Viaduc de l'Arc de Meyran

viaduc ferroviaire en France

Le viaduc de l'Arc de Meyran est un pont ferroviaire français, ouvrage d'art de la ligne de Lyon-Perrache à Marseille-Saint-Charles (via Grenoble), permettant le franchissement de l'Arc. Il est situé sur le territoire de la commune d'Aix-en-Provence dans le département des Bouches-du-Rhône dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur.

Viaduc de l'Arc de Meyran
Le viaduc de l'Arc de Meyran franchissant l'A8.
Le viaduc de l'Arc de Meyran franchissant l'A8.
Géographie
Pays Drapeau de la France France
Provence-Alpes-Côte d'Azur
Bouches-du-Rhône
Commune Aix-en-Provence
Coordonnées géographiques 43° 30′ 42″ N, 5° 27′ 19″ E
Fonction
Franchit l'Arc
Caractéristiques techniques
Type pont en maçonnerie
Longueur 547 m
Construction
Construction 1874-1876
Mise en service 1877

Carte

Toponymie

modifier

Le viaduc de l'Arc de Meyran est nommé d'après le quartier aixois de l'Arc-de-Meyran situé au sud du centre-ville. SNCF Réseau le designe parfois simplement viaduc de l'Arc[1], sans le distinguer du viaduc du même nom qui permet à la LGV Méditerranée de franchir l'Arc plus à l'ouest, toujours sur le territoire de la commune d'Aix-en-Provence.

Le nom de viaduc du Coton-Rouge lui est parfois attribué en référence au quartier du même nom (le viaduc étant à cheval entre les quartiers de l'Arc-de-Meyran et du Coton-Rouge — le second étant au sud du premier —)[2],[3],[4]. Le nom de ce quartier fait référence à une petite usine de filature et de teinture du coton qui s'était implantée sur les rives de l'Arc[5].

Situation ferroviaire

modifier

Le pont est situé au point kilométrique (PK) 409,795 de la ligne de Lyon-Perrache à Marseille-Saint-Charles (via Grenoble) entre les gares d'Aix-en-Provence et de Luynes (fermée)[6]. Il est à voie unique, en pente et en courbe[2],[7].

Histoire

modifier

Aix-en-Provence est desservie depuis 1856 par le chemin de fer avec l'ouverture de la ligne de Rognac à Aix. Dans les années 1870, le projet d'ouvrir une ligne entre Aix et Marseille, tronçon final de la ligne entre Lyon et Marseille, va conduire la compagnie du PLM à déplacer la gare d'Aix plus au sud et à construire de nombreux ouvrages d'art parmi lesquels un viaduc permettant de franchir la vallée de l'Arc[2].

À l'été 1873, les premières expropriations pour le compte du PLM ont lieu sur le tracé de la future ligne[8]. En avril 1874, les travaux sont imminents : les lots ont été attribués aux entrepreneurs et la cantine destinée aux ouvriers du chantier du viaduc est édifiée non loin, à proximité des Infirmeries[9]. Les arbres sont abattus sur le tracé du viaduc et le début des travaux est fixé au [10]. Les entrepreneurs à qui le lot du viaduc a été confié sont MM. Boucher, Fauché et Cuzin[11].

En juillet 1874, les travaux de terrassement débutent et une rampe en charpente est établie depuis les rives de l'Arc afin d'acheminer le sable destiné à la préparation du mortier[11]. Les pierres utilisées pour la construction du viaduc sont acheminées de Meyrargues à Aix par le train et une voie ferrée provisoire est posée de la gare d'Aix jusqu'au chantier pour y apporter ces pierres[11]. Des pierres plus locales sont également utilisées, comme du marbre noir d'Aix-en-Provence ou du calcaire extrait à proximité du chantier[12]. Une pierre gravée de caractères est retrouvée au printemps 1875 durant le creusement des fondations ; si certains pensent qu'il s'agit d'une pierre utilisée sur un ancien pont traversant l'Arc, il s'avère que c'est en réalité une pierre tombale[13],[14]. Les abords du chantier deviennent un lieu de promenade prisé des Aixois, qui viennent tout autant y apprécier les avancées de la construction du pont que la fraîcheur qu'offrent les rives de l'Arc[12].

