Vol Air Algérie 6289
Le crash du vol Air Algérie 6289 concerne un 737-200, assurant un vol intérieur régulier de passagers entre Tamanrasset et Alger, avec une escale prévue à Ghardaïa, qui s'est écrasé le , à 15 h 15 heure locale (14 h 15 GMT), près de la route transsaharienne peu après son décollage de l'aéroport de Tamanrasset - Aguenar - Hadj Bey Akhamok.
Vol Air Algérie 6289 | |||
7T-VEZ, le Boeing 737 impliqué dans l'accident, dans une livrée précédente, ici à l'aéroport de Francfort-sur-le-Main en août 1999 | |||
Caractéristiques de l'accident | |||
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Date | |||
Type | Décrochage et perte de contrôle au décollage | ||
Causes | Panne moteur au décollage, erreur de pilotage | ||
Site | Près de l'aéroport de Tamanrasset - Aguenar - Hadj Bey Akhamok, en Algérie | ||
Coordonnées | 22° 47′ nord, 5° 31′ est | ||
Caractéristiques de l'appareil | |||
Type d'appareil | Boeing 737-2T4 | ||
Compagnie | Air Algérie | ||
No d'identification | 7T-VEZ | ||
Lieu d'origine | Aéroport de Tamanrasset - Aguenar - Hadj Bey Akhamok, en Algérie | ||
Lieu de destination | Aéroport d'Alger - Houari-Boumédiène, en Algérie | ||
Phase | Décollage | ||
Passagers | 97 | ||
Équipage | 6 | ||
Morts | 102 | ||
Blessés | 1 | ||
Survivants | 1 | ||
Géolocalisation sur la carte : Algérie
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Au total, sur les 103 personnes à bords de l'appareil, 96 des 97 passagers et les 6 membres d'équipage ont péri. Avec un bilan de 102 victimes, c'est la deuxième catastrophe aérienne la plus meurtrière que le pays ait connue depuis son indépendance[1].
L'enquête a conclu qu'une erreur de l'équipage a provoqué l'accident du vol 6289, suite à une panne moteur survenue peu après le décollage. Le commandant de bord a notamment pris le contrôle de l'avion sans avoir identifié correctement de quelle situation d'urgence il s'agissait. Les pilotes n'ayant pas pu comprendre la cause exacte de l'urgence, aucune mesure corrective appropriée n'a été prise. La vitesse a ensuite chuté de manière drastique et l'avion s'est finalement écrasé au sol.
Contexte
modifierAvion
modifierIl s’agissait d’un Boeing 737-2T4, version allongée du 737-100. Lancés en 1965, ces appareils entrent en service en 1968[2]. Le dernier 737-200 fut livré le à Xiamen Airlines[3]. L’appareil incriminé, immatriculé 7T-VEZ, a été livré à Air Algérie le et totalise 40000 heures de vol au moment de l'accident[4].
Moteurs
modifierL’avion était équipé de deux moteurs Pratt & Whitney JT8D-17A. Le moteur JT8D avait réalisé son premier vol en 1964 pour les avions de type Boeing 737-100. 11 800 unités furent produites. Plusieurs variantes de ce moteur furent ensuite développées, dont le JT8D-17A[5] qui équipe des Boeing 727-200 et 737-200, ainsi que des McDonnell Douglas YC-15. Par le petit nombre de pièces le composant et par sa facilité d’accès, les moteurs de la gamme JT8D sont réputés faciles à entretenir.
Passagers et équipage
modifierLe vol 6289 transportait 97 passagers, la plupart étant de nationalité algérienne. Les autorités ont indiqué que parmi les 97 passagers, 39 ont débarqué à Alger et 58 autres se dirigeaient vers Ghardaïa. On pensait initialement qu'au moins 7 ressortissants français se trouvaient à bord du vol. Ce nombre a ensuite été revu à 6. Parmi les passagers figuraient 14 membres de l'équipe de football du Mouloudia d'Adriane, qui se rendaient à Ghardaïa pour la qualification régionale du Championnat d'Algérie de football.
En raison d'une erreur de tampon commise sur leur carte d'embarquement, trois passagers, un Français, un Tunisien et un Algérien, se sont retrouvés dans un autre avion qui allait en direction de Djanet. Du fait de cette erreur, pendant près de vingt-quatre heures, les trois hommes ont figuré sur la liste des 102 personnes ayant trouvé la mort dans le crash du Boeing. Le seul passager ayant survécu est un soldat de 28 ans[6].
Le commandant de bord, Boualem Benaouicha (48 ans), a été sollicité à la dernière minute pour effectuer le vol fatidique du 6 mars[7]. Il comptabilisait 10 760 h de vol au total[8], dont 1 087 h sur Boeing 737-200 en tant que commandant de bord. Il était également un des pilotes attitrés de la présidence et devait transporter le président Abdelaziz Bouteflika le . La copilote était Fatima Yousfi (44 ans), alors première femme pilote de ligne en Algérie. Elle comptabilisait 5 219 h de vol au total[9], dont 1 292 h sur Boeing 737-200.
Accident
modifierLa copilote réalise toute seule la préparation du décollage sur la piste 2 de l'aéroport de Tamanrasset. Le commandant s’exclut totalement de la chaine du fonctionnement de l’avion, considérant le décollage comme facile, il n’accorde aucune attention à ce qui se passe autour de lui. Aucun briefing n’est réalisé et l’éventualité d’une panne moteur jamais évoquée.
À 15:14, l’avion commence à accélérer, quelques secondes plus tard à l’instant où les roues quittent le sol, une énorme explosion est entendue sur le côté gauche. À cet instant, la copilote demande au commandant de rentrer le train d’atterrissage. Non seulement il ne le fera pas mais contrairement à toutes les recommandations en vigueur dans ce cas de figure, il va lui prendre les commandes et maintenir un taux de montée inadapté.
L'événement laisse peu de temps à l'équipage pour remédier à la situation et l'absence de tout travail d'équipe après la panne moteur conduit à un défaut de détection et de correction des paramètres liés au déroulement du vol. L'avion perd de la vitesse, décroche puis s'écrase à la droite de la piste[10].
Causes de l'accident
modifierLe rapport final révèle que l’accident du vol 6289 est la conséquence de :
- la perte d’un moteur lors du décollage.
- la non-rentrée du train d'atterrissage après la panne.
- la prise des commandes par le commandant de bord, avant l'identification complète de la panne.
Les facteurs suivants ayant probablement contribué au crash sont :
- la préparation bâclée du vol, qui a fait que l'équipage n'était pas préparé à faire face à la situation qui s'est produite à un moment critique du vol.
- la coïncidence entre le moment de la panne et la demande de rentrée du train d'atterrissage.
- la rapidité de la panne moteur après le décollage, qui a laissé peu de temps à l'équipage pour analyser la situation.
- le maintien d'un taux de montée inapproprié lors de la montée, compte tenu de la panne d'un moteur.
- l'absence de tout travail d'équipe après la panne moteur, qui a conduit à l'incapacité de l'équipage à détecter et à corriger des paramètres liés au déroulement du vol (vitesse, taux de montée, configuration de l'avion, etc.).
- la masse de l'appareil au décollage, qui était proche de la masse maximale autorisé pour le décollage depuis un aéroport en haute altitude et avec une température élevée au sol.
- l'environnement rocheux autour de l'aéroport, inapproprié pour l'exécution d'un atterrissage d'urgence.
À la suite de l'accident, les enquêteurs ont demandé à Air Algérie de veiller à ce que leur formation en gestion des ressources du poste de pilotage (CRM) sensibilise plus efficacement les équipages au strict respect des procédures concernant la passation de pouvoir dans le cockpit et le partage des tâches appropriées pendant les différentes phases de vol. D'autres recommandations ont également été adressées au gouvernement algérien.
Notes et références
modifier- Harro Ranter, « Crash-aerien 06 MAR 2003 d'un Boeing 737-2T4 7T-VEZ - Tamanrasset Airport (TMR) », sur www.asndata.aviation-safety.net (consulté le )
- Chris Brady, « Boeing 737 100/200 - Originals », sur The Boeing 737 Technical Site (consulté le )
- « Boeing: Next-Generation 737 », sur www.boeing.com (consulté le )
- Selon Airlfleets.net
- site de Pratt & Whitney
- Par R.H et avec AFP Le 9 mars 2003 à 00h00, « Les trois miraculés du crash de l'avion d'Air Algérie », sur leparisien.fr, (consulté le )
- «Mon frère avait toujours un avion à piloter», sur Djazairess (consulté le )
- bea.aero
- vrijwilligeinzet.be
- securiteaerienne.com