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Naissance | |
---|---|
Décès |
(à 74 ans) |
Sépulture |
Longjumeau, Essonne |
Nationalité |
Française |
Activité |
Médecin, poète |
Oleg Ibrahimoff, médecin, poète, et écrivain français, né le 16 juin 1926 à Istanbul décédé le 13 janvier 2001 à Longjumeau (Essonne)[1][2].
Biographie
modifierOrigines
modifierNé le 16 juin 1926 à Istanbul (Constantinople officiellement jusqu’en 1930) en Turquie[1], Oleg Ibrahimoff est le fils d’Ibrahim Moustafovitch Ibrahimoff, Tatar de Crimée né à Yalta, et de Dina Jacovleff, Ukrainienne née à Sébastopol. Oleg et ses parents émigrent en France en 1928. Oleg a deux ans ; son père, Ibrahim Moustafovitch, ex-commissaire du peuple à l’Éducation (NarKomPros) du gouvernement de la République socialiste autonome des Tatars de Crimée, était alors représentant commercial à l’ambassade de l’URSS en Turquie. Ayant appris par un ami sa condamnation à mort par contumace pour « déviations nationalistes » et « trahison » lors de la liquidation du gouvernement tatar et des élus du peuple de Crimée, il avait organisé en hâte la fuite de sa femme, de son fils et de sa belle-mère pour la France. Il devait les rejoindre un peu plus tard, muni d’un « vrai-faux » passeport polonais. La famille finit par s’installer rue Georges-Sorel à Boulogne-Billancourt en 1928.
Enfance
modifierOleg Ibrahimoff apprit le français à l’école publique de Boulogne-Billancourt. On parlait russe à la maison, son père seul maîtrisant le français. Oleg décrit dans ses mémoires l’atmosphère de ces années-là, vue par l’enfant qu’il était : un père intellectuel et peu loquace qui, d’abord journaliste, avait ouvert une épicerie vite en faillite et, perpétuellement à la recherche d’un emploi, n’avait pas tardé à se faire renvoyer de son poste d’ouvrier chez Renault pour inaptitude ; une mère couturière improvisée, travaillant la journée dans des ateliers du Sentier, et la nuit à la maison, et une grand-mère étonnée que les Parisiens ne parlent toujours pas russe malgré le nombre des Russes immigrés à Paris. Oleg a quinze ans lorsque son père meurt d’une crise cardiaque. Il vivra désormais seul avec sa mère, sa grand-mère étant aussi décédée.
Études - Vie professionnelle
modifierAprès l’école primaire à Billancourt, Oleg Ibrahimoff entre au lycée Claude-Bernard à Paris, puis entreprend des études de médecine selon les vœux de ses parents. Il financera ses études en travaillant de nuit au Bottin et les terminera après une année passée en sanatorium. Il épousera Janine Mitaud, poète, avec laquelle il aura une fille, Claude, et s’installera en banlieue parisienne à Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne) en 1953. Après ses années d’internat, il ouvrira son propre cabinet de médecine générale en 1960. Sainte-Geneviève-des-Bois abritait de nombreux Russes émigrés après la révolution de 1917, comme en témoigne son célèbre cimetière russe, et Oleg Ibrahimoff devint naturellement le médecin de nombre d’entre eux. Parallèlement à son activité de généraliste, il suivit diverses formations universitaires de spécialité qui lui permirent d’élargir le champ de sa pratique : médecine légale, médecine du travail, médecine aéronautique, médecine du sport, économie de la santé. Oleg Ibrahimoff fut également rédacteur en chef médical du quotidien Panorama du Médecin dans les années 1970-1980. Une vie professionnelle bien remplie qui ne l’empêcha pas de s’initier en parallèle à des disciplines sportives exigeantes qu’il pratiqua ensuite assidûment : aéroclub, vol à voile, plongée, et vers la fin de sa vie il passa son permis moto.
Activités littéraires
modifierSa vie durant, Oleg Ibrahimoff poursuivra son travail d’écriture en langue française. Ses premiers recueils de poésie seront publiés dès 1950, comme Banlieue chez l’éditeur René Rougerie avec qui il collaborera dix-sept ans. Viendront ensuite Nous sommes les barbares aux Éditions Janus dirigées par Pierre-Jean Oswald, Le Cours de la vie sur La Presse à Bras de Vincent Monteiro en 1953, ainsi que d’autres recueils chez Guy Chambelland aux Éditions La Coïncidence (voir bibliographie ci-dessous).
La revue Métamorphoses - 1966-1974
modifierOleg Ibrahimoff[3] est le fondateur de la revue de poésie Métamorphoses[4]. Cette revue trimestrielle « publiée pour le compte et le plaisir d’Oleg Ibrahimoff et ses amis » paraîtra d’abord chez l’éditeur René Rougerie (de décembre 1966 à mars 1970), puis chez d’autres imprimeurs[5]. Les poètes Dominique Autié, Alain Duault, Sylvestre Clancier, Alain Frontier, Gil Jouanard, Janine Mitaud, le sculpteur Louis Molinari et d’autres se rencontreront régulièrement chez Oleg Ibrahimoff et Janine Mitaud à Sainte-Geneviève des Bois pour travailler à sa rédaction et à son administration.
On trouvait dans la revue aussi bien des textes de Michel Butor, Pierre Albert-Birot, Joë Bousquet, Saint-Pol Roux, Marcel Béalu, Jean Rousselot que de Velimir Khlebnikov, Cesar Pavese, Ilarie Voronca, Guennadi Aïgui (en édition bilingue), et de jeunes poètes dont Jean-Philippe Salabreuil, parmi d’autres.
