The Memphis Blues
The Memphis Blues est une chanson de blues composée par William Christopher Handy, décrite par son auteur comme étant un « Southern Rag ». Elle est publiée par W. C. Handy en . C'est l'une des toutes premières chansons de blues publiées[1]. Elle est ensuite enregistrée par un grand nombre d'artistes.
Genre | blues |
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Auteur-compositeur | W. C. Handy |
M. Crump
modifierSous-titrée « Mr. Crump », Memphis Blues serait basée sur une chanson de campagne écrite par Handy en 1909 pour Edward Crump, alors candidat pour la première fois à la mairie de Memphis dans le Tennessee[2]. Handy revendique le mérite d'avoir écrit Mr. Crump, mais des musiciens de Memphis prétendent qu'elle aurait été écrite par son clarinettiste, Paul Wyer[3]. De nombreux musicologues se demandent ce que Mr. Crump a en commun avec Memphis Blues, car les paroles, tirées d'une vieille chanson folklorique, Mama Don' low, ne correspondent guère à la mélodie de Memphis Blues[4],[5]. Beaucoup pensent que Mr. Crump était probablement la même chanson que Mr. Crump Don't Like It, plus tard enregistrée par Frank Stokes des Beale Street Sheiks (série Paramont Race, )[6].
New York
modifierHandy publie d'abord le morceau à compte d'auteur en tant qu'instrumental. Il s'agit d'une pièce pour piano en trois parties[4]. Peu convaincu par le potentiel commercial du morceau, il le revend immédiatement, pour 50 dollars, à l'éditeur de musique Theron Bennett, qui l'emmène à Tin Pan Alley à New York pour tenter de le promouvoir[4]. Handy affirmera plus tard qu'il lui a été volé[7]. Quoi qu'il en soit, Bennett convainc George « Honey Boy » Evans de l’utiliser pour ses Honey Boy Minstrels. Bennett engage alors un auteur-compositeur professionnel, George A. Norton, pour y ajouter des paroles, et demande à son directeur, Edward V. Cupero, de l'arranger. Bennett la publie un an plus tard, mais la partition ne rencontre pas le succès}[8]. La publication de 1913 de Bennett annonce être « fondée sur la mélodie de note bleue universelle de W. C. Handy »[9].
Enregistrements
modifierCe n’est qu'en 1914, lorsque les groupes maison des labels Victor et Columbia enregistrent la chanson, respectivement le pour le Victor Military Band (Victor 17619) et le pour le Prince's Orchestra (Columbia A-5591), que Memphis Blues « commence à bien marcher »[10]. Le , Morton Harvey enregistre la première version chantée (Victor 17657, parue en 1915).
Postérité
modifierMemphis Blues est devenu important par son influence sur les débuts du jazz de deux façons. Tout d'abord, elle contient l’un des premiers riffs interpolés flottant devenu populaire[4]. Elle est aussi réputée être à la base du premier foxtrot, quand James Reese Europe interpréta la pièce au piano en 1919, sur un tempo plus lent, pour les danseurs Vernon et Irene Castle[4].
En 2019, cette version, qualifiée d'« importante sur le plan culturel, historique ou esthétique », est sélectionnée pour être conservée dans le Registre national des enregistrements par la Bibliothèque du Congrès[11].
Autres versions
modifierReprises
modifierDans les années qui suivent, un grand nombre d'artistes reprend Memphis Blues[12].
Parmi les autres reprises de la chanson, on peut citer notamment :
- 1915 : Arthur Collins et Byron Harlan sur la face B du single Alabama Jubilee (Columbia A 1721)
- 1921 : Esther Bigeou (Okeh 8026)
- 1923 :
- Handy’s Orchestra (Okeh)
- Isham Jones (Brunswick 2423)
- 1934 : Duke Ellington pour le film Ce n'est pas un péché avec Mae West[13].
- 1937 : Milton Brown and His Brownies (Decca 5382)
- 1941 : Bing Crosby dans le film Birth of the Blues[14]
- 1943 : Dinah Shore (HMV BD 1043)
- 1944 : Harry James (Columbia 36713 - enregistré en 1942)
- 1945 : Sidney Bechet & His New Orleans Rhythm Kings[15].
- 1946 : Cliff Jackson sur l'album Midnight Piano.
- 1947 : Kid Ory and His Creole Band, paru sur l'album The Green Room, Vol. 2 en 1992
- 1954 : Louis Armstrong pour l'album Louis Armstrong Plays W.C. Handy[16].
- 1956 : Merle Travis sur l'album The Merle Travis Guitar.
- 1958 : Eartha Kitt sur l'album St. Louis Blues.
- 1960 : Phil Napoleon sur l'album In the Land of Dixie.
- Jimmy Dorsey
- Memphis Slim[4]
- Booker T. and the M.G.'s
- Savoy Brown
Dans la culture populaire
modifierOn peut entendre Memphis Blues dans différents films ou séries[17], notamment :
- 2005 : No Direction Home, documentaire de Martin Scorsese sur Bob Dylan (version de Phil Napoleon).
- 2010 : Belle Femme, neuvième épisode de la première saison de la série Boardwalk Empire, interprété par le Belgian Band Organ.
Bibliographie
modifier- (en) Samuel Charters, The Country Blues, Da Capo Press, (1re éd. 1959), 314 p. (ISBN 978-0-306-80014-6)
- (en) Steve Cheseborough, Blues Traveling : The Holy Sites of Delta Blues, Mississippi, University Press of Mississippi, , 2e éd., 244 p., poche (ISBN 978-1-57806-650-6, LCCN 2004043023, lire en ligne)
- (en) Charles Hamm, Putting Popular Music in its Place, Cambridge, Cambridge University Press, , 390 p. (ISBN 0-521-47198-2, lire en ligne)
- (en) Edward Komara (dir.) et Elliott S. Hurwitt, Encyclopedia of the Blues, vol. 1 et 2, New York, Routledge, , 2e éd. (1re éd. 2004), 1440 p. (ISBN 0-415-92699-8, lire en ligne [PDF]), « Handy, William Christopher ‘‘W. C.’’ », p. 400-402
- (en) Nick Tosches, Where Dead Voices Gather, Back Bay, , 336 p. (ISBN 0-316-89537-7)
Notes et références
modifier- Stéphane Koechlin, Le Blues : Les musiciens du diable, Paris, Castor Astral, coll. « Castor Music », , 224 p. (ISBN 978-2-85920-985-8 et 2-85920-985-9, lire en ligne)
- Komara, Encyclopedia of the Blues, p. 684: « Cela proviendrait d'une chanson de la campagne de 1909 d'Edward Crump, candidat à la mairie de la ville élu cette année-là, plus tard chef politique de longue date à Memphis. »
- Charters, The Country Blues, p. 39 : « Les musiciens plus âgés ont déclaré qu'il avait été écrit par le clarinettiste de l'orchestre, Paul Wyer. »
- Komara et Hurwitt 2006, p. 684-685.
- Charters 1975, p. 40.
- Cheseborough 2004, p. 35.
- Charters 1975, p. 40 : « Plus tard, Handy s'est plaint amèrement qu'il avait été escroqué des droits sur sa chanson, mais l'homme qui lui a acheté les droits agissait de bonne foi et n'avait pas la moindre idée de la réussite de cette chanson. »
- Charters 1975, p. 40 : « Découragé par le manque de ventes, il vendit les bandes et les droits à raison de cinquante dollars et un millier d'exemplaires invendus pour cinquante dollars supplémentaires. Le propriétaire du magasin de musique de Memphis qui l'a acheté a réussi à convaincre le célèbre minstrel "Honey Boy" Evans d'utiliser le morceau pour son prochain engagement au printemps à New York et à engager un parolier professionnel, George A. Norton, pour écrire quelques paroles. Elle sera republiée à New York au printemps 1913 avec une photo du groupe d'Evan sur la couverture et une note disant que la pièce avait été présentée par le célèbre orchestre Handy de Memphis. En tant que chanson, Memphis Blues a eu plus de succès que la vieille pièce instrumentale, mais ce n’était toujours pas sensationnel. Elle est devenue plus populaire avec la publication d’autres blues et, en 1915 et 1916, elle était très connue. »
- Hamm, Putting Popular Music in its Place, p. 329: « Contrairement au blues folk et vocal, qui consiste généralement en une série de vers à 12 mesures, le blues d'Handy et d'autres du même genre contiennent plusieurs éléments contrastées. "Memphis Blues" et "St. Louis Blues" commencent par une brève introduction, contrastée ensuite par une tension sous la forme de blues à 12 mesures suivie d'une autre forme plus classique à 16 mesures, autrement dit, les blues commercialisés des années 1910 et du début des années 1920 ont tendance à comporter un vers de 12 mesures intégré dans un structure plus large à plusieurs pistes. »
- Tosches, Where Dead Voices Gather, p. 33 : « Le premier enregistrement de The Memphis Blues par le Victor Military Band le 15 juillet 1914 utilise l'arrangement de Cupero. Un autre enregistrement, par le Prince's Orchestra pour Columbia, suivit neuf jours plus tard, le 24 juillet. Tous deux ont été décrits dans leurs catalogues respectifs comme des chansons de danse one-step et se sont chacune bien vendus. Le "Southern Rag" de Handy, remanié par l'auteur de "Melancholy Baby", popularisé par une troupe de minstrels et enregistré par deux orchestres de studio blancs de New York, est devenu le premier des tubes "blues". À son crédit, Handy, l'ancien minstrel, a rapidement reconnu le rôle joué par Honey Boy Evans dans le succès de la chanson. »
- (en) Travis M. Andrews, « Jay-Z, a speech by Sen. Robert F. Kennedy and 'Schoolhouse Rock!' among recordings deemed classics by Library of Congress », The Washington Post, (lire en ligne)
- (en) « Cover versions of Memphis Blues », sur SecondHandSongs (consulté le )
- (en) A. H. Lawrence, Duke Ellington and His World : A Biography, New York, Routledge, , 492 p. (ISBN 0-415-93012-X, lire en ligne), p. 234
- (en) « Birth of the Blues (1941) Soundtracks », sur Internet Movie Database (consulté le )
- Christian Béthune, Sidney Bechet, Marseille, Éditions Parenthèses, , 252 p. (ISBN 2-86364-609-5, lire en ligne), p. 180
- Hugues Panassié, Louis Armstrong, Paris, Nouvelles Éditions latines, coll. « Jazz-Panorama », , 220 p. (lire en ligne), p. 186
- (en) « W.C. Handy », sur Internet Movie Database (consulté le )
Sources
modifier- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « The Memphis Blues » (voir la liste des auteurs).
Liens externes
modifier- Ressource relative à la musique :
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :