Vitrail de Saint Jean (Chartres)
Le vitrail de Saint Jean à Chartres est le premier vitrail du bas-côté sud de la cathédrale Notre-Dame de Chartres, numéroté 048 dans le Corpus vitrearum.
Type | |
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Partie de |
13 verrières figurées (nef, fenêtres basses), cathédrale de Chartres (baies 35 à 39, 41 à 48) (d) |
Fondation |
- |
Créateur |
Inconnu |
Matériau |
verre transparent (d) |
Hauteur |
7,85 m |
Largeur |
1,9 m |
Patrimonialité |
Localisation |
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La verrière a été exécutée entre 1205 et 1215, elle est contemporaine de la cathédrale actuelle reconstruite au début du XIIIe siècle après l'incendie de 1194. Elle a été restaurée en 1897 par Gaudin, en 1919 par Bonnot[1].
Elle a été classée aux monuments historiques en 1840[2],[1].
Composition du vitrail
modifierLe vitrail de 7,85 × 1,88 m s'inscrit dans une lancette en arc brisé[2], de style gothique primitif.
La ferrure est exceptionnellement complexe, sans ferrure traversante. La verrière est composée de « cinq quadrilobes et deux demi », empiétant sur six médaillons circulaires partis verticalement[2], pour un total de douze étages de lecture, se recouvrant partiellement. Une ferrure sépare les panneaux centraux de la bordure, elle-même découpée en douze étages par les ferrures de raccord à la bordure. L'empiètement des lobes sur les médaillons circulaires donne à ces derniers une forme de fer de hache, allusion possible aux forgerons et armuriers, donateurs du vitrail[3].
Les scènes des médaillons quadrilobés sont sur fond bleu, bordées de trois filets rouge, bleu et blanc à l'intérieur de la ferrure. Les médaillons circulaires sont également sur fond bleu, bordés de deux filets rouge et bleu à l'intérieur de la ferrure, et d'un filet blanc à l'extérieur ; ils sont coupées verticalement par la ferrure reliant deux quadrilobes, sans bordure supplémentaire.
Le fond est constitué d'une mosaïque complexe, à rosettes[2] formées d'un cœur jaune entouré par quatre pétales bleus en croix de Saint André, séparés par des pétales blancs plus petits. Les rosettes sont disposées en quinconce, se touchant par leurs pétales bleus, et laissent apparaître un fond rouge dont les pièces ont une découpe cruciforme remarquable.
Le fond est bordé d'un liseré blanc et d'une large bande bleue bordée de deux filets rouge, au centre de laquelle une alternance de fleurs jaunes et de feuilles vertes d'acanthe[2] enroulent autour d'un filet blanc leur tige orange chargée de boutons.
Thématique
modifierLe seul panneau inspiré du Nouveau Testament est celui montrant saint Jean rédigeant l'Apocalypse (étage II-b), le reste est tiré de légendes traditionnelles remontant au IIe siècle[3], qui seront quelques années plus tard compilés dans la Légende dorée par Jacques de Voragine.
Description des panneaux
modifierLe vitrail se lit de bas en haut et de gauche à droite, mais sa lecture est inhabituelle[3] et se fait en deux temps : d'abord en remontant suivant les médaillons circulaires, puis en remontant suivant les panneaux quadrilobés.
(VI-a) : Ogive concluant l'histoire de Saint Jean : des anges thuriféraires encensent Saint Jean à sa mort[4]. Au-dessus, deux autres anges tendent les mains pour l'accueillir au Paradis[3]. | |
(VI-b) : Mort de Saint Jean[4]. Il fait creuser une tombe, et Saint Jean paraît attendre : une légende veut que Saint Jean soit monté corporellement au ciel, comme l'Assomption de la Vierge Marie et comme Énosh et Élie avant lui[3] : une lumière aveuglante apparaît, il disparaît, et les assistants trouvent une tombe pleine d'une manne au parfum suave[5]. Le cercueil et la dalle funéraire sont verts, et couleur de vie. | |
(V-b) : Le Christ apparaît à Saint Jean, âgé de 98 ans[6], et lui dit qu'il est temps pour lui de mourir[4] : « le temps est venu pour toi de t'asseoir avec tes frères à ma table »[5]. L'apparition de Jésus est une référence directe à l'Évangile, « Le bruit courut parmi les frères que ce disciple ne mourrait point. Cependant Jésus n'avait pas dit à Pierre qu'il ne mourrait point; mais: Si je veux qu'il demeure jusqu'à ce que je vienne, que t'importe? » (Jn 21:23). | |
(VI-b) : En bas gisent les hommes qui ont succombé à ce même poison ; à droite un apothicaire prépare du poison en écrasant des serpents[3]. Mais mis au défi par Aristodème, Saint Jean boit une coupe de poison sans s'en trouver mal, préservé par la main de Dieu (en haut)[4]. Le passage est une illustration d'une parole rapportée du Christ : « ils saisiront des serpents; s'ils boivent quelque breuvage mortel, il ne leur fera point de mal » (Mc 16:18)[5]. Aristodème demande ensuite à Saint de ressusciter les deux morts, ce qu'il fait en étendant sur eux son manteau[6]. Aussitôt tous se convertissent. | |
(III-b) : Saint Jean ayant refusé de sacrifier aux idoles du temple de Diane comparaît devant le grand prêtre Aristodème[4],[3]. Il fait d'abord boire du poison à deux condamnés à mort, pour que Saint Jean puisse en constater la puissance[6]. | |
(II-b) : Mort de Stactée, jeune marié et païen non baptisé[5], et dont l'âme est emportée par un diable rouge. Suivant l'iconographie classique, l'âme est représentée sous forme d'un petit enfant. Il est plus tard ressuscité par Saint Jean, et lui décrit les huit tourments de l'enfer[4],[3] réservé à ceux qui s'attachent aux biens matériels, « Les vers et les ténèbres, le fouet, le froid et le feu, – la vue du diable, le remords, le désespoir », et la gloire du Paradis. Frappés par ce témoignage, les deux frères prient que pierres et roseaux reprennent leur ancienne forme[6]. | |
(V-a)[4]
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(VI-a) : Je jour suivant, Jean rencontre par hasard le philosophe Craton[5], qui enseignait à ses disciples le mépris des biens matériels : ils devaient les convertir en pierres précieuses et les détruire[3].
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(III-a) Saint Jean est rappelé à Éphèse par Trajan[3].
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(II-a) : Sous la persécution de Domitien, successeur de Néron, Saint Jean est exilé à Patmos[3]
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(I-a)[4] Donateurs au travail : les forgerons armuriers. La légende veut que Saint Jean ait survécu à être plongé dans de l'huile bouillante à son arrivée à Rome à la Porte Latine[5],[7], et de ce fait, il est le saint patron des armuriers et les protège des brûlures dans leur travail de forge[3].
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(I-b) : La Fuite en Égypte[4]. Ce panneau est présent au moins depuis le XVIIe siècle, et correspond peut-être au remplacement d'une « signature » manquante[5]. Qu'il soit ou non d'origine, la raison de la présence de ce panneau est peu claire. Il s'agit peut-être d'une allusion à la fois au fait que Marie a été confiée à Saint Jean, lequel devient ainsi son fils adoptif, et que Saint Jean a été exilé à Patmos pour fuir les persécutions de Domitien, de même que la Sainte Famille s'est exilée en Égypte pour fuir le massacre des Innocents réalisé par Hérode le Grand. Dans ce cas, le panneau est un rappel de la persécution des chrétiens, qui ouvre ici l'histoire de Saint Jean. |
Notes et références
modifierRéférences
modifier- Notice no PM28000810, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture
- Notice no IM28000408, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture
- Vie de Saint Jean l'évangéliste, vitrail 48, La Cathédrale de Chartres.
- Bay 48 - St John the Evangelist, Chartres Cathedral - the Medieval Stained Glass, The Corpus of Medieval Narrative Art.
- La cathédrale de Chartres, Malcom Miller, Pitkin guides 1985. (ISBN 978-0-85372-788-0) (reliée). (ISBN 978-0-85372-789-7) (brochée).
- La Légende dorée, chapitre Saint Jean.
- C'est l'origine de la fête de Saint Jean Porte latine et de la basilique de Saint Jean à la porte latine.
Voir aussi
modifierArticles connexes
modifierLiens externes
modifier
- Ressource relative aux beaux-arts :
- Bay 48 - St John the Evangelist, Chartres Cathedral - the Medieval Stained Glass, The Corpus of Medieval Narrative Art.
- The John the Evangelist Window, Alison Stones, Images of medieval art and architecture.