Timothy Dexter
Timothy Dexter ( - ) est un homme d'affaires américain connu pour ses écrits singuliers et son excentricité.
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Biographie
modifierTimothy Dexter naît le 22 janvier 1747 à Malden dans la province de la baie du Massachusetts. Il est peu scolarisé et abandonne l'école à huit ans pour travailler comme ouvrier agricole[1]. À 16 ans, il devient apprenti tanneur[2]. En 1769, il s'installe à Newburyport dans le Massachusetts[3].
Il épouse ensuite Elizabeth Frothingham, 32 ans, une riche veuve[3].
À la fin de la guerre d'indépendance des États-Unis en 1783, il rachète de grandes quantités d'effets appelés continental scrips, dépréciés, et dont plus personne ne veut pour commercer dans sa région[3]. En 1790, le Gouvernement américain, dans le but d'assainir le marché et d'élaborer une monnaie nationale solide, décide de rembourser les effets restants à raison de 1 % de leur valeur nominale, tandis que le Massachusetts, lui, paye ses propres billets à leur valeur nominale[3]. Cet arbitrage lui permet d'amasser un bénéfice de plusieurs milliers de dollars. Son statut social change immédiatement, et il est regardé par certains comme un véritable business man à qui la chance sourit.
Parce qu'il était en grande partie sans instruction, son sens des affaires laissait les témoins comme pantois. Par exemple, on lui conseilla le négoce de bassinoires — utilisées pour chauffer les lits pendant les hivers froids de la Nouvelle-Angleterre — afin de les revendre aux Antilles, une région tropicale. Ce faux bon conseil était en réalité un stratagème délibéré de ses rivaux pour le mettre en faillite. Le capitaine du navire affrété par Dexter les revend comme louches à l'industrie locale de la mélasse et réalise un beau profit[4]. Plus tard, Timothy Dexter exporte des mitaines de laine au même endroit, où des marchands asiatiques les lui achètent pour les exporter en Sibérie[1].
Certains lui disaient en plaisantant « d'expédier du charbon à Newcastle », lui signifiant ainsi de faire une chose inutile, voire insensée : en effet, à cette époque, Newcastle est la région d'Angleterre la plus importante en matière d'industrie et d'exportation du charbon. Dexter s'exécute et exporte alors du charbon, et sa cargaison, par hasard, arrive en Angleterre lors d'une grève des mineurs : il revend alors son charbon au prix fort[5],[6]. À une autre occasion, de mauvais plaisantins lui disent qu'il peut gagner de l'argent en expédiant des gants vers la Polynésie ; ses navires y arrivent à temps pour trouver preneurs auprès de bateaux portugais en route vers la Chine[5].
Il exporte des bibles vers les Indes orientales et des chats errants vers les îles des Caraïbes et de nouveau réalise un profit : les missionnaires en Asie ont alors besoin de Bibles, et les Caraïbes accueillent favorablement ces chats, y voyant le moyen de lutter contre les invasions de rats[1].
Bien que sujet au ridicule, la vantardise de Timothy Dexter montre clairement qu'il comprenait la valeur d'accaparer sur le marché des biens que d'autres ne considéraient pas comme précieux et l'utilité de « faire l'imbécile »[7].
La haute société de la Nouvelle-Angleterre le snobe cependant. Timothy Dexter achète une grande maison située à Newburyport et qui appartenait à Nathaniel Tracy, un mondain local, que Detxer bientôt essaye d'imiter[1],[3]. Il fait surmonter sa nouvelle maison de minarets, ajouter un aigle royal qu'il fait placer au sommet d'une coupole, fait élever son propre mausolée et dispose dans le jardin quarante statues en bois représentant divers hommes célèbres, dont George Washington, William Pitt, Napoléon Bonaparte, Thomas Jefferson et... lui-même. Sa statue portait l'inscription « I am the first in the East, the first in the West, and the greatest philosopher in the Western World »[note 1]. Dexter acquiert également un vaste domaine à Chester dans le New Hampshire.
Malgré sa bonne fortune, sa relation avec sa famille était mauvaise. Il raconte fréquemment aux visiteurs que son épouse est morte et que la femme présente dans la maison n'est autre que son fantôme alors qu'elle est en réalité bien vivante[1]. Lors d'un épisode notable, Timothy Dexter simule sa propre mort pour voir comment les gens réagiront. Environ 3 000 personnes assistent à la fausse veillée funèbre. Lorsque Timothy Dexter découvre que sa femme ne pleure pas, il révèle le canular et la bastonne pour ne pas avoir suffisamment pleuré sa mort[3],[8].
Écrits
modifierÀ 50 ans, Timothy Dexter est l'auteur d'un pamphlet, A Pickle for the Knowing Ones[note 2] dans lequel il se plaint des politiciens, du clergé et de sa femme. Le livre contient 8 847 mots et 33 864 caractères, mais aucun signe de ponctuation, le tout rédigé dans une orthographe et une utilisation des majuscules peu orthodoxes. Un paragraphe commence ainsi[7] : « [sic]Ime the first Lord in the younited States of A mercary Now of Newburyport it is the voise of the peopel and I cant Help it and so Let it goue ».
