Utilisateur:Martin'/Fortifications de Mycènes
Fortifications de Mycènes | |||
Les murs cylopéens des fortifications de Mycènes. | |||
Localisation | |||
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Pays | Grèce | ||
Ville | Mycènes | ||
Coordonnées géographiques | 37° 43′ 50,91″ N, 22° 45′ 23,04″ E | ||
Histoire | |||
Lieu de construction | Citadelle de Mycènes | ||
Date de construction | Première phase : v. 1340 av. J.-C. Deuxième phase : v. 1250 av. J.-C. Troisième phase : v. 1200 av. J.-C. |
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Caractéristiques | |||
Type | Fortification | ||
Hauteur | 8,25 m au plus haut (état actuel) | ||
Longueur | 900 m | ||
Largeur | 5 à 8 m | ||
Géolocalisation sur la carte : Grèce
Géolocalisation sur la carte : Péloponnèse
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Grèce antique | |||
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Les fortifications de Mycènes protègent la cité antique préhellénique de Mycènes, un pôle majeur de la Grèce continentale du IIe millénaire avant notre ère. Comme plusieurs sites de la civilisation mycénienne, la cité se caractérise par d'importantes fortifications composée de massifs blocs de pierres, un type de construction appelé « murs cyclopéens ».
Le site, habité dès le Néolithique, est fortement fortifié à partir du XIVe siècle avant notre ère, à l'apogée de la puissance mycénienne. L'enceinte est ensuite profondément modifiée et étendue vers le sud-ouest au milieu du XIIIe siècle. Les tombes royales du Cercle A sont alors enfermée dans la nouvelle enceinte, à proximité de la nouvelle entrée principale de la cité, la fameuse porte des Lionnes. Enfin, une cinquantaine d'années plus tard, la pointe est de l'enceinte est remodelée et étendue pour incorporer dans la citadelle une citerne souterraine. La puissance cité est détruite, comme le reste des sites de la civilisation mycénienne vers la fin du XIIe siècle. Les fortifications sont détruites après la mise à sac de Mycènes par Argos en 468, malgré quelques tentatives de réparations au IIIe siècle.
Le contour des remparts suit l'affleurement rocheux sur environ 900 mètres de périmètre, englobant le sommet de la colline sur laquelle est construite la cité, d'une surface d'environ 30 000 m2. La hauteur des murs est inconnue, les plus hauts vestiges atteignant 8,25 mètres de hauteur.
Les ruines des fortifications, connus depuis l'Antiquité, sont notamment décrites par Pausanias au IIe siècle de notre ère. Les premières fouilles ont lieu en 1841 et le site est minutieusement fouillé depuis 1876 et l'arrivée sur le site de l'archéologue allemand Heinrich Schliemann.
Les fortifications de Mycènes, comme l'ensemble de la cité, sont inscrites au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1999.
Contexte
modifierContexte mythologique
modifierSelon les auteurs antiques, la ville de Mycènes est fondée par Persée, fils de Zeus et de Danaé, fille d'Acrisios, roi d'Argos. Ayant tué son grand-père par accident, Persée échange Argos avec son cousin Mégapenthès, roi de Tirynthe. Devenu roi de Tirynthe, il fonde ensuite Mycènes.
Persée demande aux Cyclopes, des géants dotés d'une force surhumaine et bâtisseurs de Tirynthe, de construire des murailles pour Mycènes[B 1]. Pour les Grecs de l'époque classique, les larges blocs de pierre utilisés ne pouvaient avoir été assemblés que par ces géants, d'où leur nom de « murs cyclopéens[B 2] ». Selon Euripide, les murs de la ville s'élevaient « jusqu'aux cieux[A 1],[B 3] ». Pour Homère dans l'Iliade, Mycènes est la « ville forte et bien bâtie[A 2] », dont le roi Agamemnon est le chef des Achéens, en raison de sa puissance.
Le petit-fils d'Agamemnon, Tisamène, est le dernier roi de Mycènes, vaincu par les Doriens, avec l'Héraclide Téménos à leur tête. La cité est incendiée et passe définitivement sous l'influence de sa voisine Argos, dont Téménos est devenu le roi. Entre la fondation par Persée et le retour des Héraclides, on compte six ou sept générations, ce qui correspond, selon l'archéologue Georges Mylonas, à la durée de l'existence de la Mycènes historique[M 1].