Le , une vingtaine de piles sont achevées, les autres piles sont en construction et trois arches sont en cours de réalisation[12]. Presque un an plus tard, en juillet 1876, la construction du viaduc est annoncée comme presque terminée : seules deux arches restent à finir et la voie entre la bifurcation vers Rognac et le viaduc est presque entièrement posée[16]. La pose de la clef de la 38e et dernière arche le marque l'achèvement de la construction du viaduc et est célébrée par un banquet réunissant entrepreneurs et ouvriers[17]. La voie ferrée, complètement posée sur le viaduc à l'automne 1876, permet grâce à son profil en pente la remonte par gravité des wagons-tombereaux servant à évacuer les derniers déblais des travaux de la ligne[7].

La ligne entre Aix et Marseille est finalement ouverte à l'exploitation le en même temps que la nouvelle gare d'Aix[18].

Le pont est dynamité par les soldats allemands au cours de leur retraite créant une brèche d'une trentaine de mètres en détruisant deux arches[2]. Les soldats américains du 343e régiment du génie étudient d'abord une solution pour rétablir cet axe ferroviaire crucial pour la suite du débarquement de Provence en utilisant un pont Bailey ce qui prendrait trois semaines[19]. Ils choisissent finalement de construire un tablier sommaire en réutilisant le châssis d'un canon sur rail allemand de 270 mm abandonné à proximité[20]. Après avoir désossé le canon de son armement et de ses bogies et soudé sur le châssis des extensions en acier longues de 3 m, le tablier a été mis en place et la voie a pu être rétablie en 10 jours seulement le [20]. L'ensemble est consolidé en septembre 1944 par l'ajout entre les trois piles de contreventements en croix de saint André réalisés avec des poutres d'acier en H[21]. Les parties détruites du pont sont ensuite reconstruites à l'identique[2].

La viaduc est le théâtre de plusieurs faits divers rapportés dans la presse locale. Plusieurs personnes sautent du pont dans le but de se suicider[22],[23]. En 1900, un incendie, possiblement déclenché par les escarbilles d'une locomotive, se déclenche aux abords de la voie à l'entrée du pont et détruit la guérite qui abrite la cloche d'annonce du viaduc[24]. Un accident mortel se produit en juillet 1936 sur le viaduc : un chauffeur de locomotive est mort en chutant du pont depuis sa cabine après s'être penché pour observer la voie[25].

Les travaux de construction de l'autoroute A8 au sud d'Aix-en-Provence débutent vers 1969 ; les trois voies dans chacun des deux sens passent sous deux arches du pont[2]. Depuis, le paysage a grandement changé autour du viaduc avec l'urbanisation des quartiers alentours[2].

Caractéristiques

modifier
 
Pile en maçonnerie.

Le viaduc de l'Arc de Meyran est un pont en maçonnerie de 547 m de long. Il enjambe la vallée de l'Arc grâce à 38 arches. Elles suivent une trajectoire courbe afin de traverser la rivière sur un sol en roche moins meuble[13]. Les arches font une vingtaine de mètres de haut en moyenne (la plus haute mesurant 23 m) et dix mètres de large[13]. Les piles reposent sur des fondations enterrées d'environ 10 à 11 m[13].

Pour la construction du viaduc, les pierres de taille proviennent de la carrière de Réclavier à Meyrargues[11] et le sable nécessaire à la fabrication du mortier est extrait à proximité immédiate du chantier sur la rive gauche de l'Arc. La construction de l'ouvrage fait aussi appel à des pierres plus locales avec du marbre noir d'Aix-en-Provence provenant des carrières du Peireguiou[26] ou du calcaire extrait de la butte du Moulin-Décapité à l'emplacement de l'actuel parc des collines de Cuques[12],[27],[28].

