Vignoble du Médoc
Le vignoble du Médoc est une région du vignoble de Bordeaux. Le vaste vignoble du Médoc est délimité de la Jalle de Blanquefort (au nord de l'agglomération bordelaise) jusqu'à la Pointe de Grave, et de l'estuaire de la Gironde à la forêt des Landes.
Médoc | |
Vignoble du Médoc (appellation pauillac). | |
Désignation(s) | Médoc |
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Appellation(s) principale(s) | médoc, haut-médoc, saint-estèphe, pauillac, saint-julien, listrac-médoc, moulis-en-médoc et margaux |
Type d'appellation(s) | AOC régionales et communales |
Pays | France |
Région parente | vignoble de Bordeaux |
Sous-région(s) | vignoble du Médoc |
Localisation | Gironde |
Climat | océanique |
Sol | graviers (appelés graves) et sable |
Cépages dominants | cabernet sauvignon, merlot, cabernet franc, côt, petit verdot et carménère |
Vins produits | rouges |
Rendement moyen à l'hectare | variant selon les appellations |
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Cet ensemble homogène produit exclusivement des vins rouges et regroupe un grand nombre de crus classés prestigieux et de crus bourgeois plus abordables pour le consommateur.
Histoire
modifierÉtymologie
modifierLes Romains baptisèrent cette zone in medio aquæ, « au milieu des eaux », entre l'océan Atlantique et l'estuaire de la Gironde. Le nom a évolué en « Médoc »[1].
De l'Antiquité à la Renaissance
modifierCette zone de marécages était vraisemblablement dévolue à la forêt et à l'élevage.
Henri IV fait venir des techniciens des Pays-Bas pour drainer la région[2]. Elle est destinée à accroître la surface agricole (le même travail, à la même époque est entrepris à plus grande échelle dans le marais poitevin).
La période moderne
modifierL'assèchement des terres crée une agriculture vivrière d'abord, mais rapidement, les négociants bordelais y découvrent un terroir qui leur rappelle celui des croupes de graves où se produit le vin de bordeaux d'alors. Le financement de la suite des travaux d'assèchement est assuré par les plus fortunés des marchands de vin, certains venant même d'Angleterre ou d'Irlande. Le vignoble du médoc compte toujours de nombreux châteaux dont les noms rappellent l'origine anglo-saxonne ou celtique de leurs créateurs : Cantenac-Brown, Clarke, Dillon, Kirwan, Léoville-Barton, Lynch-Bages, Mac-Carthy, Palmer...
À cette époque apparait le cabernet sauvignon N. Ce cépage est planté au cours du XVIIIe siècle. Il est formellement identifié en tant que tel en 1783 à Pauillac[3]. Des tests génétiques menés par l'équipe de Carole Meredith de l'Université de Californie à Davis ont trouvé un métissage datant de moins de 600 ans entre le cabernet franc N et le sauvignon B[4]. Le métissage a vraisemblablement eut lieu en Médoc où ses qualités ont encouragé les viticulteurs à le planter. Cependant, ce n'est qu'avec la replantation après l'anéantissement du vignoble par le phylloxera que le cabernet sauvignon devient prépondérant.
Appellations
modifierHiérarchisation des AOC
modifierLe vignoble du Médoc correspond à une appellation régionale, le médoc. Dans cette zone, une zone limitée à la partie sud produit une AOC plus restrictive, le haut-médoc.
La hiérarchisation comprend ensuite six AOC communales ou locales, ici du sud vers le nord :
- le margaux ;
- le moulis-en-médoc ;
- le listrac-médoc ;
- le saint-julien ;
- le pauillac ;
- le saint-estèphe.
Classements
modifierDeux classements officiels existent pour les vins du Médoc : d'une part le classement historique établi en 1855, qui regroupe les vins rouges et les moelleux de Sauternes et Barsac ; et d'autre part un classement plus récent, datant initialement de 1932 mais révisé ponctuellement, des crus bourgeois du Médoc consacré aux vins rouges uniquement.
Géographie
modifierSituation
modifierLe vignoble de Médoc est planté sur une bande de terre entre la Jalle de Blanquefort (au nord de l'agglomération bordelaise) jusqu'à la Pointe de Grave, et de l'estuaire de la Gironde à la forêt des Landes. Il couvre une zone de 50 km du nord au sud et de 15 km dans sa plus grande largeur.
Sols et orographie
modifierLe vignoble du Médoc est planté sur des alluvions détritiques du quaternaire amenés par la Garonne. Déposés au cours des millénaires sur le même substrat sableux que la forêt des Landes, cette roche détritique a complètement changé la nature du sol. Il s'agit de couches plus ou moins épaisses (supérieures à dix mètres[2]) de sables et graviers mêlés d'un peu d'argile appelées graves, comme dans l'AOC graves, amenés des reliefs pyrénéens et auvergnat. Les zones les plus épaisses sont situées sur les communes ayant donné lieu aux AOC locales. (Margaux, Moulis-en-médoc, Listrac-médoc, Saint-julien, Pauillac et Saint-estèphe) Au nord, sur l'AOC Médoc, les dépôts sont moins épais et de plus faible granulométrie.
