Abbaye Saint-Étienne (Marmoutier)

abbaye bénédictine à Marmoutier en Alsace

L’ancienne abbaye Saint-Étienne était un monastère de moines bénédictins sis à Marmoutier, dans le Bas-Rhin (France). Fondée par saint Léobard et des moines irlandais au VIe siècle l'abbaye adopta la règle bénédictine au VIIIe siècle et fut prospère jusqu'au XIIe siècle. Déclinant par après elle fut supprimée à la Révolution française. Son église abbatiale est devenue paroissiale sous le patronyme de Saint-Etienne. Les vetiges de l'abbaye (dont l'église) firent l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1840[1].

Abbaye Saint-Étienne
La façade romane occidentale de l'église abbatiale Saint-Étienne
La façade romane occidentale de l'église abbatiale Saint-Étienne

Ordre Ordre de Saint Benoît
Fondation 589-971
Fondateur saint Léobard
Dédicataire saint Étienne
Style(s) dominant(s) Romano-byzantine
Protection Logo monument historique Classé MH (1840, église)
Logo monument historique Inscrit MH (1991, aile abritant les granges dimières (façades, toitures avec charpentes, caves voûtées, sols dallés))
Localisation
Pays Drapeau de la France France
Région Alsace
Département Bas-Rhin
Commune Marmoutier
Coordonnées 48° 41′ 26″ nord, 7° 22′ 56″ est
Géolocalisation sur la carte : Alsace
(Voir situation sur carte : Alsace)
Abbaye Saint-Étienne
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Abbaye Saint-Étienne

Histoire

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Cette abbaye, située sur la Route romane d'Alsace, entre Saverne et Wasselonne, fut fondée vers 589 par des moines Irlandais conduits par saint Léobard, un disciple de Colomban de Luxeuil. Cette fondation ne fut possible sans le concours financier du roi d'Austrasie, Childebert II qui dota l'abbaye d'un grand domaine. En 724, à la suite d'un incendie, le monastère fut restauré par saint Maur, son cinquième abbé, de qui découle son appellation actuelle : Mauri Monasterium, monastère de Maur ou Marmoutier.

Abbaye royale, elle est richement dotée par les rois mérovingiens, elle doit sa prospérité à de vastes domaines[2]. En 728 saint Pirmin réforma cette abbaye colombanienne et introduisit la règle de saint Benoît de Nursie.

Sous l'impulsion du roi Louis le Pieux, en 816, Benoît d'Aniane et quelques moines vinrent s'y établir. Un second incendie l'ayant détruite de nouveau en 824, elle fut reconstruite et confiée à Drogon, frère du roi Louis le Pieux et évêque de Metz. L'église abbatiale fut consacrée en 971 par Erchenbald, évêque de Strasbourg. C'est de cette dernière époque et du XIe siècle que date la magnifique façade de l'église.

Très prospère jusqu'au XIIe siècle, elle décline au cours des siècles suivants marqués par la guerre des Paysans allemands de 1525 et la guerre de Trente Ans de 1618. L'abbaye retrouve la prospérité jusqu'à la Révolution, mais ses bâtiments dédiés à la vie monastique sont détruits pendant cette période ; seule subsiste l'abbatiale dont on peut encore admirer aujourd'hui la façade.

L'église abbatiale Saint-Étienne

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Architecture

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Porche avec colonnes romanes

L'église, sur la place du Marché, a une façade, du style romano-byzantin, avec porche ouvert à trois arcades et flanqué de deux tours carrées; celles-ci contiennent les escaliers qui, au 1er étage, conduisent à une salle située au-dessus du porche et à la grande tribune, reste de l'église du XIe siècle, et qui sert de base au clocher (XIIe siècle). Sur la face extérieure du transept Nord, restes d'une belle porte du XIIe siècle.

L'intérieur appartient au style ogival du XIVe siècle. Le chœur a été reconstruit au XVIIIe siècle, dans le style ogival. Les fenêtres des bas-côtés ont été élargies. Dans le chœur, très belles boiseries en chêne sculpté du XVIIIe siècle. Contre le mur Ouest du transept, quatre tombeaux de la famille des Géroldseck, dans le style des derniers temps de la Renaissance[3].

L'orgue

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Les orgues datent de 1710 et leur renommée est universelle. Avec celles de l'église des Jésuites de Molsheim, et des abbatales de Saint-Maurice d'Ebersmunster et Saint-Cyriaque d'Altorf, elles sont les seules que l'on ait conservées du célèbre facteur d'orgues André Silbermann[2]. Le Docteur Schweitzer, musicologue et organiste averti venait y jouer: il fut à l'origine de leur restauration, en 1955.

La disposition des jeux est la suivante[4] :

I Positif de dos C–
Bourdon 8′
Nasard 22/3
Doublette 2′
Tierce 13/5
Fourniture III
Prestant 4′
Cromorne 8′
II Grand Orgue C–
Bourdon 16′
Montre 8′
Bourdon 8′
Prestant 4′
Nasard 22/3
Doublette 2′
Tierce 13/5
Fourniture III
Cymbale III
Cornet V
Trompette 8′
Voix humaine 8′
Clairon 4′
III Echo C–
Bourdon 8′
Prestant 4′
Cornet III
Pédale C–
Flûte 16′
Flûte 8′
Flûte 4′
Bombarde 16′
Trompette 8′

Les cloches

1 - do#, 2 250kg, fondue en 1902 par Causard, 2 - mi, 1 239 kg, 1971, 3 - fa#, 874kg, 1971, 4- sol#, 682kg, 1971, 5- si, 463kg, 1971, 6- do#, 332 kg, 1971, 7- sol, 550kg, 1707 (ne sonne jamais avec les autres), Edel