Contexte géographique et historique
modifierLa cité de Mycènes est située dans l'est du Péloponnèse sur une colline dominant l'extrémité nord-est de la fertile plaine d'Argos. Cette position lui permet de contrôler les routes commerciales[M 2], notamment le défilé de Dervénakia, la seule route conduisant à l'isthme de Corinthe et au reste de la Grèce continentale[I 1]. La colline est entourée de deux sommets plus élevés : au nord le mont Profitis Ilias, et le mont Zara au sud, dont elle est séparée par deux ravins escarpés, le Kokoretsa au nord et le Chavos à l'est et au sud[I 1].
Dès la fin du Néolithique et le début de l'Helladique ancien, l'intérêt stratégique de la colline est compris et les premières traces d'occupations sont relevées au sommet de la colline[B 4]. Les premiers murs datent de l'Helladique moyen, vestiges d'une vaste demeure royale, voire un palais[M 3]. L'archéologue britannique Alan Wace a vu dans un mur a proximité de ce palais les ruines de la première fortification de la colline. En 1961, l'archéologue grec Georges Mylonas a démontré qu'il s'agissait en réalité d'un mur de soutènement[M 3].
En réalité, à Mycènes comme dans les autres cités du Péloponnèse de l'époque, les premières fortifications ne sont pas antérieures à l'Helladique récent, 1380 au plus tôt[P 1]. Sous l'influence de la Crète minoenne, plusieurs cités de la Grèce continentale se sont développées pendant l'Helladique moyen, notamment Mycènes, Tirynthe, Orchomène et Thèbes. Le déclin progressif de la puissance minoenne, à partir de 1600 et surtout de 1450, a entraîné une montée en puissance des cités continentales et une compétition entre elles[P 2] et une fortification systématique des centres urbains. Parmi ces cités, c'est Mycènes qui en retire une place prépondérante[P 3].
La cité mycénienne tirant sa puissance de sa situation de contrôle des routes commerciales — Homère la qualifie plusieurs fois de « riche en or » dans l'Iliade — et de la plaine fertile d'Argolide, elle ressent la nécessité de construire une enceinte, ce qu'elle fait au milieu du XIVe siècle[B 3]. Le XIIe siècle marque le déclin progressif mais définitif de la puissance mycénienne[M 4]. À la fin de l'Helladique récent IIIB, vers 1190, Mycènes subit plusieurs destructions[B 5], dont l'incendie du palais au sommet de l'acropole. Après sa reconstruction, le pouvoir des rois de Mycènes s'est peu à peu affaibli, en même temps que de nombreux sites mycéniens sont abandonnés dans tout le Péloponnèse et l'Attique. La cause de la destruction des sites mycéniens et de Mycènes en particulier au cours du XIIe siècle est toujours sujet à débat[B 6]. Parmi les hypothèses avancées figurent les attaques de petits groupes de « Doriens » (thèse défendue par Mylonas[M 5] et Carl Blegen), les conflits sociaux internes (thèse défendue par John Chadwick), les tremblements de terre ou le changement climatique. Il est probable que plusieurs facteurs plutôt qu'un seul aient contribué au déclin puis à la chute de la puissance mycénienne[B 7]. Les deux villes les plus importantes, Mycènes et Tirynthe, sont finalement détruites vers 1120[M 5].
À l'époque classique, Mycènes est une cité mineure. Elle prend tout de même part à la Seconde Guerre médique. Elle envoie un contingent de 80 hommes à la bataille des Thermopyles en 480 puis forme une armée de 400 soldats avec Tirynthe qui combat à Bataille de Platées l'année suivante[A 3]. Pausanias et Diodore de Sicile voient dans cette participation une tentative d'émancipation de Mycènes de la tutelle d'Argos, qui n'avait pas voulu participer à la guerre contre les Perses[A 4] : Mycènes est attaquée et assiégée par Argos en 468, la famine poussant les Mycéniens à la reddition. La ville et ses fortifications sont alors rasées par les Argiens[A 5],[A 6].
