Vautour moine

espèce d'oiseaux

Aegypius monachus

Aegypius monachus
Description de cette image, également commentée ci-après
Vautour moine adulte à gauche et juvénile à droite
Classification COI
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Sous-embr. Vertebrata
Classe Aves
Ordre Accipitriformes
Famille Accipitridae

Genre

Aegypius
Savigny, 1809

Espèce

Aegypius monachus
(Linnaeus, 1766)

Répartition géographique

Description de cette image, également commentée ci-après
  • habitat permanent
  • zone d'hivernage
  • nidification

Statut de conservation UICN

( NT )
NT  : Quasi menacé

Statut CITES

Sur l'annexe II de la CITES Annexe II , Rév. du 12/06/2013

Le Vautour moine (Aegypius monachus) est une espèce de rapaces diurnes charognards appartenant à la famille des Accipitridae.

Originaire du sud de l'Eurasie, il était cité par Pierre Belon (milieu du XVIe siècle) comme faisant partie de la faune de France[1]. Il ne reste plus que trois populations relictuelles ou réintroduites en Europe, où il est maintenant protégé.

C'est la seule espèce du genre Aegypius. Le Vautour oricou (Torgos tracheliotus) est rarement inclus dans ce genre sous le nom de Aegypius tracheliotus.

Étymologie

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Aegypius dérive du latin gyps «vautour» et pius «pieux», le latin monachus signifiant «moine».

Le Vautour moine tire son nom de sa livrée sombre rappelant la bure noire des moines, de sa collerette faisant un capuchon sur ses épaules et de son crâne «tonsuré».

Description

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Détail de la tête et du cou d’un vautour moine.
 
Gravure permettant des comparer trois espèces de vautours : vautour moine (à gauche), vautour fauve (à droite) et percnoptère (en bas)

Mensurations

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C'est le plus grand rapace d'Europe avec le Gypaète Barbu et l'un des plus grands du monde puisque son envergure mesure de 2,65 à 2,95 m[2]. Il est un peu plus grand en hauteur que le Vautour fauve (100 à 110 cm[3] au lieu de 95 à 110 cm[4]). Il pèse généralement de 8 à 11 kg.

Aspect général

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Le plumage du Vautour moine est brun foncé sur la majeure partie de son corps. Le cou est entouré d'une collerette de plumes érectiles, légèrement plus claire que le reste du plumage. La calotte crânienne est couverte d’un duvet gris clair voire blanchâtre, nettement plus clair que le reste du plumage, ce qui peut passer de loin pour une tonsure : cela est à l'origine de son nom vernaculaire de vautour moine, et de son nom d'espèce scientifique monachus[2]. Le bec, très fort, est recouvert d'une cire gris-bleuâtre à la base, et noire à l'extrémité de la mâchoire supérieure, jaune à l'extrémité de la mâchoire inférieure.

Il n'y a pas de dimorphisme sexuel, mais les femelles sont, en moyenne, un peu plus lourdes que les mâles[5]

Espèce similaire

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En vol, la silhouette du Vautour moine peut être confondue avec celle du Vautour fauve. Cependant, le Vautour moine a une envergure moyenne plus importante. Il se distingue du vautour fauve par une coloration plus sombre, une tête plus grosse, des ailes plus larges et une queue plus longue, formant à la pointe un angle obtus. Au sol, la confusion entre ces deux espèces n'est guère possible (voir gravure ci-contre).

Mode de vie

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L'oiseau adulte est sédentaire et ne s'éloigne guère de son site de reproduction, mais le jeune a un comportement erratique et explore des territoires parfois très éloignés de son site de naissance.

Locomotion

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Silhouette du vautour moine en vol

Au sol, son maintien est droit, la tête haute.

Le vol est souple, glissant, et les battements d'ailes sont rares. La tête dépasse peu à l'avant de l'animal et les ailes, tenues bien à plat, ont une extrémité légèrement tombante et une forme globale rectangulaire[2].

Alimentation

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Il se nourrit exclusivement de charognes, le plus souvent d'artiodactyles (ovins, caprins, bovins) ou de périssodactyles (équins) sauvages ou domestiques, mais parfois aussi d'autres cadavres, comme ceux des léporidés (lapins, lièvres)[3].

Alors que le Vautour fauve consomme essentiellement des viscères et des muscles, le Vautour moine se nourrit principalement des parties plus coriaces (peau, tendons, ligaments, cartilages et nerfs)[6].

Comportement social

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Nettement moins sociable que le Vautour fauve, le Vautour moine est semi-territorial et niche généralement en colonie lâche.

Reproduction

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Aegypius monachus - Muséum de Toulouse
 
Vautour moine.

L'adulte est sexuellement mature vers 4 à 5 ans[2], mais les couples peuvent se former dès l’âge de deux ans et commencer à construire un nid. Il est très rare qu'une reproduction soit couronnée de succès avant l'âge de 4 ans, mais des cas de reproduction réussies dès l’âge de trois ans sont connus dans les Grands Causses[3].

Les parades aériennes débutent entre janvier et mars, à peu près en même temps que la construction du nid. Les parades sont essentiellement aériennes et consistent en des vols en tandem, mâle et femelle volant de concert l'un au-dessus de l'autre. Le nid est bâti de 3 à 20 m au-dessus du sol, sur un arbre généralement choisi sur une pente[2]. Ce nid, parfois très imposant, mesure entre 1 et 2 m de diamètre[3]. Il est composé d'un amoncellement de branches mortes disposées sur le sommet de l'arbre puis tassées. Un creux en forme de coupe est ensuite ménagé dans les branches puis est tapissé de végétaux verts : jeunes rameaux, herbe et mousse.

Les accouplements ont lieu sur le nid ou à proximité. La femelle pond entre février et mars un seul œuf, couvé alternativement par le mâle et la femelle durant 54 ou 55 jours (en moyenne)[2],[3]. Le poussin est nourri au nid durant 110 à 120 jours[2] et prend son essor en août ou septembre. Après son envol, le jeune restera quelque temps avec ses parents, qui vont le nourrir encore plusieurs semaines[2].

Répartition et habitat

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Répartition

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Il semble que cette espèce ait à l'origine été présente dans tout le sud de l'Eurasie, de l'Espagne et du Portugal à la Chine, avec une présence ancienne avérée au Maroc. Elle a cependant disparu d'une grande partie de l'Europe et de la Chine, ainsi qu'au Maroc. En Europe, le Vautour moine se rencontre encore dans la péninsule Ibérique (Portugal, Espagne), la Grèce et elle a été réintroduite en France. Le vautour moine s'est nettement raréfié dans le sud-ouest de l'Asie, notamment en Turquie, mais aussi dans le sud-ouest de la Chine.

Habitat

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À la différence du Vautour fauve qui niche lui sur les falaises et en colonies, le vautour moine préfère construire son nid dans les arbres. Il exploite la forêt claire et les montagnes boisées, avec une nette préférence pour les arbres sempervirents[7].

En Europe, on le trouve à des altitudes variant de 300 à 1 400 m[7], c'est-à-dire sur des collines et des moyennes montagnes subissant l'influence du climat méditerranéen[3]. Le Chêne vert (Quercus ilex), le Chêne liège (Quercus suber), le Pin sylvestre (Pinus sylvestris), le Pin noir (Pinus nigra) et le Genévrier commun (Juniperus communis) sont les espèces d’arbres les plus souvent choisis par le vautour moine pour l'installation de son nid[3].

Statut de protection

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Menaces

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Les principales menaces pour le vautour moine sont la dégradation voire la perte de son habitat et les perturbations humaines, notamment au niveau des sites de nidification. L'exploitation forestière notamment peut, simplement par la création de chemins ou de clairières, provoquer des perturbations suffisantes pour que la saison de reproduction soit un échec[7].

C'est une espèce qui peut facilement être blessée ou tuée par des collisions avec des lignes à haute tension. Le développement des parcs éoliens sont eux aussi une menace pour l'espèce[3].

Comme tous les vautours, il peut aussi être victime de saturnisme aviaire indirect ; après avoir mangé des animaux morts des suites de blessures par plomb de chasse toxique. L'offre de cadavres de moutons (morts dans les exploitations locales), disposés dans des "charniers" spéciaux (clôturés et répondant à des conditions fixées par un arrêté préfectoral) est un des moyens de limiter le contact des vautours avec la grenaille de plomb de chasse.

Les autres menaces sont les incendies de forêt, la pénurie de nourriture et le braconnage[3].

Population

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Populations européennes

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La population européenne totale est estimée à environ 1 500 couples, dont plus de 90 % vivent en Espagne.

La population espagnole était estimée en 2007 à environ 1400 couples en décembre 2011[8], loin devant la population grecque (de 20 couples environ)[réf. nécessaire] et la population française.

Cette dernière était, en 2017, de 35 couples dont 27 couples dans les Grands Causses le reste se répartissant dans les alentours des Baronnies[6].

En 2021, 51 couples reproducteurs étaient présents sur le territoire français (29 dans les Grands Causses, 14 dans les Baronnies et 8 dans le Verdon)[9].

Conservation

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En France, une première tentative de réintroduction du vautour moine est menée dans le Parc naturel régional des Grands Causses à partir de 1992, sous l'égide de la Black Vulture Conservation Foundation (devenue depuis VCF, Vulture Conservation Foundation). De 1992 à 2004, 53 individus ont été relâchés dans cette zone. En 2010, on observait 18 couples reproducteurs, ayant permis l'essor de 12 nouveaux individus[3].

Deux autres projets de réintroduction sont menés conjointement par la LPO, la VCF, les centres de sauvegarde du vautour moine espagnols, et les associations « Vautours en Baronnies » et « Vautours en Haute-Provence ». Ils visent deux réintroductions de l'espèce dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. La réintroduction a débuté en 2004 dans les Baronnies et en 2005 dans les Gorges du Verdon[3].

Protection

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Au niveau mondial

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L'IUCN a classé l'espèce dans la liste rouge des espèces menacées, dans la catégorie NT (quasiment menacée), du fait d'un inquiétant déclin des populations asiatiques[10].

Au niveau européen

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Cette espèce est inscrite à l'annexe I de la directive Oiseaux de l'Union européenne[3]. Cette inscription est due au déclin drastique des populations et aires de répartition de ce rapace dans les pays européens, notamment ceux du centre et du sud-est de l'Europe[7].

Le vautour moine est aussi inscrit à l’annexe II de la Convention de Berne, annexe qui répertorie les espèces de faune strictement protégées[3].

Il est inscrit à l’annexe II de la Convention de Bonn (CMS) qui le désigne comme une espèce migratrice se trouvant dans un état de conservation défavorable et nécessitant l’adoption de mesures de conservation et de gestion appropriées. Un plan d’action de 2008, visant la conservation des oiseaux de proie migrateurs en Afrique et Eurasie, le place en catégorie 1, c'est-à-dire dans la liste des espèces mondialement menacées et quasi-menacées (VU et NT) telles que définies par la Liste rouge de l'UICN et BirdLife International[3].

Il est de plus mentionné dans l'annexe III de la Convention de Washington (CITES) comme espèce vulnérable dont le commerce est strictement réglementé, mais aussi dans l'annexe A du Règlement communautaire CITES/CEE en tant qu'espèce menacée d’extinction dont le commerce à l’intérieur et à l’extérieur de l’Union européenne est interdit, sauf dans des conditions exceptionnelles[3].

Au niveau français

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Le Vautour moine bénéficie d'une protection totale sur le territoire français par la loi du et son arrêté d’application du [11]. Il est donc interdit de le détruire, le mutiler, le capturer ou l'enlever, de le perturber intentionnellement ou de le naturaliser, ainsi que de détruire ou enlever les œufs et les nids et de détruire, altérer ou dégrader leur milieu. Qu'il soit vivant ou mort, il est aussi interdit de le transporter, colporter, de l'utiliser, de le détenir, de le vendre ou de l'acheter.

L'espèce est inscrite sur la liste rouge des espèces menacées en France, dans le chapitre des oiseaux nicheurs de France métropolitaine, sous la catégorie "CR" (en danger critique d'extinction)[12].

Notes et références

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  1. L' Histoire de la nature des oyseaux, avec leurs descriptions et naïfs portraicts retirez du naturel publiée en 1555 par Pierre Belon en 7 tomes. Cette espèce est citée trois fois dans le livre I, et une fois dans le livre IV, V et VI
  2. a b c d e f g et h (fr) Ligue pour la Protection des Oiseaux, « Fiche espèce : Vautour moine - Aegypius monachus », sur lpo.fr, (consulté le ).
  3. a b c d e f g h i j k l m n et o (fr) LPO Mission Rapaces, « Le vautour moine ; Présentation de l’espèce », sur rapaces.lpo.fr, Ligue de Protection des Oiseaux (consulté le ).
  4. Killian Mullarney, Lars Svensson, Dan Zetterström, Peter J.Grant (trad. du suédois), Le guide ornitho : le guide le plus complet des oiseaux d'Europe, d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient, 900 espèces, Paris, Delachaux et Niestlé, , 448 p. (ISBN 978-2-603-02393-8), Rapaces diurnes, Vautour fauve
  5. (fr) « Vautour moine », sur observatoire-rapaces.lpo.fr, Ligue de Protection des Oiseaux (consulté le ).
  6. a et b LPO mission rapaces, « Le vautour moine ; Suivi et conservation »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur rapaces.lpo.fr, Ligue de Protection des Oiseaux (consulté le ).
  7. a b c et d (en) European Commission, « Black Vulture Aegypius monachus », sur ec.europa.eu (consulté le ).
  8. « Vautour moine - observatoire-rapaces.lpo.fr », sur lpo.fr (consulté le ).
  9. pour la diversité - le Vautour moine
  10. (en) BirdLife International et IUCN, « Aegypius monachus », sur iucnredlist.org, IUCN Red List of Threatened Species, (consulté le ).
  11. (fr) Le ministre d'Etat, ministre de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de la mer, en charge des technologies vertes et des négociations sur le climat, et le ministre de l'alimentation, de l'agriculture et de la pêche, « Arrêté du 29 octobre 2009 fixant la liste des oiseaux protégés sur l'ensemble du territoire et les modalités de leur protection », sur legifrance.gouv.fr, Secrétariat général du gouvernement, (consulté le ).
  12. (fr) UICN France, MNHN, LPO, SEOF & ONCFS, « La Liste rouge des espèces menacées en France - Chapitre Oiseaux de France métropolitaine »   [PDF], sur uicn.fr, UICN France, (consulté le ).

Annexes

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Articles connexes

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Références taxonomiques

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Liens externes

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Bibliographie

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  • Fabienne Pigière, "Le vautour moine en Belgique romaine", in Bulletin trimestriel de l'Institut archéologique du Luxembourg - Arlon, 2010, 86e année, no 1/2, p. 143-146.