Viggo Dorph-Petersen
Viggo Theodor Dorph-Petersen (Barfredshøj, - Perpignan, ) est un architecte danois actif dans les Pyrénées-Orientales (France) à la Belle Époque.
Viggo Theodor Dorph-Petersen | |
Présentation | |
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Naissance | Barfredshøj, près d'Ishøj, Danemark |
Décès | (à 86 ans) Perpignan, Pyrénées-Orientales |
Nationalité | Danemark |
Formation | École des beaux-arts de Copenhague ENSBA, atelier Ginain |
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Biographie
modifierNé le à Barfredshøj, au Danemark, d'une famille nombreuse, il exerce la profession de charpentier et de menuisier jusqu'à ses vingt ans. Il est élève au Tekninsk Institut puis entreprend des études à Copenhague avec des architectes de renom comme Ove Petersen, Hans J. Holm. Plus tard il devient le collaborateur de Vilhelm Dahlerup (réalisation du Théâtre royal de Copenhague) et Vilhelm Friederichsen (hôpital Blegdam de Copenhague). Diplômé de l'Académie royale des Beaux Arts du Danemark en 1879, il vient parfaire son savoir à l'École des Beaux-Arts de Paris l'année suivante. Il y étudie les nouvelles méthodes de construction françaises : Vicat, Baltard... Un article publié en danois[1] lors de ses 80 ans signale qu'il aurait également fréquenté l'atelier de l'architecte parisien Léon Ginain. Ce même article retrace les raisons de sa venue en Roussillon : Petersen dirige des travaux pour un cabinet d'architecture de Paris, où il se voit confier la construction d'un hôtel à Vernet les Bains (Pyrénées-Orientales). Sa première commande roussillonnaise date de 1883 mais son nom apparaît pour la première fois sur les registres des patentes en tant qu'architecte à Perpignan en 1886. Il s'installe en location à Perpignan. Montès, Mercader et Joseph Berthier ont été ses élèves. Il est le contemporain de Claudius Trénet, Léon Baille, Drogart, Vignol, Henri Sicart...
« En 1923, il est nommé chevalier de l'ordre royal de Dannebrog, médaillé de la croix d'argent de Danenbtogmoredens-Hoederfitgen. Ces décorations lui valent l'honneur de dîner une fois l'an à la table du roi du Danemark, au château d'Amalienborg. En 1909, il est tout naturellement désigné vice consul du Danemark à Perpignan »[2]. Petersen décède à l'âge de 87 ans dans son appartement perpignanais, le . Il est enterré au cimetière de La Rochefoucauld en Charente, aux côtés de sa première épouse.
Le style Petersen
modifierViggo-Dorph Petersen est l'architecte qui a marqué de façon caractéristique l'architecture bourgeoise de la Belle-Époque dans les Pyrénées-Orientales, conférant à ce territoire des airs de Bavière. À la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, sa réputation et son talent établis, il devient la coqueluche d'une bourgeoisie décomplexée par l'embellie économique de cette « Fin de siècle ». « Moderniste par ses techniques et classique par le respect des règles de l'époque, la main de Petersen correspond bien à ce que veut la haute bourgeoisie de l'époque : afficher sa fortune et rêver aux temps jadis »[3].
Lorsqu'il entame sa carrière dans le département des Pyrénées-Orientales, il tire parti d'une période qui fait coexister en Roussillon, l'âge d'or des négociants et des industriels et celui de l'élargissement de Perpignan à la suite de la démolition des remparts nord de la ville. Un nouvel espace urbain s'ouvre où les architectes vont pouvoir donner libre cours à leur imagination. « L'austérité de la période précédente cède la place à une architecture d'une grande ambition monumentale témoignant d'une clientèle fortunée en quête d'une représentation sociale. Pour répondre à cette attente, les architectes se réapproprient des modèles historiques. C'est le cas d'une bonne partie de l'œuvre de Petersen, comme l'hôtel Gibrat, d'inspiration néo-renaissance avec des éléments néo-baroques ou encore le château d'Aubiry et l'hôtel Drancourt, suivant l'inspiration de la tradition palatiale française. Le style de Petersen s'inspire beaucoup de la tradition académique parisienne suivant les principes de l'École des Beaux Arts et considéré comme exemplaire de cette filiation stylistique »[4]. Le château d'Aubiry a fait l'objet de plusieurs articles dans la revue La Construction moderne dans lesquels il est présenté comme un modèle d'adéquation de l'architecture palatiale aux besoins modernes[5]. Petersen laisse ainsi exprimer tout son savoir-faire dans des créations raffinées et délicates. Il bâtit des demeures bourgeoises aux dimensions extravagantes, dont les clochetons travaillés, les tourelles élancées, les fenêtres longues et asymétriques, les bow-windows et les médaillons floraux en céramique forment de curieux, mais harmonieux, mélanges de styles qui tranchent avec les caractéristiques architecturales locales. Les matériaux utilisés dans ses réalisations étaient nobles : pierres de Charente (Angoulême) livrées par trains entiers pour le château d'Aubiry, marbre de Villefranche-de-Conflent, des Alpes, de Carrare, céramiques et carrelages espagnols et italiens... La plupart des fournisseurs de matériaux sélectionnés étaient des lauréats aux salons les plus cotés. Pour la décoration, des artistes de renom sont sollicités : les peintres Paul Gervais et Henri Perrault, le sculpteur et marbrier Marius Cantini, le décorateur parisien E. Lefèvre. Mais les chantiers de Petersen comptent également des artisans locaux compétents, qu'il s'agisse de maçons, serruriers, ferronniers, briquetiers...
