(3753) Cruithne

astéroïde

(3753) Cruithne[4] est un astéroïde géocroiseur de classe Aton[2] mesurant environ cinq kilomètres de diamètre. Son orbite, de période quasi égale à celle de la Terre, l'a parfois fait surnommer à tort « seconde lune de la Terre » bien qu'il ne soit pas un satellite de celle-ci mais un compagnon ayant une orbite en fer à cheval.

(3753) Cruithne
Description de cette image, également commentée ci-après
Image de (3753) Cruithne prise, le 31 juillet 2001, par Sonia Keys au Powell Observatory (en) de Louisburg (Kansas).
Caractéristiques orbitales
Époque : (JJ 2457000,5)[1]
Établi sur 597 observ. couvrant 15334 jours (U = 0)
Demi-grand axe (a) 1,492 60 × 108 km[1]
(0,998 ua)
Périhélie (q) 7,241 5 × 107 km[1]
(0,484 ua)
Aphélie (Q) 2,261 04 × 108 km[1]
(1,511 ua)
Excentricité (e) 0,515[1]
Période de révolution (Prév) 363,987 j[1]
(1,00 a)
Vitesse orbitale moyenne (vorb) 27,73 km/s
Moyen mouvement (n) 0,989°/j[1]
Inclinaison (i) 19,807°[1]
Longitude du nœud ascendant (Ω) 126,245°[1]
Argument du périhélie (ω) 43,812°[1]
Anomalie moyenne (M0) 348,459°[1]
Date de dernier périhélie (Tp) JJ 2 457 012,168 9[1]
Catégorie Aton[1],[2]
DMIO terrestre 0,071 192 ua[1]
Paramètre de Tisserand (TJ) 5,922[1]
Caractéristiques physiques
Dimensions ~5 km
Masse (m) ~1,3 × 1014 kg
Masse volumique (ρ) ~2 000 kg/m3
Gravité équatoriale à la surface (g) 0,001 4 m/s2
Vitesse de libération (vlib) 0,002 6 km/s
Période de rotation (Prot) 1,14 j[1]
(27,30990 heures)
Classification spectrale Q[1]
Magnitude absolue (H) 15,6[1]
Albédo (A) 0,15 ?
Découverte
Plus ancienne observation de pré-découverte par Giovanni De Sanctis et Richard M. West
Date [1],[3]
Découvert par J. Duncan Waldron[1],[3]
Lieu observatoire de Siding Spring
Nommé d'après Cruithnes
Désignation 1983 UH[1],[3]
1986 TO[1],[3]

Découverte

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Cruithne fut découvert le [3] par l'astronome amateur J. Duncan Waldron[3] sur une photographie prise par le télescope de Schmidt de l'observatoire de Siding Spring[3] (413) à Coonabarabran en Nouvelle-Galles du Sud (Australie). Sa découverte, sous la désignation provisoire 1986 TO, fut annoncée le par une circulaire du Bureau central des télégrammes astronomiques de l'Union astronomique internationale[5].

Préalablement, Cruithne avait été observé, le , sous la désignation 1983 UH, par l'astronome italien Giovanni De Sanctis et son confrère danois Richard M. West à l'observatoire de La Silla (809) de l'Observatoire européen austral au Chili.

Conrad M. Bardwell identifia 1986 TO à 1983 UH[6].

Son orbite inhabituelle ne fut pas déterminée avant 1997, par Paul A. Wiegert et Kimmo A. Innanen, de l'Université d'York à Toronto, et Seppo Mikkola, de l'Université de Turku en Finlande[7].

L'astéroïde porte le nom des Cruithnes qui habitèrent l'Écosse et des parties de l'Irlande entre 800 av. J.-C. et 1000 ; le nom se réfère peut-être plus spécifiquement à leur légendaire premier chef, également nommé Cruithne. Il se prononce plus ou moins « crigne » (/ˈkrɪhnʲə/ en irlandais).

Dimensions et orbite

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L'orbite de Cruithne (en rouge) vue depuis la Terre, a la forme d'un haricot (en jaune) ; la Terre est fixe dans un système de référence en rotation.
 
Les orbites héliocentriques de la Terre (en bleu) et de Cruithne (en rouge).
 
Les cinq points de Lagrange du système Soleil-Terre.

Cruithne fait environ 5 kilomètres de diamètre. Il est situé sur une orbite elliptique normale autour du Soleil, avec une période orbitale quasiment égale à celle de la Terre. Cruithne parcourt son orbite elliptique en un peu moins d'un an, s'approchant pratiquement jusqu'à l'orbite de Mercure et s'éloignant au-delà de celle de Mars. Du point de vue d'un observateur terrestre, Cruithne décrit une trajectoire ressemblant à une sorte de haricot, une boucle autour du point de Lagrange L4. Au plus près, Cruithne est distant de la Terre d'environ 12 millions de km (30 fois la distance Terre-Lune) ; au plus loin, l'angle Terre-Soleil-Cruithne atteint 120°.

