Utilisateur:ManiacParisien/Documents/Anne-trinitaire
A comparer à l'article de Salsero35 pour l’iconographie
Anne trinitaire ou Sainte Anne trinitaire (aussi appelée Sainte Anne en tierce) est, dans l’iconographie chrétienne, une représentation de Anne (mère de Marie) avec sa fille Marie et l'enfant Jésus. En Italie, ce groupe est appelé Metterza[1], en Allemagne Anna selbdritt. Ce type d'image fait partie des images de dévotion ou images pieuses qui se répandent pendant le Moyen-Âge tardif sous des formes multiples en Occident, notamment en Allemagne, aux Pays-Bas, en Italie, en Espagne ou en France. L'expression « trinitaire » désigne le groupe des trois personnages rassemblés autour de Anne. Il s'oppose à son pendant masculin, le trône de grâce composé de la trinité : Dieu le père, Jésus sacrifié et Saint-Esprit.
A l’apogée du culte de sainte Anne apparaît la légende de ses trois mariages. Veuve de Joachim, Anne se remarie successivement avec deux hommes dont elle a deux filles qui engendrent six garçons. C’est surtout en Europe du nord qu’abondent les représentations de la Sainte Parenté qui peuvent regrouper jusqu’à vingt-huit personnages lorsque les ascendants de sainte Anne y sont associés.
Le Concile de Trente met fin à ces développements, Joseph se substitue à Anne, et la Sainte Famille remplace désormais la Sainte Parenté[2].
Évolution
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Le Tre Madre, Église Santa Maria Antiqua (vers 760).
La plus ancienne représentation connue de la mère de Marie avec Marie et l'enfant Jésus[2] est la peinture murale représentant le « tre Madri », Anne, Élisabeth et Marie, dans l’église romaine de Santa Maria Antica, réalisée sous le pontificat de Paul Ier (757-765). Dans une pose hiératique, Anne, telle une icône, présente une mandorle dans laquelle s’inscrit l’image de sa fille. À gauche, Élisabeth avec le jeune Jean le Baptiste et à droite Anne avec sa fille Marie.
À partir du milieu du XIIIe siècle, on rencontre plusieurs exemples de représentations de Anne trinitaire, comme la statue monumentale dans l’église Saint-Nicolas de Stralsund dans le Mecklembourg. Elle est datée de 1260. Dans cette représentation, Anne porte sur le bras gauche Marie, petite et jeune qui, elle, tient sur le genou droit l’Enfant Jésus, detaille normale. Anne est assise sur un trône, la Vierge est placée sur le côté ; ceci atteste la prééminence de la sainte. Ultérieurement, la représentation prend des proportions plus réalistes, comme dans le célèbre tableau La Vierge, l'Enfant Jésus et sainte Anne de Léonard de Vinci créé entre 1500 et 1510 pendant son séjour à Florence.
Le culte de sainte Anne apparaît dès le VIee siècle dans certaines liturgies orientales et, au VIIIee siècle dans les liturgies d'Occident. Son culte est généralisé avant la fin du XVIee siècle[3]. Le culte s'est confirmé après l'introduction de la fête de sainte Anne, le 26 juillet, dans le calendrier de de l'Église romaine par le pape Sixte IV en 1481. Bien que le pape Pie V, en établissant le calendrier romain tridentin, supprime son office en 1568[4], elle reste populaire et Grégoire XIII rétablit sa fête officielle le 26 juillet (bulle du ) et Grégoire XV, dans son bref apostolique Honor laudis du 23 avril 1622, en fait une fête obligatoire.
Un très grand nombre de sculptures, peintures, retable d'Anne trinitaire se sont conservés dans les églises de toute l’Europe. On trouve des représentations sur divers sceaux et pièces de monnaie. La ville de Annaberg-Buchholz dans les monts Métallifères comporte une Anne trinitaire dans son blason.