Caractéristiques de l'enceinte
modifierLe gigantisme des murailles de Mycènes est connue sous le nom de murs cyclopéens. Ces hauts et imposants murs sont non seulement conçus pour offrir un maximum d'obstacles aux assaillants mais aussi pour les dissuader même d'envisager une attaque[B 3]. L'archéologie, notamment les travaux de la Société archéologique d'Athènes sous la direction de Georges Mylonas entre 1958 et 1963, a démontré, grâce à l'étude des poteries contenues dans les murs, que la construction des remparts a connu trois phases[I 2] : une première enceinte vers 1340, puis une seconde vers 1250, enfin une troisième en vers 1200, soit une construction étalée entre l'Helladique récent IIIA et IIIB[B 4]. Tous les murs qui ceinturent la cité datent entièrement de l'époque mycénienne, à l'exception de quelques pans de murs restaurés au IIIe siècle avant notre ère[I 2]. Ils sont encore présents sur l'ensemble de l'enceinte, hormis une section du mur sud qui s'est écroulé dans le Chavos lors d'un glissement de terrain, entraînant avec elle une partie du mégaron du palais[P 4].
Le contour des remparts suit l'affleurement rocheux sur environ 900 mètres de périmètre, englobant le sommet de la colline sur laquelle est construite la cité, d'une surface d'environ 30 000 m2[M 6]. La cité comporte deux entrées, toutes deux protégées par un bastion : la porte des Lionnes, à l'ouest de l'enceinte, est l'entrée principale. Une seconde porte se trouve sur le mur nord et est connue depuis Heinrich Schliemann sous le nom de « porte de la Poterne[W 1] ». Spyros Iakovidis préfère le nom « porte Nord » car il existe bien deux petites poternes à l'est de l'enceinte[M 7].
L'épaisseur de la muraille est comprise entre 5 et 8 mètres de large[P 5]. Leur hauteur est inconnue car leur sommet n'a été préservé en aucun point. Les plus hauts vestiges de l'époque mycénienne atteignent 8,25 mètres de hauteur à proximité du Cercle de tombes A[I 3]. Un élément en appareil polygonal du IIIe siècle atteint 18 mètres de haut et est appelé pour cette raison la « tour polygonale » bien qu'elle ne se détache pas de la ligne de la muraille[T 1]. Wace y voyait une indication de la hauteur originale des murs[W 2] mais Mylonas précise que l'on ne peut pas en être totalement certain[M 7].
Les murailles sont construites dans l'appareil cyclopéen caractéristique de l'architecture mycénienne : de larges blocs de pierre calcaire sommairement voire non taillés, empilés les uns sur les autres, les espaces comblés avec de plus petites pierres et de l'argile[M 6]. Cet assemblage forme les parois intérieure et extérieure de la muraille, l'intérieur étant composé de pierres plus petites, de terre et de gravas[M 6].
À l'approche des deux portes de la muraille, les murs sont recouverts d'un parement pseudo-isodome en conglomérat[I 4]. Ces pierres sont taillées à la scie parfois, à la massette le plus souvent[M 6]. Pour Chrístos Tsoúntas et Alan Wace, le rôle de ce parement est de conférer de la majesté et de la dignité aux murs et d'offrir à des attaquants qui tenteraient de les escalader moins de prises que les murs cyclopéens, qui contiennent davantage d'interstices[T 2],[W 1]. Ces blocs, s'ils sont légèrement plus petits que les blocs cyclopéens, sont toutefois de grande dimension : un bloc proche de la porte des Lionnes mesure 3 mètres de long sur 1,90 mètre de haut[M 6]. On retrouve cet appareil est à l'angle sud-est de l'enceinte, près de la Maison des Colonnes[W 1].
L'appareil polygonal est le troisième type de construction présent sur le site mais il ne date pas de l'époque mycénienne, contrairement à ce que Heinrich Schliemann pensait[M 6], mais de l'époque hellénistique. Il s'agit d'un assemblage de blocs à joint-vif, dont la tenue est assurée par le caractère polygonal des pierres. Cet appareil est visible en trois endroits : à l'angle nord-est de l'enceinte, sur le bastion de la porte des Lionnes et au milieu du mur sud[T 2]. Il a été utilisé au IIIe siècle avant notre ère pour réparer des sections du mur trop endommagées, notamment lors de la prise de la cité par les Argiens en 468[M 6].
