Élections législatives portugaises de 2024

élections au Portugal

Les élections législatives portugaises de 2024 ont lieu le afin de renouveler les 230 sièges de l'Assemblée de la République pour la XVIe législature.

Élections législatives portugaises de 2024
230 députés de l'Assemblée de la République
(Majorité absolue : 116 députés)
Corps électoral et résultats
Inscrits 10 813 643
Votants 6 476 952
59,90 % en augmentation 8,4
Blancs et nuls 282 243
AD – Luís Montenegro
Voix 1 867 442
30,15 %
en diminution 1,4
Sièges obtenus 80 en augmentation 3
PS – Pedro Nuno Santos
Voix 1 812 443
29,26 %
en diminution 13,2
Sièges obtenus 78 en diminution 42
CH – André Ventura
Voix 1 169 781
18,88 %
en augmentation 11,5
Sièges obtenus 50 en augmentation 38
IL – Rui Rocha
Voix 319 877
5,16 %
en augmentation 0,1
Sièges obtenus 8 en stagnation
BE – Mariana Mortágua
Voix 282 314
4,56 %
en stagnation
Sièges obtenus 5 en stagnation
Carte des résultats
Carte
Premier ministre
Sortant Élu
António Costa
PS
Luís Montenegro
PSD
www.legislativas2024.mai.gov.pt

Initialement prévues pour le au plus tard, elles ont lieu de manière anticipée en raison de la démission du Premier ministre et dirigeant du Parti socialiste (PS), António Costa, après un scandale de corruption.

Malgré l'arrivée d'un nouveau dirigeant à sa tête, Pedro Nuno Santos, le PS subit une importante défaite électorale, tandis que l'Alliance démocratique (AD) menée par le Parti social-démocrate (PPD/PSD) de Luís Montenegro arrive de justesse en première place, avec un léger recul du PPD/PSD. Les élections profitent surtout au parti Chega (CH) d'André Ventura, qui arrive troisième et quadruple sa présence à l'assemblée.

Les résultats augurent d'importantes difficultés à former un nouveau gouvernement de coalition, le XXIVe constitutionnel. Aucune des deux principales formations politiques et leurs alliés respectifs n'obtiennent ainsi la majorité absolue des sièges, tandis que Luís Montenegro réitère son engagement à ne pas s'allier avec André Ventura. Cette situation l'amène à former un gouvernement minoritaire le .

Contexte

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Majorité absolue du PS

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António Costa en 2022.

Le résultat des élections législatives portugaises de 2022 constitue une victoire pour António Costa, qui remporte son pari de conquérir la majorité absolue, en dépit des sondages qui l'annonçaient au coude-à-coude avec Rui Rio. Selon la politiste Patricia Lisa, citée par le journal Le Monde, les mauvais résultats du Parti social-démocrate et des partis de la gauche alternative s'expliquent par un vote-sanction contre ceux jugés responsables de la tenue de ces élections. Les contre-performances du Bloc de gauche et de la Coalition démocratique unitaire favorisent la percée du parti d'extrême droite Chega, qui se hisse à la troisième place des forces politiques[1]. Après José Sócrates en , c'est seulement la seconde fois que le PS s'adjuge plus de la moitié des sièges, dans un système politique fondé sur la proportionnelle, ce qui accorde peu souvent une aussi nette victoire au parti arrivé en tête. Le Premier ministre obtient une nouvelle fois un résultat supérieur au scrutin précédent, répétant sa trajectoire électorale à la mairie de Lisbonne[2].

Le troisième gouvernement Costa prête finalement serment devant le président de la République le [3]. Le , après qu'António Costa a exposé son programme, seul le parti Chega dépose une motion de rejet, qui est rejetée par une majorité de parlementaires, seul Chega votant contre tandis que le Parti social-démocrate et l'Initiative libérale s'abstiennent[4].

Scandale de corruption et démission de Costa

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António Costa annonçant sa démission le 7 novembre 2023.

Le , António Costa remet sa démission au président de la République, Marcelo Rebelo de Sousa. Cette décision intervient quelques heures après que la justice a révélé que son nom est apparu dans une enquête pour corruption relative à l’attribution de concessions d'exploration de lithium et de production d'hydrogène, dans laquelle son chef de cabinet et le ministre des Infrastructures sont directement mis en cause[5]. Sa résidence officielle est perquisitionnée le matin même, les enquêteurs soupçonnant le Premier ministre d'être intervenu dans le déblocage de plusieurs procédures[6].

Le président de la République annonce dans la foulée avoir accepté la démission du Premier ministre, puis convoquer les partis politiques représentés à l'Assemblée de la République ainsi que le Conseil d'État dans les deux jours qui suivent, évoquant ouvertement sa volonté d'organiser des élections législatives anticipées. À plusieurs reprises au cours de la législature, il avait évoqué sa volonté de dissoudre le Parlement en cas de départ du pouvoir d'António Costa[7]. Lors des consultations des partis, tous sauf le PS se disent favorables à un nouveau scrutin, les socialistes défendant le remplacement d'António Costa par une personnalité qu'ils proposeraient, à défaut de quoi ils souhaitent que les élections se tiennent en mars afin d'avoir le temps de remplacer leur secrétaire général[8]. Le , à la suite de la réunion du Conseil d'État, Marcelo Rebelo de Sousa annonce son intention de dissoudre le Parlement et de convoquer de nouvelles élections le , ce qui permettra aux députés d'adopter définitivement le projet de loi de finances le [9].

Cette décision d'une dissolution différée ouvre un débat parmi les spécialistes de droit constitutionnel, puisque la démission du gouvernement, bien que non-publiée au Diário da República, a été acceptée par le président de la République. Cela limite juridiquement les fonctions de l'exécutif à la gestion des affaires courantes et rend caducs tous les projets de loi non-encore adoptés, dont celui relatif au budget[10],[11].

Sans cette dissolution, la XVe législature aurait été la plus longue de l'histoire post-salazariste : en effet, la Constitution indique que la mandature de l'Assemblée de la République dure quatre sessions législatives d'un an, mais si des élections ont lieu au cours d'une session législative, celle-ci doit être terminée par les nouveaux députés et vient s'ajouter aux quatre sessions de la législature. En conséquence, les parlementaires assermentés en auraient siégé jusqu'en , soit quatre ans et huit mois. António Costa aurait battu le record de longévité au pouvoir avec dix ans et onze mois, soit une année de plus que le Premier ministre le plus durable, Aníbal Cavaco Silva[12].

Le ministère public reconnaît cependant une erreur de transcription le , impliquant António Costa Silva, le ministre de l'Économie quasi homonyme du Premier ministre[13],[14]. Cette erreur ne concerne néanmoins qu'une seule écoute parmi la cinquantaine composant le dossier[15],[16], menant ainsi le syndicat de la magistrature publique à en minimiser l'impact[17].

Système électoral

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Le Portugal est doté d'un parlement monocaméral, l'Assemblée de la République, composé de 230 sièges pourvus tous les quatre ans selon un mode de scrutin proportionnel plurinominal à listes bloquées dans 22 circonscriptions électorales. Après décompte des voix, la répartition des sièges se fait à la proportionnelle selon la méthode d'Hondt, sans seuil électoral prédéfini.

Dix-huit circonscriptions correspondent aux districts du Portugal et deux aux régions autonomes de Madère et des Açores. Enfin, les Portugais de la diaspora élisent deux sièges en Europe et deux autres dans le reste du monde[18].

Le nombre de sièges par circonscription est légèrement altéré en comparaison avec le précédent scrutin : la circonscription de Viana do Castelo perd un siège, tandis que celle de Setúbal en gagne un[19].

