Bataille de Verneuil (1424)
La bataille de Verneuil est une bataille de la guerre de Cent Ans, qui s'est déroulée le , à 2,5 km au nord de Verneuil-sur-Avre, à proximité du château de Charnelles, en Normandie dans le Sud du département actuel de l'Eure. Elle oppose une armée franco-écossaise à une armée anglo-bourguignonne et se solde par une victoire de cette dernière. C'est une des batailles les plus sanglantes de la guerre de Cent Ans, mais qui reste néanmoins méconnue. D'une durée, selon les sources, variant de 3/4 d'heure à 3 heures, elle a fait entre 7 000 et 12 000 morts et blessés pour deux armées totalisant environ entre 25 000 et 30 000 hommes.
Date | |
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Lieu | À proximité de Verneuil-sur-Avre (Normandie) |
Issue | Victoire anglaise décisive |
Royaume de France Royaume d'Écosse |
Royaume d'Angleterre État bourguignon |
12 000 à 18 000 hommes | 14 000 hommes |
6 000 morts ou blessés | 1 600 morts, blessés ou prisonniers |
Batailles
- Chronologie de la guerre de Cent Ans
- Harfleur (1415)
- Azincourt (1415)
- Valmont (1416)
- Chef-de-Caux (1416)
- Caen (1417)
- Rouen (1418-1419)
- Château-Gaillard (1419)
- La Rochelle (1419)
- Montereau-Fault-Yonne (1420)
- Melun (1420)
- Paris (1420)
- Baugé (1421)
- Meaux (1421-1422)
- Bernay (1422)
- Cravant (1423)
- Brossinière (1423)
- Verneuil (1424)
- Verneuil (1424)
- Mont-Saint-Michel (1425)
- Saint-James (1426)
- Montargis (1427)
- Laval (1428)
Coordonnées | 48° 45′ 18″ nord, 0° 56′ 24″ est | |
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Contexte
modifierSituation en France
modifierÀ la suite de la bataille d'Azincourt, la noblesse française est décimée. En 1417 l'armée d'Henri V débarque à nouveau à Harfleur comme deux ans plus tôt lors de la campagne qui mena à la bataille d'Azincourt. La guerre n'est pas une simple chevauchée comme au temps du prince noir Édouard de Woodstock[1]. Il s'agit d'une vraie guerre de conquête. Caen est prise en après le siège de la ville, en Argentan l'est aussi. Falaise tombe en comme Vire. En , l'armée d'Henri V prend la direction du Cotentin. Saint-Lô est aux mains des Anglais le , Carentan et Coutances le . En , l'armée part pour les actuels départements de l'Eure et de la Seine-Maritime. Évreux est prise le , Louviers le , Pont-de-l'Arche le , Cherbourg en , Nonancourt est, elle aussi, prise la même année, puis détruite[2] et Rouen en 1419[3],[4],[5],[6]. Seul le mont Saint-Michel restera français à l'issue de cette conquête. Les Anglais laissèrent de fortes garnisons sur place. Selon les sources de l'époque, 4 500 soldats anglais occupent une quarantaine de places fortes[3]. Entre-temps, les Bourguignons prennent de nombreuses places sur la route de Paris, bloquant les renforts français entre l'Île-de-France et la Normandie. Jean sans Peur fait d'ailleurs son entrée dans la capitale le . Contre toute attente, le , le duc de Bourgogne décide de se réconcilier avec le dauphin Charles, ce dernier étant le dernier héritier mâle de son père, à la suite de la mort de ses frères aînés, Louis de Guyenne, Jean de France, Charles de France et Charles de France[3]. Le , ils signent le traité de Pouilly-le-Fort[7]. Cependant, la situation s'envenime et lors d'une rencontre sur le pont de Montereau les hommes du Dauphin assassinent le duc[8].
Traité de Troyes
modifierPhilippe le Bon, à la suite de l'assassinat de son père, devient le nouveau duc de Bourgogne et renoue avec l'alliance anglaise. Le meurtre est une occasion en or pour Henri V[9]. Un projet de mariage est formulé entre ce dernier et Catherine de France[10], fille du roi Charles VI. Par le traité de Troyes, le dauphin est reconnu illégitime par Isabeau de Bavière[7]. Le traité stipule qu'à la mort de Charles, Henri deviendrait à la fois roi d'Angleterre et roi de France. Cependant, Henri V meurt le avant Charles VI qui lui, décède à son tour, deux mois plus tard, le [11]. Le petit Henri VI n'est âgé que de 10 mois. Jean de Lancastre, duc de Bedford, devient régent de France[12] tandis qu'Humphrey de Lancastre devient régent d'Angleterre[9],[11].
Situation en Écosse
modifierDepuis 1406, l'Écosse vit une période compliquée. Robert III envoie son fils Jacques Ier en France mais, en chemin, il est capturé en rançonné par les Anglais qui le gardent prisonnier assez longtemps[13]. Jacques accompagne Henri V lors de ses campagnes en France. C'est l'oncle de Jacques, Robert Stuart, premier duc d'Albany, qui devient régent. Celui-ci fait surtout accélérer la libération de son fils Murdoch Stuart, capturé en 1402 à la bataille de Homildon Hill[14],[15]. Murdoch succéde à son père en 1420 pour la régence. Il découvre que les caisses de l'État sont vides et qu'il y a une corruption endémique. À la suite du traité de Troyes, le Régent fait des manœuvres diplomatiques dont les buts sont les suivants[16] :
- entretenir l'Auld Alliance ;
- maintenir l'envoi de troupes en France ;
- réconcilier Armagnacs et Bourguignons ;
- négocier la libération de Jacques Ier.
Bien qu'il soit prisonnier, Jacques Ier est éduqué en Angleterre pour devenir roi et c'est en tant que captif qu'il rencontre Jeanne Beaufort, fille de Jean Beaufort, premier comte de Somerset. Ils se marient et Jeanne devient ainsi reine d'Écosse[16],[17]. Lors de sa captivité, il est fait chevalier et devient membre de l'ordre de la Jarretière[16]. Henri V espère que la présence de Jacques Ier à ses côtés fera en sorte que les Écossais abandonnent le combat en France. Mais cette manœuvre est un échec[14]. En 1423 après la mort d'Henri V, Jacques Ier est libéré. Son mariage avec Jeanne Beaufort est suivi avec intérêt car il rapprocherait les deux royaumes. Il doit s'acquitter d'une rançon de 40 000 livres et doit livrer 21 otages[16]. Le , il signe un traité de paix avec l'Angleterre pour une durée de 7 ans, mais dit ne pas pouvoir rappeler ses compatriotes en France[1]. Le , il est couronné à Scone[16],[18].
La campagne de 1423-1424
modifierPréludes
modifierPour la campagne 1424, le Dauphin est assez optimiste et a de grandes ambitions. Il a pour projet de rejoindre Reims[19], où il sera effectivement sacré cinq ans plus tard, grâce à Jeanne d'Arc[20]. Bedford, quant à lui, souhaite se débarrasser des derniers points de résistance en Normandie et pousser ses hommes vers le Maine, l'Anjou et la ville de Dreux[19]. Le Dauphin a eu des résultats mitigés l'année précédente, entre victoires, comme lors de la bataille de Baugé[4],[21], mais aussi une lourde défaite, notamment pour ses Écossais, lors de la bataille de Cravant[1]. De son côté, Bedford, qui ne reçoit rien de Londres, fait une levée d'impôt pour acheter de la poudre et des canons et former 1 200 lances, dont 400 sont destinées à la conquête du Maine. Une partie de la somme doit aussi être remise aux villes d'Harfleur et de Lisieux pour la construction d'ouvrages, probablement des bâtiments défensifs[1]. Le , Bedford s'empare du port du Crotoy. Puis, c'est Compiègne, déjà prise par Étienne de Vignolles, dit La Hire, quelques mois auparavant[1],[4],[22],[23], après qu'il ait menacé de faire pendre la garnison si elle ne se rendait pas. Pendant ce temps le comte de Salisbury prend Montaiguillon. Falstoff et Scales assiègent Beaumont-sur-Sarthe, puis Gaillon, qui venait d'être prise par les Français et qui retombe ainsi le . Salisbury assiège Sézanne avec l'aide de Bourguignons comme Châtillion. La garnison refuse de se rendre et est massacrée[1],[4],[24], tout comme les civils. Les Français eux aussi assiègent et prennent des villes. C'est le cas de Guercheville par l'amiral de France Louis de Culant.
Un partisan du roi de France Charles VII, Géraud de la Pallière, s'empare à la fin de l'été 1423, par surprise, du château d'Ivry, en escaladant ses murs avec ses hommes, ce qui entraîne en réaction un siège anglais[1], car il servait aux incursions des Armagnacs en territoire anglais[25]. Le , Bedford envoie une troupe pour reprendre le château[4] en ayant pris soin, peu avant, de neutraliser le capitaine qui devait assurer la sécurité de la fortification pour le compte des Anglais, un bourgeois normand du nom de Pierre Glé[26]. Les assiégés proposent de se rendre le si aucun secours ne leur parvient. Géraud de la Pallière en avertit le Dauphin qui décide de former une armée pour soutenir les assiégés d'Ivry.
L’armée de Charles VII, constituée d’un fort détachement écossais de 7 000 hommes, se réunit à Châteaudun avant de se mettre en route pour les secourir. Selon Pierre de Fénin, le Dauphin aurait voulu commander lui-même l'armée mais son entourage l'en dissuada[1]. C'est Jean II d'Alençon qui commande l'ost, alors qu'il n'est âgé que de 15 ans. Bedford a aussi tenu un conseil avec le duc de Bourgogne et a ainsi préparé une armée importante pour affronter ses adversaires[1].
La campagne sur Verneuil
modifierLes Anglais
modifierLe l'ost royal part de Blois et se dirige vers le Perche, en passant par Châteaudun puis Chartres. Bedford quant à lui rassemble son armée à Évreux et Vernon[1],[2],[4],[24]. Le , Bedford se présente devant Ivry et reçoit la reddition de la garnison[1],[2],[4],[24]. Il ne fait pas de prisonniers et libère les soldats qui partent avec armes et bagages. Il s'installe et attend les Français[1],[2],[4],[24]. Le 16, il apprend que les Français ont pris Verneuil par la ruse. Furieux, il marche sur cette ville[1]. Selon Guillaume Cousinot le Chancelier, Bedford aurait détruit la forteresse d'Ivry après la capture de la ville[1].
Les Franco-Écossais
modifierL'armée franco-écossaise a quitté Tours le . Le rassemblement se fait le long de la Loire. L'ost est accompagné par des mercenaires lombards et des Espagnols aux ordres de Guillaume II de Narbonne[4], qui eux, partent de Tours le [1]. L'armée est réunie en entièreté à Châteaudun. Dans la cité, les notaires de la ville sont mis à contribution pour écrire les testaments des nobles écossais et placer leur titre en lieu sûr[1]. Ainsi, un Écossais du nom de Pierre Gaigier laisse un cheval en garde à Châteaudun[1]. La garnison dunoise se joint à l'expédition. L'ost passe par Bonneval, non loin de Chartres qui est tenue par les Anglais[1],[2],[4],[7]. L'armée s'arrête à Nonancourt et une messe y est donnée dans l'église Saint-Martin. C'est là, selon Jean et Alain Chartier, que la décision d'attaquer Verneuil est prise. En effet, les Français, après que leurs éclaireurs leur aient appris la reddition d'Ivry et démontré que la position anglaise est trop forte, décident de se détourner de cette dernière[1],[2],[4],[24]. Les Français sont, comme les Écossais, extrêmement surpris puisque, pour eux, cette reddition aurait dû avoir lieu le et non le [27],[1],[13].
Prise de Verneuil
modifierIl leur paraît alors opportun de prendre la ville proche de Verneuil, laquelle était tombée dans les mains d'Henri V en 1417. D'après un document daté de 1423, la ville est sous le capitanat de Thomas de Scales[1]. Selon Jean Chartier et Cousinot, la cité se rend immédiatement car elle appartient par héritage au duc d'Alençon. Les Français y entrent le et font le siège du château de la ville[1]. Les Franco-Écossais font défiler devant les murs, les milliers d'Écossais, les archers, déguisés en Anglais, selon le « bourgeois de Paris », « attachés et couverts de sang, qui se lamentent en anglais pour faire croire aux défenseurs que l'armée de Bedford a été anéantie. Les Anglais tombent dans le piège et capitulent »[28]. Peu après le vicomte de Narbonne en reçoit le commandement avec 1 000 hommes[1]. Plus tard, le bourgeois de Paris affirmera que la garnison fut massacrée. En réalité les Anglais purent partir et rejoindre l'ost de Bedford[1],[29].
Les deux armées
modifierLes commandants
modifier-
Étienne de Vignolles, dit La Hire
-
Jean de Lancastre, duc de Bedford
Les armées
modifierFranco-écossaise
modifierGrâce aux états généraux, le dauphin Charles est en mesure de rassembler la plus importante armée française jamais rassemblée depuis la bataille d'Azincourt presque 9 ans plus tôt[4],[7],[8],[24],[32]. Jean de Wavrin, un noble bourguignon qui laissera un mémoire relatant la bataille, est très impressionné par la grandeur mais aussi la beauté de cette armée[32]. D'après Thomas Basin l'armée franco-écossaise, quoique imposante, manque de discipline[32]. Les différents chroniqueurs donnent des chiffres assez disparates, allant de 10 000 combattants franco-écossais pour Thomas Basin, à 20 000 pour Jean Chartier. Dans une lettre du , le duc de Bedford dit avoir battu une armée équivalente à la sienne composée d'environ 14 000 hommes, chiffre qui doit être probablement le plus proche du nombre réel de combattants franco-écossais. Le nombre important de soldats français s'explique aussi, nous dit Chartier, parce que le Dauphin avait convoqué le ban (la noblesse locale), le , à Jargeau. Cela explique le nombre important de combattants d'Anjou et du Maine, outre les mercenaires et la noblesse du Limousin, du Dauphiné et d'Auvergne. On sait aussi par les sources d'époque que Jean d'Aumale (Jean VIII d'Harcourt) qui gouverne le Mont-Saint-Michel et qui était un héros de son siège, l'a fait dégarnir pour soutenir l'ost royal[33]. Pour les hommes du Dauphiné, le dauphin a ordonné à Randon de joyeuse, gouverneur du Dauphiné, de lui fournir 200 hommes d'armes, ce qui est largement fait[33]. Parmi les Français qui participent à la bataille, on retrouve le futur comte de Dammartin, Antoine de Chabannes[34]. Pour les Écossais, contrairement à ce qu'a pu diffuser le film Braveheart (1995), leurs soldats ne se battaient pas en kilt. Les chroniqueurs contemporains ont surtout mentionné le fait qu'une partie d'entre eux était armés d'une hache, dite hache de Lochaber. Les Écossais, pour se différencier portent des habits flanqués de la croix de saint André, aujourd'hui sur le drapeau de l'Écosse, sur fond rouge ou bleu[13],[34]. On apprend par des récits venant de bourgeois d'Orléans qui ont vu ces soldats en garnison, qu'ils ont adopté l'arc long, ont des guisarmes, des haches proches de celles des Vikings, notamment pour les soldats venus des Highlands, et ce, en plus d'épées et de haches de Lochaber[35]. En plus des Français et des Écossais il y a des mercenaires italiens et espagnols. Le dauphin Charles mène des manœuvres politiques avec des alliés traditionnels de la France pour en recruter. C'est le cas de la Castille avec qui la France avait signé en 1408 le traité de Valladolid qui créait une alliance anti-anglaise[35]. Les Castillans étaient importants notamment dans le domaine de la marine qui rivalisait avec celle des Anglais et permettait de protéger, par exemple, le port de La Rochelle. Côté italien, ce sont surtout les Milanais qui fournissent des troupes, le duché de Savoie restant neutre depuis la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons[36]. Les lances italiennes se composent comme les françaises de trois hommes, un homme d'armes, un valet et un page. L'homme d'armes est recouvert d'une armure lourde et le cheval d'un caparaçon métallique. Le nombre de lances est estimé entre 400 et 500 lances lombardes[36].
Anglaise
modifierL'ambassadeur Antonio Morosini[37] estime le nombre de soldats anglais à 6 000 hommes[38],[39], ce qui est la plus basse estimation, la plupart tournant autour des 12 000 à 14 000 hommes[40]. C'est le cas de Jean Chartier qui donne les nombres de 13 000 et 14 000[40]. Enguerrand de Monstrelet, lui, donne des informations plus précises. Il évalue à 1 800 le nombre d'hommes d'armes et à 8 000 le nombre d'archers. L'écart des deux forces est similaire comme en témoignent les lettres du duc de Bedford[41]. L'armée anglaise se compose de plusieurs branches. Il y a d'abord la garde personnelle de ce dernier, composée de 100 hommes d'armes et de 300 archers[41]. Il y a ensuite ce qui compose le gros de l'armée, des recrues provenant d'outre-Manche. En , 420 chevaliers et 1 140 archers engagés en Angleterre sont envoyés compléter les forces du duc. Enfin, on trouve les hommes de garnison, Bedford en prélève environ 2 000 sur les 4 500 qui se trouvent en Normandie[41]. L'armée anglaise est composée d'un grand nombre de capitaines qui ont charge de 20 à 70 hommes chacun. Ils occupent des fonctions en Normandie conquise ou dans le reste du territoire français sous contrôle anglais, c'est le cas de Thomas Maistresson, bailli de Caux, qui commande 5 hommes d'armes et 18 archers, ou Guillaume de Lansar, capitaine de Louviers, qui commande 15 hommes d'armes et 48 archers à cheval[42]. Les capitaines sont majoritairement anglais, mais on trouve aussi des Français acquis à la cause anglaise. Pour les soldats on retrouve bien entendu des Anglais et des Gallois, ainsi que des Normands, surtout parmi les troupes détachées de garnison[43].
Bataille
modifierPréparatifs
modifierAvant la bataille, les capitaines français et écossais se sont rassemblés probablement au château de Verneuil. De nombreuses sources historiques mentionnent le fait qu'on ne s'entend pas sur les questions tactique, stratégique et hiérarchique[44]. Malgré leur rang, ni John Stuart, connétable de France, ni Archibald Douglas, duc de Touraine, ni Jean II d'Alençon, duc d'Alençon, ne sont commandants en chef de l'armée franco-écossaise. Contrairement aux Anglais, l'armée du dauphin est moins soudée, moins disciplinée et a le problème de la barrière de la langue entre Français et Écossais[44]. Cousinot et Jean Chartier relatent le fait que certains capitaines proposent de ne pas attaquer directement les Anglais, de ne pas leur laisser choisir leur terrain et pouvoir faire un nouvel Azincourt, Crécy ou Poitiers[4],[24],[44]. Ils proposent au contraire de faire une guerre de poursuite pour affaiblir l'armée anglaise. Comme Bedford a dégarni les villes normandes, il serait plus judicieux, pour les capitaines comme le vicomte de Narbonne ou le comte d'Aumale, de laisser une garnison à Verneuil et de s'emparer d'autres forteresses pour forcer Bedford à séparer ses troupes. Cette stratégie est aussi propice aux embuscades qui avaient permis de gagner la bataille de Baugé[24],[44]. Les capitaines écossais, comme le relate la chronique de la Pucelle, veulent, comme les jeunes Français, battre le plus rapidement les Anglais et veulent en découdre le plus vite possible[44],[45]. La discussion s'envenime quand des jeunes hommes accusent les capitaines d'être des « vétérans de couardise ». On décide alors d'envoyer Guillaume de Peliège, un chevalier du Berry[46], pour espionner les mouvements des Anglais. Sur le chemin, celui-ci rencontre un religieux ayant donné la messe à Bedford et qui lui dit que les Anglais sont au nombre de 14 000, tous d'élite[45],[47],[48],[49]. Bedford avance avec prudence pour éviter que ne se reproduise la bataille de la Brossinière, qui avait tellement coûté aux Anglais[49],[50]. D'après les mémoires de Wavrin, le comte de Suffolk devance Bedford avec 1 600 hommes, force qui sera renforcée par le comte de Salisbury, Thomas Montaigu[49],[51]. Le gros de l'armée les suit, arborant quatre bannières, celle de France au trois fleurs de lys portée par Jean de Villiers de L'Isle-Adam, celle de saint Georges à la croix de saint Georges, symbole de l'Angleterre, celle de saint Édouard, la bannière de Bedford, et la double bannière de France et d'Angleterre[49]. L'armée anglaise quitte Damville le 17 au matin et atteint Breteuil. Les Anglais laissent leur artillerie dans le hameau de Piseux[49].
