Tullia Minor
Tullie la Jeune ou Tullia Minor (VIe siècle av. J.-C.) est une princesse étrusque, fille du roi de Rome Servius Tullius et seconde femme de son successeur Tarquin le Superbe. Elle est la dernière reine de Rome.
Titre
–
(~26 ans)
Prédécesseur | Tarquinia II |
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Successeur | Avènement de la République romaine |
Dynastie | Étrusque |
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Nom de naissance | Tullia la Jeune |
Décès | Après 509 av. J.-C. |
Père | Servius Tullius |
Mère | Tarquinia II |
Conjoint |
Arruns Tarquin le Superbe |
Enfants |
Titus Tarquin Arruns Tarquin Sextus Tarquin Tarquinia |
Histoire
modifierD'abord mariée à Arruns Tarquin, elle le fait assassiner pour épouser son beau-frère le prince Tarquin. Fille cadette du roi Servius Tullius, elle participa au complot contre son père organisé par son époux.
« Il se dit que là fut consumé un acte horrible et inhumain : envahie par la furie vengeresse de la sœur et du mari, Tullia piétina avec son char le corps de son père.
Foedum inhumanumque inde traditur scelus [...] amens, agitantibus furiis sororis ac viri, Tullia per patris corpus carpentum egisse fertur »
— Tite Live, Histoire romaine, I, 48.
Ainsi selon Tite Live, elle aurait tué son père Servius Tullius avec la complicité de son mari et aurait écrasé son corps avec un char tiré par des chevaux à la sortie de la Curie[1],[2]. À la suite de cela, son époux devient roi sous le nom de Tarquin le Superbe.
Mariage
modifierTullia Minor a été l'épouse des deux fils de Tarquin l'Ancien, cinquième roi de Rome. Elle épousa d'abord Arruns Tarquin, tandis que sa sœur Tullia Major, épousa le prince Tarquin, qui deviendra plus tard le dernier roi de Rome, Tarquin le Superbe :
« Servius Tullius afin d'éviter que la haine des fils d'Ancus envers Tarquin ne devienne le même sentiment des fils de Tarquin envers lui-même, donna ses filles comme épouses aux deux jeunes coqs royaux Lucius et Arruns Tarquinius.
Servius [...] ne, qualis Anci liberum animus adversus Tarquinium fuerat, talis adversus se Tarquini liberum esset, duas filias iuvenibus regiis, Lucio atque Arrunti Tarquiniis iungit [...] »
— Tite Live, Histoire romaine, I, 46.
Tarquin et Tullia Minor se marièrent après avoir tué leurs époux respectifs et Servius Tullius ne s'opposa pas à leurs noces[3] :
« Lucius Tarquinius et Tullia minor, après avoir libéré leurs maisons pour de nouvelles noces avec deux enterrements pratiquement simultanés, s'unirent par le mariage et Servius n'approuva et ne s'opposa.
Lucius Tarquinius et Tullia minor prope continuatis funeribus cum domos vacuas novo matrimonio fecissent, iunguntur nuptiis, magis non prohibente Servio quam adprobante »
— Tite Live, Histoire romaine, I, 46
Renversement de Servius Tullius
modifierPoussé par Tullia Minor, Tarquin entreprend alors de faire reconnaître ses droits sur le trône : il cherche appui auprès des sénateurs, puis forme une escorte de jeunes gens avec laquelle il envahit le forum. Il crée du tumulte puis s'assoit sur le trône du roi[4]. Servius intervient, furieux. Pris de court, Tarquin le saisit par la taille et le jette au bas des marches, avant de le faire assassiner par ses gardes. Tite-Live raconte que, rentrant chez elle, Tullia aurait roulé sur le corps ensanglanté de son père[5].
L'exil
modifierRoi durant 26 ans, Tarquin le Superbe gouverne en tyran sur Rome. Une révolte contre lui se déclencha à la suite de l'outrage subi par Lucrèce[6],[7] et toucha aussi son épouse la reine Tullia Minor, qui fut obligée de s'exiler avec ses enfants et son mari :
« En pleine agitation, Tullia s'enfuit du palais et partout où elle passait les gens l'accablaient par des malédictions et invoquaient les furies envoyées comme tourments par les parents assassinés.
Inter hunc tumultum Tullia domo profugit exsecrantibus quacumque incedebat invocantibusque parentum furias viris mulieribusque »
— Tite Live, Histoire romaine, I, 59.
Elle mourut en exil après -509.
Notes et références
modifier- (it) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en italien intitulé « Tullia Minore » (voir la liste des auteurs).
- Valérie Fromentin, « Servius Tullius sans Fortuna ? : ou la figure du roi Servius Tullius chez Denys d'Halicarnasse. », dans Valérie Fromentin, Pouvoir des hommes, signes des Dieux dans le monde antique : Actes des rencontres de Besançon (1999-2000), vol. 852, Besançon, Institut des Sciences et Techniques de l'Antiquité, coll. « « ISTA » », (lire en ligne), pages 53-78.
- Paul-Marius Martin, « Temps historique, temps mythique dans le I.I. de Tite-Live : À mon Maître, Raymond Bloch », Vita Latina, vol. 149, , pages 17-33 (DOI 10.3406/vita.1998.1000, lire en ligne, consulté le ).
- Le texte original rapporte Arruns Tarquinius et Tullia minor, mais la référence à Lucius Tarquin (et non Arruns) est bien claire.
- Tite-Live, Histoire romaine, I, 47.
- Tite-Live, Histoire romaine, I, 48.
- Pierre Petitmengin, « 125. Les origines de la République romaine : neuf exposés suivis de discussions, par Einar Gjerstad, Frank E. Brown, P. J. Rii, Jacques Heurgon, Emilio Gabba, Krister Hanell, Arnaldo Momigliano, Andreas Alföldi, Franz Wieacker, J. H. Waszink, Denis van Berchem », Revue des Études Grecques, vol. tome 81, no fascicule 386-388, , pages 582-584 (lire en ligne, consulté le ).
- Mouza Raskolnikoff, Histoire romaine et critique historique dans l'Europe des Lumières : La naissance de l'hypercritique dans l'historiographie de la Rome antique, vol. 163, Rome : École Française de Rome, Publications de l'École française de Rome, , 902 p. (lire en ligne).