Transformation binomiale
En mathématiques, dans le domaine de l'analyse combinatoire, une suite est la transformation binomiale d'une autre si elle calcule les différences d'ordre successif entre les termes consécutifs.
Cette transformation est en rapport avec la transformation d'Euler, qui est le lien entre les séries génératrices ordinaires de deux suites qui sont la transformée binomiale l'une de l'autre. Un cas particulier de la transformation d'Euler est parfois utilisé pour accélérer la convergence de séries alternées (voir l'accélération des séries). Un autre cas particulier apparaît dans une application aux séries hypergéométriques.
Définition
modifierLa transformée binomiale T d'une suite (an) est la suite (sn) définie par où les désignent les coefficients binomiaux.
La transformée binomiale s'avère être la suite des n-ièmes différences de la suite originelle, avec signe négatif pour les différences impaires :
- . . .
où Δ est l'opérateur de différence.
Étant un opérateur linéaire, la transformation peut s'écrire comme
où T est une matrice de dimension infinie de coefficients .
La suite de départ peut être retrouvée par (Il existe de nombreuses démonstrations de cette propriété : voir par exemple le § « Formulation alternative » ci-dessous, ou l'article « Formule d'inversion de Pascal ».)
Cette transformation est donc une involution, c'est-à-dire ou, en utilisant des notations indicielles :
où δ est le symbole de Kronecker.
Formulation alternative
modifierUne autre définition de la transformation binomiale change le signe ( ), en considérant la suite des différences finies en 0 de la suite (vue comme une fonction sur ) :
Avec ces notations, l'involutivité de la transformation ci-dessus équivaut à :
On peut donc la déduire du fait que le polynôme d'interpolation de Lagrange des points est égal à sa série de Newton en :
- ,
en particulier
- .
Cette transformée binomiale se trouve par la table des différences. Chaque ligne reprend les différences de la ligne précédente.
La suite (tn) = (0, 2, 12, 48, 160, 480, …) = (n(n + 1)2n–1) (ligne supérieure) est la transformée binomiale de la diagonale (an) = (0, 2, 8, 18, 32, 50, …) = (2n2).
0 | 2 | 12 | 48 | 160 | 480 | |||||
2 | 10 | 36 | 112 | 320 | ||||||
8 | 26 | 76 | 208 | |||||||
18 | 50 | 132 | ||||||||
32 | 82 | |||||||||
50 |
Transformation d'Euler
modifierFonctions génératrices ordinaires
modifierLa transformation binomiale établit un lien entre les séries génératrices associées aux suites.
Soient les séries génératrices ordinaires
et
On tire
Cette relation entre les séries génératrices ordinaires est appelée transformation d'Euler.
Elle permet par exemple de démontrer que la transformée binomiale d'une suite récurrente linéaire est une suite récurrente linéaire de même ordre.
Accélération de séries
modifierEn posant x = -1 dans la relation précédente, la transformation d'Euler est utilisée pour accélérer la convergence des séries alternées. En effet :
Les termes du membre de droite diminuent généralement beaucoup plus vite, permettant ainsi un calcul numérique rapide de la somme.
Fonction hypergéométrique
modifierL'application de la transformation d'Euler à la fonction hypergéométrique donne la relation
Fractions continues
modifierLa transformation binomiale, et ses variantes comme la transformation d'Euler, sont connues pour leur lien avec la représentation des réels par des fractions continues. Soit x un réel représenté par la fraction continue (éventuellement généralisée) suivante : Alors
Fonction génératrice exponentielle
modifierConsidérons des séries génératrices exponentielles,
et
Alors
La sommation de Borel convertit les séries génératrices ordinaires en séries génératrices exponentielles.
Représentation intégrale
modifierLorsque la suite peut être interpolée par une fonction analytique complexe, alors la transformée binomiale de la suite peut être représentée par la moyenne d'une intégrale de Nörlund-Rice sur la fonction d'interpolation.
Généralisations
modifier- Prodinger[1] a donné une transformation de type modulaire : Elle donne où U et B sont les séries génératrices ordinaires associées aux suites (un) et (bn).
- Spivey et Steil[2] ont défini la transformation montante k-binomiale par et la transformation descendante k-binomiale par Ces deux transformations sont des endomorphismes du noyau de la transformation de Hankel d'une suite.
Opérateur de décalage
modifierLa transformation binomiale correspond à l'opérateur de décalage pour la suite des nombres de Bell, c'est-à-dire :
où les Bn représentent les nombres de Bell.
Notes et références
modifier- (en) Helmut Prodinger, Some information about the Binomial transform, 1992 [PDF].
- (en) Michael Z. Spivey et Laura L. Steil, The k-Binomial Transforms and the Hankel Transform, 2006.
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier(en) Donald E. Knuth, The Art of Computer Programming, vol. 3 : Sorting and Searching, , 2e éd. [détail de l’édition]