Vol Azerbaijan Airlines 8243

crash aérien au Kazakhstan en décembre 2024

Le vol Azerbaijan Airlines 8243 est un vol régulier reliant Bakou (Azerbaïdjan) à Grozny (Russie), effectué par un Embraer 190 d'Azerbaijan Airlines. Le , après une visibilité réduite à Grozny et trois tentatives infructueuses d'atterrissage, l’avion traverse la mer Caspienne d'ouest en est et se déroute vers Aktaou au Kazakhstan. Il s’écrase lors d'une manœuvre d'atterrissage d'urgence en dehors de l'aéroport à 3 kilomètres de la ville.

Vol Azerbaijan Airlines 8243
L'Embraer 190AR immatriculé 4K-AZ65, impliqué dans l'accident, photographié en 2016, huit ans avant l'accident
L'Embraer 190AR immatriculé 4K-AZ65, impliqué dans l'accident, photographié en 2016, huit ans avant l'accident
Caractéristiques de l'accident
Date25 décembre 2024
TypePerte de contrôle lors d'un atterrissage d'urgence
CausesEn cours d’investigation
SiteAktaou, Kazakhstan
Coordonnées 43° 53′ 00,741″ nord, 51° 00′ 21,843″ est
Caractéristiques de l'appareil
Type d'appareilEmbraer 190AR
CompagnieAzerbaijan Airlines
No  d'identification4K-AZ65
Lieu d'origineAéroport international de Bakou, Drapeau de l'Azerbaïdjan Azerbaïdjan
Lieu de destinationAéroport international de Grozny, Drapeau de la Russie Russie
PhaseAtterrissage d’urgence
Passagers62
Équipage5
Morts38
Blessés29
Survivants29

Géolocalisation sur la carte : Kazakhstan
(Voir situation sur carte : Kazakhstan)
Vol Azerbaijan Airlines 8243
Géolocalisation sur la carte : oblys de Manguistaou
(Voir situation sur carte : oblys de Manguistaou)
Vol Azerbaijan Airlines 8243

Après une perte de communication avec l'appareil à h 28 UTC, l’avion s’est écrasé vers h 30 UTC[1] sur la côte de Saiyn, à quelques kilomètres de l’aéroport d'Aktaou.

L'avion est un Embraer 190-AR fabriqué en 2013[2] à São José dos Campos au Brésil. Il est équipé de deux moteurs General Electric CF34. Il est livré à Azerbaijan Airlines le avant d'être vendu à Buta Airways le [réf. nécessaire]. L'appareil est ensuite revendu à Azerbaijan Airlines le [réf. nécessaire].

Au moment de l'accident, l'appareil cumulait 15 257,22 heures de vol et 9 949 cycles[2].

Passagers

modifier

Le vol 8243 d'Azerbaïdjan Airlines a à son bord 62 passagers et 5 membres d'équipage de plusieurs nationalités.

Nationalité Passagers Membres d'équipage Survivants Total
  Azerbaïdjan 37 5 17 42
  Russie 16 0 9 16
  Kazakhstan 6 0 0 6
  Kirghizistan 3 0 3 3
Total[3] 62 5 29 67

Déroulement

modifier
 
Trajectoire enregistrée du vol. La ligne rose pâle au-dessus de la mer Caspienne indique une trajectoire présumée pour laquelle l'avion n'a pas envoyé de données de localisation. Cliquer pour agrandir[4].

L'avion décolle de l'aéroport international de Bakou à h 55, heure de l'Azerbaïdjan (UTC+04:00), pour un vol à destination de l'aéroport de Grozny[5]. Selon le service de suivi des vols Flightradar24, pour des raisons inconnues, l'avion est « exposé à un fort brouillage et à des leurres GPS » pendant qu'il vole en direction de Grozny[6]. L'appareil est dérouté vers l'aéroport Oytach de Makhatchkala au Daghestan, en Russie, en raison du brouillard à Grozny[7], après avoir tenté d'atterrir trois fois dans la capitale tchétchène ; les passagers auraient alors entendu « une explosion suivie de ce qui ressemblait à des shrapnels frappant l'appareil et perçant le fuselage »[8]. L'avion est en vol à environ 30 000 pieds (9 144 m) lorsqu'il disparaît des écrans radar à h 40 heure locale (h 40 UTC), avant de réapparaître de l'autre côté de la mer Caspienne au large des côtes du Kazakhstan vers 10 h 7 heure locale (h 7 UTC)[9].

L'équipage envoie un signal de détresse en entrant le code 7700 sur son transpondeur à h 35, heure du Kazakhstan (UTC+05:00), et rapporte une défaillance du système de contrôle[10]. À h 49, les pilotes demandent un atterrissage d'urgence à l'aéroport international d'Aktaou, au Kazakhstan, et tentent de le faire en loi directe. L'avion réapparaît alors sur les radars à 10 h 7, volant au-dessus de la mer Caspienne en direction d'Aktaou, mais écarté significativement de sa trajectoire habituelle[11], à des centaines de kilomètres à l'est de sa destination d'origine[12].

Vers 10 h 28[1], l'appareil s'écrase au sol sur un terrain à la surface irrégulière. L'accident est filmé. Plusieurs éléments apparaissent dans des vidéos publiées dans les media. La météo et la visibilité semblent bonnes. Le train d'atterrissage est déployé. L'appareil ne décroche pas et vole en ligne droite. En phase d'atterrissage, l'appareil tourne sur sa droite et une aile touche en premier. L'avion se retourne immédiatement tandis que la partie avant se disloque et prend feu. La partie arrière de l'appareil se retourne face au sol sans s'enflammer et sans déformation structurelle trop importante ; les passagers installés à l'arrière de l'avion figurent parmi les rescapés[13]. Une autre vidéo montre que l'angle de descente est prononcé et que l'avion fonce à 45° vers le sol[14].

Au soir du , le nombre de victimes est évalué à 38, dont les pilotes, tandis que 29 personnes sont toujours hospitalisées[12].

Enquête

modifier

L'aviation russe comme la compagnie aérienne Azerbaijan Airlines suggèrent d'abord que la demande d'atterrissage d'urgence et le crash sont dus à une collision avec un vol d'oiseaux[15], déclaration qui est retirée par la compagnie et mise en doute par les experts[16]. Les photos de l'empennage montrent que les débris de la queue de l'avion sont criblés de petits trous[17],[10],[18]. L'équipage signale un fort impact sur le fuselage. Plus tard, les services d'urgence kazakhs indiquent qu'une bouteille d'oxygène à bord pourrait avoir explosé[19],[20],[21].

Le parquet général d'Azerbaïdjan ouvre une enquête sur l'accident et envoie des inspecteurs sur le site du crash au Kazakhstan. Il ne communique pas sur les premiers indices de l'enquête[12]. Les deux boîtes noires sont retrouvées sur les lieux[16].

Le media russophone letton Meduza considère, sur base d'indications visuelles, que l'avion a été touché par la défense aérienne russe[22]. Des spécialistes de l'aviation militaire dont l'ancien directeur du BEA[15] confirment et estiment que les nombreux trous de shrapnel criblant l'empennage seraient dus à l'impact d'un missile antiaérien. Pour Libération, citant un commentaire d'Oliver Alexander sur le réseau social X, une collision avec des oiseaux aurait pu éventuellement cabosser la carlingue sans la perforer, son énergie étant insuffisante pour transpercer le fuselage[12]. Iouri Podoliaka, blogueur[pertinence contestée] militaire russe fait part de la même interprétation[15]. Les semaines précédant l'accident, plusieurs drones ukrainiens auraient été repérés en vol au-dessus de la Tchétchénie, et le matin même en Ingouchie et Ossétie du Nord[16]. La défense antiaérienne russe pourrait avoir confondu l'avion avec l'un d'eux[12].

Le lendemain du crash, le média pro-gouvernement azerbaïdjanais Caliber, citant des responsables anonymes du pays, indique que l'accident a été causé par le tir d'un système antiaérien russe Pantsir. L'information est reprise par le New York Times et l'agence Anadolu[16].

Cité dans Le Monde, Agil Rustamzade, un expert militaire azerbaïdjanais et ancien pilote de bombardier Su-24, pense reconnaître sans aucun doute les traces d'impacts venant d'un missile Pantsir. De plus, cet expert affirme que obliger l'avion à repasser par dessus la mer Caspienne au lieu de l’accueillir sur les deux aéroports russes voisins laissait espérer la disparition des preuves par une chute en mer[23].

Réactions

modifier

À la suite du crash, le président de l'Azerbaïdjan Ilham Aliyev, alors en déplacement à Saint-Pétersbourg pour une réunion de la Communauté des États indépendants, décide de revenir dans le pays en urgence. Il décrète un jour de deuil national[8]. Ramzan Kadyrov, chef de la République tchétchène, transmet ses condoléances aux familles des victimes[12].