La première édition est auto-publiée à Salem dans le Massachusetts en 1802. Timothy Dexter distribue d'abord son livre gratuitement, et chemin faisant, l'ouvrage devenant populaire, il est réimprimé huit fois[2]. La deuxième édition est imprimée à Newburyport en 1805[9]. Dans la deuxième édition, Dexter répond aux plaintes concernant le manque de ponctuation du livre en ajoutant une page supplémentaire de 11 lignes de signes de ponctuation accompagnées d'une note recommandant aux imprimeurs et aux lecteurs de les insérer là où c'était nécessaire ou, selon ses propres mots, « [sic]thay may peper and solt it as they plese »[note 3],[10].
Dexter tente de redorer son image en faisant appel aux efforts de Jonathan Plummer, un marchand de poisson et poète à ses heures, qui vante son mécène en vers ainsi[7] :
Lord Dexter is a man of fame;
Most celebrated is his name;
More precious far than gold that's pure,
Lord Dexter shine forevermore.
Certains de ses contemporains le considéraient comme étant très bête. Sa nécrologie rapporta que « ses dons intellectuels n'étant pas du plus haut niveau »[note 4],[3],[11].
Son patrimoine à sa mort est évalué à 35 027,39 dollars, ce qui équivaudrait de nos jours à près d'un million de dollars[12],[13].
Sa maison de Newburyport est ensuite devenue un hôtel[1]. Les tempêtes successives ont détruit la plupart des statues du parc ; de nos jours, la seule statue conservée et identifiée est celle de William Pitt[14],[15].
Notes et références
modifierNotes
modifier- Je suis le premier en Orient, le premier en Occident et le plus grand philosophe du monde occidental
- Aussi connus sous le nom de Plain Truth in a Homespun Dress.
- [sic] « Iles peuvent poivvrer et soler comme ils vollent » (Traduction libre)
- his intellectual endowments not being of the most exalted stamp
Références
modifier- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Timothy Dexter » (voir la liste des auteurs).
- (en) Margaret Nicholas, The World's Greatest Cranks and Crackpots, (ISBN 978-0-7064-1713-5), p. 147–151
- (en) The Reader's Digest Book of Strange Stories, Amazing Facts, Reader's Digest Association, (lire en ligne), 501
- (en) History of Newburyport, Mass., 1764–1905, vol. Vol. II. (lire en ligne), chap. XXVII, p. 419–431
- (en) Jim Stillman, « Lord Timothy Dexter of Newburyport, Massachusetts: Wealthy by Mistake? » [archive du ],
- (en) Samuel L. Knapp, Life of Lord Timothy Dexter: Embracing sketches of the eccentric characters that composed his associates, including "Dexter's Pickle for the knowing ones", Boston, J. E. Tilton and Company, (lire en ligne)
- (en) Jay Robert Nash, Zanies: The World's Greatest Eccentrics, New Century Publishers, (ISBN 978-0-8329-0123-2, lire en ligne)
- (en) Stephen Gencarella, Wicked Weird & Wily Yankees: A Celebration of New England's Eccentrics and Misfits, Globe Pequot, , 1-14 p. (ISBN 978-1-4930-3267-9, lire en ligne)
- (en) William Cleaves Todd, Timothy Dexter, Boston, Massachusetts, David Clapp & Son, , p. 6
- (en) John J. Currier, History of Newburyport, Mass., 1764–1905, Newburyport, Dalcassian Publishing Company, , p. 495
- (en) Nelson, The Almanac of American Letters, Los Altos, California, William Kaufmann, Inc, (ISBN 978-0-86576-008-0), p. 207
- (en) « Timothy Dexter obituary notice », Newburyport Herald,
- (en) Todd William Cleaves, Timothy Dexter, Boston, Massachusetts, David Clapp & Son, , p. 11
- (en) « $35,027.39 in 1806 → 2022 | Inflation Calculator », www.officialdata.org (consulté le )
- (en) « Timothy Dexter, the Ridiculous Millionaire Who Sold Coals to Newcastle », New England Historical Society.
- (en) Trenton Boudreaux, « Timothy Dexter: “The first Lord in the Younited States of A mercary” », St Mary University Research Scolars, 24 octobre 2021.
Bibliographie
modifier- (en) Samuel Lorenzo Knapp (en), The Life of Lord Timothy Dexter, with Sketches of the Eccentric Characters that Composed his Associates, including his own writings, "Dexter's Pickle for the knowing ones", &c., &c, Boston, J. E. Tilton and Co, (lire en ligne)
- (en) Timothy Dexter et Peter Quince, A pickle for the knowing ones: or, Plain truths in a homespun dress, S. A. Tucker, , 36 pages (lire en ligne)
- « Timothy Dexter », dans J. G. Wilson et J. Fiske, Appletons' Cyclopædia of American Biography, New York, D. Appleton,
Liens externes
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- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :