Hassaké
Hassaké (selon la prononciation en arabe dialectal ; en arabe : الحسكة / al-ḥasaka) ou Hassetché (selon la prononciation syriaque et kurde ; en syriaque : ܚܣܟܗ ; en kurde : Hesîçe), est une ville du nord-est de la Syrie, capitale du gouvernorat d'Hassaké, traversée par le Khabour. Avec une population de 188 160 habitants, composée principalement d'Arabes mais aussi de Kurdes, d'Araméens et d'Arméniens, il s'agit de l'une des dix plus grandes villes du pays. La rivière Khabour, un affluent de l'Euphrate, coule d'ouest en est à travers la ville. La rivière Jaghjagh se jette dans le Khabour depuis le nord à Hassaké.
Hassaké (ar) الحسكة | |
Images de Hassaké. | |
Administration | |
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Pays | Syrie |
Gouvernorat | Hassaké |
Démographie | |
Population | 188 160 hab. (2013) |
Géographie | |
Coordonnées | 36° 29′ 00″ nord, 40° 45′ 00″ est |
Fuseau horaire | UTC+02:00 (hiver) UTC+03:00 (été) |
Localisation | |
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A la suite de la guerre en Syrie qui commence en 2011, une partie de la ville est une enclave contrôlée par le gouvernement syrien, comprenant le centre-ville et divers bâtiments gouvernementaux, le reste de la ville (et la campagne environnante) étant contrôlé par Rojava. À une trentaine de kilomètres à l'ouest de la ville s'élève le massif du Djebel Abdulaziz. De nombreux migrants venus de cette région sont venus s'établir à Hassaké[1].
La ville est le siège de l'archéparchie d'Hassaké-Nisibe.
Pendant l’Opération Source de Paix, la ville a été privé d’eau par l’armée turque, plusieurs syriens ont été assoiffés par la Turquie[2].
Histoire
modifierOccupations anciennes
modifierUn ancien tell (colline) a été identifié dans le centre-ville comme l'emplacement de l'ancienne ville de Qirdahat, à la suite de fouilles menées par Dominique Charpin[3]. Selon une autre possibilité, le site serait celui de l'ancienne ville araméenne de Magarisu, mentionnée par le roi assyrien Ashur-bel-kala, qui a combattu les Araméens près de la ville[4]. L'étymologie de "Magarisu" est l'araméen (de la racine mgrys) et signifie "pâturage"[5]. La ville était la capitale de l'État araméen de Bit-Yahiri, qui a été envahi par les rois assyriens Tukulti-Ninurta II et Ashurnasirpal II[6].
Les fouilles dans le tell ont permis de découvrir des matériaux datant des époques médio-assyrienne, byzantine et islamique. Le dernier niveau d'occupation s'est terminé au XVe siècle[7]. Une période de 1 500 ans sépare les niveaux moyen-assyrien et byzantin[7].
Il existe de nombreux autres sites archéologiques dans les environs, comme Tall Sulaymānī, à 7,6 kilomètres au nord de la ville.
Mandat français (1920-1946)
modifierÀ l'époque ottomane, la ville était insignifiante[8]. La ville sous sa forme actuelle a été établie en avril 1922 pendant la période mandataire en tant que poste militaire français, qui est rapidement devenu une ville[8] .
Après le génocide arménien et le génocide assyrien dans l'Empire ottoman, de nombreux réfugiés ont fui vers la région après leur expulsion et ont commencé à la développer dans les années 1920.
Pendant la période du mandat français, les Assyriens fuyant le nettoyage ethnique en Irak lors du massacre de Simelé (1933), ont établi de nombreux villages le long de la rivière Khabur dans les années 1930[9]. Les troupes françaises étaient stationnées sur la colline de la Citadelle à cette époque.
Après l'indépendance
modifierLa nouvelle ville s'est développée à partir des années 1950 pour devenir le centre administratif de la région. Le boom économique des villes de Qamishli (à 80 km au nord de Hassaké) et de Hassaké est le résultat des travaux d'irrigation lancés dans les années 1960, qui ont transformé le nord-est de la Syrie en une zone de culture du coton.
Le 23 mars 1993, un grand incendie s'est déclaré dans la prison centrale d'Al-Hassakah (Hassaké) après que des prisonniers ont protesté contre les conditions qui y régnaient, faisant 61 morts et 90 blessés. Les détenus ont accusé le chef de la police et les forces syriennes d'avoir mis le feu. Le gouvernement a accusé cinq détenus, qui ont ensuite été exécutés le 24 mai 1993[10],[11].
Guerre en Syrie depuis 2011
modifierDès le début de la guerre civile syrienne (en 2011), cette ville et ses deux bases militaires syriennes stratégiques sont rapidement attaquées par les rebelles kurdes et ceux de l'opposition syrienne (Armée syrienne libre). En 2013, ce secteur, toujours assiégé par les Kurdes (au nord), a été attaqué au sud par l'État islamique (EI).
En 2014, l'EI est implanté au nord-est de la Syrie entre Hassaké et le fleuve Euphrate, où l'armée djhadiste contrôle notamment les villes de Jerablus, Racca et partiellement Deir ez-Zor.
Le , l'EI a attaqué Tal Chamirane et Tal Hermouz, deux villages assyriens de la province de Hassaké et ont enlevé 90 habitants. Les Assyriens sont les chrétiens nestoriens, un courant du christianisme condamné par le Concile d'Éphèse de 431 en raison de divergences sur la nature du Christ. Ils sont aussi très présents en Irak.
