Victor Antoni

politicien français

Victor Antoni, né le à Fénétrange et mort le à Fénétrange, est un militant autonomiste lorrain, ancien conseiller général de la Moselle et maire de Fénétrange, fondateur d'un petit parti politique[1]. Il fut le chef de file des autonomistes mosellans dans l'entre-deux-guerres.

Victor Antoni
Fonctions
Maire de Fénétrange
à partir de
Conseiller général
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 83 ans)
FénétrangeVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalités
Activité
Autres informations
Partis politiques
Membre de
People's Association for Catholic Germany (en)Voir et modifier les données sur Wikidata

Biographie

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Origines et débuts

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Victor Antoni est le fils d'un minotier[2]. Il naît en 1882 alors que l'Alsace-Moselle est annexée par l'Empire allemand. Il grandit dans un milieu catholique. Très tôt, il devient membre de l'Association populaire pour l'Allemagne catholique (Volksverein für das katholische Deutschland (de)) — cette organisation de masse fondée en 1890 intègre les catholiques alsaciens-lorrains au monde des catholiques allemands, rhénans surtout[3] —, et des associations catholiques de Metz. Il appartient au comité du Centre (Zentrum) d'Alsace-Lorraine avant 1914.

Entre-deux-guerres

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En 1919, après le retour de la Moselle à la France, il devient membre de l'Union républicaine lorraine (URL), qui rassemble les droites mosellanes. En , il est l'un des 24 signataires mosellans du Heimatbund[4], un manifeste initié par des Alsaciens, réclamant l'autonomie législative et administrative de l'Alsace-Moselle[1]. Exclu de l'Union républicaine lorraine dont il était membre du comité directeur[5] et des associations catholiques, il fonde, en 1928, l'Union chrétienne-sociale, qui devient le le Parti chrétien-social populaire, qu'il préside. C'est un parti conservateur, clérical et autonomiste, qu'il fonde avec deux autres signataires du manifeste du Heimatbund (André Schaaf, ancien conseiller général, l'avocat Charles Thomas, de Sarreguemines), le conseiller général de Sarralbe Joseph Straub, secrétaire général du parti, les abbés François Cuny et Louis Pinck[6]. Jean Labach, député, est président d'honneur[7].

Antoni se présente aux législatives à Forbach en 1928 contre un candidat de l'URL, un clerc soutenu par l'évêque et maintient sa candidature au second tour, ce qui provoque l'élection d'un communiste, Victor Doeblé[8] et ce qui avive les tensions entre autonomistes germanophones et « nationaux » francophones[9]. Son parti combat les dirigeants de l'URL, comme le maire de Metz Paul Vautrin ou le parlementaire Guy de Wendel, magnat de la sidérurgie honni par le parti chrétien-social. La lutte entre le parti d'Antoni et l'URL culmine entre 1928 et 1931, marquée par la défaite d'Antoni aux cantonales de 1931 dans le canton de Sarrebourg, battu par le sortant Émile Peter[10]. Le journal messin et catholique Le Lorrain, du chanoine Ritz, pilier de l'URL, commence à le compter comme un parti « national » à partir de 1932 mais d'autres périodiques, tel le quotidien Le Messin, combattent Antoni jusqu'en 1936. L'aire d'influence de son parti s'est limitée à la Moselle germanophone, et surtout aux zones rurales catholiques proches de la frontière franco-allemande ou du Bas-Rhin. Il n'a pu faire élire aucun député sous son étiquette. Il n'a conquis que trois sièges de conseillers généraux, qu'il conserve toutefois jusqu'en 1939. Il publie le Lothringer journal de 1930 à 1932, puis, faute de moyens, un hebdomadaire, Jung-Lothringen à partir de 1933[11].

Conseiller d'arrondissement du Canton de Fénétrange, il est élu conseiller général de Phalsbourg en [12] - son élection donne lieu à un incident de séance au conseil général[13]. Il est ensuite élu conseiller général de Fénétrange en 1934[1], grâce aux voix communistes selon Le Lorrain[14] et le préfet de la Moselle[15]. Seul candidat de son parti, il se présente aux législatives en 1936 à Boulay[16], sans succès, contre le sortant Alex Wiltzer : il n'obtient au second tour que 35,5 % des suffrages exprimés.

La victoire du Front populaire en 1936 et l'anticommunisme l'amènent à s'allier aux Mosellans « nationaux » et francophones de droite et d'extrême droite et à constituer avec eux un Front lorrain dont il est l'un des dirigeants. Il tient plusieurs réunions de propagande avec le secrétaire général de ce groupement, Albert Eiselé, en 1937[17].

En , des journaux l'accusent d'avoir accepté et reçu de l'argent allemand, par l'intermédiaire de l'abbé Brauner, directeur des archives municipales de Strasbourg. La plupart des délégués de son parti lui demandent de démissionner, ce qu'il refuse. Il reconnaît avoir reçu des subventions du secrétaire général de l'Association des catholiques allemands à l'étranger[18].

Seconde Guerre mondiale

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Arrêté le en tant qu'autonomiste Lorrain, suspecté d'accointances avec l'Allemagne, Victor Antoni est interné à Nancy, à l'instar d'Alsaciens autonomistes ou séparatistes : il fait partie des Nanziger. Son parti est dissous et son journal suspendu[2].