Déroulement
modifierLe Régent, en vue de la ville, envoi un héraut aux Français afin de fixer les conditions du combat et d'identifier les morts à l'issue de l'affrontement. C'est Salisbury qui s'y consacre. Du côté français, c'est Stuart[49]. Celui-ci défie son vis-à-vis en combat singulier, mais Bedford refuse. Selon Jean de Roye (quand il parle des événements politiques de l'enfance de Louis XI) ce dernier aurait proposé que Salisbury et Stuart, au lieu de se battre, cherchent à obtenir la paix[52],[53],[49]. Selon Chartier, Salisbury aurait invité Douglas à boire ensemble, ce que ce dernier refusa en répondant avec arrogance comme retranscrit par Basin « que ce jour-là, ils ne feraient pas d'Anglais prisonniers et qu'ils ne voulaient pas, eux vivants, être prisonniers des Anglais »[47],[54],[49].
Pendant une longue pause, des jeunes gens sont adoubés tel le fils d'Archibald Douglas, James Douglas. Salisbury, lui, prie Dieu et, selon des témoins, aurait juré de retourner à Jérusalem en pèlerinage[55],[4],[56]. Conformément aux accords pris entre les deux camps, la bataille se joue dans la plaine de Saint-Denis, à 2,5 km des murs de la ville de Verneuil[2],[56]. Bedford fait sortir son armée des bois et avance jusqu'aux Franco-Écossais qui étaient étalés et avaient sur leur aile droite la justice, autrement dit le gibet de la ville, et sur l'aile gauche une petite forêt[56]. D'après Martial d'Auvergne, les lignes anglaises auraient été au niveau du gibet, ce qui est fantaisiste[57],[56]. Une garnison de 3 000 hommes sous le commandement d'André de Rambures reste dans la ville de Verneuil avec l'ensemble des bagages[2],[4],[56]. La plaine de Saint-Denis est une étendue plate ne donnant dans aucun des cas un avantage à l'une des parties[56]. Seul, le bois des Entes, situé derrière les troupes anglaises, pourrait leur servir en cas retraite, empêchant une poursuite par la cavalerie française[56]. La disposition exacte des armées n'est pas connue. Les très nombreuses chroniques se contredisent et les fouilles archéologiques peu nombreuses n'ont pas permis avec précision de savoir quelles furent les dispositions des deux armées[56]. Selon Raoulet, à l'aile gauche franco-écossaise, il y a 400 lances de cavalerie française conduites par Poton de Xaintraille, le baron de Coulonges et le Roussin[56]. À l'aile droite se trouvent les Lombards de Valpergue et de Le Borgne Caqueran[48],[56]. Au centre, les hommes d'armes à pied avec les Espagnols du vicomte de Narbonne, la compagnie du comte d'Aumale et celle du duc d'Alençon. Derrière eux se trouvent les Écossais de Douglas[48],[56]. Alain Chartier dans sa chronique met les Lombards à gauche avec comme capitaine Rus et les cavaliers français à droite avec en plus le sire Thionville et le sire d'Estillac[58],[56]. Jean Chartier et Cousinot mentionnent aussi les ailes de cavalerie, mais elles ne sont pas de même taille. Ainsi les Français sont forts de 300 lances et les Lombards de 400 à 500 lances[47],[45],[56]. Thomas Basin donne peu de détails tandis que Jean Le Fèvre de Saint-Remy indique que le gros des troupes est à pied et que les dispositifs franco-écossais et anglais se font face[2],[54],[59],[56]. Du côté anglais, Bedford ordonne de faire attacher tous les chevaux ensemble sur quatre rang, à l'arrière, pour constituer une palissade vivante derrière son armée[28]. Ils seront aussi gardés par des archers et des non-combattants, information relatée par le Bourgeois de Paris et Enguerrand de Monstrelet[56],[60],[61]. Les Anglais sont tous à pied, avec, au centre, les hommes d'armes et, devant eux ainsi que sur leurs ailes, une ligne d'archers. À l'arrière 2 000 archers gardent les chevaux[51],[56],[60],[62]. Pour tous les chroniqueurs, la cavalerie sur les flancs doit jouer le même rôle que lors de la victoire de Gravelle : elle doit contourner les flancs des Anglais et réduire au silence ses archers[45],[47],[48],[51],[56],[60]. Le duc de Bedford alla au devant de ses troupes pour leur rappeler leurs victoires et leur dire qu'il fallait gagner sur les arrogants soutiens du Dauphin. Côté français, le duc d'Alençon fit de même[56]. La harangue de ce dernier ne fédère pas tout le monde. Le baron de Coulonces se retire avec sa troupe non loin des murs de la ville et ne participe pas aux combats[56].
Déclenchement
modifierLa bataille débute réellement à trois heures de l'après-midi, une heure avant selon Wavrin et un tout petit peu après d'après une lettre de Bedford datée du 19 août[51],[56]. Le combat dure entre trois quarts d'heure (selon Wavrin) et trois heures (selon Morosini). C'est sans doute la bataille la plus sanglante de la guerre de Cent Ans avec 7 000 à 12 000 morts et blessés[37],[38],[39],[51],[56]. Après de longues heures d’attente et d’observation, les archers anglais décident de provoquer les Français. Cependant, ces derniers chargent avant que les premiers aient pu se fixer sur leurs nouvelles positions, faisant voler en éclats l’aile droite anglaise. Jean Wavrin dans ses mémoires indique que la bataille se joue sur tous les fronts et en simultané[51],[56]. Les tirs de flèches proviennent des ailes des deux armées et chaque minute, ce ne sont pas moins de 25 000 flèches qui s'abattent sur elles. Les tirs sont meurtriers car rares sont ceux qui disposent d'un bouclier ou d'un harnois, mis à part les nobles ayant les moyens de s'en procurer[56]. Au centre du dispositif d'après Wavrin, des archers anglais, comme à Azincourt, plantent leur pieux dans le sol et se préparent à tirer sur le centre franco-écossais[51],[56]. Sur les ailes entrent alors en action les cavaliers français. Les Dauphinois attaquent les 2 000 archers anglais, soutenus, selon Cousinot, par 200 lances à cheval[45],[51],[56]. La cavalerie enfonce les lignes puis quitte le champ de bataille. Selon certains, les cavaliers français pensent avoir gagné et donc s'en vont[56]. Wavrin, au contraire, soutient que les gardes anglais ont repoussé l'attaque, poussant les Français à fuir[51],[56]. Raoulet nous apprend que Poton de Xaintrailles prend la fuite « après qu'il eut bien combattu », tandis que Roncin est fait prisonnier[48],[63]. Cousinot ne parle que d'une fuite des Lombards, mais ajoute que les Français continuent à se battre dans un combat qui est déjà perdu[45],[63].