Première enceinte
modifierLa première enceinte est bâtie pendant la période de l'Helladique récent IIIA2, soit vers 1340. Si le mur nord et une partie du mur sud-est ont été préservés, la plus grande partie du mur sud a été démolie lors de l'extension de l'enceinte vers le sud-ouest vers 1250[I 5]. Selon Mylonas, le tracé du premier rempart a pu reprendre celui d'un péribole construit autour de la colline de Mycènes[M 8].
Le mur de la première enceinte présente la particularité de suivre très exactement, sans la moindre déviation, le contour de la roche calcaire sur laquelle il est bâti[I 5]. C'est la raison pour laquelle le mur présente plusieurs brusques changements de direction[M 9]. Après avoir suivi le ravin du Chavos, le mur est obliquait vers l'ouest au niveau du palais, le contournait par le sud et, toujours en continuant à suivre le contour du rocher, rejoignait l'extrémité nord-ouest à l'endroit où se situe aujourd'hui la porte des Lionnes, laissant le cercle de tombes A à l'extérieur de l'enceinte[I 6].
La porte d'entrée principale de la cité se trouvait sur cette portion de mur démolie au milieu du XIIIe siècle, bien que son emplacement exact soit difficile à déterminer[I 6]. Tsoúntas avait estimé que la porte se trouvait au milieu du mur sud, dans le prolongement de la rampe partant de l'actuelle porte des Lionnes et conduisant au palais, indiquant avoir trouvé de gros blocs qui devaient faire partie de cette porte[T 3]. Les fouilles des années 1950 et 1960 n'ont pas permis de retrouver ces blocs mais elles ont mis au jour, sous la rampe actuelle juste au nord du cercle A, les traces de trois autres rampes antérieures. Les deux plus anciennes, datant de l'Helladique moyen et de l'Helladique récent, montaient dans une direction sud/nord, une direction opposée à celle de l'actuelle rampe[M 10]. Selon Mylonas, la porte principale devait donc se trouver au niveau de la porte des Lionnes, mais de l'autre côté du mur cyclopéen originel, qui s'arrête net à cet endroit[M 11]. La route d'accès venait ainsi de l'ouest, contourner le cercle de tombes A par le sud puis vers le nord pour arriver, en longeant le rempart, à la porte de la cité. Iakovidis, qui a continué à fouiller le site après Mylonas, est moins affirmatif que son prédécesseur, tout en reconnaissant que c'était la seule hypothèse qui combine toutes les données disponibles[I 7] (emplacements des roches, superposition et inclinaisons des rampes).
Une seconde porte, probablement une poterne, existait à l'angle nord-est de la fortification originelle[I 6].
Deuxième enceinte
modifierLa construction de la deuxième enceinte vers 1250 coïncide avec l'apogée de la puissance de Mycènes[I 7]. Le mur sud de la forteresse, depuis la porte jusqu'au Chavos, est démoli pour être reconstruit 50 à 60 mètres plus loin vers l'ouest et le sud, augmentant la surface fortifiée de près de 40 %[I 7].
La construction la plus impressionnante est l'érection de la monumentale porte des Lionnes, nouvelle porte principale de[M 12]. Il s'agit d'une construction massive et imposante, composée de quatre monolithes formant une ouverture de 3,10 mètres de haut et 2,95 mètres de large. La largeur se rétrécit avec la hauteur, n'étant plus que de 2,78 mètres au niveau du linteau[M 7]. L'aspect monumental et unique de la porte est assuré par une plaque de calcaire sculptée et placée dans le vide du triangle de décharge[M 13]. Ce relief représente deux lions rampants se faisant face de part et d'autre d'une colonne, les pattes avant posées sur un deux autels biconcaves[I 8]. Cette plaque constitue la plus ancienne sculpture monumentale de Grèce[W 3]. Parmi les diverses explications de la symbolique des lionnes, de la colonne et du double autel, ont été avancées une fonction purement décorative, religieuse — les lions protégeraient ainsi un sanctuaire ou la famille royale[P 6] — ou bien héraldique – les lions représenteraient l'alliance de deux familles royales ou de deux royaumes[I 8]. Cette représentation n'est pas unique ni la première du genre et on la retrouve gravée sur plusieurs bijoux et bagues minoens et mycéniens, ainsi que sur plusieurs fresques minoennes[M 14].