Le Kazakhstan et la Russie nient initialement toute implication dans l'accident, affirmant qu'il est nécessaire d'« attendre la fin de l'enquête » avant tout commentaire. Les autorités kazakhes dénoncent des « spéculations » et la Russie des « hypothèses »[24].

Notes et références

modifier
  1. a et b (en) Arman Aisultan, « Chronology of the Azerbaijan Airlines plane crash near Aktau »  , sur en.inform.kz, (consulté le )
  2. a et b (en) « Latest full technical control of aircraft, crashed near Aktau, conducted in October of this year »  , sur Apa.az, (consulté le ).
  3. (en) Elshan Rustamov, « Number of casualties in plane crash near Aktau confirmed »  , sur Azertag, (consulté le ).
  4. (en) Ian Petchenik, « Azerbaijan Airlines E190 crashes near Aktau »  , sur Flightradar24, (consulté le ).
  5. (en) Sofia Ferreira Santos et Konul Khalilova, « Dozens killed as passenger plane crashes in Kazakhstan »  , sur BBC, (consulté le ).
  6. (en) Katie Marie Davies et Dasha Litvinova, « Azerbaijani airliner with 67 people onboard crashes in Kazakhstan leaving 32 survivors », Associated Press,‎ (lire en ligne  , consulté le ).
  7. (en) Lena Medvedeva et Hannah Peart, « Dozens feared dead after passenger plane crashes in Kazakhstan », NBC,‎ (lire en ligne  , consulté le ).
  8. a et b Alexander Kazakevich, AP, « Crash d'un avion d'Azerbaijan Airlines au Kazakhstan : erreur de la défense aérienne russe ? »  , sur euronews, (consulté le ).
  9. (en) AFP, « 38 Killed After Azerbaijan Airlines Plane Crashes in Kazakhstan »  , sur The Moscow Times, (consulté le ).
  10. a et b (ru) « Выжившие в авиакатастрофе в Актау сидели в хвостовой части самолета »  , sur Interfax,‎ (consulté le ).
  11. (en) Ashifa Kassam, Reuters, « Passenger plane crashes in Kazakhstan, emergencies ministry says », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le ).
  12. a b c d e et f Nelly Didelot, AFP, « Crash d’un avion de ligne au Kazakhstan : une erreur de la défense antiaérienne russe suspectée »  , Libération, (consulté le ).
  13. (en) Ivan Nechepurenko, « Passenger Jet Crashes in Kazakhstan With 67 Onboard », The New York Times,‎ (lire en ligne [archive du ]  , consulté le ).
  14. Azerbaijan Airlines passenger plane crashes in Kazakhstan, The Independent (, 0:36 minutes), consulté le .
  15. a b et c Elie Guidi, AFP, « Crash au Kazakhstan : ce que l’on sait de l’accident d’un avion d’Azerbaijan Airlines », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne  , consulté le ).
  16. a b c et d AFP, « L'Azerbaïdjan pense qu'un missile russe a causé le crash d'un avion au Kazakhstan, selon des médias », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne  , consulté le ).
  17. (en-GB) Ashifa Kassam et Pjotr Sauer, « Russian anti-aircraft system may have struck Azerbaijan Airlines plane, says US », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  18. (ru) « На самолете Azerbaijan Airlines заметили дыры, похожие на следы от стрельбы »  , sur news.ru,‎ (consulté le ).
  19. (ru) Роман Попов, « Самолет Баку-Грозный сбили? Следы поражающих элементов обнаружили на фюзеляже »  , sur Arbat media,‎ (consulté le ).
  20. (ru) Роман Попов, « При крушении самолёта Azerbaijan Airlines в Казахстане погибли 38 человек »  , sur gazeta.uz,‎ (consulté le ).
  21. (ru) Аружан Дарибай, « Авиакатастрофа в Актау: появилось видео из салона самолета », TengriNews,‎ (lire en ligne  , consulté le ).
  22. (en) « Was Azerbaijan Airlines Embraer jet shot down? », Meduza, Ilya Krasilyshik (d) et Galina Timchenko (d),‎ (OCLC 1125874019, lire en ligne). .
  23. Emmanuel Grynszpan, « Moscou soupçonné d’avoir abattu par erreur un avion azerbaïdjanais se dirigeant vers Grozny »  , sur Le Monde, (consulté le ).
  24. AFP, « Crash d’avion au Kazakhstan: la Russie met en garde contre les «hypothèses» sur la cause du drame »  , L'Opinion, (consulté le ).