Ayant représentation parlementaire

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Liste Positionnement et idéologie Chef de file Résultats précédents Sièges actuels
% Sièges
Parti socialiste PS Centre gauche
Social-démocratie
Pedro Nuno Santos 42,50
120  /  230
120  /  230
Alliance démocratique
AD Centre droit à droite
Libéral-conservatisme, démocratie chrétienne
Luís Montenegro 31,51
77  /  230
77  /  230
Chega CH Extrême droite
Populisme de droite, nationalisme
André Ventura 7,38
12  /  230
12  /  230
Initiative libérale IL Centre droit à droite
Libéralisme
Rui Rocha 5,05
8  /  230
8  /  230
Bloc de gauche BE Extrême gauche à gauche
Anticapitalisme, socialisme démocratique
Mariana Mortágua 4,52
5  /  230
5  /  230
Coalition démocratique unitaire
CDU Extrême gauche
Communisme, écosocialisme
Paulo Raimundo (pt) 4,41
6  /  230
6  /  230
Personnes–Animaux–Nature PAN Centre gauche
Animalisme, écologisme
Inês Sousa Real (pt) 1,63
1  /  230
1  /  230
LIBRE L Gauche à centre gauche
Écosocialisme
Rui Tavares[a]
Teresa Mota (en)[b]
1,31
1  /  230
1  /  230

Extra-parlementaires

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Liste Positionnement et idéologie Chef de file Résultats précédents
% Sièges
Réagir, inclure, recycler[20] RIR Syncrétique
Humanisme
Márcia Henriques 0,43
0  /  230
Parti communiste des travailleurs portugais PCTP/MRPP Extrême gauche
Marxisme, maoïsme
Cidália Guerreiro 0,21
0  /  230
Alternative démocratique nationale ADN Extrême droite
Populisme, négationnisme sanitaire
Bruno Fialho (pt) 0,20
0  /  230
Ensemble pour le peuple JPP Centre
Social-libéralisme, régionalisme madérien
Filipe Sousa (pt) 0,20
0  /  230
Alternative 21[21]
A21 Centre droit
Libéral-conservatisme, éco-capitalisme
Jorge Nuno de Sá 0,19
0  /  230
Volt Portugal VP Centre gauche à centre
Progressisme, fédéralisme européen
Inês Bravo Figueiredo 0,12
0  /  230
Ergue-te E Extrême droite
Nationalisme, anti-immigration
José Pinto Coelho (pt) 0,09
0  /  230
Nous, citoyens ! NC Centre droit
Libéralisme, européisme
Joaquim Rocha Afonso (pt) 0,07
0  /  230
Parti travailliste portugais PTP Gauche à centre gauche
Socialisme démocratique, travaillisme
Amândio Madaleno 0,07
0  /  230
Nouvelle Droite ND Droite
Conservatisme
Ossanda Líber (pt) Nouveau
(inscrit en 2024)

Sondages

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Moyenne lissée des sondages depuis les précédentes élections

Résultats

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Participation

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Taux de participation[22] En 2022 En 2024 Différence
à 12 heures 23,27 % 25,21 %   1,94
à 16 heures 45,66 % 51,96 %   6,30
à 19 heures 57,96 % 66,23 %   8,27

Voix et sièges

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Résultats des élections législatives portugaises de 2024[23]
 
Liste Voix % +/- Sièges +/-
Parti social-démocrate (PPD/PSD) 1 814 002 29,28   1,30 75   1
CDS – Parti populaire (CDS-PP) 2   2
Madère d'abord (PPD/PSD.CDS-PP)[c] 52 989 0,86   0,07 3[d]  
Parti populaire monarchiste (PPM)[e] 451 0,01   0,01 0  
Total Alliance démocratique (PPD/PSD.CDS-PP.PPM) 1 867 442 30,15   1,36 80   3
Parti socialiste (PS) 1 812 443 29,26   13,24 78   42
Chega (CH) 1 169 781 18,88   11,50 50   38
Initiative libérale (IL) 319 877 5,16   0,11 8  
Bloc de gauche (BE) 282 314 4,56   0,04 5  
Coalition démocratique unitaire (PCP-PEV) 205 551 3,32   1,09 4   2
LIBRE (L) 204 875 3,31   2,00 4   3
Personnes–Animaux–Nature (PAN) 126 125 2,04   0,41 1  
Alternative démocratique nationale (ADN) 102 134 1,65   1,45 0  
Réagir, inclure, recycler (RIR) 26 092 0,42   0,01 0  
Ensemble pour le peuple (JPP) 19 145 0,31   0,11 0  
Nouvelle Droite (ND) 16 456 0,27 Nv. 0  
Parti communiste des travailleurs portugais (PCTP/MRPP) 15 491 0,25   0,04 0  
Volt Portugal (VP) 11 854 0,19   0,07 0  
Ergue-te (E) 6 030 0,10   0,01 0  
Alternative 21 (MPT.ALIANÇA) 4 265 0,07   0,12 0  
Parti travailliste portugais (PTP) 2 435 0,04   0,03 0  
Nous, citoyens ! (NC) 2 399 0,04   0,03 0  
Suffrages exprimés 6 194 709 95,64
Votes blancs 89 847 1,39
Votes invalides 192 396 2,97
Total 6 476 952 100 230  
Abstentions 4 336 691 40,10
Inscrits/Participation 10 813 643 59,90

Résultats par districts

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Résumé

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Circonscription AD PS CH IL BE CDU L PAN Autres Total
Sièges
% Élus % Élus % Élus % Élus % Élus % Élus % Élus % Élus %
Aveiro 36,12 7 28,48 5 17,74 3 5,26 1 4,22 1,41 2,31 1,77 2,69 16
Beja 17,21 1 32,59 1 22,16 1 2,28 4,53 15,45 1,83 1,26 2,69 3
Braga 34,06 8 29,01 6 17,33 4 6,27 1 3,95 1,87 2,39 1,47 3,65 19
Bragance 41,05 2 30,42 1 18,67 1,75 1,98 1,09 1,03 0,84 3,17 3
Castelo Branco 29,27 1 35,21 2 20,08 1 2,81 4,23 2,25 2,06 1,36 2,73 4
Coimbra 31,54 3 33,70 4 15,94 2 4,09 5,27 2,90 2,93 1,64 1,99 9
Évora 22,96 1 33,56 1 20,44 1 2,55 4,37 11,19 2,03 1,15 1,75 3
Faro 22,97 3 26,10 3 27,95 3 4,68 5,91 3,27 2,83 2,66 3,63 9
Guarda 35,13 1 32,81 1 19,18 1 2,31 2,78 1,61 1,40 1,00 3,78 3
Leiria 36,32 5 23,23 3 20,31 2 5,85 4,43 2,50 2,72 1,76 2,88 10
Lisbonne 27,67 14[f] 28,36 15 17,41 9 6,74 3 5,07 2 3,82 2 5,60 2 2,54 1 2,79 48
Portalegre 23,90 34,96 1 25,05 1 1,95 3,20 6,29 1,48 0,86 2,31 2
Porto 31,13 14[f] 31,03 13 15,69 7 5,88 2 4,76 2 2,42 1 3,43 1 2,15 3,51 40
Santarém 28,04 3 28,62 3 23,97 3 3,89 4,59 4,23 2,53 1,61 2,52 9
Setúbal 17,57 4 31,99 7 20,78 4 5,48 1 6,14 1 7,91 1 4,39 1 2,62 3,12 19
Viana do Castelo 35,77 2 29,01 2 19,21 1 3,68 3,55 2,24 2,03 1,48 3,03 5
Vila Real 40,38 2 30,39 2 17,57 1 2,09 2,51 1,40 1,40 0,93 3,33 5
Viseu 37,40 3 28,24 3 20,01 2 2,89 2,84 1,41 1,73 1,24 4,24 8
Açores 41,28 2 30,23 2 16,32 1 2,81 3,53 1,13 1,77 1,62 1,31 5
Madère 36,22 3[c] 20,32 2 17,98 1 3,98 3,01 1,66 1,27 2,14 13,42 6
Europe 23,33 26,62 1 30,06 1 4,00 4,50 1,65 2,86 3,62 3,36 2
Hors d'Europe 34,10 1 21,77 27,11 1 2,88 2,80 1,13 1,06 3,53 5,62 2
Total 30,15 80 29,26 78 18,88 50 5,16 8 4,56 5 3,32 4 3,31 4 2,04 1 3,32 230

Détaillé

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Analyse et conséquences

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Sièges obtenus par circonscription
 
Composition de l'assemblée par coalition

Avec plus de 66 % des inscrits, la participation atteint son niveau le plus élevé à des élections législatives depuis celles de 1995. Le Parti socialiste enregistre un très fort recul, d'autant plus marqué que les précédentes élections en 2022 l'avait vu décrocher seul la majorité absolue des sièges pour la deuxième fois de son histoire. Il recule ainsi de près de 14 points de part des voix, et plus de quarante sièges. Ces résultats amènent son dirigeant, Pedro Nuno Santos, à reconnaitre sa défaite au soir du scrutin, et à annoncer que le PS prendra la tête de l'opposition dans la nouvelle législature[24].

Bien qu'arrivée en tête, l'Alliance démocratique (AD) menée par le Parti social-démocrate (PPD/PSD) de Luís Montenegro ne remporte qu'une victoire toute relative. L'AD ne dépasse ainsi le PS que d'une courte avance, et obtient même un pourcentage des voix plus faible que ceux combinés de ses composantes en 2022, tout en progressant de quelques sièges[25].

Le grand vainqueur du scrutin se révèle être le parti Chega (CH), mené par André Ventura, qui opère une « percée historique »[26]. Créé à peine cinq ans plus tôt, la formation arrive troisième et quadruple sa présence à l'assemblée, dans un pays jusqu'à très récemment exempt de formation d'extrême droite. Il arrive notamment en tête dans le district de Faro, ce qui fait de lui le premier parti autre que le PS et le PSD à arriver en tête d'un des 18 districts du pays depuis la Coalition démocratique unitaire (CDU) aux élections de 1991[27]. La campagne de Chega centrée sur la lutte contre la corruption et l'immigration bénéficie ainsi du scandale politique qui touche le PS ainsi que de la hausse de l'immigration au Portugal, qui a vu sa population étrangère doubler sur les cinq dernières années[28]. Fort de sa victoire, André Ventura déclare que « le bipartisme a pris fin au Portugal » et s'annonce « disponible » pour former un gouvernement de droite[29],[30],[28].

La plupart des petit partis maintiennent leur résultats obtenus deux ans plus tôt, à l'exception de la Coalition démocratique unitaire, qui enregistre le plus mauvais résultat de son histoire avec seulement quatre sièges, et du Libre, qui enregistre son meilleur résultat en en obtenant également quatre[31],[32]. Le très bon résultat de l'Alternative démocratique nationale est par ailleurs remarqué. S'il n'obtient pas de sièges, l'ADN réunit plus de 100 000 voix qui représentent 1,65 % des suffrages exprimés, contre dix fois moins et 0,20 % en 2022. Ce résultat est attribué par l'AD à la confusion provoquée chez les électeurs entre elle et la petite formation, qui lui aurait fait perdre ces voix du fait de la proximité de leurs logo et abréviations[33],[34].

Si le PS perd sa majorité, l'AD ne parvient ainsi par pour autant à en obtenir une. La formation d'un nouveau gouvernement de coalition s'avère par conséquent difficile, Luís Montenegro ayant à plusieurs reprises annoncé son refus de conclure une coalition entre l'AD et Chega, un engagement qu'il réitère dans la soirée suivant le scrutin[35],[36]. Chef de l'Initiative libérale (IL) — arrivée quatrième avec des résultats stables —, Rui Rocha déclare à son tour que son parti ne rejoindra pas de gouvernement incluant Chega[37]. La possibilité d'un gouvernement minoritaire de l'AD est par ailleurs rendue précaire par les annonces de Pedro Nuno Santos, qui sous-entend que le PS ne votera pas de motion de censure, mais ne votera pas pour autant le budget. Le vote de ce dernier est également rejeté par André Ventura, à moins que l'AD ne le négocie avec Chega[38],[39],[28]. En amont de sa rencontre avec les dirigeants des partis en vue de faciliter la formation d'un gouvernement, le président de la République Marcelo Rebelo de Sousa déclare lors d'un entretien au journal Expresso vouloir tout faire pour empêcher Chega d'accéder au pouvoir. La déclaration de Marcelo Rebelo de Sousa, ancien membre du PSD, lui vaut de vives critiques, le chef de l'État étant censé rester neutre[40].

Formation du gouvernement

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Luís Montenegro en mars 2024

Si la publication des résultats définitifs au Diário da República intervient le 23 mars, ces derniers sont connus dans la nuit du 20 au 21. Dès le 20 mars, le président de la République Marcelo Rebelo de Sousa confie à Luís Montenegro la charge de former un gouvernement minoritaire. Le Premier ministre désigné n'envisage alors pas d'inclure d'autres formations que celles de l'Alliance démocratique, à part éventuellement Initiative libérale[41].

La séance d'installation de la nouvelle législature se tient le 26 mars. Elle est immédiatement marquée par l'absence de majorité claire, les députés échouant à plusieurs reprises à élire un président. Un accord entre le Parti social-démocrate (PPD/PSD) et le Parti socialiste (PS) est finalement conclu, prévoyant une rotation entre eux à mi-législature. José Pedro Aguiar-Branco (PPD/PSD) est élu dès le lendemain président de l'Assemblée de la République et devra céder son fauteuil en à un député PS[42],[43].

Le nouveau gouvernement est présenté le . Il se compose de 17 ministres, dont six indépendants et un issu du CDS – Parti populaire (CDS-PP). Parmi les 14 ministres du PPD/PSD, sept sont membres du noyau dur de la direction[44]. La prise de fonction de l'exécutif intervient le [45].

Notes et références

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  1. Chef de file parlementaire et électoral
  2. Co-porte-parole
  3. a et b Alliance entre le PSD et le CDS-PP dans la circonscription de Madère.
  4. Les 3 députés sont issus du Parti social-démocrate.
  5. Liste présente uniquement dans la circonscription de Madère.
  6. a b c et d Dont un élu du CDS-PP.

Références

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  11. (pt) Sofia Rodrigues, « Reis Novais alerta para “fraude à Constituição” se Marcelo adiar decreto de demissão », Público,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  12. (pt) « Legislatura pode ser a mais longa e permitir a Costa ser o PM com mais tempo no cargo », Diário de Notícias,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  13. « Le Premier ministre portugais poursuivi pour corruption à cause d'une erreur sur son nom », Euronews,‎ (lire en ligne).
  14. Étiennette de la Ruffie, « Portugal : visé par un scandale de corruption, le Premier ministre démissionnaire victime d’une confusion de nom », Le Journal du dimanche,‎ (lire en ligne).
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  19. « Mapa Oficial n.º 1-A/2024 » [PDF], sur cne.pt, (consulté le )
  20. (pt) « RIR vai a “jogo” nas próximas legislativas », Diário do Distrito,‎ (lire en ligne)
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Voir aussi

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