Tyrrhéniens
Tyrrhéniens (latin Tyrrhenus, emprunté au grec Τυρρηνός, Turrênós, signifiant « Étrusque »), ou Tyrsènes, est un xénonyme qu'ont employé les Grecs de l'Antiquité pour désigner un peuple d'Italie dénommé « Étrusques » par les Romains.
Tyrrhéniens | |
Représentation de corsaires tyrrhéniens au XVIe siècle, par Vincenzo Cartari (gravure lithographique). « Ainſi la Nauire de Bacchus, au tableau qu'il fait des Corsaires Tyrrheniens. »[1] | |
Ethnie | Étrusques |
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Langue(s) | Étrusque |
Villes principales | Tarquinies, Clusium, Véies, Volsinies |
Région d'origine | Toscane |
Rois/monarques | « Lydus » ; « Tyrrhen » ; « Tarcon » |
Frontière | proto-italiques ; « sardoï » ou Σάρδῑς. |
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Dénominations
modifierOn trouve le nom sous des formes diverses :
Contexte géographique
modifierLes Tyrrhéniens étaient implantés en Étrurie (l'actuelle Toscane), dans la moitié nord de la péninsule italienne, au moins depuis le XIIe siècle av. J.-C. (culture protovillanovienne). À partir du Xe siècle av. J.-C., ils pratiquent le commerce avec les Grecs (notamment avec les Eubéens) et les Phéniciens. Leur influence s'étendit vers le sud à partir de la fin du VIIe siècle av. J.-C., où ils prirent le contrôle de Rome. En 616 avant notre ère, Tarquin l'Ancien devient le premier roi étrusque de Rome.
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Carte de la mer Tyrrhénienne
Archéologie
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Face A d'une amphore. Céramique attique à figures noires datée d'environ . Fresque représentant une phalange tyrrhénienne. Artéfact conservé et exposé à la Collection des Antiquités, à Munich[7].
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Amphore ouvragée en céramique de type attique à figure noires. Iconographie peinte figurant Thétis donnant à son fils Achille ses armes forgées par « Hφαιστος / Hếphaistos ». Artéfact tyrrhénien daté de la première moitié du VIe siècle av. J.-C.
Témoignages littéraires antiques
modifierStrabon écrit à leur sujet : « Les Tyrrhènes ou Tyrrhéniens ne sont connus parmi les Romains que sous les noms d'Etrusci et de Tusci : ce sont les Grecs qui leur ont donné l'autre nom, en souvenir de Tyrrhenus, fils d'Atys, qu'on nous dit avoir amené naguère une colonie lydienne dans le pays. C'était à l'occasion d'une famine, d'une disette survenue en Lydie ; le roi Atys, l'un des descendants d'Hercule et d'Omphale, ayant fait tirer au sort ses deux fils, Lydus et Tyrrhenus, retint le premier près de lui et envoya l'autre au loin avec la plus grande partie de son peuple. Tyrrhenus aborda aux rivages d'Italie, fonda douze villes dans un même canton qui fut appelé de son nom Tyrrhénie, et leur donna un seul et même chef pour les administrer. Ce chef s'appelait Tarcon : son nom se retrouve dans celui de Tarquinia, l'une des douze villes, et, comme il avait donné, étant enfant, des preuves d'une sagesse précoce, la fable nous le représente venant au monde avec des cheveux blancs. Tout le temps que les Tyrrhènes vécurent ainsi rangés sous le gouvernement d'un seul, ils furent puissants et forts ; mais il est probable que le lien qui les unissait finit par se rompre et que, chaque ville s'étant isolée, ils se trouvèrent trop faibles contre les agressions de leurs voisins et durent reculer devant eux : autrement, les eût-on vus renoncer d'eux-mêmes aux terres fertiles qu'ils possédaient pour tourner tout leur espoir vers la mer, réduits désormais à infester de leurs pirateries les différentes parties de la Méditerranée, eux, qui, en unissant leurs forces, eussent été en état non seulement de repousser toute agression venue du dehors, mais de prendre l'offensive et de tenter de lointaines expéditions[8] ? »
Histoire
modifierLes Tyrrhéniens occupaient l'Étrurie, une région antique située dans la moitié nord de la péninsule italienne, correspondant à peu près à l'actuelle Toscane. Ils parlaient l'étrusque, une langue s'écrivant de droite à gauche avec un alphabet dérivé de celui de Grecs et constituant un isolat linguistique.