  • 589 : Saint Léobard
  • 724 : Saint Maur
  • 827 : Celsus
  • 982 : Landelochus
  • ??? : Cloduarius
  • 1073 : Reichwinus
  • 1123 : Adelo
  • 1137 : Meinradus
  • 1146 : Anshelmus
  • 1163 : Conradus Ire
  • 1170 : Wernherus
  • 1179 : Garnerius
  • 1224 : Otto
  • 1249 : Rudolphus
  • 1253 : Gottfridus
  • 1280 : Johannes Ire
  • 1288 : Conradus II
  • 1301 : Bernhardus
  • 1330 : Johannes II
  • 1340 : Walraff von Geroldseck
  • 1384 : Johannes III
  • 1392 : Oswalt von Winterthur
  • 1395 : Arnoldus
  • 1408 : Johannes IV von Senstatt
  • 1415 : Conradus III von Steinback
  • 1457 : Gasparus Ire von Stollhoffen
  • 1459 : Adamus
  • 1464 : Reinhardus Knobloch von Straßburg
  • 1486 : Theodoricus von Kurneck
  • 1517 : Heinricus von Witten
  • 1519 : Franciscus von Læsur
  • 1524 : Gasparus II Reigger von Dillingen
  • 1558 : Johannes V
  • 1567 : Georgius Hüklin
  • 1572 : Gisbertus Agricola von Saaralben
  • 1588 : Jacobus Schreyer von Hausen

Source : Chronicon Alsatiae de Bernhard Hertzog,1592

Terrier, possessions

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Notes et références

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  1. Notice no PA00084783, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. a et b Marie-Josèphe Lussien-Maisonneuve, Abbayes de France, Minerva, (ISBN 2-8307-0545-9)
  3. Extrait du Guide Joanne, 1905
  4. Cf. Liste des jeux d'orgue
  5. Paris, église Notre-Dame-des-Champs

Voir aussi

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Bibliographie

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Par ordre chronologique de publication :

  • Jules Banchereau, « Marmoutier », Congrès archéologique de France, 83e session tenue à Metz, Strasbourg et Colmar en 1920, Paris, Société française d'archéologie, A. Picard / Société générale d'Imprimerie, vol. 83,‎ , p. 238-250 (ISSN 0069-8881, lire en ligne).
  • Joseph Clauss, « Marmoutier. Histoire et topographie de la marche, du canton, de l'abbaye et de la ville », dans Bulletin / Société d'histoire et d'archéologie de Saverne et de ses environs, 1954, no 3-4, p. 1-7 (lire en ligne)
  • Jean-Pierre Wiedenhoff, « La partie vosgienne de la marche dans l'antiquité », dans Bulletin / Société d'histoire et d'archéologie de Saverne et de ses environs, 1954, no 3-4, p. 7-9 (lire en ligne)
  • François-J. Himly, « Origine et signification du tricéphale roman de Marmoutier », dans Bulletin / Société d'histoire et d'archéologie de Saverne et de ses environs, 1954, no 3-4, p. 9-11 (lire en ligne)
  • Robert Will, « La façade de l'église abbatiale », dans Bulletin / Société d'histoire et d'archéologie de Saverne et de ses environs, 1954, no 3-4, p. 11-13 (lire en ligne)
  • Joseph-L. Huck, « Les orgues de Marmoutier, témoins d’une époque », dans Bulletin / Société d'histoire et d'archéologie de Saverne et de ses environs, 1954, no 3-4, p. 21-33 (lire en ligne)
  • François Petry, Eewin Kern, « Découvertes archéologiques dans l’ancienne abbatiale de Marmoutier (Bas-Rhin) » Rapport provisoire, dans Cahiers alsaciens d'archéologie, d'art et d'histoire, 1977, tome 20, p. 39-88 (lire en ligne)
  • A. Richert, « L'abbaye de Marmoutier (La Marche de Marmoutier. Le Culte de saint Martin) », dans Nouvelle revue d'onomastique, 1984, no 3-4, p. 89-110 (lire en ligne)
  • Marcel Thomann, « Une institution carolingienne: la "Porta" de Marmoutier », dans Cahiers alsaciens d'archéologie, d'art et d'histoire, 1989, tome 32, « Mélanges offers à Robert Will », p. 53-68 (lire en ligne)
  • Erwin Kern, « Marmoutier. Église abbatiale », dans Les premiers monuments chrétiens de la France, Picard éditeur et Ministère de la culture et de la communication, Paris, 1998, tome 3, Ouest, Nord et Est, p. 29-35, (ISBN 2-7084-0531-4)
  • Jean-Paul Lerch, « Les trésors de l'abbatiale de Marmoutier » (préface de Monseigneur Joseph Doré), J. Do Bentzinger, Colmar, 2010, 381 p. (ISBN 978-2-8496-0227-0)
  • Rodolphe Reuss, L'Alsace au dix-septième siècle : au point de vue géographique, historique, administratif, économique, social, intellectuel et religieux, tome 1, 1897-1898, lire en ligne sur Gallica, p. 412
  • Louis Schlaefli, « Un rare ex-libris de l'abbaye de Marmoutier », in Pays d'Alsace, 2014, p. 13-15
  • Félix Jacques Sigrist, L'abbaye de Marmoutier : histoire des institutions de l'ordre de Saint-Benoit du diocèse de Strasbourg, Société d'histoire et d'archéologie de Saverne et environs, Saverne, 2000, 2 vol., 123 + 144 p.
  • Les origines du monachisme en Alsace, par René Bornert, Revue d'Alsace, 2008

Articles connexes

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