Depuis l'étude de Sigmund Freud sur La Vierge, l'Enfant Jésus et sainte Anne de Léonard de Vinci, la figure de Anne trinitaire a fait l'objet de considérations psychologiques multiples.
Typologie
modifierLes compositions sont très nombreuses, sur des supports divers, : les enluminures, les vitraux, les fresques, peintures, sculptures en pierre et en bois ; elles prennes des formes variées, assises ou debout, qui évoluent avec le temps et avec le groupe de populations auxquelles elles s'adressent. Le rapport entre Anne et Marie, l'une plus grande que l'autre, ou au contraire l’une à côté de l’autre, l'enfant Jésus tenu par l'une ou par l’autre, éclaire sur l’évolution de relations familiales. Un classement proposé est schématiquement le suivant[2]:
- En forme de « poupées gigognes »
- Anne debout, portant Marie et Jésus sur ses bras
- Anne assise, portant Marie et Jésus sur ses bras
- Anne assise, Marie et Jésus assis sur elle
- Anne debout, Marie et Jésus à côté d'elle
- Marie trônant, Jésus sur ses genoux, Anne debout derrière elle
- Anne et Marie côte à côte, assises ou debout, Jésus entre elles
Poupées gigognes
modifierUn schéma archaïque est dit des « poupées gigognes »[2] : Anne porte sa descendance sur un seul bras. L’une des représentations est dans le retable de Strzegom, d'un auteur anonyme, datant de la fin du XIVe siècle et conservée au Musée national de Wrocław. Une statue se trouve dans l'église paroissiale Notre-Dame-du-Gourg de Sainte-Enimie, en Lozère.
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Retable de Strzegom (fin du XIVe siècle). Musée national de Wrocław.
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Église Notre-Dame-du-Gourg (XIVe siècle)). Sainte-Enimie.
Anne debout, portant Marie et Jésus sur ses bras
modifierPar souci d’équilibre et de symétrie, Anne est représentée parfois assise, mais le plus souvent debout portant un enfant sur chaque bras, Jésus étant presque toujours placé à la droite de sa grand-mère. La statuaire est souvent polychrome,et dégage une grande impression de réalité. Un bel exemple de cette composition est l’Anne trinitaire sculptée par Michel Erhart vers 1490, que conserve le Musée des beaux-arts de Bilbao[5]. Une autre exemple est un retable anonyme datant de 1512, avec Anne trinitaire et d'autres saints, conservé au musée de Bode à Berlin, ou encore le relief de l'église Jean-Baptiste de Neumarkt-Sankt Veit, en Bavière.
Anne assise, portant Marie et Jésus sur ses bras
modifierAnne est assise, parfois « en majesté » sur un trône, portant Marie et Jésus sur ses bras. L’un des plus anciens groupes, est la sculpture en calcaire polychrome, datée vers 1330, du Musée diocésain de Ratisbonne. Un vitrail de Kalchreuth, près de Nuremberg, date de 1497. De Tilman Riemenschneider, une belle sculpture du début de XVIe siècle conservée à Wurtzbourg et Veit Stoss. Du premier, ou de son atelier, trois groupes sont conservés, deux à Wurzbourg (Festung Marienberg), un autre à Volkach sur le Main.Le groupe le plus remarquable, alliant la majesté d’Anne à la grâce de Marie et de Jésus, est conservé dans l’église Sainte Anne, à Vienne. Il a été imité, non sans lourdeur, par l’un de ses disciples, à Nuremberg19.
Un exemple remarquable est une statue-reliquaire conservée au Musée de Cluny. De petite taille (48,6 × 21 cm), sainte Anne tient sur ses genoux la Vierge et porte un petit coffret-reliquaire. Une longue inscription au revers précise que l’œuvre a été exécutée par Hans Greiff pour Anna Hofmann, épouse du receveur de la ville d’Ingolstadt en 1472. Le prix est également indiqué. Ceci confirme que cette statuette, créée pour des bourgeois aisés, était destinée à la dévotion privée. Elle date de 1472.