L'héritage archivistique
modifierComme l'indique son testament déposé chez Maître Montès, notaire à Perpignan [6], les archives de Petersen ont été léguées à son confrère et ami perpignanais, Henri Graell, architecte entre 1925 et 1970. Peu avant sa mort, dans un acte désespéré, ce dernier « détruit par le feu en une seule opération tous les calques de Petersen sous les yeux de son neveu. Ce dernier espèrera retrouver des plans pliés dans une autre maison appartenant à Graell, seuls des rouleaux auraient été consumés [...] Après le décès de Petersen, sa fille revient à Perpignan quelques jours pour liquider la succession et certainement les dossiers de son père contenus dans son cabinet » [7].. Ainsi, on comprend mieux la difficulté d'inventorier toutes ses réalisations, et pourquoi les traces de son œuvre sont aujourd'hui aussi diffuses. Malgré cet autodafé, des documents sont arrivés jusqu'à nous. Le fonds Petersen conservé par les Archives départementales des Pyrénées-Orientales a été acheté aux enchères au printemps 2011.
Son œuvre
modifierConcernant son œuvre, c'est à l'industriel Pierre Bardou-Job que Viggo Dorph-Petersen donne la pleine mesure de son talent. Au début des années 1890, le richissime fondateur des papiers à cigarette JOB lui commande un château pour chacun de ses trois enfants. Pour son fils Justin, le château d'Aubiry à Céret[8]. Pour l'une de ses filles, Camille, mariée à Charles Ducup de Saint-Paul, le château du Parc Ducup de Saint Paul, aux abords de Perpignan. Enfin, pour Jeanne, le château de Valmy (l'un des premiers bâtiments privés construits à partir d'une charpente en béton armé), sur les hauteurs d'Argelès. Jeanne est l'épouse de Jules Pams, figure de la politique catalane et de la IIIe République : avocat, ministre de l'Agriculture, adversaire malheureux de Raymond Poincaré à la présidence.
En raison de l'héritage archivistique fragmentaire de son œuvre, voici une liste non exhaustive de ses réalisations dans le département des Pyrénées-Orientales.
Pour la ville de Perpignan : Maison Combe-Jacomet (6 rue Courteline) érigée en 1890, l'hôtel Drancourt (avenue de la gare), la Villa Les Tilleuls (actuel Musée Joseph-Puig à Perpignan), l'immeuble François Gibrat (actuel lycée privé Maso avenue des Palmiers), l'hôtel du bureau de Bienfaisance (rue Bardou Job à Perpignan), l'immeuble Parès (boulevard des Pyrénées), l'immeuble Pams-Bouvier (quai Vauban)…
Ailleurs dans le département des Pyrénées-Orientales : le temple protestant de Collioure, l'église des Saintes Hosties à Pézilla-la-rivière, le tombeau de Jules Pams à Port-Vendres et d'Auguste Estrade (riche propriétaire et inventeur en mécanique) à Canohès, le Grand hôtel du Casino ou l'hôtel Le Portugal à Vernet-les-bains, La Grange (lycée technique Alfred Sauvy) à Villelongue-dels-monts, le château de l'Esparrou à Canet, le château du Mas Del Rey à Canet, le château de Pourteils à Brouilla [9]. Les villas : Rozès à St Hippolyte, Villeclare à Palau-del-Vidre, de la famille Lazerme à Elne, Jeanne d'Arc à Céret (qui a abrité un temps le restaurant Les Feuillants), Camille et Théré à Banyuls-sur-mer, L'Oasis à Argelès-sur-Mer l'établissement thermal de Thuès-les-bains, la maison de Jules Pams à Port-Vendres (actuel hôtel de ville).