Charge sur les ailes
modifierDe l'autre côté du champ de bataille, ce sont les Lombards qui chargent[63]. L’une des spécificités qui réduit l’avantage traditionnel des archers anglais, sont les armures milanaises pratiquement invulnérables, portées par la cavalerie lombarde[63]. Celles-ci permettent à 2 000 cavaliers de fondre sur plus de 8 000 archers et de les enfoncer pratiquement sans perte[63]. Après leur charge initiale et avoir enfoncé les lignes de gardes, au lieu de se retirer pour se regrouper et recharger sur les Anglais, ceux-ci continuent leur course jusqu'aux bagages anglais qu'ils pillent, tuant au passage des valets et des pages[63]. Par la suite ils prennent la fuite « jusqu'aux rives de la Loire »[45],[48],[63]. À la suite de l'attaque des Lombards, certains civils anglais, ainsi que des hommes d'armes prennent la fuite[63], laquelle est attestée par une série de lettres de rémission écrites par le Régent pour le roi Henri VI[63]. Montrelet dit que ce ne sont pas uniquement les Lombards qui ont fui et pillé, mais que tous les cavaliers, français comme lombards, y ont participé, attaquant des non-combattants et fuyant le champ de bataille honteusement[61],[63].
Attaque au centre
modifierAu centre du dispositif, les deux masses compactes de combattants vont s'affronter[64]. Les Français crient « Montjoie ! Saint Denis ! ». À quoi les Anglo-Bourguignons répondent « Saint-George à Bedford » et « Notre Dame, Bourgogne »[61],[64]. Les récits divergent sur l'offensive française sur le centre anglo-bourguignon. D'après Martial de Paris (ou d'Auvergne), Jean Raoulet et le héraut Bérry (Gilles Le Bouvier), le vicomte de Narbonne se serait élancé sans ordres vers les lignes anglaises, forçant les autres capitaines à le suivre[48],[65],[66],[67],[68]. Cousinot, lui, fustige les Écossais qui selon lui marchaient trop lentement et ont donc désorganisé les lignes franco-écossaises[45],[69]. La distance à parcourir sous une journée chaude d'août en plein soleil est une véritable épreuve pour les Franco-Écossais, ils n'arrivent pas au meilleur de leur forme face aux Anglo-Bourguignons[69]. Les hommes du vicomte de Narbonne arrivent en premier. Ses Espagnols sont massacrés par les Anglais. Le vicomte, deux de ses chevaliers Bertrand de Rochefort et Louis de Blanchefort, ainsi qu'une bonne partie de la compagnie sont massacrés[4],[45],[48],[58],[69]. Au plus fort du combat contre les hommes du vicomte de Narbonne, les Anglo-Bourguignons s'avancent sur les ceux du comte d'Aumale[47],[69]. Un combat très dur s'ensuit entre les deux parties, les commandants des deux forces doivent donner de leur personne : le comte d'Aumale d'un côté et le duc de Bedford (armé d'une hache d'après le récit de Wavrin), et Salisbury de l'autre, lequel va particulièrement s'illustrer comme le relate le récit toujours de Wavrin[51],[69]. La violence du combat et des mises à mort émeuvent le pourtant aguerri Wavrin[51],[70]. La victoire choisit son camp. Les archers anglais qui doivent défendre les bagages se retrouvent sans adversaire et décident, seuls ou en reçoivent l'ordre par un capitaine, de renforcer leurs lignes et se jettent dans la mêlée « en élevant un grand cri »[51],[70]. L'arrivée des archers qui sont des troupes fraîches redonne courage aux hommes d'armes qui repoussent les troupes du comte d'Aumale, qui perd la vie à ce moment-là de la bataille. Ceux-ci s'attaquent ensuite aux hommes du jeune duc d'Alençon[71]. Une chronique de Joseph-Jacques Odolant Desnos raconte l'événement du combat entre les troupes anglo-bourguignonnes et les hommes du duc d'Alençon[71],[72]. Celui-ci est blessé et, pour empêcher que les Anglais ne le tuent, le bâtard d'Alençon, demi-frère du duc, fils illégitime de Jean Ier d'Alençon, ainsi que Saint-Pierre dit le bâtard de Blosset, couvrent le corps du duc et crient « Alençon, Alençon », à l'intention des Anglais[73][1],[72]. Les dernières compagnies françaises prennent la fuite en direction des murs de Verneuil[48],[72],[74]. Les Anglo-Bourguignons fondent sur les Écossais restés sur le champ de bataille. Selon Raoulet ceux-ci comptent encore 1 000 hommes d'armes et entre 3 000 et 4 000 archers[48],[71]. Les chroniqueurs anglais disent que Bedford aurait attaqué les Écossais à revers tandis que Salisbury les aurait attaqués de front. Cependant, aucun chroniqueur, ni écossais, ni français, ni bourguignon n'en fait mention[74]. Les Écossais en infériorité numérique offrent une résistance acharnée d'autant qu'ils savent qu'ils ne pourront être faits prisonniers. Mais, plus le temps passe et plus ils sont affaiblis et leur défense lâche. Le combat tourne au carnage et certains rejoignent les Français qui souhaitent rentrer dans Verneuil. Cependant, la garnison, de peur que les Anglo-Bourguignons n'y entrent, laisse les portes de la ville fermées[74]. Certains se noient dans les fossés et d'autres sont poursuivis dans une chasse à l'homme impitoyable[74]. Le connétable de France, l'Écossais John Stuart, comte de Buchan, son frère cadet Robert, son beau-père Archibald Douglas, 4e comte de Douglas et le fils de ce dernier, James Douglas, sont tués. Découvert sur le champ de bataille, le corps du vicomte Guillaume de Narbonne (conseiller du roi et capitaine des Armagnacs) est écartelé sur ordre des Anglais avant d'être pendu au gibet en raison de sa participation à l'assassinat du duc de Bourgogne Jean sans Peur[75],[61] à Montereau. Dans les vigiles de Charles VII, Martial d'Auvergne rapporte qu'une fois la bataille terminée, les Lombards reviennent, sûrs que leur action à conduit à la victoire. À la vue des archers anglais, une escarmouche conduit à leur fuite définitive où cours de laquelle ils perdent une bannière près d'un cours d'eau, peut-être le Val du Boulay[57],[76]. Si la victoire est anglaise, le résultat est une véritable hécatombe pour les deux camps. Thomas Bassin qui est alors âgé de douze ans et réside à Caudebec-en-Caux, parle de ce qu'il a ressenti à la vue du champ de bataille (qu'il a semble-t-il vu ?)[76]. Même le bourgeois de Paris, alors un pro-anglais et pro-bourguignons, qui dans son journal fustige le dauphin et les Armagnacs, s'en émeut[54],[60],[76].
Conclusion à moyen terme
modifierMorts et prisonniers
modifierLe nombre de morts varie en fonction des chroniqueurs. Ainsi le bourgeois de Paris qui ne compte que les nobles, estime qu'il y a eu 2 375 morts côté franco-écossais et 3 000 côté anglo-bourguignon[60],[77]. Wavrin n'en estime que seulement 1 600 côté Anglo-Bourguignons dont deux capitaines, nommé Dodelay et Charleton[51],[77]. Pour Jean Chartier c'est 3 000 à 4 000 morts tous camps confondus, tandis que pour Montrelet, le nombre s'élève à 3 000 à 4 000 morts pour les Franco-Écossais et 1 600 pour les Anglo-Normands"[47],[61],[77]. Jean Le Fèvre de Saint-Rémy compte, lui, 5 000 morts dont la moitié sont Écossais[78],[79],[77]. Dans une lettre écrite le par Bedford à Thomas Ramston, alors en plein siège de la ville de Guise, Bedford fait part de 7 262 morts côté franco-écossais,[77],[80],[81],[82].
Une liste est établie concernant les morts et les prisonniers franco-écossais. Ainsi, le duc d'Alençon, le bâtard d'Alençon, Sir Lois Tramorgen, le comte Daumerle, le comte de Vandoure, le vicomte de Vandoure, le seigneur de Forest, le seigneur de Gravil, le seigneur de Galles, le seigneur de Fountanes, le seigneur Dambois, le vicomte de Touars, le seigneur de Bellay, le seigneur Daverton, sir Pierre Herysson, sir John Tournebeuse, sir de Toureyne, Yvon de Pays, sir Philippe de Champaigne, sir Pierre Botrellbreton, sir Pierre Chepperon, sir Robert Dreux, sir John de Montgoubert, sir de Malicorne (Antoine de Chourses, seigneur de Malicorne), sir de Bourgnonvell, sir de Tournebeuse, sir de Beaumesnil, sir Loys de Harcourt, le seigneur Dasse le Reboulle, le Ronsyn, Oudin Chynard, sir de Bonnestable, sir Michell Feries, sir John Pigache, sir John Quatrebarbe sont prisonniers.
Le duc de Touraine et son fils le comte Douglas, John Stuart connétable de France, le comte de Wyghton, sir Alexander Meldryn, sir Henry Balglave, sir John Sterlyng, sir William Homeldon, sir Robert Kaneday, Jean VIII d'Harcourt comte d'Aumale, Louis II de Chalon-Auxerre comte de Tonnerre, Jacques comte de Ventadour, les sires de Roche-Baron (seigneur du Forez), Jean Rouault seigneur de Gamaches, et bien d'autres sont morts. Montrelet en cite de nombreux, mais il est difficile de savoir si l'ensemble de ces hommes sont bien morts lors de la bataille et beaucoup de nobles sont aussi difficiles à identifier du fait des rudes combats[61],[83],[84].
L'Écosse paye un prix très lourd à cette bataille, tout comme le Dauphiné qui perd 300 hommes d'armes et écuyers. En mémoire de ses hommes, les trois États du Dauphiné font donner des messes et des peintures sont faites au couvent des jacobins à Grenoble, à l'abbaye de Saint-Antoine et à l'église de la ville de Laval-en-Belledonne où se trouve la dernière des trois, exécutée vers 1450 et qui représente des anges couronnant la sainte vierge[85]. Malgré la décision qui avait été prise avant la bataille de ne pas faire de quartier, un peu plus de 200 hommes d'armes ont été faits prisonniers par les Anglais, généralement de hauts seigneurs capables de payer des rançons assez fortes et n'ayant pas commis de crime aux yeux des Anglo-Bourguignons[86].
Les raisons de la défaite
modifierLes raisons du désastre franco-écossais sont multiples. Tous les commentateurs en donnent des versions différentes, bien qu'au Moyen Âge les raisons sont généralement plutôt le fait de la volonté divine, comme ce sera le cas pour Jeanne d'Arc[22],[87],[86]. Jean V de Bueil qui a participé à la bataille, au côté du vicomte de Narbonne, essaye de comprendre les raisons qui ont mené au désastre en utilisant sa mémoire mais aussi les textes d'autres témoins et chroniqueurs[86],[88]. Ainsi dans son "Jouvencel", il remet en cause la disposition de l'armée franco-écossaise. Il indique notamment que mettre les cavaliers devant l'infanterie fut la principale cause de la défaite[89],[90]. Cousinot, en revanche, rejette la faute sur les Lombards, coupables d'avoir abandonné le champ de bataille pour piller les bagages anglais et de s'être enfuis par la suite[45],[89].
Reprise de Verneuil
modifierAu soir de la défaite, le duc de Bedford se présente devant les murailles de la ville qui est défendue par André de Rambures[89](d'après Raoulet la reddition a lieu le lendemain)[48]. Incapable de résister face aux Anglais, le seigneur de Rambures se rend. Bedford lui accorde de pouvoir se retirer avec ses hommes, ses chevaux et ses armes pour le Berry[89]. Cette décision n'est pas bien accueillie par les archers anglais qui ont vu leurs bagages pillés par les Lombards[89]. D'après Prosper de Barante, dans l'histoire des ducs de Bourgogne de la maison de Valois, il faut que le comte de Salisbury tue 2 ou 3 hommes pour calmer les archers[1],[91]. Rambures abandonne Verneuil le 18 au matin avec 300 à 400 Écossais. Ces derniers reçoivent un sauf-conduit pour retourner en Écosse[48],[89]. Pour Jean Chartier, les Anglais ne tiennent pas parole, en tout cas les archers. Selon lui, plusieurs Dauphinois sont détroussés[47],[89]. Xaintraille parvient à s'échapper uniquement parce qu'il est à cheval[52]. Les rescapés reprennent le même chemin qu'à l'aller, ceci étant confirmé par des anecdotes et témoignages. Ils passent notamment par Châteaudun[89]. Ainsi, dans un acte notarié, il est inscrit que Michel Ruelle, barbier de la ville, a reçu 6 écus d'or pour avoir guéri Pierre Boisseau, blessé à la tête lors de la bataille[89]. Un autre témoignage raconte que Louis de Villeneuve, gouverneur de Châteaudun, fit arrêter un valet qui montait un cheval volé lors de la bataille de Verneuil[89].
Soir de la bataille et arrivée de la nouvelle
modifierAu soir de la confrontation, le régent Bedford rejoint Evreux avec son prisonnier, le jeune duc d'Alençon[12],[92],[89]. Ils partent ensuite à Rouen ou après avoir rendu grâce à Dieu en la cathédrale Notre-Dame de Rouen, Bedford rejoint sa femme, Anne de Bourgogne, dans leur hôtel[6],[12],[51],[89]. Bedford convie Alençon à demeurer avec lui et voir sa cousine Anne de Bourgogne[89],[92]. Malgré la victoire, certaines rumeurs circulent comme quoi les Anglais auraient perdu et que la chasse au déserteur serait ouverte. C'est le cas par exemple à Beaumont-le-Roger[93],[89]. La nouvelle de la victoire anglaise arrive à Paris le . L'ensemble du parlement de Paris, acquis à la cause anglaise, se rend en procession du palais de la Cité à Notre-Dame, pour rendre grâce à Dieu[94],[89]. À Rouen, Bedford se charge de capturer les déserteurs normands de son armée. Les sires de Maucourt et Charles de Longueval sont arrêtés puis décapités, leurs biens sont confisqués[6][89]. Il fait son entrée dans Paris le et, est acclamé tel un empereur romain dans son habit rouge[95],[96]. Après un repos à l'hôtel des Tournelles, lui et son lieutenant partent pour Notre-Dame[94],[96]. D'après le bourgeois de Paris, il se serait arrêté devant le Châtelet pour voir une représentation théâtrale de l'ancien testament[60],[96]. Pour les Anglais, Verneuil est un nouvel Azincourt[29],[97].