Peintures de Cezanne

modifier

Le peintre impressionniste aixois Paul Cézanne a plusieurs fois inclus le viaduc de l'Arc de Meyran dans ses tableaux représentant la montagne Sainte-Victoire[2]. Une aquarelle, sobrement nommée Le Viaduc par l'historien d'art John Rewald, en fait même son sujet principal et figure deux arches du pont surplombant le cours de l'Arc[29]. En tout, le pont est représenté sur dix-sept œuvres de Cézanne : sept huiles sur toile, six aquarelles et quatre dessins[30].

Galerie

modifier

Notes et références

modifier
  1. SNCF Réseau, « Liste des ponts-rail », sur ressources.data.sncf.com (consulté le ).
  2. a b c d e f g et h Damien Pachot, « Le viaduc ferroviaire de l’Arc de Meyran », sur aixendecouvertes.com (consulté le ).
  3. « Chronique locale », Le Sémaphore de Marseille,‎ (lire en ligne).
  4. Augustin Magne, « Parc des collines de Cuques » [PDF], sur amismuseumaixenprovence.fr (consulté le ).
  5. Damien Pachot, « Aix et le coton », sur aixendecouvertes.com (consulté le ).
  6. « Ligne des Alpes (Lyon - Marseille via Grenoble) », sur trains-europe.fr (consulté le ).
  7. a et b « Nouvelles locales », La Provence,‎ (lire en ligne).
  8. « Nouvelles diverses », Le Mémorial d'Aix,‎ (lire en ligne).
  9. « Nouvelles diverses », Le Mémorial d'Aix,‎ (lire en ligne).
  10. « Nouvelles diverses », Le Mémorial d'Aix,‎ (lire en ligne).
  11. a b c et d « Chemin de fer direct d'Aix à Marseille », Le Mémorial d'Aix,‎ (lire en ligne).
  12. a b c et d « Chemin de fer d'Aix à Marseille et à Carnoules », Le Mémorial d'Aix,‎ (lire en ligne).
  13. a b c et d « Nouvelles locales », La Provence,‎ (lire en ligne).
  14. « Nouvelles diverses », Le Mémorial d'Aix,‎ (lire en ligne).
  15. Le sud est dans le dos du photographe.
  16. « Nouvelles locales », La Provence,‎ (lire en ligne).
  17. « Nouvelles diverses », Le Mémorial d'Aix,‎ (lire en ligne).
  18. « Nouvelles diverses », Le Mémorial d'Aix,‎ (lire en ligne).
  19. (en) National Museum of Health and Medicine, « Pont de L'Arc (SC 195664-S), National Museum of Health and Medicine » (consulté le ).
  20. a et b (en) Alfred M. Beck, Abe Bortz, Charles W . Lynch, Lida Mayo et Ralph F. Weld, The Corps of Engineers: The War Against Germany, Washington, Center of Military History, (lire en ligne), p. 451.
  21. (en) 343rd Engineers, « History of organization - 1 August to 31 August 1944 » [PDF], sur 6thcorpscombatengineers.com (consulté le ).
  22. « Les bienfaits de l'absinthe », La Croix de Provence,‎ (lire en ligne).
  23. « Suicide », Le Mémorial d'Aix,‎ (lire en ligne).
  24. « Un incendie », Le National,‎ (lire en ligne).
  25. « Accident mortel », Le Mémorial d'Aix,‎ (lire en ligne).
  26. L'actuel chemin du Marbre Noir à Aix-en-Provence se nommait chemin du Peireguiou avant l'établissement des carrières de marbre noir à proximité.
  27. « Ces petits chemins qui fleurent bon le pin d’Alep », sur ciqcezannetorse.org, (consulté le ).
  28. « Parc des collines de Cuques » [PDF], sur amismuseumaixenprovence.fr (consulté le ).
  29. François Chédeville, « Le viaduc dans la plaine de l’Arc V », sur societe-cezanne.fr (consulté le ).
  30. François Chédeville, « Le viaduc dans la plaine de l’Arc I », sur societe-cezanne.fr (consulté le ).
  31. Cliché issu d'une image stéréoscopique.

Voir aussi

modifier

Sur les autres projets Wikimedia :

Articles connexes

modifier

Liens externes

modifier