La période orbitale de Cruithne étant très légèrement plus courte que celle de la Terre, le « haricot » se décale petit à petit, s'éloignant de la Terre dans un premier temps, passant de l'autre côté du Soleil avant de revenir à peu près jusqu'au point de Lagrange L4 en environ 385 ans. À ce moment-là, la Terre et Cruithne procèdent à un échange d'énergie orbitale (un effet d'appui gravitationnel), affectant l'orbite de Cruithne d'un peu plus d'un demi-million de kilomètres (et celle de la Terre d'environ 1,3 cm). La période de révolution de Cruithne devient alors plus grande que celle de la Terre et la trajectoire de l'astéroïde se décale à nouveau petit à petit, dans le sens inverse. Le phénomène se répète dans l'autre sens 385 ans plus tard, raccourcissant la période de révolution de Cruithne afin de procéder à nouveau au processus. Globalement, Cruithne décrit donc une orbite en fer à cheval du point de vue de la Terre.

Bien qu'on pense que l'orbite de Cruithne ne soit pas stable à long terme (à plus de 5 000 ans), il est possible qu'il soit dans cette configuration de résonance orbitale depuis 100 000 ans. Cruithne s'est approché au plus près de la Terre en 1902, sera à nouveau proche vers 2292 mais de l'autre côté du fer-à-cheval, puis encore une fois vers 2676.

Il n'existe aucun risque de collision entre Cruithne et la Terre, les deux corps ne s'approchant jamais à moins de 12 millions de kilomètres. Cruithne n'est jamais visible à l'œil nu à aucun endroit de son orbite.

Projet d'exploration

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En 2013, Pierpaolo Pergola, de l'Université de Pise, a proposé un projet d'exploration de Cruithne[8].

Objets similaires

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Plusieurs autres objets situés sur des orbites en résonance similaire à celle de Cruithne ont depuis été trouvés, parmi lesquels (54509) YORP, (85770) 1998 UP1, 2002 AA29, 2003 YN107, (164207) 2004 GU9, (10563) Izhdubar, (66063) 1998 RO1, (85990) 1999 JV6 et (419624) 2010 SO16.

2003 YN107, 2004 GU9 et 2002 AA29 possèdent une orbite dont la position moyenne décrit une courbe qui évolue entre la forme d'un fer à cheval et celle d'un quasi-satellite.

Janus et Épiméthée, deux satellites naturels de Saturne, évoluent également suivant des orbites en fer à cheval. Ces orbites sont plus simples que celle que suit Cruithne mais obéissent aux mêmes principes.

De nombreux astéroïdes troyens ont été détectés autour des points de Lagrange de plusieurs corps (essentiellement Jupiter, mais également Mars, Neptune et certaines lunes de Saturne) mais aucun de ces corps ne suit une orbite en fer à cheval.

Dans les arts

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Cruithne est le lieu central de l'action du roman de science-fiction Temps de Stephen Baxter[9].

Notes et références

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  1. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u et v (en) JPL Small-Body Database, « 3753 Cruithne (1986 TO) » [html], sur ssd.jpl.nasa.gov (consulté le ).
  2. a et b (en) Minor Planet Center, « List of Aten minor planets (by designation) » [html], sur minorplanetcenter.net, mis à jour le 3 décembre 2014 (consulté le ).
  3. a b c d e f et g (en) Minor Planet Center, « (3753) Cruithne = 1983 UH = 1986 TO » [html], sur minorplanetcenter.net (consulté le ).
  4. (en) Entrée « (3753) Cruithne », dans (en) Lutz D. Schmadel, Dictionary of Minor Planet Names, Heidelberg, New York, Dordrecht et Londres, Springer, 2012 6e éd., 1452 p. (ISBN 978-3-642-29717-5 et 978-3-642-29718-2, OCLC 795503075, DOI 10.1007/978-3-642-278-2), p. 297 lire en ligne [html] (consulté le 5 décembre 2014)]
  5. (en) Daniel W. E. Green (CBAT), « IAUC 4262 » [html], sur cbat.eps.harvard.edu, (consulté le ).
  6. (en) Brian G. Marsden (CBAT), « IAUC 4266 » [html], sur cbat.eps.harvard.edu, (consulté le ).
  7. (en) Paul A. Wiegert, Kimmo A. Innanen et Seppo Mikkola, « An asteroidal companion to the Earth », Nature, vol. 387, no 6634,‎ , p. 685-686 (DOI 10.1038/42662, Bibcode 1997Natur.387..685W)
    L'article a été reçu par la revue Nature le 10 février 1997 et accepté par son comité de lecture le 1er avril 1997.
  8. (en) Pierpaolo Pergola, « Small satellite survey mission to the second Earth moon », Advances in Space Research (en), vol. 52, no 9,‎ , p. 1622-1633 (DOI 10.1016/j.asr.2013.07.043, Bibcode 2013AdSpR..52.1622P, résumé)
  9. Stephen Baxter, Les Univers Multiples : 1. Temps, Fleuve éditions (Pocket), , 697 p. (ISBN 978-2-266-31787-0)

Voir aussi

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Articles connexes

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Liens externes

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