bastard » dans toutes les langues[réf. nécessaire].
Ce terme de bâtard n'est pas initialement péjoratif ; il sert à désigner les fils des nobles hors du mariage catholique. Au Moyen Âge, il arrive que des bâtards prennent la succession de leur père, tels qu'Ebles Manzer ou Guillaume le Conquérant.
À l'époque moderne, si la succession n'est plus possible, on retrouve de nombreux bâtards dans les armées, certains étant désignés explicitement sous ce nom : le Bâtard de Bourgogne, le Bâtard d’Armagnac, le Bâtard d'Orléans, etc. à qui le chef de leur famille confie le commandement effectif (lieutenance) de leur troupe. Ainsi, le sénéchal d'Agenais Robert de Balsac comprenait 8 % de bâtards dans sa compagnie, dont il avait confié la lieutenance à un parent, le « Bâtard de Balsac »[1]. Ces bâtards de familles nobles étaient parfois « légitimés » et occupaient des rangs sociaux élevés, tels les enfants naturels de Louis XIV.
Sens dérivé
À l'époque contemporaine, le terme bâtard est considéré comme une injure. C'est ce sens qui est passé en anglais où bastard peut se traduire par « salaud ». Il peut qualifier une personne vivant sans l'un de ses parents, ou étant née dans des conditions socialement défavorables. Il a également pris un sens figuré très fort dans l'argot et les dialectes ruraux, désignant une personne taquine, qui dit ou fait des méchancetés à son entourage, ou qui effectue des actions contraires à la morale, se rapprochant du sens de « traître » ou de « coquin ». Il est souvent employé comme apostrophe dans des joutes verbales telles que « Ah l'bâtard ! ».
Il a également servi à désigner des groupes ethniques avec une connotation raciale :
- basters de Rehoboth (baster étant le mot néerlandais pour bâtard), désignant les populations métisses issues des unions entre colons néerlandais de la colonie du Cap et populations autochtones ;
- bâtards de Rhénanie, appellation insultante et raciste des enfants métis nés d'unions entre Allemandes et soldats des troupes coloniales françaises pendant l'occupation de la Rhénanie après la Première Guerre mondiale.
Voir aussi la liste de bâtards célèbres.
Par extension
Par extension, le mot bâtard peut également désigner :
- un individu vil – l'usage actuel du terme dans ce sens est considéré comme une insulte, à l'origine de l'anglais bastard (salaud) ;
- une personne conçue hors mariage et n'ayant aucune relation avec son géniteur ;
- un « bâtard » est un pain entre la baguette et le pain d'un kilogramme (d'où son nom) de 450 grammes ;
- un « bâtard » est un mortier constitué de chaux (12 à 15 %) et de ciment ;
- un « bâtard » est un chien qui n'appartient pas à une race précise.
Arts
- Bâtard (titre original : Diable – A Dog), nouvelle américaine de Jack London publiée aux États-Unis en 1904 ;
- Bâtard, chanson du chanteur belge Stromae sur l'album Racine carrée, sorti en 2013 ;
- La Bâtarde, roman autobiographique de Violette Leduc, paru chez Gallimard en 1964 ;
- Le Bâtard, pièce de Alfred Touroude (1869) ;
- Le Bâtard (I Bastardi). film franco-germano-italien réalisé par Duccio Tessari en 1968 ;
- Le Bâtard. film français réalisé par Bertrand Van Effenterre en 1983 ;
- Le Bâtard, album de bande dessinée de 1985 ;
- Justinien Trouvé ou le Bâtard de Dieu, film de Christian Fechner sorti en 1993.
Autres
- Le Bâtard, ruisseau situé en France coulant dans le département de la Haute-Saône ;
- écriture bâtarde, type d’écriture manuscrite issue d’une évolution entre deux modèles, l’un rigide et formel, l’autre plus libre, plus cursif ;
- épée bâtarde, épée à mi-chemin entre une épée à une main et une épée à deux mains ;
- liste de bâtards célèbres ;
- Hôpital des Enfants-Trouvés.
Voir aussi
- Sylvie Steinberg, Une tache au front : La bâtardise aux XVIe et XVIIe siècles, Paris, Éditions Albin Michel, coll. « L’évolution de l’humanité », , 448 p. (ISBN 978-2-226-42199-9, présentation en ligne)
Références
- Nicolas Le Roux, Le crépuscule de la chevalerie, noblesse et guerre au siècle de la Renaissance, p. 27.