Il est remis aux autorités allemandes en . Il adresse à Hitler un mémorandum dans lequel il demande l'intégration au Reich de la Moselle et de l'Alsace. Il est nommé, par les Allemands, maire (« Stadtkommissar ») de Fénétrange en [19] et préside la Ligue paysanne de la Moselle. Il donne des conférences et publie des textes dans la revue nazie Westmark. Il reprend la nationalité allemande en 1942, adhère au NSDAP en 1943 et reçoit la croix du mérite de guerre. Il voyage en Allemagne où il rencontre Himmler et visite le camp de concentration d'Oranienbourg-Sachsenhausen. Comme maire, il fait détruire le cimetière juif, saccagé par des membres des Jeunesses hitlériennes. Ses relations avec le gauleiter Josef Bürckel sont cependant mauvaises[20].

Arrêté en 1945, Victor Antoni est interné à la prison Charles-III de Nancy[5] et jugé dans cette ville[5] en [1]. Au cours de son procès, il souligne qu'il est intervenu auprès des Allemands pour que des familles ne soient pas expulsées. Le procureur réclame la prison à perpétuité mais Antoni n'est condamné qu'à huit ans de réclusion[21]. Libéré en (ou 1952[21]), il reçoit l'autorisation de s'établir à Fénétrange en 1953 et est finalement amnistié en 1954.

Publications

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Victor Antoni est l'auteur d'un ouvrage publié en 1957 et réédité en 1960 intitulé : Grenzlandschicksal, Grenzlandtragik, destins du pays de la frontière, tragédie du pays de la frontière ; le sous-titre étant : Lebenserinnerungen und menschliche Betrachtungen eines Lothringers zu den politischen Irrungen und Wirrungen seiner Zeit, mémoires et considérations humaines d'un lorrain confronté aux erreurs et folies politiques de son temps[22].

Notes et références

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  1. a b c et d François Roth : Le temps des journaux : presse et cultures nationales en Lorraine mosellane 1860-1940, Presses Universitaires de Nancy, Éditions Serpenoise, Metz, 1983 (p. 257).
  2. a et b Moulin 2009, p. 146.
  3. François Roth, Les associations catholiques dans la Lorraine annexée, dans Jay Rowell, Anne-Marie Saint-Gille ( dir. ), La Société civile organisée aux XIXe et XXe siècles : perspectives allemandes et françaises, Presses universitaires du Septentrion, 2010, p. 359
  4. « Unsri Heimet » Manifeste du Heimatbund (1926)Do sin m'r d'heim », sur blog.unsri-heimet.eu (consulté le )
  5. a b et c François Roth, Robert Schuman, Fayard, 2008
  6. Henri Hiegel, La drôle de guerre en Moselle. Tome 1, 3 septembre 1939-10 mai 1940, Pierron, Sarreguemines, 1983, p. 33
  7. Le Lorrain, 21 novembre 1928
  8. Le Lorrain, 2 mai 1928
  9. Le Lorrain, 18 janvier 1929, Le Lorrain, 15 mai 1930
  10. Le Lorrain, 19 octobre 1931
  11. Jean-François Colas, Les droites nationales en Lorraine dans les années 1930: acteurs, organisations, réseaux, thèse de doctorat, Université de Paris X-Nanterre, 2002, p. 336-344
  12. Le Lorrain, 15 octobre 1928, Ibid., 17 octobre 1928
  13. Le Lorrain, 25 octobre 1928
  14. Le Lorrain, 15 octobre 1934
  15. Louisa Zanoun, Interwar Politics in a French Border Region: the Moselle in the period of the Popular Front, 1934-1938, London School of Economics and Political Science, thèse, 2009, p. 123
  16. Journal de Sélestat, 27 avril 1936
  17. Le Lorrain, 25 août 1937, Ibid., 17 novembre 1937, Ibid., 30 novembre 1937 , Ibid., 14 décembre 1937
  18. L'Humanité, 7 juin 1939, Ibid., 11 juillet 1939, Le Populaire, 12 juin 1939,Ibid., 16 octobre 1939, Henri Hiegel, op. cit., p. 35
  19. Léon Burger, En Moselle : résistance et tragédies pendant la Deuxième guerre mondiale, 1976
  20. Moulin 2009, p. 148 et 279-280.
  21. a et b Moulin 2009, p. 280.
  22. Notice du Katalog der Deutschen Nationalbibliothek

Voir aussi

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Articles connexes

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Bibliographie

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  • François Moulin, Lorraine années noires. De la collaboration à l'épuration, Strasbourg, La Nuée bleue, .
  • Jean-Claude Delbreil, Les parlementaires et les forces politiques en Moselle dans l'entre-deux-guerres, in: Jean El Gammal (dir.): Dictionnaire des parlementaires lorrains de la IIIe République, Metz, Ed. Serpenoise, 2006 (p. 87-129).
  • François Roth, La vie politique en Lorraine au XXe siècle, Metz-Nancy, Ed. Serpenoise-P.U.N. 1985
  • François Roth, Le temps des journaux : presse et cultures nationales en Lorraine mosellane 1860-1940, Presses Universitaires de Nancy, Éditions Serpenoise, Metz, 1983
  • Bernard et Gérard Le Marec, Les années noires : la Moselle annexée par Hitler : documents et témoignages, Metz, Serpenoise, 1990

Liens externes

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