Thierry van Tuldel
Thierry van Tuldel fut le 26e abbé à administrer l'abbaye de Parc, de 1462 à sa mort, en 1494. Ce monastère situé dans le Brabant flamand, en Belgique, près de Louvain, est affilié à l'ordre des Prémontrés. Il fut fondé en 1129 et est toujours en activité en 2021.
Thierry van Tuldel | ||||||||
Vue sur l'entrée de l'abbatiale, à côté du cimetière de l'abbaye de Parc. | ||||||||
Biographie | ||||||||
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Nom de naissance | (fr) De Thulden (la) Tuldellus |
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Naissance | Hilvarenbeek |
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Ordre religieux | Ordre des Prémontrés | |||||||
Décès | ||||||||
Abbé de l'Église catholique | ||||||||
Bénédiction abbatiale | ||||||||
26e abbé de Parc | ||||||||
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Autres fonctions | ||||||||
Fonction religieuse | ||||||||
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Fonction laïque | ||||||||
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L'abbé Thierry van Tuldel continua l'œuvre de son prédécesseur, l'abbé Gauthier van Beringen, en agissant pour le redressement moral de l'ordre. Il ne s'est pas contenté d'éloigner les commendes des abbayes norbertines, mais il a voulu apporter certaines réformes à ses Statuts.
Chronologie
modifierThierry van Tuldel naît en 1419 à Hilvarenbeek, dans le duché de Brabant, aujourd'hui situé dans le Brabant-Septentrional, de Jean et d'Elisabeth van Groenendael[1],[2].
Il est d'abord chanoine de l'abbaye de Tongerlo, envoyé à l'Université de Paris puis promu au grade de licencié en droit canon, nommé ensuite à la cure de Nispen sous Rozendael, et quitte cette charge pour devenir le procureur général de l'Ordre à Rome[2],[note 1]. Le , il est nommé à la tête de l'abbaye de Parc par le pape Pie II et sacré par le cardinal Nicolas du titre de Saint-Pierre aux Liens, alors qu'il habite encore à Rome, puis installé à Parc le par l'abbé de l'abbaye Saint-Michel d'Anvers[3].
Il meurt le et est enterré en la chapelle de la Vierge sous une belle pierre sculptée, ornée d'une inscription.
Abbatiat
modifierIntendance
modifierEffectif du monastère
modifierDu temps de cet abbé, 30 religieux sont acceptés à l'abbaye[1].
Développement d'une bibliothèque
modifierL'abbé Thierry van Tuldel fait transcrire et enluminer un grand nombre de livres pour être utilisé par les religieux de l'abbaye de Parc[4]. Il acquiert d'autre part plusieurs ouvrages directement auprès des premiers imprimeurs de la région, comme ceux produit par les presses de Jean de Westphalie[4]. En définitive, il rassemble tous ces volumes dans une salle commune qui prend la forme d'une bibliothèque[4].
Différentes constructions
modifierL'abbé Thierry van Tuldel fait en sorte, au cours de son administration, de bâtir, à la droite de l'entrée principale de l'église, une tour carrée contenant une horloge avec cadran[4]. Cette haute tour est construite en briques et pierres blanches[4]. L'horloge possède un carillon et répète à chaque heure l'air de l'hymne de la Vierge : Immaculata, integra et casta es Maria[4]. À la base de l'horloge on peut lire l'inscription : Te cunctis horis sonet hœc vox ferrea rogo abbas quam statuit De Tuldel Theodoricus[4].
À la même époque, il fait construire une troisième porte à l'ensemble monastique de façon à séparer du quartier abbatial différents bâtiments, comme la ferme, la brasserie ou la boulangerie[5]. Il fait élever aussi un nouveau refuge sous la forme d'une élégante construction dans la rue des Récollets[5].
Affaires religieuses
modifierUsage des ornements pontificaux
modifierL'abbé Thierry van Tuldel est le premier abbé mitré de l'histoire de l'abbaye de Parc[1],[note 2]. Il a en effet obtenu du pape Pie II, en 1462, pour lui comme pour ses successeurs, l'usage des ornements pontificaux dans le but d'accroître sa considération et son autorité, puis du pape sixte IV, en 1475, la bénédiction des calices, cela dans le but de rehausser l'éclat des cérémonies religieuses à Parc[1],[3].
Lutte contre les commendes
modifierDès le début de son administration, l'abbé Thierry van Tuldel se montre ferme vis-à-vis du maintien des privilèges de son ordre, contrebalancés par la nomination des abbés commendataires qu'il estime être un abus, lesquels sévissent dans l'ordre des Prémontrés, surtout en France mais aussi à l'abbaye de Grimbergen, à l'abbaye Saint-Michel d'Anvers et à l'abbaye de Tongerlo[3],[1].