Œuvres principales
modifierChâteaux
modifier- Château d'Aubiry à Céret
- Château de l'Esparrou à Canet-en-Roussillon
- Château du Mas Rey à Canet-en-Roussillon
- Château du Parc Ducup à Perpignan
- Château de Saü à Thuir
- Château de Valmy à Argelès-sur-Mer
- Château de Caladroy à Belesta
Immeubles et maisons à Perpignan
modifier- Hôtel Drancourt, 21 avenue Général de Gaulle (1899)
- Villa des Tilleuls, 42 avenue de Grande Bretagne (aujourd'hui Musée des monnaies et médailles Joseph-Puig et bibliothèque municipale de quartier)
- Immeuble Bardou-Ribo, angle du Cours Lazare Escarguel
- Immeuble Gibrat, avenue des Palmiers
- Hôtel Pams-Bouvier, 39 quai Sébastien Vauban (1908)
- Hôtel de bienfaisance, 7 rue Justin Bardou-Job
- Maison Combe-Jacomet, 6 rue Courteline (1890)[10],[11],[12]
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Hôtel Drancourt.
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Maison Combe-Jacomet.
Autres
modifier- Le casino de Vernet-les-Bains
- L'actuelle Hotel de ville de Port Vendre
Notes et références
modifier- Architekten Ugehaefte, Copenhague, 1931, p. 33.
- Fous-Berthier Alain, in MonsieurViggo Dorph Petersen (ADPO : 141 J 112), Perpignan, le .
- Parent André Parent, directeur des archives municipales de Perpignan in L'Indépendant, .
- Castañer Munoz Esteban, « L'éclectisme dans l'architecture roussillonnaise de la Fin de Siècle » dans le catalogue de l'exposition « La Belle Époque dels Bardou », 2011, p. 85-89.
- « Château d'Aubiry », dans La Construction moderne, , p. 187 et ss.
- Copie de l'extrait du testament ADPO : 141J 112.
- Fous-Berthier Alain, in Monsieur Viggo Dorph Petersen (ADPO : 141 J 112), Perpignan, le .
- Notice sur le site de la DRAC Languedoc-Roussillon.
- « Chateaudepourteils.com - Château de Pourteils est un château de luxe et de… », sur chateaudepourteils.com via Wikiwix (consulté le ).
- (ca) la clau, « La Clau - Perpignan: menaces sur une villa de Petersen, auteur du château de Valmy - Société », sur www.la-clau.net (consulté le )
- « La maison Combes-Jacomet à Perpignan sauvée in extrémis », sur France Bleu, (consulté le )
- Morceus, « La maison Combe-Jacomet doit être préservée ; c'est une oeuvre de l'architecte V. Dorph-Petersen ! », sur www.letc.fr (consulté le )
Annexes
modifierLes Archives départementales des Pyrénées-Orientales conservent trois fonds concernant Viggo Dorph Petersen :
- Le fonds Petersen (non coté à ce jour) : dessins, esquisses de l'architecte.
- Le fonds 141j Fous-Berthier (Architecte) Les archives de Viggo Dorph Petersen et de Joseph Berthier, héritées de ce dernier par Alain Fous, se composent de quelques plans, de correspondance, de dossiers de travaux d'illustres clients, tels que la famille Bardou, Pams et Ducup de Saint Paul, ainsi que des photographies et des illustrations. Bien qu'elles ne soient pas contemporaines de Viggo Dorph Petersen, les cartes postales, les diapositives et les photographies des œuvres de ce dernier ont été volontairement classées dans les archives de l'architecte danois.
- La collection 179j Rosenstein : Collection concernant l'architecte danois constituée en grande majorité de copies, collectées par un chercheur dans le cadre de la rédaction d'un article publié dans Études roussillonnaises. Il en a fait don aux archives départementales en 1999. (Fonds Rosenstein 179 J 1-6)
Articles connexes
modifierLiens externes
modifier- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
Bibliographie
modifier- Jean-Marie Rosenstein et Robert Blanch, Viggo Dorph Petersen : un architecte dans les Pyrénées-Orientales, Nîmes, Mondial Livre, , 312 p. (ISBN 9782953532852)
- Jean Marie Rosenstein, Études Roussillonnaises, Tome XVI, 1998.
- Jean Francis Pecresse, Bernard Carbonell : extravagance, bourgeoisie et luxe contemporain, in Les Échos série limitée, no 54, 2007.