Théorie de la démarche

essai de la Comédie humaine

La Théorie de la démarche est un essai d’Honoré de Balzac, paru en 1833 dans L'Europe littéraire. C’est la deuxième partie de l’ensemble Pathologie de la vie sociale, un modèle du talent d’observateur de Balzac, mais aussi de ses préoccupations philosophiques. En 1832, alors qu’il achevait la notice biographique sur Louis Lambert (qui deviendra par la suite Histoire intellectuelle de Louis Lambert), l’auteur de La Comédie humaine menait de front la correction de La Peau de chagrin et songeait à un essai sur les forces humaines[1].

Théorie de la démarche
Image illustrative de l’article Théorie de la démarche

Auteur Honoré de Balzac
Pays Drapeau de la France France
Genre Étude de mœurs
Collection Études analytiques
Lieu de parution Paris
Date de parution 1833
Chronologie
Série La Comédie humaine

Dans ce « code du marcheur », où il réunit des notes prises déjà en 1830, l’écrivain présente l'homme intérieur, principe du pouvoir et de la longévité, et l’homme extérieur, démontrant comment arpenter le boulevard de Gand avec la même élégance que Chateaubriand. Balzac explique l’effet des principes qui commandent le mouvement, en l’illustrant d’un exposé plus général sur la pensée et la volonté.

Comme ce traité est d’abord un article, l’écrivain, qui est aussi journaliste, ne manque jamais de rappeler les sujets d’actualité de l'époque. Il fait notamment allusion au Mosè de Gioachino Rossini qu’il a pu applaudir salle Favart, en 1832, et auquel il fera de nouveau référence dans La Duchesse de Langeais[2], à l’émerveillement qu’il a ressenti en écoutant le ténor Rubini, le violon de Paganini, en voyant le ballet de la Taglioni, à laquelle il fait aussi référence dans Massimilla Doni[3],[4]. Il en profite aussi pour lancer un violent libelle contre le pouvoir qui inquiète le fondateur du journal, au point qu’il envisage de supprimer cette page. Elle ne le sera pas. On la retrouve dans la Théorie de la démarche qui est en soi un pamphlet autant qu’un essai. Balzac se moque du journalisme, du commerce et des serviteurs de Louis-Philippe.

Le traité fait aussi le tour complet des postures humaines et de leurs effets. Par exemple, « l’habitude de la représentation vicie le corps des princes ; leur bassin se féminise. De là le dandinement connu des Bourbons ; de là, disent les observateurs, l’abâtardissement des races […][5],[6] ». Les magistrats « obligés de passer leur vie à siéger, se reconnaissent à je ne sais quoi de gêné, à un mouvement d’épaules, à des diagnostics dont je vous fais grâce parce qu’ils n'ont rien de pittoresque[7] ». Et la démonstration se termine sur un bon mot d’Henri Monnier ("Ôtez l' homme de la société, vous l'isolez!") qui servira de modèle à Balzac pour le personnage de Jean-Jacques Bixiou[8].

Notes et références

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  1. Rose Fortassier, La Pléiade, 1981, t. XXII, p. 196-197 (ISBN 2-07-010877-5).
  2. Rose Fortassier, La Pléiade, 1981, t. XXII, p. 961.
  3. Rose Fortassier, La Pléiade, p. 961.
  4. Pierre Brunel, histoire du texte Massimilla Doni, Gallimard, coll. « Folio Classique », p. 349 ; volume comprenant Sarrasine, Gambara et Massimilla Doni (ISBN 978-2-07-034485-7).
  5. Balzac, Théorie de la démarche, La Pléiade, 1981, t. XXII, p. 299.
  6. La duchesse d'Abrantès parle de ce dandinement dans Mémoires sur la Restauration, 1835-1836, t. I, p. 63.
  7. Théorie de la démarche, La Pléiade, 1981, t. XXII, p. 300.
  8. Rose Fortassier, op. cit., p. 978.