Il parvient finalement à avoir gain de cause après des difficultés en obtenant l'appui des ducs de Brabant, de Charles Le Téméraire et de Maximilien d'Autriche, délivrant ainsi son ordre de cette charge que représente les commendes, aussi bien en Belgique qu'en France, jusqu'en 1789[3].
Réforme des Statuts de l'Ordre
modifierLe combat de l'abbé Thierry van Tuldel pour délivrer son ordre des commendes, associé plus généralement à une réforme des Statuts de l'ordre des Prémontrés, pour redonner au monastère une discipline et l'observance de la règle, est âpre[3],[1],[note 3].
Pour arriver à ses fins, l'abbé Thierry van Tuldel fait deux voyages à Rome, et en 1475, le pape Sixte IV rédige une bulle dans laquelle il permet aux chefs de l'ordre de modifier les statuts selon ce qu'ils jugent convenables[4].
Affaires politiques
modifierVénerie ducale
modifierEn 1481, l'abbé Thierry van Tuldel libère le monastère du paiement annuel de la contribution pour l'entretien des chiens de meute et des personnes attachées à la vénerie ducale[3].
Gilde d'arbalétriers
modifierLe , l'abbé Thierry van Tuldel érige, pour le plaisir des habitants du hameau de Vinckenbosch[note 4], une gilde d'arbalétriers, sous le titre de Saint-Jean et de Saint-Sébastien[1]. En 1535, les membres de cette société font réviser leur charte et approuver leurs statuts par les chefs du grand serment de Saint-Sébastien à Louvain[5]. Cette association, qui a la garde de l'abbaye et dont le prélat est le chef-homme, compte, en 1783, trente sept membres[1].
Diplomatie
modifierL'abbé Thierry van Tuldel est conseiller de l'empereur Maximilien d'Autriche[1]. En 1489, il accompagne une délégation chez Albert III de Saxe pour demander la paix au Brabant et en Flandre[1]. Ils sont tous allés ensuite voir le roi de France pour signer la paix de Francfort[1]. Il finit sa carrière par un acte de patriotisme[1]. En effet, lors d'une révolution civile qui éclate en Belgique, Louvain suit, avec d'autres villes, les ennemis du duc Maximilien, mais l'abbé, attaché à son prince, s'exile de son monastère, le temps que l'insurrection passe, pour ne pas se joindre à la partie adverse[1].
Démission et fin de vie
modifierDeux ans avant sa mort, fatigué, il prend comme coadjuteur son neveu Arnold Wyten qui deviendra le 27e abbé de Parc, du consentement de ses religieux[5]. Il envoie sa démission au Général de l'ordre, présent au chapitre général tenu à Chauny, dans le diocèse de Noyon, le , cette démission étant acceptée par l'abbé-général Hubert Gobert[6].
La pierre sépulcrale sculptée placée par son successeur l'abbé Arnold Wyten, à l'endroit où est inhumée Thierry van Tuldel, à la chapelle de la Vierge, porte une longue inscription en latin[5].
Postérité
modifierPierre sépulcrale
modifierL'inscription en latin visible sur la pierre sépulcrale de la tombe de Thierry van Tuldel, à la chapelle de la vierge, est[7] :
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Indication posthume
modifierDans son ouvrage cité dans la bibliographie du présent article, J.E. Jansen[note 5] accompagne la chronologie de l'abbé Thierry van Tuldel d'une indication en latin le concernant, et qu'un outil informatique traduit approximativement par : « l'abbaye fut très utile et d'une excellente dignité. Avec l'immunité ecclésiastique en Belgique, pour la défense de la justice et du pays même, il atteint la plus haute distinction entre tous les hommes, plébéiens, nobles, ducs et princes, habitué à fréquenter les souverains pontifes de l'Église. »[note 6].
Armes de l'abbé
modifierLes ornements extérieurs des armes de cet abbé auraient pu être ceux des Prémontrés, mais il s'avère que les abbés flamands d'avant la Révolution française utilisaient des ornements extérieurs spécifiques accompagnant leur blason.
S'agissant de l'abbé Thierry van Tuldel, ses armes se blasonnent « de sable à trois jumelles d'or, au chef d'or plain ». On retrouve la représentation du blason dans l'armorial des abbés de Parc.
Les armes de cet abbé apparaissent aussi sur le tableau qui existe à l'abbaye de Parc. Son écusson armorial figure également sur la gauche de son sceau[3]. Les registres aux comptes montrent que ce sceau a été fabriqué à Louvain en 1463[3]. Il représente une niche gothique avec les images de la Vierge et de saint Norbert[3]. En bas du sceau se trouve l'abbé agenouillé accompagné d'un ange portant la mitre[3].
Notes
modifier- J.E. Jansen indique dans son ouvrage que Thierry van Tuldel accède à la cure de Nispen en Waelwyck alors que F.J. Raymaekers mentionne Nispen sous Rozendael.