Les Tyrrhéniens sont présents en Italie depuis le XIIe siècle av. J.-C. Ils ont peut-être fait partie des Peuples de la mer qui ont déferlé sur la Méditerranée orientale durant l'effondrement de l'âge du bronze (vers 1200-1150 av. J.-C.). À partir du Xe siècle av. J.-C., ils commercent avec des marchands phéniciens et grecs venant principalement d'Eubée.
Les Tyrrhéniens sont en contact avec les Carthaginois à partir du IXe siècle av. J.-C.
À partir du VIIIe siècle av. J.-C., les Grecs fondent des colonies en Italie, ce que les Romains appelleront la Magna Græcia. C'est aussi à cette époque que Rome est fondée, en 753 av. J.-C. selon la tradition. L'Étrurie quant à elle est divisée en douze cités-États formant une dodécapole.
Les Tyrrhéniens (Étrusques) commencent à étendre leur influence sur le Latium à partir du VIIe siècle av. J.-C. En -616, ils prennent le contrôle de Rome. Tarquin l'Ancien devient le premier roi de Rome d'origine étrusque. La dynastie des Tarquins va doter la cité d'infrastructures importantes, la modernisant considérablement. La tradition prête à Rome trois rois d'origine étrusque : Tarquin l'Ancien, Servius Tullius et Tarquin le Superbe. Ce dernier, qui gouvernait de manière illégale et autoritaire, est renversé par l'aristocratie en 509 av. J.-C. et la République romaine est proclamée. L'ancien roi déchu tentera de récupérer son trône avec l'aide de cités étrusques, mais c'est un échec. Il s'exile à Cumes, une colonie fondée par des Grecs de Chalcis, où il meurt en 495 av. J.-C. Il semble que Porsenna, roi de Clusium, également d'origine étrusque, ait aussi brièvement régné sur Rome.
À partir du Ve siècle av. J.-C., les Étrusques vont peu à peu être assimilés à la civilisation romaine qu'ils influencèrent énormément. Leur défaite à la bataille de Cumes en 474 av. J.-C. face aux colonies grecques de Syracuse et de Cumes marque le début de leur déclin. La conquête romaine de l'Italie signe la fin de l'indépendance des cités étrusques. Leur langue et leur culture survivent encore quelques siècles au sein de la République romaine alors en pleine expansion. La langue étrusque s'éteint au IIe siècle av. J.-C.
Malgré l'extinction de la langue étrusque, les Tyrrhéniens (appelés Étrusques par les Romains) marquèrent profondément le monde antique en influençant l'une de ses plus grandes civilisations : Rome.
Références
modifier- Vincenzo Cartari et Antoine du Verdier, Les Images des dieux des anciens : contenant les idoles, coustumes, cerémonies et autres choses appartenans à la religion des payens. Augmentees de l'Histoire et Genealogie des Dieux des Payens, Paul Frellon, (lire en ligne)
- Jean Bérard, « La question des origines étrusques », Revue des Études Anciennes, vol. tome 51, nos 3-4, , p. 202 (DOI 10.3406/rea.1949.5634, lire en ligne)
- Michel Lejeune, « Paul Kretschmer, Introducción a la lingüística griega y latina : Consejo Superior de Investigaciones Científicas : Anejos de « Emerita », IV, 1946 », Revue des Études Anciennes, vol. tome 51, nos 3-4, , p. 363-364 (lire en ligne)
- Richard Adam, « Dominique Briquel, Les Pélasges en Italie : recherches sur l'histoire de la légende, BEFAR 252, Rome-Paris, 1984, LI-657 pages ; L'origine lydienne des Etrusques. Histoire de la doctrine dans l'Antiquité, collection de l'EFR, 1991 », Pallas, vol. 39, , Denys d'Halicarnasse historien des origines de Rome pages 234-237 (lire en ligne)
- Carlo De Simone, « Une nouvelle inscription « tyrrhénienne » de Hephaistia (Lemnos) (Note d'information) », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 154e année, , p. 569-576 (DOI 10.3406/crai.2010.92847, lire en ligne)
- (it) Gabriella Vanotti, « Roma polis hellenis, Roma polis tyrrhenis : Riflessioni sul tema », Mélanges de l’École française de Rome. Antiquité, vol. tome 111, no 1, , p. 217-255 (DOI 10.3406/mefr.1999.2077, lire en ligne)
- (de) « Amphora phalanx Staatliche Antikensammlungen », sur Site officiel du musée, (consulté le )
- Strabon, Géographie, livre 5
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Salvatore Bianco et Addolorata Preite, « Identificazione degli Enotri », Mélanges de l'École française de Rome, Publications de l'École française de Rome, vol. 126, no 2, (lire en ligne)
- (it) Laura Ambrosini, « Sui vasi plastici configurati a prua di nave (trireme) in ceramica argentata e a figure rosse », Mélanges de l'École française de Rome, Publications de l'École française de Rome, vol. 122, no 2, , p. 73 à 115 (lire en ligne)
- Jean Bérard, « Le mur pélasgique de l'Acropole et la date de la descente dorienne », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 94e année, , pages 117-121 (DOI 10.3406/crai.1950.78511, lire en ligne).
- Dominique Briquel, Les Pélasges en Italie : Recherches sur l'histoire de la légende., vol. 252, Rome, École française de Rome, coll. « Bibliothèque des Écoles françaises d'Athènes et de Rome », , 718 p. (ISBN 2-7283-0059-3, ISSN 0257-4101, DOI 10.3406/befar.1984.1217, lire en ligne)
- Dominique Briquel, Les Tyrrhènes, peuple des tours : Denys d'Halicarnasse et l'autochtonie des Étrusques, vol. 178, Rome, École française de Rome, coll. « Publications de l'École française de Rome », , 236 p. (ISBN 2-7283-0284-7, ISSN 0223-5099, lire en ligne)
- Giovanni Colonna, « Apollon, les Étrusques et Lipara », Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité, vol. tome 96, , pages 557-578 (DOI 10.3406/mefr.1984.1424, lire en ligne).
- Jean Gagé, « Énée, Faunus et le culte de Silvain « pélasge » : A propos de quelques traditions de l'Étrurie méridionale », Mélanges d'archéologie et d'histoire, vol. tome 73, , pages 69-138 (DOI 10.3406/mefr.1961.7479, lire en ligne)
- Michel Gras, « La piraterie tyrrhénienne en mer Egée : mythe ou réalité ? », dans Jacques Heurgon, L'Italie préromaine et la Rome républicaine : I. Mélanges offerts à Jacques Heurgon, vol. 27, Rome, École française de Rome, coll. « Publications de l'École française de Rome », (lire en ligne), pages 341 à 370
- Jean-Marc Irollo, « La question des origines », dans Jean-Marc Irollo, Histoire des Étrusques : L'antique civilisation toscane VIIIe - Ier siècle av. J.-C., vol. 313, éditions Perrin, coll. « Tempus », (ISBN 978-2-262-02837-4), pages 49 à 60
- Natacha Lubtchansky, Le cavalier tyrrhénien : représentations équestres dans l'Italie archaïque, vol. 320, Rome, Publications de l'École française de Rome, coll. « Bibliothèque des Écoles françaises d'Athènes et de Rome », , 345 p. (ISBN 2-7283-0720-2, lire en ligne)
- Mario Torelli, L'arte degli Etruschi, Laterza ed.
- (it) Gabriella Vanotti, « Roma polis hellenis, Roma polis tyrrhenis : Riflessioni sul tema », Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité, vol. tome 111, no 1, , pages 217-255 (DOI 10.3406/mefr.1999.2077, lire en ligne)