Conjecture de Catalan
La conjecture de Catalan est un résultat de la théorie des nombres conjecturé en 1844 par Eugène Charles Catalan et démontré en par Preda Mihăilescu[1].
Ce théorème s'énonce de la façon suivante :
Théorème — Les deux seules puissances parfaites consécutives sont 8 et 9 (qui valent respectivement 23 et 32).
(Une puissance parfaite est un entier > 1 élevé à une puissance entière > 1, comme 64.)
En d'autres termes, la seule solution en nombres naturels de l'équation
- xa − yb = 1
pour x, a, y, b > 1 est x = 3, a = 2, y = 2, b = 3.
La démonstration fait un important usage de la théorie des corps cyclotomiques et des modules de Galois[2].
Historique
modifierCatalan a formulé sa conjecture en 1844[3], sa résolution s'est écoulée sur 150 ans.
Résolution de cas particuliers
modifierEn 1850, Victor-Amédée Le Besgue montre que pour tout nombre premier , l'équation n'a pas de solution non triviale en nombres entiers[4]. En 1965, Ke Zhao montre que si est un nombre premier alors les solutions triviales et sont les uniques solutions de l'équation [3].
Résolution complète
modifierDémontré en 1976, le théorème de Tijdeman affirme que l'équation de Catalan ne possède qu'un nombre fini de solutions. Preda Mihăilescu démontre la conjecture de Catalan en 2003, en se plaçant dans le cadre de la théorie des corps cyclotomiques et ce de manière inattendue car cette théorie est insuffisante pour résoudre d'autres équations diophantiennes comme notamment celle du grand théorème de Fermat[3].
Variante : la conjecture de Pillai
modifierLa conjecture de Pillai généralise ce résultat. Elle énonce que chaque entier ne s'écrit qu'un nombre fini de fois comme différence de puissances parfaites. C'est encore un problème ouvert, qui fut proposé par S. S. Pillai en 1942, à la suite de ses travaux sur les équations diophantiennes exponentielles.
La table suivante (voir suite A103953 de l'OEIS pour le plus petit k et suite A076427 de l'OEIS pour le nombre de solutions) donne les valeurs connues en 2005 pour n< 65.
n | entiers k tels que k et k + n sont des puissances d'entiers | n | entiers k tels que k et k + n sont des puissances d'entiers |
1 | 8 | 33 | 16, 256 |
2 | 25 | 34 | |
3 | 1, 125 | 35 | 1, 289, 1296 |
4 | 4, 32, 121 | 36 | 64, 1728 |
5 | 4, 27 | 37 | 27, 324, 14348907 |
6 | 38 | 1331 | |
7 | 1, 9, 25, 121, 32761 | 39 | 25, 361, 961, 10609 |
8 | 1, 8, 97336 | 40 | 9, 81, 216, 2704 |
9 | 16, 27, 216, 64000 | 41 | 8, 128, 400 |
10 | 2187 | 42 | |
11 | 16, 25, 3125, 3364 | 43 | 441 |
12 | 4, 2197 | 44 | 81, 100, 125 |
13 | 36, 243, 4900 | 45 | 4, 36, 484, 9216 |
14 | 46 | 243 | |
15 | 1, 49, 1295029 | 47 | 81, 169, 196, 529, 1681, 250000 |
16 | 9, 16, 128 | 48 | 1, 16, 121, 21904 |
17 | 8, 32, 64, 512, 79507, 140608, 143384152904 | 49 | 32, 576, 274576 |
18 | 9, 225, 343 | 50 | |
19 | 8, 81, 125, 324, 503284356 | 51 | 49, 625 |
20 | 16, 196 | 52 | 144 |
21 | 4, 100 | 53 | 676, 24336 |
22 | 27, 2187 | 54 | 27, 289 |
23 | 4, 9, 121, 2025 | 55 | 9, 729, 175561 |
24 | 1, 8, 25, 1000, 542939080312 | 56 | 8, 25, 169, 5776 |
25 | 100, 144 | 57 | 64, 343, 784 |
26 | 1, 42849, 6436343 | 58 | |
27 | 9, 169, 216 | 59 | 841 |
28 | 4, 8, 36, 100, 484, 50625, 131044 | 60 | 4, 196, 2515396, 2535525316 |
29 | 196 | 61 | 64, 900 |
30 | 6859 | 62 | |
31 | 1, 225 | 63 | 1, 81, 961, 183250369 |
32 | 4, 32, 49, 7744 | 64 | 36, 64, 225, 512 |
Notes et références
modifier- (en) Catalan's problem, sur Prime Pages.
- (en) Jeanine Daems, A Cyclotomic Proof of Catalan's Conjecture, sept. 2003.
- Pascal Boyer, Petit compagnon des nombres et de leurs applications, Paris/58-Clamecy, Calvage et Mounet, , 648 p. (ISBN 978-2-916352-75-6), V. Équations diophantiennes, chap. 3.4 (« Équation de Catalan »), p. 487.
- Pascal Boyer, Petit compagnon des nombres et de leurs applications, Paris/58-Clamecy, Calvage et Mounet, , 648 p. (ISBN 978-2-916352-75-6), V. Équations diophantiennes, chap. 3.1 (« Équation de Lebesgue »), p. 487.
Voir aussi
modifierLiens externes
modifier- (en) Yuri F. Bilu, « Catalan's conjecture », Séminaire Bourbaki, t. 45, 2002-2003, p. 1-26 (lire en ligne) ou (en) Yuri F. Bilu, « Catalan's conjecture (after Mihăilescu) », Astérisque, vol. 294, , vii, 1-26 (zbMATH 1094.11014)
- Jacques Boéchat et Maurice Mischler, La conjecture de Catalan racontée à un ami qui a le temps, 2005. « math.NT/0502350 », texte en accès libre, sur arXiv..
- Vincent Brayer, Méthodes algébriques dans la conjecture de Catalan, École polytechnique fédérale de Lausanne, Département de mathématiques, Lausanne, févr. 2004, iv + 46 pp.
- Henri Cohen, Démonstration de la conjecture de Catalan, Laboratoire A2X, U.M.R. 5465 du C.N.R.S., Université de Bordeaux, 83 pp.
- (en) Tauno Metsänkylä (fi), « Catalan's conjecture: another old Diophantine problem solved », Bull. Amer. Math. Soc., vol. 41, no 1, , p. 43-57 (lire en ligne).
- (en) Page personnelle de Preda Mihăilescu à l'université de Paderborn.
- (en) Ivars Peterson's MathTrek, sur le site de la MAA.
- Gérard Villemin, Conjecture de Catalan.
Bibliographie
modifier(en) René Schoof (en), Catalan's Conjecture, Springer-Verlag, 2008
Articles connexes
modifier- Théorème de Tijdeman
- