Wikipédia:Pastiches/Michel Strogonoff
Michel Strogoff Titre original : Michel Strogonoff
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Auteur | Jules Verne | |||||||
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Pays | France | |||||||
Genre | Cuisine, aventures, cryptographie. |
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Éditeur | Pierre-Jules Hetzel | |||||||
Collection | Bibliothèque d'éducation et de récréation | |||||||
Lieu de parution | Paris | |||||||
Date de parution | 1876 | |||||||
Illustrateur | Jules Férat | |||||||
Nombre de pages | 179 p. | |||||||
Chronologie | ||||||||
Série | Les Voyages extraordinaires | |||||||
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Michel Strogonoff est le titre original du roman de Jules Verne intitulé Michel Strogoff lors de sa publication en 1876.
Après quelques remaniements mineurs, le roman, se présentant sous la forme de 32 chapitres répartis en deux parties, fut publié dans la « Bibliothèque d'éducation et de récréation » de Pierre-Jules Hetzel.
La vocation culinaire contrariée
modifierPeu de gens savent que la vraie vocation de Jules Verne, loin de s'orienter vers la carrière littéraire que nous lui connaissons aujourd'hui, était de devenir grand cuisinier et ultérieurement spécialiste de la gastronomie.
Le Bulletin de la Société des Amis de Jules Verne a publié, en 1987, une lettre de Sophie Verne (née Allote de la Fuÿe) à son amie intime Marie d'Agoult. Dans cette lettre, supposée avoir été écrite au début de 1839, la mère du futur romancier racontait à son amie que le jeune Jules avait été récemment surpris, à trois heures du matin, dans les cuisines de leur hôtel particulier de Nantes, en train de préparer une omelette particulièrement savante. Sévèrement réprimandé pour cet écart de conduite, le jeune Jules s'était justifié en disant vouloir calmer les fréquents appétits de sa mère (alors enceinte de sa sœur Mathilde).
Après quelques autres incartades dont une fugue, le jeune Jules, parallèlement à sa fréquentation du lycée de Nantes, reçut à sa demande des cours particuliers de cuisine, le jeudi, donnés par Noémie Brillat-Savarin, petite-fille et héritière spirituelle du magistrat et grand gastronome.
Une nouvelle étude publiée en 1991 dans le bulletin déjà cité a montré que, dès 1849, au contact de quelques anarchistes russes exilés en France, le jeune Jules avait élaboré ce qui se révélerait son chef-d'œuvre culinaire méconnu, la recette du bœuf Strogonoff.
La recette fut peaufinée pendant quelques mois et transmise au début de 1850 au jury du Salon international de la gastronomie de Paris, en vue de la participation au concours du Grand Prix annuel. Mais une cabale orchestrée par le vice-président du jury, Gustave-Henri de Saint-Fiacre, secrètement affilié à la Loge des suppresseurs de goût, aboutit au refus de présentation de la recette, ainsi qu'à un refus de tous les éditeurs de la place parisienne mais aussi de province, de publier un opuscule qui lui serait consacré.
La cabale du bœuf Strogonoff dura plus de vingt ans. Toutefois, Pierre-Jules Hetzel, lui aussi fin gourmet et informé de la vocation contrariée de son auteur-fétiche, lui proposa alors de cacher sa recette au sein d'un roman d'aventures qui serait appelé Michel Strogonoff.
Une complication inattendue surgit : le comte Mikhaïl Stroganoff – en russe : Михаил Строгaнов – (noter la différence orthographique), aristocrate russe libéral récemment exilé à Paris, eut vent du projet par une indiscrétion entendue dans un salon littéraire parisien.
S'ensuivit une querelle discrète qui dura presque deux ans, entre menaces de procès et duels au fleuret au Bois de Boulogne. Un arrangement final fut trouvé en modifiant le titre de l'ouvrage (d'abord Le Courrier du Tzar, titre jugé douteux par le comte, puis Michel Strogoff). Il fallut aussi prévoir un pourcentage modique sur les recettes pour l'aristocrate désargenté.
Jules Verne put ainsi discrètement mettre en œuvre tout à la fois son génie culinaire et ses talents pour la cryptographie. Il dissimula, dans les 17 titres de chapitres de la première partie du « roman », la liste des ingrédients nécessaires au bœuf Strogonoff, tandis que les titres des 15 chapitres de la seconde partie servirent de cache aux conseils de préparation. Le génie de l'auteur transparaît d'ailleurs dans sa brillante utilisation du code secret utilisé pour transformer « Servir chaud » en « Conclusion ».
Malheureusement, plus d'un siècle et demi après son élaboration, on ne trouve toujours aucun livre de cuisine, ni à fortiori d'encyclopédie, qui rende justice au grand écrivain. Gageons que Wikipédia réparera enfin cet oubli.