Suite de la guerre
modifierCôté anglo-bourguignon
modifierLes Anglais et les Bourguignons ont toutes les raisons de se réjouir. La Normandie est sous domination anglaise à l'exception du mont Saint-Michel qui est cependant isolé du territoire armagnac[4],[7],[8],[98]. Ce haut lieu ne sera pas pris par les Anglais bien qu'il faillit tomber en 1434 alors qu'il était défendu par Louis d'Estouteville, nommé par Charles VII en 1425, comme capitaine du mont[99],[100],[101]. L'assaillant, Thomas de Scales, a préféré se replier pour ne pas subir la marée[99]. Les projets anglais sont désormais possibles. En plus de la prise du Mont-Saint-Michel, le duc de Bedford a la volonté de conquérir l'Anjou et le Maine, comtés encore dans le giron du dauphin Charles que Bedford veut s'attribuer en échange du comté de bar pour les Bourguignons[96]. Ceux-ci, sous les ordres de Philippe le Bon, apportent un soutien sans faille aux Anglais et étendent leur emprise vers Paris avec notamment la conquête de la Champagne[4],[8],[102],[96]. Malgré la prise presque totale de la Normandie, la région n'est pas pacifiée pour autant et n'accepte pas forcément les Anglais[96]. Si, dans certains endroits, des villageois et des paysans attaquent des convois et des soldats anglais, ce n'est pas forcément un acte de résistance. Ils réagissent aussi aux craintes personnelles de se faire piller[103]. Néanmoins, il y a aussi de réels actes de résistance. Ainsi, à Rouen, un complot est mené pour prendre d'assaut la garnison anglaise de la ville, mais l'attaque est avortée[104],[96]. Bedford, pour réduire au silence la petite guerre des Normands, supprime la chambre des comptes de Normandie installée à Caen et la rallie à celle de Paris[105],[106]. Après la bataille, les effectifs anglais en garnison diminue alors que, dans plusieurs villes comme Dreux ou Avranches, les garnisons dépassaient les 200 hommes. Du fait de la paix en Normandie, seules les villes de Genêts et Cherbourg-en-Cotentin ont une garnison de 150 hommes[105],[107],[106].
Au même moment des opérations à Verneuil, les Bourguignons du comte Jean II de Luxembourg-Ligny prennent possession de la ville de Guise et du château d'Hérisson[84],[108]. Dès le 24 août, Bedford organise le siège du Mont-Saint-Michel qu'il confie à Nicolas Burdett. En face, le comte d'Aumale étant mort à la bataille de Verneuil, c'est le baron de Coulonces qui le remplace au titre de capitaine du Mont[4],[99],[98]. Mi-septembre Salisbury organise une expédition dans le Maine, contre les places fortes de Senonches et Nogent-le-Rotrou[4],[109],[108]. En , William Oldhall est chargé de réunir une armée pour prendre Le Mans mais c'est un échec[4],[110]. Après la trêve d'hiver, les opérations reprennent et le Salisbury prend Beaumont-sur-Sarthe puis, envoie Fastolf assiéger Le Mans où il espère ne pas faire couler le sang. Dans une lettre il exhorte la population à se rendre sans combattre et prédit les pires châtiments en cas de refus. Finalement après 20 jours de siège, la ville se rend[4],[47],[111],[110]. Les habitants doivent néanmoins verser 1 500 écus pour payer les dépenses du siège[110]. Puis, les Anglais marchent sur Sainte-Suzanne défendue par Ambroise de Loré[4],[47],[112]. La ville tombe le 10 août[4],[47],[112]. Les soldats anglais, une fois vétérans, reçoivent des terres en France, ce qui est mal perçu par les Français qui n'y voient que des envahisseurs[111],[112],[113].
Côté écossais
modifierLa défaite de Verneuil sert les intérêts du roi Jacques Ier car elle lui permet d'affaiblir les grands seigneurs, plus riches et plus puissants que lui, mais aussi de pouvoir faire main basse sur leurs fiefs[17],[112]. Il prend possession du comté de Buchan et de Ross grâce à la mort de Jean Stuart de Buchan et de Ross[17],[112]. Il fait arrêter Murdoch Stuart et deux de ses fils, Alexander et Walter. Ils sont décapités le 24 avec Duncan de Lennox âgé de 80 ans, dont le seul crime était d'être le beau père de Murdoch[17],[112]. Avec ces assassinats le roi prend le comté de Fife, de Menteith, et s'arroge les revenus du comté de Lennox[17],[114]. Pour garantir le payement de sa rançon, le roi éloigne des grands seigneurs comme le jeune John 7e comte de Sutherland ou Malise Graham en Angleterre[115],[114],[116].
Côté français
modifierLa défaite de Verneuil a des conséquences mitigées. Thomas Basin, qui est un chroniqueur pro-anglais écrit que « s'il est vrai que la mort de tant de Français est horrible, la défaite est une bonne chose pour la France »[54],[114]. En effet beaucoup de chroniqueurs pro-anglais propagent la rumeur selon laquelle, une fois la bataille gagnée, les Écossais se seraient emparés du royaume et auraient pu être encore plus brutaux que les Anglais. C'est le cas du bourgeois de Paris ou de l'auteur anonyme de De Calamitate Galliae cité par Jacques de Meyer[60],[117],[114]. De son côté le roi Charles VII se soucie peu du nombre de morts. Après la défaite de Cravant en 1423, il avait écrit aux nobles de Lyon que la défaite était sans importance, puisque l'armée française n'était composée que d'étrangers[4],[7],[8],[118],[114]. Après Verneuil, il ne montre guère plus d'émotion, car là-bas disparaît l'importante noblesse du Dauphiné. Pour cette dernière, il faudra un véritable sursaut qui mènera à la victoire d'Anthon en 1430[119],[114]. Charles et ses conseillés s'inquiètent plutôt de leur impuissance à contrer les Anglais[7],[8],[93],[118],[114]. D'après certains contemporains, il serait prêt à partir en exil en Espagne ou en Écosse[8],[114],[120]. Rattrapé par les affaires intérieures, le dauphin décide de ramener le duché de Touraine dans le giron français et de déposséder la famille Douglas[8],[13],[121],[122]. Une rumeur veut d'ailleurs qu'Archibald Douglas (5e comte de Douglas), fils d'Archibald Douglas mort à Verneuil, soit lui aussi décédé en Écosse[8],[13],[121]. Archibald et sa mère Margaret Stuart l'apprennent et font des réclamations au roi, mais il est trop tard. Ils devront se consoler avec le titre titulaire du duché en tant que duc et pair[8],[13],[118],[121]. Son fils, William Douglas (6e comte de Douglas) lui succède et meurt sans descendance, donnant définitivement le duché à Jean de Dunois[8],[13],[118],[121]. Par une lettre signée le 21 octobre 1424 à Angers, le dauphin offre le duché, à l'exception des châteaux et ville rattachés à Chinon, à sa belle-mère Yolande d'Aragon, pour son fils Louis III d'Anjou[8],[118],[121]. En Touraine, dès la confirmation de la défaite le et de la mort du duc et de son fils lors de la bataille, le conseil de la ville organise le blocage de la garnison écossaise et empêche les survivants de la bataille de pouvoir entrer dans Tours[8],[123]. L'opération est financée à grands frais. Le but est de se venger des pillages des Écossais sur la population civile, mais aussi de s'en débarrasser[8],[124],[123],[122]. La garnison à court de vivres en demande au conseil qui leur achète du poisson et de l'avoine[8],[124],[125]. Le 24 août 1424, les corps de John Stuart, Archibald Douglas et James Douglas sont inhumés dans la cathédrale Saint-Gatien de Tours[8],[124],[125],[17]. La défaite de Verneuil est si grande, que plus jamais avant la fin de la guerre de Cent Ans, l'Écosse n'enverra d'armée aussi puissante en France. Dès 1425, le dauphin relance des pourparlers avec l'Écosse, Milan et la Castille[7],[8],[13],[118],[114],[122].