Un imposant bastion rectangulaire long de 14,80 mètres et large de 7,23 mètres est bâti pour former une cour aux dimensions semblables menant à la porte en elle-même. Ce système permet de limiter le nombre d'attaquants devant la porte et de pouvoir attaquer les assaillants depuis le bastion sur leur droite, soit leur côté le plus vulnérable lorsque l'on porte le bouclier au bras gauche[M 7],[W 4]. Un dispositif identique protège l'autre porte de la cité, la porte de la Poterne, sur le mur nord[M 13]. Le mur cyclopéen de cette cour est recouvert d'un parement pseudo-isodome en conglomérat, pour en souligner la grandeur.
La pente de la rampe est inversée et passe au nord du cercle de tombes A, qui est désormais inclus dans l'enceinte fortifiée. Pour Iakovidis, il s'agit pour les rois mycéniens de célébrer la mémoire de leurs ancêtres[I 9].
À la différence du mur nord, dont les blocs sont posés directement sur la roche calcaire, le mur occidental ouest repose sur une épaisse couche de mortier en argile jaunâtre, en appui sur le bloc rocheux en conglomérat. Pour Mylonas, cette différence est le témoin d'une innovation technologique au cours du HR IIIB[M 15].
À l'angle sud-est des fortifications, le mur a été renforcé par un nouvel appareil en pseudo-isodome pour soutenir l'extension du palais, notamment l'ensemble connu sous le nom de Maison des Colonnes[I 3].
Dernier ajout de la deuxième phase de construction, la porte de la Poterne, ou porte Nord, est une copie en dimensions réduites de la porte des Lionnes, bien qu'elle ne possède pas de triangle de décharge[I 3]. Elle est également construite en pseudo-isodome de conglomérat et protégée par un bastion[M 13]. Elle a été percée dans le mur nord à un endroit où il marque un léger retrait vers le sud avant de reprendre sa course vers l'est[M 13].
Troisième enceinte
modifierÀ la fin de l'Helladique récent IIIB, une cinquantaine d'années après l'achèvement des travaux de la deuxième phase, les fortifications de Mycènes connaissent leur ultime extension, à l'extrémité nord-est de l'enceinte[B 8]. Le but est d'assurer l'alimentation en eau de la cité en cas de siège au moyen d'une nouvelle citerne souterraine[W 5]. Sans cette citerne, les habitants de Mycènes étaient dépendants de la pluie s'ils venaient à être assiégés car il n'existe pas de source sur la colline[M 16].
Pour en protéger l'accès, l'enceinte est étendue à la pointe nord-est par un nouveau mur cyclopéen qui forme, selon Nicolas Platon, une tête de chien[P 7]. La citerne a été creusée dans le sol en conglomérat juste à l'extérieur des nouvelles murailles nord-est. Le conglomérat est un matériau plus souple et donc plus facile à creuser que le calcaire dur sur lequel est construite la muraille[M 16]. Cet accès consiste en une galerie creusée directement dans la muraille nord qui zigzague en trois section dans le sous-sol jusqu'à atteindre la citerne à une profondeur d'environ 18 mètres[I 10]. La première section de cette galerie comporte dix-neuf marches de calcaire et se termine par une porte en conglomérat semblable dans sa conception à la porte Nord. Un palier rectangulaire ouvre ensuite sur une nouvelle porte sur la gauche, découvrant vingt nouvelles marches descendant vers l'ouest. Un nouveau palier permet d'accéder à trois petites marches orientée vers le nord puis la galerie marque un angle droit pour descendre vers l'est au moyen de 60 marches pour rejoindre la citerne[W 6].
La citerne mesure 1,60 mètres sur 70 centimètres pour une profondeur de 5 mètres[M 17], soit un volume de 5 m3. Son alimentation est assurée par un réseau de canalisation en terracotta qui la relie à une source du Perseia, distante des murs d'environ centaine de mètres[T 4]. Ses parois comme celles de la troisième section sont recouvertes d'une épaisse couche de plâtre, la troisième section servant ainsi d'extension de la citerne[M 17].