Ces alluvions forment des collines localement appelées « croupes de graves » séparées par des ruisseaux de drainage, les « jalles ». Ces ruisseaux évacuent l'eau excédentaire. Ainsi, une croupe contient peu d'eau, est peu fertile et oblige les racines de la vigne à descendre dans les profondeur chercher l'eau. Ce terroir est très qualitatif, ne craignant ni excès d'eau, ni sècheresse, une fois que les vignes sont assez vieilles pour avoir colonisé leur espace racinaire.
Climatologie
modifierLe climat est le même que pour la station météorologique de Bordeaux-Mérignac, c'est un climat océanique tempéré. La pluviométrie est répartie de manière assez homogène tout au long de l'année avec des automnes plutôt pluvieux. L'arrivée plus précoce des perturbations entraine une année difficile. Au contraire, les années à belle arrière-saison assurent de bons millésimes. Les températures donnent des hivers doux et des étés chauds sans sècheresse. Le bon ensoleillement assure une bonne maturité au raisin.
Mois | Janv | Fév | Mars | Avr | Mai | Juin | Juil | Août | Sept | Oct | Nov | Déc | Année |
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Températures minimales moyennes (°C) | 2,8 | 3,4 | 4,6 | 6,6 | 10,3 | 13 | 15,1 | 15,2 | 12,5 | 9,5 | 5,5 | 3,8 | |
Températures maximales moyennes (°C) | 10 | 11,7 | 14,5 | 16,5 | 20,5 | 23,5 | 26,4 | 26,6 | 23,7 | 18,8 | 13,4 | 10,7 | |
Précipitations moyennes (mm) | 92 | 83 | 70 | 80 | 84 | 64 | 55 | 60 | 90 | 94 | 107 | 107 | 1984 |
Ensoleillement (heure) | 107 | 114 | 180 | 177 | 222 | 225 | 243 | 243 | 183 | 134 | 91 | 72 | 1992 |
Source : Climatologie mensuelle moyenne - Mérignac, France |
Vignoble
modifierLe vignoble du Médoc produit essentiellement des vins rouges. Il reste encore quelques plantations en blanc, au Château Loudenne (au nord) auquel il faut rajouter le Pavillon blanc du Château Margaux, et d'autres productions plus modernes répondant à un souci de marketing, le blanc de Lynch Bages par exemple. Autrefois, les deux productions coexistaient, les vendanges mêlant tous les cépages pour produire une sorte de vin rosé " Le claret" cher aux anglais. Ces vins blancs ne peuvent prétendre qu'à l'appellation "Bordeaux" et sont à base du cépage sauvignon.
Encépagement
modifierCépages principaux
modifierIls représentent plus de 90 % de l'encépagement. Ce sont :
- le cabernet sauvignon N apporte charpente et structure au vin et capacité de garde.
- le merlot N rondeur, souplesse, complexité et capacité à apprécier le vin plus jeune.
- le cabernet franc N apporte rondeur, fruité, complexité au vin.
Cépages complémentaires
modifier- le malbec ou côt apporte souplesse, rondeur et structure, mais demande que le rendement soit bien maîtrisé.
- le petit verdot apporte arôme, charpente et structure, mais nécessite une bonne maturité.
- la carménère est un cépage relique quasi absent.
-
Cabernet sauvignon N.
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Cabernet franc N.
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Merlot N.
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Côt N ou malbec N.
-
Petit Verdot.
La taille
modifierLes cépages et le climat nécessitent une taille spécifique. C'est donc essentiellement la taille médocaine qui est utilisée. C'est comme le guyot double avec un ou deux coursons (cot), en fonction de son utilité. Quelques parcelles conduites en gobelet existent toutefois. Un palissage est quasi généralisé, permettant d'obtenir une hauteur de feuillage propice à une bonne maturité.
Le travail en vert
modifierLes années de grosse sortie de fleurs, une vendange en vert est pratiquée. Elle consiste à faire tomber du raisin en trop avant sa maturité. La vigne peut ainsi mieux nourrir le raisin restant qui donne un vin plus riche et concentré.
La récolte
modifierLa récolte mécanique a majoritairement conquis le vignoble, mais de nombreux domaines et châteaux classés continuent à vendanger à la main pour pouvoir trier le raisin et éliminer les grappes attaquées par une maladie ou insuffisamment mûres.
Le vin
modifierVinification
modifierLe raisin est éraflé ou pas selon le cépage, le millésime, le degré de maturité et le type de vin à élaborer. En effet, la rafle (grappe) donne de l'acidité et des tanins herbacés et diminue le degré final du vin, mais peut apporter vivacité en bouche et structure à un vin.