Anne trinitaire en Italie
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Sant'Anna Metterza (1424-1425)
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Luca di Tommè, Metterza y santi (1367), Pinacothèque de Sienne.
Parmi les premières représentations figurent la Sainte Anne trinitaire de Luca di Tommè, à Sienne, datée de 1367, et celle de Sant'Anna Metterza, une peinture à tempera sur bois réalisée par Masaccio et Masolino da Panicale en 1424-1425, et conservée aux Offices, à Florence. De très nombreuses autre représentations ont été réalisées.
Europe du Nord
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Vitrail (1510–1530), musée Wilhelm-Hack, Ludwigshafen.
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Retable de la Sainte Parenté (1508), Langenzenn
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Avec Émérencie (1515–30), Metropolitan Museum of Art.
Les représentations ont tendance à s'étoffer et de glisser progressivement vers une représentation de la Sainte Parenté, en ajoutant les deux autres Marie qu'Anne a eu de ses deux remariages, puis ses époux, les époux et enfants des autres Marie, et on aboutit ainsi à des tableaux comportant jusqu'à 29 personnages. Une illustration est le célèbre Annenaltar ou Retable de sainte Anne datant de 1504, conservé au Musée historique de Francfort et attribué au Maître de Francfort.
Un autre tableau, aussi un retable de sainte Anne et aussi au Musée historique de Francfort est un peu antérieur : c'est un polyptyque de seize panneaux commandé à un peintre flamand par Rumold (ou Romuald) Laubach, prieur du couvent des Carmes à Francfort de 1474 à 1496[2] représentant des épisodes de la vie de Marie. Sur un des panneaux (à gauche sur la reproduction), la jeune Anne, accompagnée de ses parents, Stolanus et Émérencie, visite le Mont Carmel où le prophète Élie aurait fondé l’Ordre des Carmes. La naissance d’Anne est peinte à l’arrière-plan. Dans une auréole apparaît la trinité mariale. Les protagonistes sont vêtus à la mode du XVe siècle. Sur un autre, les époux déjà âgés distribuent des aumônes car, en conformité avec l’Évangile du Pseudo-Matthieu, ils donnaient un tiers de leurs revenus aux pauvres, aux orphelins, aux veuves et aux pèlerins mendiants.
Espagne
modifierSculptures
modifierNotes et références
modifier- Metterza est un terme issu de la langue vulgaire médiévale se référant à sainte Anne, mère de Marie qui figure en troisième position (terza) dans la hiérarchie de la famille divine, à côté de Marie et Jésus.
- Annie Cloulas-Brousseau, Sainte Anne Trinitaire.
- Sainte Anne sur Nominis.
- Calendarium Romanum (Typis Polyglottis Vaticanis 1969), p. 98
- « Michel Erhart (vers 1490). Musée des beaux-arts de Bilbao. ».
Bibliographie
modifier- Annie Cloulas-Brousseau, « Sainte Anne Trinitaire : Grand-Mère (Mater Matris) ou Grande Mère (Magna Mater) ? » (consulté le ).
- Marlies Buchholz: Anna selbdritt. Bilder einer wirkungsmächtigen Heiligen. Langewiesche Nachfolger Köster, Königstein i. Ts. 2005, (ISBN 3-7845-2113-4).
- Johannes H. Emminghaus: Anna Selbdritt. In: Lexikon der christlichen Ikonographie (de), Vol. 5, p. 185–190.
- Sigmund Freud: Eine Kindheitserinnerung des Leonardo da Vinci. Fischer-Taschenbuch-Verlag, Frankfurt am Main 1982, (ISBN 3-596-25705-0).
- Sigmund Freud, Un souvenir d’enfance de Léonard de Vinci, Gallimard, , 199 p. (ISBN 978-2-07-070665-5)
- (en) Meyer Schapiro, « Leonardo and Freud: An Art-Historical Study », Journal of the History of Ideas, vol. 17, no 2, , p. 147–178 (ISSN 0022-5037).
Weblinks
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