À environ 2,50 mètres de l'entrée de la galerie, le mur nord est percé par une poterne qui permettait aux soldats mycéniens de faire une sortie et de harceler un attaquant qui s'en prendrait à la porte Nord ou au tunnel d'accès à la citerne[M 13]. Une autre poterne a été créée à travers le mur sud de l'extension, conduisant à une plateforme surplombant le Chavos, dans un but aussi bien distractif et que de surveillance[I 10]. La poterne est visible depuis les pentes du mont Zara, de l'autre côté du Chavos, mais sa petite taille comme celle de la plateforme rendait la position facilement défendable[M 18].
Une troisième poterne aurait pu également se trouver dans le mur est de la nouvelle extension. Elle aurait été bouchée au moment de la guerre contre les Argiens, au Ve siècle[B 9].
Destruction et restauration et abandon final
modifierMycènes est détruite vers 1120[M 5]. Le site est abandonné puis progressivement réoccupé. Après sa participation aux Guerres médiques, Mycènes est attaquée par Argos, qui s'empare de la citadelle en 468. Les fortifications sont démantelées, les habitants réduits en esclavage ou exilés[W 7].
Au cours du IIIe siècle, les Argiens fondent sur les ruines de Mycènes un koma, un petit village fortifié dépendant d'Argos[W 7]. Les dégâts causés par les destructions de 468 sont réparés[M 19]. Dans un contexte de guerre entre Argos et la Ligue Achéenne puis avec Sparte, la colline de Mycènes est devenue partie intégrante d'une ligne de fortification argienne[B 10].
Tous les renforcements des murs des fortifications de Mycènes sont effectués dans le style polygonal caractéristique de l'époque hellénistique[B 9]. La plus remarquable de ces réparations est la reconstruction du bastion de la porte des Lionnes[M 7]. Le nouveau bastion est constitué de petits blocs de calcaires méthodiquement assemblés. Le mur forme une courbe et non plus un rectangle[B 9]. La « tour polygonale » est également un bel exemple de réalisation en appareil polygonal[W 2]. D'autres parties du mur sud et de celui de l'extension nord-est ont également été réparées en style polygonal[B 11].
On ne sait pas combien de temps le site est resté occupé[W 7] ; il a progressivement été abandonné, si bien que lorsque Pausanias voyage en Argolide vers 170 de notre ère, il ne reste de Mycènes « que des ruines où l'on distingue encore quelques restes de son enceinte et, entre autres, une porte sur laquelle il y a deux lions, que l'on croit avoir été faits par les Cyclopes[A 4] ».
Redécouverte et fouilles
modifierEn 1700, les vestiges de la cité sont décrits par un ingénieur italien Francesco Grimani au service du royaume de Morée, identifiant la porte des Lionnes grâce à la description de Pausanias[B 12]. À partir du XVIIIe siècle, les voyageurs deviennent nombreux à visiter le site et les premières « fouilles » commencent au début du XIXe siècle[M 19], notamment sous l'impulsion de Lord Elgin et Lord Sligo, qui pillent les ruines de plusieurs centaines d'objets[B 13].
Avec l'indépendance de la Grèce, le site est placé en 1837 sous la protection de la Société archéologique grecque. Elle envoie à Mycènes Kyriákos Pittákis qui dégage en 1840 la porte des Lionnes et la cour qui la précède[B 13],[M 20].
En 1874, l'archéologue allemand Heinrich Schliemann commence à fouiller le site, se concentrant sur les tombes à proximité de la porte des Lionnes[B 13]. Chrístos Tsoúntas organise les premières fouilles systématiques du site, qu'il dirige de 1886 à 1902[M 20]. Le chantier passe ensuite sous l'égide de l'École anglaise d'Athènes, auréolée de ses trouvailles en Crète, sous la direction d' Alan Wace de 1920 à 1923, puis en 1938, puis enfin de 1950 à 1955[M 20].
