Élections en Afrique du Sud (1910-1994)
Les élections générales en Afrique du Sud étaient organisées, de 1910 à 1994, dans le cadre du système parlementaire de Westminster.
En Union sud-africaine (1910-1961), le chef de l'État était le souverain britannique et le gouvernement était composé de ministres membres du parlement dont les plus importants siégeaient au cabinet. Le chef de gouvernement était le chef du parti capable de disposer d'une majorité à la chambre basse. En 1961, les fonctions du souverain furent transférés au Président de l’État de la République d'Afrique du Sud et en 1984, les fonctions de chef d’État et de gouvernement furent fusionnés en la personne du Président.
Le pouvoir législatif était exercé par le parlement dont les membres étaient élus dans le cadre d'un scrutin uninominal majoritaire à un tour par circonscription. La souveraineté fut transférée en 1931 du parlement britannique au parlement sud-africain par l'acte de rapatriement du South Africa Act (acte ratifié en 1934 par l'Afrique du Sud).
Le corps électoral fut d'abord limité aux seuls hommes blancs âgés de plus de 21 ans, selon des critères censitaires et de résidences. Dans la province du Cap et du Natal, le corps électoral était élargie selon des critères censitaires et capacitaires aux populations coloureds et bantous. Les critères censitaires furent supprimés pour les hommes blancs (1931), le droit de vote accordé aux femmes blanches (1931) et abaissé à 18 ans (1958). Dans le même temps, les franchises électorales, étendues également aux femmes de couleurs en 1931, furent restreintes pour les populations noires (1936) puis supprimées, dans le cadre de l'apartheid et de la création des bantoustans (1960). De même, la franchise électorale des populations coloureds sur les listes électorales communes avec les blancs fut supprimée en 1956.
Si la nouvelle constitution sud-africaine de 1983 redonna le droit de vote aux populations coloureds et indiennes dans le cadre d'un parlement tricaméral, c'est celle de 1993 qui constitutionnalisa une charte des droits et libertés et instaura le suffrage universel, permettant aux populations noires de désigner leurs représentants au même titre que les autres catégories de population.
La coalition mené par le parti "Het Volk" de Louis Botha emporte la majorité avec 67 sièges (sur 130) contre 37 sièges aux unionistes de Leander Starr Jameson et 26 sièges aux autres petits partis.
En 1914, James Barry Hertzog est l'un des fondateurs du Parti national destiné à promouvoir les intérêts afrikaners et à défendre les idéaux des anciennes républiques boers.
Aux élections d'octobre 1915, le Parti sud-africain de Louis Botha emporte 54 sièges contre 40 aux unionistes, 27 sièges au Parti National, 4 sièges au Parti Travailliste d'Afrique du Sud et six sièges réparties entre de petites formations.
Le Parti National obtient 44 députés et la majorité relative face au Parti sud-africain (41 députés) de Jan Smuts et aux unionistes (25). Les travaillistes obtiennent 20 députés.
Néanmoins, les nationalistes n'ont aucune stratégie d'alliance. Le premier ministre sortant Jan Smuts obtient le soutien des Unionistes pour former un nouveau gouvernement sous l'égide du Parti sud-africain. Quelques mois plus tard, les Unionistes acceptent de rallier le parti de Smuts et des élections anticipées sont organisées.
Aux élections anticipées de , le parti sud-africain (qui englobe dorénavant les unionistes) obtient 79 députés contre 45 au Parti National et 6 aux travaillistes.
Le Parti National est alors isolé alors que les Travaillistes soutiennent le gouvernement.
Les grèves ouvrières de 1922 dans le Witwatersrand suivi de leur répression vont éloigner les travaillistes de Smuts alors que le Parti National, par l'intermédiaire de Tielman Roos, a galvanisé les ouvriers du Transvaal et apporté son soutien à leurs revendications sociales et raciales. Roos va négocier un pacte avec Frederic Creswell, le leader travailliste, en vue de former un gouvernement en cas de victoire aux prochaines élections générales.
Victoire des forces du "Pacte" alliant le Parti National (63 sièges) et le Parti Travailliste de Frederic Creswell (18 sièges) contre 53 sièges au Parti sud-africain. Jan Smuts n'est pas réélu. James Barry Hertzog devient le nouveau premier ministre.
Les rapports entre Travaillistes et Nationalistes se détériorèrent. Tielman Roos, l'artisan du Pacte, avait lui-même été mis en minorité au sein du parti national par le leader du Cap, Daniel Malan alors que les travaillistes étaient sommés d'abandonner leur idéologie socialiste.
Aux élections de 1929, le sort du pacte est compromis. Roos, malade, ne se représente pas. Le parti national remporte 41 % des suffrages et 78 sièges soit la majorité absolue ce qui le dégage de toute alliance. Le Parti sud-africain est majoritaire en voix avec 47 % des suffrages mais minoritaire en siège (61 élus). Les travaillistes conservent huit élus mais Creswell et Sampson restent néanmoins au gouvernement.
La crise économique et les déclarations intempestives de Tielman Roos, en rupture de parti, sur l'abandon de l'étalon-or conduisent à un bouleversement politique. À l'appel à l'unité nationale par et derrière Tielman Roos répondent l'union nationale négociée entre le Parti National et le Parti sud-africain. Les vieux adversaires d'hier sont prêts à des compromis.
Aux élections de , l'union nationale entre le Parti National et le Parti sud-africain leur apporte une victoire écrasante de 136 députés sur un total de 150. Les autres élus se répartissent entre deux députés du "Parti du Centre" de Tielman Roos, des Travaillistes, des nationalistes et des conservateurs.
L'Union nationale va donner naissance au Parti uni d'Afrique du Sud (UP) en 1934.
Très vite, des dissensions internes conduisent à la scission de quelques députés. Dix-sept parlementaires ne rejoignent pas l'UP mais se regroupent dans un "Parti National purifié" sous la houlette de Daniel Malan. D'autres forment le parti du Dominion (anglophile) ou rejoignent les Conservateurs du Natal.
Le Parti uni confirme sa domination (114 sièges) mais perd des sièges face au Parti National Purifié (27 sièges) de Daniel Malan.
Les autres formations (Travaillistes, Conservateurs, Dominions) émergent peu et font l'appoint du Parti Uni.
En 1939, le Parti Uni s'est scindé entre partisans du premier ministre Hertzog et ceux de Jan Smuts. Cette scission est causée par l'attitude à adopter envers la Grande-Bretagne et l'Allemagne Nazie après la déclaration de guerre. Les partisans de la neutralité se regroupèrent derrière Hertzog tandis que ceux favorables à la Grande-Bretagne se plaçaient sous la houlette de Jan Smuts. Finalement, Hertzog est mis en minorité et doit laisser sa place de premier ministre à Smuts. Hertzog et plusieurs parlementaires quittèrent alors le parti uni pour rejoindre les partisans de Malan dans un éphémère "Parti National Reconstitué". Plusieurs partisans d'Hertzog, à commencer par l'ancien ministre Nicolaas Havenga, hostiles à l'autoritarisme et à l'idéologie nationaliste de Malan, quittèrent le parti pour fonder le Parti afrikaner.
Dans le même temps, le Parti National eut à faire face à des dissidences de droite regroupés autour notamment d'Oswald Pirow et de son "Ordre Nouveau" au programme pro-nazi.
Le Parti Uni sort victorieux (105 sièges) contre le Parti National Purifié (43 sièges et 36 % des votes). Les partisans de Pirow n'obtiennent aucun élu alors que le petit Parti Afrikaner d'Havenga émerge.
Les travaillistes (2 sièges), le Parti du Dominion et les Conservateurs du Natal font encore l'appoint de la majorité de l'UP.
Élections du
modifierEn 1945, le gouvernement de Jan Smuts mandata une commission concernant les réformes raciales nécessaires à effectuer en Afrique du Sud. Le rapport de cette commission préconisa une libéralisation du système en commençant par l'abolition des réserves ethniques ainsi que la fin du contrôle rigoureux des travailleurs migrants. Hostile à ces recommandations, le Parti National mandata sa propre commission (la commission Sauer) qui recommanda à l'inverse le durcissement des lois ségrégationnistes.
C'est dans ce contexte que se profilèrent les élections du . Le Parti Uni était toujours mené par Jan Smuts mais il n'était pas fait mystère que le libéral progressiste Jan Hendrik Hofmeyr lui succèderait rapidement. Pourtant, Smuts doutait de la capacité d'Hofmeyr à fédérer les blancs sud-africains et se méfiait de son libéralisme en matière raciale. De son côté, le Parti National allait au combat sous la bannière de Daniel Malan, allié au Parti Afikaner dirigé par Nicolaas Havenga.
Au soir des élections, le Parti Uni obtient la majorité des voix mais contre toute attente, perd la majorité des sièges face à la coalition nationaliste. Ainsi avec 42 % des suffrages, la coalition nationaliste emporte 80 sièges (71 élus pour le Parti National purifié et 9 élus au Parti Afrikaner) soit 53 % des sièges du parlement. En face, le Parti Uni (49 % des suffrages) plafonne à 65 sièges alors que leurs alliés du travaillistes ne sauvent que 6 élus (4 % des suffrages).
Toutes les autres formations politiques échouent à faire élire leurs représentants et disparaissent.
Au début du mois de juin, Daniel Malan s'installe aux Union Buildings pour mener sa politique d'apartheid.
Le Parti National (formé du Parti Afrikaner et du Parti National Purifié) obtient 94 sièges contre 57 sièges au Parti Uni et 6 aux travaillistes.
Le Parti National mené par le premier ministre Johannes Strijdom emporte 103 des 156 sièges de l'assemblée nationale et la majorité des suffrages pour la première fois. Les travaillistes disparaissent alors que l'UP continue de s'écrouler (53 députés).
En 1959, une aile de gauche de l'UP forme le parti progressiste.
Référendum national sur la république (octobre 1960)
modifierLe , la République est approuvée par 52,29 % des électeurs contre 47,71 %. Le Transvaal et l'État libre d'Orange ont plébiscité la république alors que le Natal est resté fidèle à la Couronne Britannique.
Le Parti National mené par le premier ministre Hendrik Verwoerd emporte 105 sièges contre 53 à l'UP, 1 seul au Parti Progressiste (Helen Suzman) et 1 siège à l'éphémère Union Nationale.
Le Parti National, toujours sous la houlette d'Hendrik Verwoerd, emporte 58 % des suffrages et 126 sièges sur 166. Le Parti Uni consolide 39 sièges alors qu'Helen Suzman reste la seule élue du PP.
Avec John Vorster, l'ancien ministre de la justice et premier ministre depuis l'assassinat de Verwoerd le Parti National obtient 54,4 % des suffrages et perd neuf sièges (117 députés) concurrencé par la dissidence d'Albert Hertzog qui fonda le le "Parti National Reconstitué" pour protester contre la décision de Vorster d'autoriser la venue de joueurs et de spectateurs Maoris lors de la tournée de l'équipe de Nouvelle-Zélande de rugby à XV en Afrique du Sud en 1970. Le HNP obtient 3,5 % des voix, mais aucun élu. Le Parti Uni avec 37,2 % des suffrages gagne huit députés avec 47 sièges. Helen Suzman reste la seule élue du PP (3,4 %).
Le Parti National remporte 122 sièges (+ 5). Le Parti Uni avec 41 rescapés (- 6) subit la concurrence du PP qui emporte 7 sièges (+ 6).
Le pays est alors en pleine période de tensions internes et internationales à la suite des émeutes de Soweto. Un embargo onusien sur les ventes d'armes a été décrété contre l'Afrique du Sud. Le Scandale de l'information éclate à cette époque impliquant le ministre Connie Mulder.
L'opposition blanche est alors en pleine ébullition à la suite de la dissolution du Parti uni. Un « Nouveau Parti républicain » lui succède mais a du mal à retenir ses élus et ses militants qui rejoignent le Parti National ou le Parti Progressiste.
C'est dans ce contexte que les élections se déroulent en novembre 1977. Le Parti National emporte 64,8 % des suffrages et 134 députés laissant loin derrière le Parti progressiste fédéral devenu sa nouvelle opposition officielle (16,7 % des voix et 17 députés). Le Nouveau Parti républicain recueille 12,1 % des suffrages et 10 élus alors que l'extrême droite du HNP avec 3,3 % des voix n'obtient aucun élu au contraire du petit South African Party (1,6 % et 3 élus).