- Les comptes de l'abbaye de Parc datés de 1462 indique que la mitre que l'abbé Thierry van Tuldel porte dorénavant pour les séquences solennelles vaut 152 couronnes.
- La chronologie de la lutte de l'abbé Thierry van Tuldel est la suivante :
- il expose la situation au Souverain Pontife, Pie II, lui apprend que certains Pères ont publié des Constitutions déviant de l'esprit primitif. Le pape accède à ses désirs et rédige, en 1462 et 1464, des bulles en faveur d'une réforme ;
- les abbés de l'Ordre, présents en chapitre général, ne sont guère favorables à suivre les indications du Saint-Père, et donc le réformateur échoue dans ses tentatives. Il persiste quand, en 1471, Hubert de Monte Herminio est créé Général de l'Ordre, lui-même partisan d'une réforme ;
- l'abbé Thierry van Tuldel lui fait parvenir de nouvelles bulles de Sixte IV, favorable à son projet, l'une pour la réforme des Statuts, l'autre pour la réforme de la situation des curés, mais cela n'aboutit pas ;
- il demande avec succès au pape Sixte IV de casser la pension de 1000 florins du Rhin que l'évêque, Luc de Sibine, requiert de l'abbaye de Tongerlo ;
- de retour en Belgique, il est confronté à la disgrâce du prince Charles, duc de Bourgogne, mais continue néanmoins sa campagne de lutte contre les commendes ;
- il dépose plainte auprès de Marie de Bourgogne, duchesse de Brabant, et implore le secours des États du pays, lorsque l'évêque, Luc de Sibine, et Josse Bruylant, religieux de Grimbergen, obtiennent, en commende, l'abbaye de Saint-Michel d'Anvers et l'abbaye de Grimbergen, auprès du pape Sixte IV ;
- il est bien compris et donc entendu par Marie de Brabant et par les États, puisqu'une lettre pour l'abolition des commendes et la défense de l'abbé est envoyée au pape le ;
- il est malgré tout accusé de trahison et de conspiration contre le prince Charles et la ville de Louvain ;
- il obtient le soutien des bourgmestres, échevins et conseillers de Louvain, qui élucident la question à Rome le ;
- il est cité devant le tribunal à Rome par ses ennemis, qui obtiennent des bulles pénales, pleines de censures ;
- il est appuyé par lettre au pape et au collège des cardinaux par le duc Maximilien le 22 et ;
- il est néanmoins excommunié et anathématisé par une bulle pontificale d'août 1479, induite par l'évêque de Sibine, légat de Belgique, puissant auprès du Saint-Siège ;
- il est réhabilité en novembre 1485 par une bulle de Sixte IV qui fait le point sur ces affaires, éloignant du même coup les supposés intrus des abbayes de Tongerlo, Saint-Michel d'Anvers et Grimbergen.
- L'abbaye de Parc est venue, plus tard, en s'agrandissant, contenir le hameau de Vinckenbosch jusqu'à le faire disparaître.
- J.E. Jansen est chanoine de l'abbaye de Parc, archiviste de la ville de Turnhout et membre titulaire de l'Académie royale d'Archéologie de Belgique.
- L'indication originale en latin qui est portée sur l'abbé Thierry van Tuldel est : « Hic tanta excellentia dignitatis et utilitatis abbatiam suam gubernavit et pro ecclesiastica immunitate in Belgio stetit, ut velut alter Ambrosius pro defensione justitiae et patriæ hujus, maximo in honore apud omnes plebeos et nobiles, duces et principes, imo et apud Summos Ecclesiæ Pontifices sit habitus.
Référence
modifier- J.E. Jansen 1929.
- F.J. Raymaekers 1858, p. 592.
- F.J. Raymaekers 1858, p. 593.
- F.J. Raymaekers 1858, p. 594.
- F.J. Raymaekers 1858, p. 595.
- J. Frumentius, Descriptio chronologica Monasterii Parchensis, 1129-1634, Archives de l'Abbaye de Parc, p.141.
- F.J. Raymaekers 1858, p. 596.
Annexes
modifierBibliographie
modifier: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- J.E. Jansen (chanoine et archiviste), L'abbaye norbertine de Parc-le-Duc - Huit siècles d'existence - 1129-1929, Malines, H. Dessain, .
- F.J. Raymaekers (professeur et chronologiste), « Recherches historiques sur l'ancienne abbaye de Parc », Revue catholique - Recueil religieux, philosophique, scientifique, historique et littéraire, Louvain, P.J. Verbiest, sixième, vol. premier, année 1858, p. 401-418, 481-490, 527-541, 588-598, 661-676 et 712-722.
Article connexe
modifierLiens externes
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- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :