Ermak Timofeïévitch

explorateur russe
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Ermak Timofeïévitch (en russe : Ермак Тимофеевич) est un explorateur ayant permis à Ivan le Terrible de commencer la conquête de la Sibérie occidentale[1], faisant reculer la frontière de la Russie de l'Oural à l'Irtych ; il est né entre 1532-1542 et décédé en 1585.

Ermak Timofeïévitch
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Des origines incertaines

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Dans le folklore épique russe, il est « inconnu de naissance, noble dans l'âme » et comparé au héros épique Ilya Muromets.

La plupart des chercheurs s'accordent sur une taille moyenne, une stature trapue, des cheveux noirs et bouclés, une barbe noire, des yeux qui saisissent rapidement tout ce qui l'entoure, de la prudence, de la prévoyance, du courage, une volonté indomptable, une soif de justice, un respect inconditionnel de la beauté et la pureté de l'âme. Sans aucun doute, Yermak était un homme d'esprit et de caractère exceptionnels, reconnu à la fois par ses suzerains, ses compagnons et par ses adversaires.

L'origine de Ermak n'est pas clairement établie. Grossièrement, il semble originaire du Nord de la Russie, de la région de Iekaterinbourg, située à environ 1 500 km à l'est de Moscou, mais selon les uns, il était du Don supérieur, selon les autres, de la Kama.

Selon une version divergente, il aurait été originaire d'un village de la plaine de Katchalinsk sur le Don, ou de Bronevsky, Oblast de Volgograd sur le Don.

Selon la Chronique de Cherepanov, il était originaire des rives de la Tchoussovaïa, en russe Чусовая, ce qui veut dire « courant rapide », rivière du kraï de Perm aux oblasts de Sverdlovsk et de Tcheliabinsk. Grâce à sa connaissance des rivières locales, il aurait longé la Kama, la Tchoussovaya, traversé l'Asie occidentale, longé le fleuve Taguil, en tant que cosaque.

Selon les recherches de l'archéologue et ethnologue spécialiste de la Sibérie, Alexey Pavlovich Okladnikov[2], Ermak est bien originaire du nord de la Russie. Cet expert affirme que Ermak est un ataman, c'est-à-dire un chef cosaque, « originaire de la Dvina (mer Blanche) de Borku ».

De même, le nom de famille d'Ermak n'a pas été établi de manière fiable.

Ermak est l'abréviation de Yermolai. Mais certains chercheurs affirment que le véritable prénom de Ermak était Vasily, tandis que d'autres l'appellent Alenin, Timofeev ou Tokmak.

La seule certitude est qu'il s'appelait soit Ermak Timofeev, soit Ermolai Timofeevich Tokmak.

Ce nom de Tokmak est documenté pendant sa carrière d'ataman, dans la Chronique novgorodienne de Pogodin conservée aux archives de ce qui était alors l'équivalent d'un ministère des affaires étrangères, le Posolsky[3] Prikaz[4], dirigés par le greffier Posolsky ou le greffier Prikaznoy.

Au XVIe siècle, dans le Rus' de Moscou, très peu de personnes portaient un nom de famille. Il s'agissait de l'apanage de la classe supérieure de la société ou des étrangers arrivés en résidence permanente sur les terres russes. Inversement, la plupart des Russes sont nommés d'après le nom de leur père, un surnom, ou leur profession.

À propos de la première mention du prénom Ermak, son auteur a fait une remarque: « Les Cosaques Tokmak avaient pris son nom ».

Son grand-père, un certain Afanassi Alemine, aurait fui dans le dénuement la ville de Souzdal au nord-est de Moscou, pour se réfugier dans les forêts de la Volga supérieure, où il serait devenu brigand. Son père, Timofeï, entreprend la même carrière et Vassili suit leurs traces sous le nom de Ermak.

En 1570, les soldats du tsar purgent les rives de la Volga de ses voleurs, car leurs pillages nuisent à l'économie de la région. Contraint de fuir, Ermak remonte au nord, dans la région de Perm, où il se met au service des Stroganov.

Cette famille, qui a bâti sa fortune sur le commerce du sel et des fourrures, est à la tête du plus puissant empire commercial de Russie et c'est elle qui alimente justement Moscou en sel et en fourrures. Ivan IV dit Ivan le Terrible avait autorisé les Stroganov à cultiver les terres vierges de l'est, à y aménager des établissements et à lever une armée privée pour les protéger. En 1572, Ivan leur propose d'engager des Cosaques chargés de les défendre contre les incursions des Tatars de Sibérie. C'est dans ce contexte qu'Ermak est engagé pour participer à la garde de la frontière orientale, à la limite ouest de l'Oural.

Ermak en Sibérie

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Conquête de la Sibérie par Ermak, toile de Vassili Sourikov

En 1575, les Stroganov sollicitent du tsar la permission d'envoyer des expéditions punitives en Sibérie occidentale afin de prévenir les attaques tatares. Ivan leur accorde l'autorisation de guerroyer contre les tribus orientales, en général, et contre le khan chaybanide Koutchoum, khan de Sibérie, en particulier. C'est à Ermak, reconnu pour son courage et son esprit de décision, que les Stroganov confient la tête de l'expédition. Celui-ci organise son voyage avec soin. Entre 1577 et 1580, il unifie les bandes cosaques qu'il a embauchées et qui finissent par le reconnaître comme chef unique et incontesté. Le , Ermak quitte Perm avec 640 Cosaques et 200 hommes que lui ont confiés les Stroganov. Ils sont armés d'arquebuses, de piques, de sabres et de poignards. Il s'agit d'une véritable armée miniature, et Ermak est secondé par cinq atamans, des bandits notoires qui ont fui la justice du tsar.

 
Bannière brandie dès 1581 par les Cosaques de Yermak durant la conquête de la Sibérie. Le lion, symbole de courage, affronte la licorne, traditionnellement associée aux pays de forêts profondes.

Par la Kama et ses affluents, Ermak et ses hommes s'enfoncent dans les monts Oural. C'est aux environs de la Toura qu'ils atteignent les frontières de la Sibérie occidentale. Ils repoussent facilement une première attaque tatare et passent l'hiver à Yepancha, près de l'actuelle ville de Tioumen.

À l'été 1582, Ermak et ses Cosaques descendent la Toura et la Tobol puis, à l'automne, s'emparent de Sibir, capitale du khanat de Sibérie, que Koutchoum est obligé de fuir. Sibir est située sur l'actuel emplacement de Tobolsk, au confluent de la Tobol, de l'Ob et de l'Irtych. C'est là qu'il passe l'hiver. Plusieurs tribus régionales, dont les Khantys (Ostiaks), préfèrent lui payer tribut plutôt qu'au khan.

L'hiver est dur pour la troupe cosaque et les attaques tatares se font de plus en plus persistantes. Ermak envoie l'ataman Ivan Koltso (ru) vers l'ouest pour demander de l'aide. À Perm, les Stroganov préfèrent le diriger vers Moscou où il est reçu par le tsar. D'abord sceptique, Ivan IV est étonnamment surpris des richesses rapportées de Sibérie. Il commande à Koltso de retourner à Sibir en promettant aide et assistance. Ermak parvient ainsi à repousser les troupes de Koutchoum.

À l'été 1583, il organise une nouvelle expédition le long de l'Irtych afin d'y soumettre d'autres tribus. Il progresse également le long de l'Ob. À la fin de l'année, sa domination s'étend à 400 kilomètres au nord de Sibir.

La mort d'Ermak

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Au printemps 1584, une insurrection générale des tribus sibériennes éclate, menée par un de leurs chefs nommé Karatcha. Ivan Koltso et 40 Cosaques tombent dans une embuscade et sont égorgés. Karatcha est finalement vaincu par Ermak, mais il ne reste plus à celui-ci que 150 hommes pour maintenir l'ordre.

En août 1585, Koutchoum, qui veut se venger de ses défaites passées, fait répandre le bruit qu'une caravane de Boukhara a atteint l'Irtych. Ermak, dont l'une des missions est de protéger les routes commerciales de Sibérie, emmène avec lui 50 Cosaques et remonte la rivière afin de servir d'escorte aux marchands. Comme il ne trouve rien, il décide de les attendre et fait construire un camp sur une île de l'Irtych. Koutchoum et ses hommes en profitent pour l'encercler et l'attaquer. Ermak tente de fuir en traversant le fleuve, mais se noie.

Par la suite, Koutchoum réussit à reprendre Sibir, mais pour peu de temps. En 1586, ce sont les soldats du tsar qui pénètrent en Sibérie et qui entreprennent la conquête de la région. La même année, ils fondent Tioumen et, l'année suivante, reconquièrent Sibir qui devient Tobolsk. Koutchoum doit fuir. C'est la fin définitive du khanat de Sibérie.

Pour les Russes, Ermak est devenu une légende, le symbole du nouveau pouvoir occidental sur les Sibériens. Il est l'explorateur et le conquérant ayant ouvert la voie vers l'Est.

Le premier brise-glace au monde, en 1899, est baptisé l' Ermak en son honneur et sera démantelé en 1963[5].

Ermak dans la culture populaire

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Notes et références

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  1. Cédric Gras, L'hiver aux trousses : Voyage en Russie d'Extrême-Orient, Paris, Gallimard, coll. « Folio », (1re éd. février 2016), 267 p. (ISBN 978-2-07-046794-5), « L'Aldan »
  2. Vitaly Larichev. "La science en Sibérie", N 27, 1998 (ru) Виталий Ларичев. "Наука в Сибири", N 27, 1998, « », sur nsc.ru, 1998
  3. Le « Posolsky Prikaz » (посольский приказ, 1549-1720), était chargé des affaires internationales, une sorte de ministère des Affaires étrangères, 1549-1718. Ce bureau du gouvernement central était chargé des relations avec les États étrangers, de la gestion des rançons et de l'échange de prisonniers, contrôlait un certain nombre de territoires dans le sud-est du pays, et certaines catégories de personnes à son service, cf. Liste des membres du Bureau des Ambassadeurs
  4. Prikaz (прика́з) est le nom donné en Moscovie et sous l'Empire russe du XVe au XVIIIe siècle, à une unité chargée de l'administration centrale d'un secteur public administratif, judiciaire, territorial ou exécutif. Le terme suggère l'équivalence de la fonction avec celle d'un « ministère », d'un « bureau » ou d'un « département » voire d'une ambassade moderne. En russe moderne, prikaz a pris le sens d'un « ordre ». La plupart des prikazy étaient subordonnés à la Boyar Duma. Certains d'entre eux (les prikazes du palais (дворцовые приказы) étaient subordonnés au taynyi prikaz ou pervyi prikaz , qui relevait directement du tsar. Le patriarche de Moscou et de toutes les Russies avait ses propres prikazes.
  5. Yves Gauthier et Antoine Garcia, L'exploration de la Sibérie, Actes Sud, 1996, p. 52
  6. « RADIO TAPOK - Ермак (Официальное видео 2023) Эпоха Империй » (consulté le )

Articles connexes

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Liens externes

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Bibliographie

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Sur les autres projets Wikimedia :

  • Jean Amsler, La Renaissance (1415-1600), tome II de Histoire Universelle des Explorations publiée sous la direction de L.-H. Parias, Paris, Nouvelle Librairie de France, 1957, p. 402-403
  • Philip Longworth, Les Cosaques, Albin Michel, Paris, 1972.
  • Y. Gauthier et A. Garcia, L'exploration de la Sibérie, Actes Sud, 1996, p. 35-52.