C'est la première élection avec Pieter Botha aux commandes de l'état et d'un Parti National en forte crise, partagé entre modérés et durs de l'aile droite.
Le Parti national subit de plein fouet les scandales de la fin de l'ère Vorster et de ses dissensions internes. Avec 53,3 % des suffrages et 131 sièges (- 3), les points qu'il gagne dans l'électorat anglophone ne compensent par ses pertes dans l'électorat Afrikaner. Le HNP mené par Jaap Marais s'envole avec 13,1 % des voix mais encore une fois échoue à obtenir le moindre député au suffrage direct. Le parti progressiste fédéral (18,2 %) gagne neuf députés (27 sièges) alors que le Nouveau Parti Républicain (6,4 %) perd la moitié de ses électeurs mais limite ses pertes au suffrage direct (huit députés).
De son côté, le parti national-conservateur de Connie Mulder ne recueille que 1,3 % des suffrages et aucun élu.
Peu de temps après, Botha proposa une nouvelle constitution associant les métis et les indiens. Ce lifting constitutionnel amena à une nouvelle scission au sein du Parti national. Mis en minorité, Andries Treurnicht et 22 autres parlementaires créaient le le Parti conservateur d'Afrique du Sud qui reçoit immédiatement le ralliement de Mulder mais échoue à obtenir celui du HNP.
Les électeurs approuvent par 66,29 % des voix la réforme constitutionnelle conduisant à instaurer un parlement tricaméral et à présidentialiser l'exécutif.
Le Parti National obtint 52,29 % des suffrages et 124 élus (-7).
Le Parti conservateur (26,62 % des voix et 22 sièges) emporte le statut d'opposition officielle à la place des libéraux du Parti progressiste (14,03 % et 19 élus) qui perdent huit sièges.
Le Nouveau Parti Républicain disparait presque avec 1 seul élu et 1,97 % des voix. L'extrême droite du HNP (2,99 %) subit la concurrence du Parti Conservateur et perd les 3/4 de ses électeurs de 1981.
Suffrages exprimés | 0 | 167 sièges à pourvoir | ||||
Liste | Tête de liste | Suffrages | Pourcentage | Sièges acquis | Var. | |
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Parti national (NP) | Pieter Botha | 124 / 167 |
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Parti conservateur (KP) | Andries Treurnicht | 22 / 167 |
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Parti fédéral progressiste (PFP) | Colin Eglin | 19 / 167 |
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Parti indépendant (IP) | Néant | 1 / 167 |
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Parti national réformé (HNP) | Jaap Marais | 0 / 167 |
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Nouveau Parti républicain (NRP) | Néant | 1 / 167 |
Le parlement blanc a reconduit sa majorité au Parti National (- 26 sièges) du président Frederik de Klerk alors que le parti conservateur gagnait 17 sièges. Les anciens membres du Nouveau Parti républicain (ex-Parti uni) ont disparu ayant rejoint dans leur majorité le Parti national en 1988.
Suffrages exprimés | 2 156 695 | 166 sièges à pourvoir | ||||
Liste | Tête de liste | Suffrages | Pourcentage | Sièges acquis | Var. | |
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Parti National (NP) | Frederik Willem de Klerk | 1 039 704 | 48,21 % | 94 / 166 |
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Parti Conservateur (KP) | Andries Treurnicht | 680 131 | 31,54 % | 39 / 166 |
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Parti Démocratique (DP) | Zach de Beer | 431 444 | 20 % | 33 / 166 |
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Parti National Réconstitué (HNP) | Jaap Marais | 5 416 | 0,25 % | 0 / 166 |
Appelé par le président Frederik de Klerk, cette dernière élection "white only" prend la forme d'un référendum sur l'approbation des négociations constitutionnelles visant à démanteler l'apartheid. Le vote "Oui" obtient 68,73 % des suffrages contre 31,27 % de "Non". Ce dernier ne l'a emporté que dans une seule région, celle du Nord-Transvaal.