La Société archéologique grecque reprend ses propres fouilles en 1950, sous la direction de Ioannis Papadimitriou puis de Georges Mylonas[B 14], qui fouillent systématiquement la citadelle et la porte des Lionnes, permettant d'établir une datation précise et fiable des différentes phases d'occupation et d'extension[B 15]. De 1985 à 2013, les fouilles sont dirigées par Spyros Iakovidis, dans la poursuite des travaux de Mylonas.
Notes et références
modifier- Chrístos Tsoúntas, The Mycenaean Age,
- Tsoúntas 1897, p. 26-27.
- Tsoúntas 1897, p. 26.
- Tsoúntas 1897, p. 113.
- Tsoúntas 1897, p. 40.
- Alan Wace, Mycenae,
- Georges Mylonas, Mycenae and the Mycenaean Age,
- Mylonas 1966, p. 6-7.
- Mylonas 1966, p. 5.
- Mylonas 1966, p. 15.
- Mylonas 1966, p. 214.
- Mylonas 1966, p. 232.
- Mylonas 1966, p. 16.
- Mylonas 1966, p. 17.
- Mylonas 1966, p. 22.
- Mylonas 1966, p. 24.
- Mylonas 1966, p. 26.
- Mylonas 1966, p. 27.
- Mylonas 1966, p. 20.
- Mylonas 1966, p. 18.
- Mylonas 1966, p. 174.
- Mylonas 1966, p. 21.
- Mylonas 1966, p. 31.
- Mylonas 1966, p. 32.
- Mylonas 1966, p. 19.
- Mylonas 1966, p. 7.
- Mylonas 1966, p. 8.
- Nicolas Platon, La Civilisation égéenne,
- Platon 1983, p. 207.
- Platon 1983, p. 264.
- Platon 1983, p. 206.
- Platon 1983, p. 271.
- Platon 1981, p. 265.
- Platon 1981, p. 307.
- Platon 1981, p. 267.
- Spyros Iakovidis, Late Helladic Citadels on Mainland Greece,
- Iakovidis 1983, p. 23.
- Iakovidis 1983, p. 24.
- Iakovidis 1983, p. 33.
- Iakovidis 1983, p. 24-26.
- Iakovidis 1983, p. 27.
- Iakovidis 1983, p. 28.
- Iakovidis 1983, p. 29.
- Iakovidis 1983, p. 31.
- Iakovidis 1983, p. 30.
- Iakovidis 1983, p. 36.
- Sources antiques
- Euripide, [[Électre (Euripide)|]], 1158 ; Les Troyennes, 1088, [[Iphigénie en Tauride (Euripide)|]], 845.
- Homère, Iliade, chant 2
- Hérodote, Histoires, IX, 28
- Pausanias, Description de la Grèce, II, XVI, 5.
- Pausanias, Description de la Grèce, VII, XXV, 5
- Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, XI, 65
- Autres sources :
- Claude Mossé (dir.), Une histoire du monde antique, Paris, Larousse, coll. « Bibliothèque Historique », , 479 p. (ISBN 978-2-03-584177-3), p. 131.
- French 2002, p. 56.
- Hope Simpson et Hagel 2006, p. 23.
- Laffineur 1977, p. 10.
- Feuer 2004, p. 12.
- René Treuil, Pascal Darcque, Jean-Claude Poursat et Gilles Touchais, Les Civilisations égéennes du Néolithique et de l'Âge du Bronze, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Nouvelle Clio », 2008 (2e édition refondue) (ISBN 978-2-13-054411-1), p. 377-382
- Feuer 2004, p. 13.
- Laffineur 1977, p. 12.
- (en) N. Claire Loader, « A Possible East Sally-Port in the North-East Extension at Mycenae? A Brief Note », The Annual of the British School at Athens, vol. 91, , p. 191-196 (lire en ligne).
- BSA 1921-1923, p. 423.
- BSA 1921-1923, p. 416.
- Mondry Beaudouin, « Fragments d'une description de l'Argolide faite en 1700 par un ingénieur italien », Bulletin de correspondance hellénique, vol. 4, , p. 209 (lire en ligne, consulté le ).
- Laffineur 1977, p. 7.
- Laffineur 1977, p. 9.
- Laffineur 1977, p. 11.
Bibliographie
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