Un versoir est la pièce métallique d'un corps de charrue qui se trouve au dessus du soc, elle est fixée sur le sep. Les rasettes qui sont des corps de charrue miniature présentent également un versoir.

Versoirs traditionnels munis de queues de versoir. Charrue simple bicorps à coutres circulaires. Au premier plan, on aperçoit le soc avec de la terre collée dessus. Ferguson, années 1950 (?)
Corps de charrue : 1 : soc ; 2 et 3 : versoir ; 2 : étrave ; 4 profondeur de labour ; 5 : largeur de labour (en pouces).

Description

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Versoir à étrave (à l'avant du versoir). La partie avant du soc est combinée avec une partie faisant pointe et un coutre léger (au-dessus de l'avant du soc). L'ensemble dispense de la pointe séparée et du coutre traditionnel fixé sur l'age. Remarquer aussi les boulons à tête conique au niveau des surfaces de travail
 
Système de versoirs à claire-voie (sauf sur l'étrave). Remarquer aussi les versoirs de rasettes, les socs à pointes séparées.retournables.ainsi que l'absence de coutre sur l'age remplacé par un aileron fixé au niveau de l'étrave.

Il s'agit de la pièce en métal constituante du corps de charrue qui se trouve dans le prolongement du soc, au dessus de lui et fait corps avec lui, soulevant et renversant la bande de terre découpée par le coutre et le soc. Il en existe plusieurs formes : hélicoïdal (plus allongé, il retourne mieux la terre), cylindrique (il émiette mieux la terre), à claire-voie (ajouré pour les terres collantes)[1]... Ce dernier permet aussi d'alléger l'effort de traction[2]. Le versoir universel ou hélico-cylindrique est un compromis entre le cylindrique (à l'avant du versoir) et l'hélicoïdal[3]. Le versoir américain ressemble à l'universel mais est plus plat et convient aux labours peu profonds en terre légère et à vitesse élevée (8 km/h et plus) ; dans ce cas l'angle de travail de l'ensemble soc-versoir est peu prononcé et c'est la vitesse de travail qui parachève le retournement[4]. Le versoir losange facilite le passage des pneus larges dans la raie. Les formes les plus répandues sont le cylindrique et l'universel[1].

Traditionnellement le versoir est forgé en une seule pièce mais comme il est soumis à un frottement régulier plus ou moins abrasif selon la nature du sol, il va à l'usure, cependant bien moins vite que le soc et les pointes. Dans le cas de sol abrasif (sable siliceux, pierres) le versoir peut être réalisé en deux parties : la partie avant est appelée étrave. Comme le soc il peut s'agir d'une pièce à haute résistance, forgée et trempée en acier au manganèse et/ou bore, par exemple la nuance 27MnCrB5.2 (le reste étant du fer et du carbone), éventuellement renforcé au carbure de tungstène ou cémenté sur le côté travaillant[5]. L'étrave est alors remplacée plus souvent et protège le reste du versoir. Parfois elle dispense de coutre.

Le versoir peut être complété par une queue de versoir (ou prolonge) pour parachever le retournement.

La taille du versoir doit être ajustée à celle du soc : 12, 14, 16 pouces pour les dimensions les plus courantes.

Comme les autres pièces d'usure le versoir est fixé au moyen de boulons à tête conique s'insérant dans le versoir évidé en cône et d"écrous à embase côté sep. Ces boulons, tout en continuant à maintenir la pièce, s'usent à la même vitesse que le versoir de façon à ne pas créer de résistance à l'avancement supplémentaire.

Les charrues simples versent à droite.

Historique

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Moyen-Âge

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  • La Tapisserie de Bayeux réalisée entre 1066 et 1083 offre une scène rurale où l'on voit une charrue lourde à versoir en bois.
 
Charrue au travail, tirée par deux bœufs, l'homme les dirigeant à l'aide d'une longue gaule. Cette charrue en bois comporte une reille (soc-coutre de couleur acier). Les Très Riches Heures du duc de Berry, miniature du mois de mars, années 1440, musée Condé, Chantilly, Ms. 65, f.3.

Temps modernes

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  • Dans le cours complet d'agriculture de Rozier, l'abbé de Lalause écrit en 1784 : « Le versoir ou oreille, a environ trente-un pouces de longueur, sur dix de hauteur ou de largeur. Il doit être placé de façon qu’il fasse un angle aigu à sa jonction à l’aile du soc où il aboutit. Son autre extrémité doit être un peu prolongée au-delà du talon du sep, contre lequel il doit incliner, de manière qu’en supposant le sep aussi prolongé que lui, il s’y trouve douze à treize pouces de distance, à compter de la face latérale extérieure de l’un à la face latérale extérieure de l’autre : le versoir ainsi placé, formera la largeur du sillon à chaque trait de charrue. L’extrémité du versoir, c’est-à-dire, la partie opposée au soc, doit être chantournée, ainsi qu’elle est représentée dans la Figure : il doit être un peu concave en dehors & convexe en dedans ; pour lui donner cette forme, on prend un bois de trois pouces d’épaisseur ; on l’allège en dehors pour lui donner la concavité nécessaire, & en dedans on amincit les bords afin qu’il soit convexe dans le milieu » [6].
  •  
    Charrue Eberhardt à versoir symétrique (cylindrique) retournable muni de deux socs, 1935.
    De façon à labourer à plat avec une charrue simple certains versoirs ont été conçus de forme symétrique pour être retournables et ainsi verser à droite ou à gauche. Cependant le retournement étant fastidieux, ce système ne supporta pas la concurrence avec la charrue brabant.

Époque contemporaine

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  • Rosa Bonheur dans son Labourage nivernais de 1849 représente deux attelages de six bœufs, par paires de deux, offrant l'effort des bêtes (les bœufs plus jeunes se trouvant au milieu de l'attelage) La charrue dont le corps labourant est enfoncé dans le sillon donne à penser que soc et versoir sont en métal.

Bibliographie

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Notes et références

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  1. a et b « Le lexique de la charrue », sur Wikiagri (consulté le )
  2. « Quel impact des versoirs de charrue sur la consommation du tracteur au labour? », sur Matériel agricole-info, (consulté le )
  3. Ortiz-Cañavate, Jaime. Las máquinas agrícolas y su aplicación. 6ª ed. Madrid, Mundi-Prensa, 2003. 526 p.
  4. Eugène Dalleinne, « Les corps de charrue et leur adaptation à l'évolution des labours », Journal d'agriculture traditionnelle et de botanique appliquée, vol. 24, no 2,‎ , p. 199–210 (ISSN 0183-5173, DOI 10.3406/jatba.1977.3283, lire en ligne, consulté le )
  5. « Acier socs de charrue », sur La mine de fer (consulté le )
  6. Cours complet d'agriculture de Rozier / Abbé Abbé C.-F.-A. de Lalauze page 114 sur Wikisource

Liens externes

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