Le , l'EI commet un attentat alors que la population kurde fête Newroz, le nouvel an kurde. Deux voitures conduites par des djihadistes de l'EI ont réussi à passer les points de contrôle tenus par le Forces de défense nationale. Le , l'agence de presse Hawar News Agency annonce un bilan de 42 morts et publie le nom de 37 d'entre eux[12].
Le , les forces kurdes et celles du régime syrien chassent l'État islamique de la ville.
Le , les Kurdes des YPG chassent les Forces de défense nationale et l'armée syrienne de la majeure partie de Hassaké.
Lors de la guerre civile, la communauté chrétienne d'Hassaké est divisée : l'évêque syriaque orthodoxe Mouris Amsi et l'archevêque syro-catholique de la ville Jacques Behnan Hindo, soutiennent le régime syrien ; d'autres chrétiens s'allient aux Kurdes des YPG, notamment au sein de la milice du Conseil militaire syriaque (MFS). Près des deux tiers des chrétiens de la région de la Djéziré émigrent vers Damas ou à l'étranger[13].
En janvier 2022, des forces de l'État islamique attaquent et prennent en partie le contrôle d'une prison renfermant 3 500 jihadistes située dans le quartier de Ghwayran[14].
Climat
modifierHassaké a un climat méditerranéen influencé par le climat semi-aride avec des étés très chauds et secs et des hivers frais et humides avec des nuits glaciales occasionnelles.
Démographie
modifierPopulation : 1942 : 7 835 — 1981 : 73 426 (+837,2%) 1994 : 119 79 (+63,2%) 2004 : 188 160 (+57,1%)
En 1939, les autorités françaises sous mandat ont rapporté[15] les chiffres de population suivants pour différents groupes ethniques/religieux dans le centre-ville d'Hassaké : Arabes : 7133 ; Kurdes : 360 ; Araméens : 5700 ; Arméniens : 500
En 1992, Al-Hasakah a été décrite comme « une ville arabe avec une population kurde croissante ».[16]. Les chrétiens - principalement des Araméens, plus un plus petit nombre d'Arméniens - vivent également dans la ville[17],[18].
En 2004, la population de la ville était de 188 160 habitants.
-
Cathédrale assyrienne, 2009.
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Couvent syriaque orthodoxe Notre-Dame, 2006.
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Cathédrale orthodoxe Saint-Georges, 2006.
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Église syriaque orthodoxe, 2009.
Notes et références
modifier- Géraldine Chatelard, « Jebel Abdel Aziz Protected Area (Northeastern Syria), Socioeconomic Assessment », HAL, 28 janvier 2009 [lire en ligne (page consultée le 11 novembre 2021)]
- « Crime de guerre. La Turquie assoiffe un million de Syriens - L'Humanité », sur https://www.humanite.fr, (consulté le )
- Hartmut Kühne, Dūr-Katlimmu 2008 and Beyond, (ISBN 9783447062091, lire en ligne), p. 41
- Trevor Bryce, The Routledge Handbook of the Peoples and Places of Ancient Western Asia: The Near East from the Early Bronze Age to the fall of the Persian Empire, (ISBN 9781134159079, lire en ligne), p. 439
- American University of Beirut, Land tenure and social transformation in the Middle East, (ISBN 9780815660712, lire en ligne), p. 5
- Antti Laato, A Star is Rising: The Historical Development of the Old Testament Royal Ideology and the Rise of the Jewish Messianic Expectations, (ISBN 9780788504204, lire en ligne), p. 107
- « انهاء أعمال التنقيب في "تل الحسكة" الأثري », esyria.sy, (consulté le )
- (de) Thomas Schmidinger, Krieg und Revolution in Syrisch-Kurdistan: Analysen und Stimmen aus Rojava, Mandelbaum Verlag, , 63 p. (ISBN 978-3-85476-665-0, lire en ligne)
- Alberto M. Fernandez, « Dawn at Tel Tamir: The Assyrian Christian Survival on the Khabur River », Journal of Assyrian Academic Studies (JAAS), vol. 12, no 1, (lire en ligne)
- « بعد 28 عاماً على حريق سجن الحسكة أهالي 61 ضحية مازالوا بانتظار تحقيق العدالة »,
- « Refworld | Syria: Whether a fire was set at Hasaka prison on 24 March 1993 killing around 60 people »
- [1]
- Guillaume Perrier, « En Syrie, les chrétiens de Hassaké sont plongés dans l'incertitude », Le Figaro, 16 août 2017.
- Syrie: l'EI prend le contrôle d'une prison renfermant 3500 jihadistes dont des chefs importants, rfi.fr, 21 janvier 2022
- Algun, S., 2011. Sectarianism in the Syrian Jazira: Community, land and violence in the memories of World War I and the French mandate (1915- 1939) « https://web.archive.org/web/20191209061554/https://dspace.library.uu.nl/handle/1874/205821 »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), . Ph.D. Dissertation. Universiteit Utrecht, the Netherlands. Page 11. Accessed on 8 December 2019.
- Vanly (1992), p. 116.
- « Kurds Assert Control of Hasakah: The Battle for Rojava (Dispatch 3) », VICE News, (lire en ligne)
- IS fighters stage surprise attack on key Syrian border town, The Associated Press, Yahoo News
Liens externes
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