Si les années 1424-1425 sont des années noires pour le royaume de France et vont renforcer le découragement du dauphin, la fin de la décennie et l'avènement de nouveaux chefs de guerre, de l'entrée du duché de Bretagne dans le conflit, mais aussi l'arrivée de Jeanne d'Arc, montre que le royaume de France n'est pas prêt à se soumettre à Henri VI[7],[8],[118],[114],[126]. Arthur III de Bretagne, nommé connétable de France en 1425, va donner un nouveau souffle à l'armée française, il y a aussi le progrès technique et la création de la première artillerie de campagne de l'histoire par les frères Gaspard et Jean Bureau, il y a enfin la réorganisation totale de l'armée française avec la création des Franc-archers et des Compagnies d'ordonnances[7],[8],[118],[114],[127]. Jeanne d'Arc a apporté un élan patriotique en donnant aux Français l'idée que Dieu était de leur côté, mais malgré le fait que son aventure soit extraordinaire elle n'est pas l'unique cause de ce renversement de situation à la fin des années 1420 et qui se terminera par la victoire finale à la bataille de Castillon en 1453[4],[7],[8],[22],[114]. L'occupation anglaise en Normandie, sauf les îles Anglo-Normandes qui sont aujourd'hui rattachées à la couronne britannique sans faire partie du Royaume-Uni, se termine à la bataille de Formigny en 1450[4],[7],[8],[104],[114].
Commémorations
modifierNombreux furent les auteurs du Moyen Âge contemporains de la bataille à en parler dans des chroniques, en l'inscrivant dans des registres de ville ou dans des journaux personnels. Ainsi on peut citer Jean et Alain Chartier, Jean Le Fèvre de Saint Rémy, Enguerrand de Monstrelet, le Bourgeois de Paris, Antonio Morosini, Cousinot et bien d'autres. Cependant, bien que le nombre de sources d'époque soit important et que nombre de contemporains en aient parlé, la bataille est connue bien moins que celle d'Azincourt. Pour remédier à cela, depuis les commémorations de son 500e anniversaire, la ville de Verneuil tente de mieux la faire connaître.[128]. Une stèle est apposée devant le château de Charnelles, à Piseux à l'endroit ou se trouvait l'armée anglo-bourguignone[2],[128]. En 1999, une nouvelle plaque est apposée en la présence d'une délégation écossaise, dans un parc, non loin de la tour Grise, plus grand vestige des remparts de Verneuil[129]. Un musée est ouvert dans la tour, au début des années 2000 et présente des objets retrouvés sur le champ de bataille[130]. Parmi les principaux contributeurs de la préservation de la mémoire des combattants de Verneuil, se trouve l'association Auld Alliance qui, en 2020, inaugura à Tours une plaque pour commémorer l'inhumation des principaux capitaines écossais[131]. Pour faire connaître au grand public l'histoire de la bataille, la ville de Verneuil a invité le youtubeur Benjamin Brillaud, dit Nota Bene, à faire une vidéo sur ce tragique événement[132],[133],[134],[135]. À l'occasion du 600e anniversaire de la bataille, les et , lors de la fête des gueux (une fête médiévale vieille d'une quinzaine d'années à Verneuil), elle sera commémorée et reconstituée, non pas sur le site même, mais à Bâlines[136],[137]. Malgré le fait que certains objets ayant participé à la bataille aient été trouvés, aucune fouille n'a été entreprise. Il s'agit de découvertes fortuites[128].
Notes et références
modifier- Philippe Gaillard (ill. Florent Vincent), Verneuil 17 août 1424, les Écossais au secours de la France, Plougastel, Historic'one edition, , 2e éd., 103 p. (ISBN 978-2912994646), p. 9.
- B. Guingnier, Histoire de la vallée d'Avre et d'ailleurs, Mesnil-sur-l'Estrée, Les quatre saisons, , 349 p., p. 94-98.
- Gaillard 2017, p. 10.
- Jean Favier, La Guerre de Cent Ans, Pluriel, (ISBN 978-2-8185-0553-3).
- Bove 2020, p. 495-496.
- Lucien-René Delsalle, Rouen et les Rouennais au temps de Jeanne d'Arc: 1400-1470, Éditions des Falaises, (ISBN 978-2-84811-273-2).
- Brice Rabot, Charles VII, Ellipses, coll. « Collection "Biographies et mythes historiques" », (ISBN 978-2-340-08132-1).
- Philippe Contamine, Charles VII : une vie, une politique, Perrin, coll. « Biographies », (ISBN 978-2-262-03975-2).
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- Dans Journal d'un bourgeois de Paris, l'auteur fustige d'ailleurs les Armagnacs.
- Plus tard, Il avoue avoir fait preuve de négligence. Ses terres lui sont confisquées et il est pardonné par Bedford en mars 1424.
- cet événement est notamment relaté dans la chronique écossaise de la bataille.
- Georges Minois, La Guerre de Cent Ans : Naissance de deux nations, Perrin, coll. « Tempus », , 804 p. (ISBN 978-2-262-06454-9), p. 420
- Frances Gies, Le Chevalier dans l'histoire, Pocket, coll. « Pocket », (ISBN 978-2-266-32812-8), p. 267.
- Gaillard 2017, p. 49 - 52.
- Gaillard 2017, p. 48.
- Gaillard 2017, p. 53.
- Gaillard 2017, p. 54.
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- Auguste Molinier, « 4073. Antonio Morosini, chroniqueur du XVe siècle », Collections numériques de la Sorbonne, vol. 4, no 1, , p. 226–228 (lire en ligne, consulté le ).
- Antonio Morosini, Chronique d'Antonio Morosini : extraits relatifs à l'histoire de France, publiés pour la Société de l'histoire de France / introduction et commentaire par Germain Lefèvre-Pontalis ; texte établi et traduit par Léon Dorez, 1898-1902 (lire en ligne sur Gallica).
- « La chronique d'Antonio Morosini », sur stejeannedarc.net (consulté le ).
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Voir aussi
modifierBibliographie
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