Tusi de Chakla
Le tusi de Chakla, également appelé royaume de Chakla (tibétain : ལྕགས་ལ་རྒྱལ་པོ, Wylie : lcags la rgyal po, THL : chakla gyalpo, parfois retranscrit en Chagla ou encore Chala ; chinois : 明正土司 ; pinyin : [1]), est un tusi de Gyalrong (cheftaine de minorité), créé sous le règne de Ming Yongle de la dynastie Ming, en 1407, et dissoute au XIXe siècle par Gönpo Namgyal dans un territoire plus vaste de la vallée du Nyarong. À la frontière entre le plateau du Tibet et les plaines de Chine, elle est encore considérée par certains Tibétains comme faisant partie du Kham. Sa situation géographique correspond aujourd'hui à l'Ouest de la province du Sichuan. Sa capitale était Dartsedo.
Les Gyalrong qui peuplent et dirigent ce tusi, sont un peuple parlant le gyalrong, une branche des Langues qianguiques[2].
Histoire
modifierIl est fondé à la fin du XIIIe siècle, autour de la ville de Dartsedo, connue maintenant sous le nom de Kangding.
En raison de sa position, ce tusi était un centre d'échange pour les marchands du Tibet central et de Chine, où l'on échangeait notamment du thé, des produits de médecine traditionnelle, des chevaux et du papier.
Prise de pouvoir de Lhassa sur la région
modifierEn raison de ce fructueux marché, le gouvernement du Ganden Phodrang (1642 — 1949) de Lhassa, décida de taxer ce tusi, sous le contrôle d'un commissaire. Le ressentiment de ses habitants poussa à une rébellion en 1666, provoqué par le pouvoir local allié à la dynastie Qing.
Les Tibétains, de plus en plus demandeurs de denrées en provenance de Chine (riz, vêtements, tabac, etc.), prennent le contrôle de la ville, profitant de la chute de la dynastie Ming pour y placer des troupes. En 1696, le contrôle tibétain y est le plus fort[3]. Le gouvernement du Ganden Phodrang Lhassa envahit la région et le commissaire tue son dirigeant en 1699.
Prise de pouvoir des Qing sur la région - 1701
modifierUn an plus tard, le commissaire est tué par les forces des Qing,
La dynastie Qing reprend le contrôle de la ville lors de la bataille de Dartsedo en 1701. L'empereur y envoie une armée de 20 000 hommes depuis Jingzhou, dans la province du Hubei, pour résoudre ce conflit[4].
Ces derniers réorganisent les provinces tibétaines en 1725, et suppriment Chakla de l'administration du Ganden Phodrang[5].
Indépendance du territoire, fin des années 1840
modifierGönpo Namgyal, à la fin des années 1840, conquiert et fusionne le tusi de Chakla avec ceux de Dergé, de Litang, dans la vallée du Nyarong, ainsi que quelques autres territoires[6].
Nouvelle invasion tibétaine 1865
modifierLhassa envoie des troupes sur le territoire, qui tuent Gönpo Namgyal en 1865.
Annexes
modifierRéférences
modifier- Ren 1985.
- Guillaume JACQUES, « Guillaume JACQUES. Phonologie et morphologie du Japhug (rGyalrong). These de doctorat sous la direction de Marie-Claude Paris. Paris: Universite Paris VII - Denis Diderot. 2004. 529 p. », Cahiers de Linguistique Asie Orientale, vol. 34, no 1, , p. 153–166 (ISSN 0153-3320 et 1960-6028, DOI 10.1163/19606028-90000140, lire en ligne, consulté le )
- (en) Dai Yingcong, The Sichuan frontier and Tibet : imperial strategy in the early Qing : imperial strategy in the early Qing, University of Washington Press, , 352 p. (ISBN 978-0-295-98952-5, présentation en ligne), p. 57.
- (en) Dai Yingcong, The Sichuan frontier and Tibet : imperial strategy in the early Qing : imperial strategy in the early Qing, University of Washington Press, , 352 p. (ISBN 978-0-295-98952-5, présentation en ligne), p. 61.
- Ronis 2011.
- Yudru 2013, p. 60.
Bibliographie
modifier- (en) Yudru Tsomu, « Constructing Images of Gönpo Namgyel:a Hero or a Villain ? », Revue d'Etudes Tibétaines, no 26, , p. 57-91 (lire en ligne)
- (zh) 任新建, « 明正土司考略 », 《西南民族学院学报(哲学社会科学版)》, no 3, (lire en ligne)
- Jann Ronis, « An Overview of Kham (Eastern Tibet) Historical Polities », The Tibetan and Himalayan Library et Université de Virginie,