Ensuite, le raisin est mis à macérer en cuve (en inox ou en béton). La fermentation se déroule avec des remontages et délestages destinés à faire migrer la couleur (anthocyanes) et les tanins (polyphénols) de la pellicule du raisin dans le moût. Cette phase dure de quinze à trente jours avant que le jus soit écoulé et le marc pressuré. Une partie du vin de presse peut être ajouté au vin de goutte pour amener de la complexité. C'est à ce stade qu'a lieu la fermentation malolactique (opération naturelle de désacidification).
Élevage
modifierLe vin est gardé en cuve pleine de 6 à 24 mois. Certaines cuvées les plus structurées, comme le vin des châteaux classés, sont élevés en fût de chêne. Le vin est soutiré environ tous les trois mois afin de retirer les lies qui peuvent communiquer des mauvais goûts. En fin d'élevage, le vin est collé et filtré pour éliminer les dernières particules solides encore en suspension. Le vin est alors prêt pour la mise en bouteille
Vins
modifierCaractères
modifierLes vins du Médoc sont des vins rouges de moyenne ou longue garde. Ils demandent de deux à plus de dix ans de cave pour arriver à leur qualité optimale. Ils conservent ensuite ces qualités quelques années.
De robe rouge rubis sombre, voire presque noire dans leur jeunesse, ils prennent avec l'âge une teinte « bordeaux ». La palette aromatique va des fruits rouges (fraise, groseille) aux fruits noirs (mûre, myrtille) en passant par les arômes épicés, (poivre, réglisse, eucalyptus, menthol) empyreumatiques, (caramel, café, cacao, chocolat, tabac blond...) ou balsamiques (boisé, pain grillé, brûlé, toasté...).
En bouche, ce sont des vins structurés et charpentés. Leurs tannins jeunes peuvent être un peu agressifs mais après le temps de garde adéquat, leur rondeur et leur longueur en bouche sont remarquables.
Commercialisation
modifierTraditionnellement, les vins du Médoc étaient commercialisés en vrac par le négoce bordelais du quartier des Chartrons. Depuis quelques décennies, la mise en bouteille au château s'est généralisée et de nombreux domaines commercialisent leurs vins par leurs propres moyens, en vente directe à la propriété, sur les foires ou par le réseau des cavistes.
Tourisme
modifierRoute des vins
modifierLa départementale 2 parcourt le vignoble du sud au nord en passant par les vignobles les plus prestigieux. Depuis Blanquefort, elle traverse la plupart des appellations médocaines. D'abord l'appellation haut-médoc, puis celle de margaux ; elle flirte ensuite avec l'appellation moulis, avant de traverser à nouveau les terroirs d'appellation haut-médoc. Ce sont ensuite les châteaux des appellations saint-julien, pauillac et saint-estèphe qui sont bordés par cet itinéraire. Avant de passer par les terres d'appellation médoc jusqu'à la fin de la RD2 à Saint-Vivien-de-Médoc, la « Route des Châteaux du Médoc », sillonne une nouvelle fois, à Saint-Seurin-de-Cadourne, l'appellation haut-médoc.
Un dépliant édité par la maison des vins de Bordeaux guide l'amateur de promenade. Y figurent les adresses des « maisons des vins » des AOC médocaines, une petite carte et une brève description de l'itinéraire avec les détours à faire pour déguster et visiter villes, plages, châteaux[5]...
Enfin, le Conseil des vins du Médoc édite chaque année un guide gratuit (environ 90 pages), Destination Vignobles en Médoc, qui présente le terroir et le territoire, et toute l'offre œnotouristique du Médoc. Les châteaux du Médoc sont présentés, et leurs offres de découverte sont spécifiées. Ce guide est distribué par les offices de tourisme et les maisons des vins.
Gastronomie
modifierLes vins du Médoc supportent d'accompagner des plats riches en goût qu'ils doivent sublimer.
Les pièces de bœuf rôties ou grillées (entrecôte à la bordelaise par exemple), le gibier (daubes de chevreuil ou de sanglier), palombes, bécasses ou grives, l'agneau de Pauillac (gigot, carré d'agneau) servi grillé sur des sarments de vigne.
Côté plateau à fromage, ils supportent des fromages riches en goût (bleu d'Auvergne, cantal affiné).
Les vins du Médoc sont également la base de quelques produits dérivés, dont la gelée de vin du Médoc, traditionnellement servie pour accompagner des fromages ou agrémenter un jus de viande[6].
Notes et références
modifier- « Programme Nouvelle-Aquitaine : direct et replay en streaming des émissions et… », sur francetvinfo.fr (consulté le ).
- Vin de l'AOC médoc sur le site 1jour1vin.com, consulté le 14 janvier 2010.
- Fiche du cabernet sauvignon N sur le site eccevino.com, consulté le 22 janvier 2010.
- (en) Une courte histoire du cabernet sauvignon N sur le site uncork.biz, consulté le 20 janvier 2010.
- La route des vins du Médoc sur le site vins-bordeaux, consulté le 8 février 2010.
- « Gastronomie », sur Wikiwix (consulté le ).