Métamorphoses publiait également des « Messages Alpha », textes traitant de thèmes originaux et variés tels que « Le théâtre expérimental en Hongrie » d’Árpád Ajtony, « De la littérature considérée dans ses rapports avec la divinité » d’Alain Frontier, ou sur la musique de Bernard Picavet .
Divers artistes l’illustraient, dont Patrice Jeener, auteur de compositions mathématiques, ou le peintre et affichiste Raymond Pagès. Métamorphoses explorait de nouvelles voies poétiques, qui passaient notamment par la publicité et l'image, dont des œuvres et collages d’Oleg Ibrahimoff. Pierre Peyrolles conçut ce qui fut le modèle de sa couverture à partir de 1972. Le 27e numéro marquera la fin de cette aventure en 1974.
Autres publications et activités
modifierOleg Ibrahimoff est également l’auteur d’un récit épique Attila dans l’herbe verte - Rituel, publié aux Éditions Soleil Natal en mai 1996, et d’un roman, La vie et la mort sur une petite place, paru sous le pseudonyme Jean-Louis Dino, publié, avec des tirés à part, dans la collection Métamorphoses en 1973. Oleg Ibrahimoff organisait à son domicile des lectures de poésie et participait, avec le sculpteur Louis Molinari, aux activités culturelles de la ville de Sainte-Geneviève-des-Bois, dont les mémorables « murs de poésie ». Plusieurs artistes ont illustré ses recueils de poésie, parmi lesquels Jacques Spacagna, Raymond Pagès, Jean Casazza ( Gian Carlo Casazza ), Françoise Dufay, Livia, Akos Szabo, Ania Staritsky, Kevin Hurley.
Oleg Ibrahimoff correspondait également avec les poètes et écrivains qu’il admirait et qui ont reconnu son œuvre :
« Retiré bien plus loin qu'un autre en vous-même, vous avez su trouver ces accents auxquels je ne saurais me tromper. » André Breton
« J’ai lu avec un grand intérêt votre ORATORIO POUR UN PEUPLE DEFUNT… Ce long poème m’a saisi, comme vous saisit un coup de foudre… Je me réjouis de savoir que vous avez du sang tatare, cela nous crée des liens. » Léopold Sédar Senghor
« Un Apollinaire plus sauvage que nature. » Jean Rousselot, Les Nouvelles Littéraires
C’est dans les années 1990 qu’Oleg Ibrahimoff a rédigé une série de textes sur son enfance et son adolescence à Billancourt, aux portes des usines Renault, dans ces banlieues où se pressaient les exilés de l’empire russe défait et de la nouvelle Union soviétique, décrivant les difficultés et expériences que tous traversaient. Ces récits montrent la diversité méconnue de cette émigration aux identités multiples (russe, ukrainienne, tatare, juive, arménienne, grecque...), thème particulièrement d’actualité en cette période de guerre entre l’Ukraine et la Russie.
Oleg Ibrahimoff est décédé le 13 janvier 2001, jour du Nouvel An orthodoxe. Conformément à sa demande, ses cendres furent dispersées dans le Bosphore.
Bibliographie
modifier- 1950 Paris l’an deux fois neuf, Rougerie
- 1953 Banlieue, Rougerie
- 1953 Le Cours de la vie, Presse à bras / Monteiro
- 1955 Nous sommes les barbares, Janus / P.-J. Oswald
- 1955 Conquêtes de la ville, Rougerie
- 1958 Pierre à pierre Paris, Rougerie
- 1963 Le Prince Oleg, Rougerie
- 1966 L’Égal de la terreur, Rougerie
- 1967 Incinérer l’hiver, Rougerie
- 1970 La Prise du pouvoir Tiré à part "Métamorphoses" n° 1
- 1970 Univers minuscule, Hors commerce, illustrations Claire Laffay
- 1973 Dieu, œuvre posthume, Chambelland
- 1974 Richesse des ruines, Métamorphoses
- 1974 La vie et la mort sur une petite place, Métamorphoses
- 1974 L’Opposition - La Prise du pouvoir II, Métamorphoses
- 1976 Le Prince Oleg et autres dits, Éditions Saint-Germain-des-Prés
- 1977 Quid fuit Val Rocas "Franche Lippée" n° 101, Ed. Clapas
- 1981 Le Passage du Tartare - Oratorio I, La Coïncidence-Chambelland
- 1981 Le Passage du Tartare - Oratorio Il, La Coïncidence-Chambelland
- 1988 Incinérer l’hiver II - Mages, Éditions du Soleil natal
- 1995 La Pentecôte des poètes, "Tiré à part" n° 11, Ed. ass. Clapas
- 1996 Attila dans l’herbe verte - Rituel, Éditions du Soleil natal
- 1999 L’Avant-Printemps suivi de Printemps, "Les Amis à voix" n° 25, Ed. ass. Clapas
- 2000 Salut l’artiste - Poèmes, "Tiré à part" n° 82, Ed. ass. Clapas
Notes et références
modifier- « Oleg Ibrahimoff », sur data.bnf.fr
- « Fichier des décès: Oleg Ibrahimoff » (consulté le )
- Brindeau, Serge, La Poésie contemporaine de langue française depuis 1945, Paris, Éditions Saint-Germain-des-Prés, , pp. 348-349
- Grégory Rateau, « Amoureux de la Roumanie - À la rencontre du poète français Sylvestre Clancier », Le Petit Journal, (lire en ligne)
- « Panorama des Petites Revues », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )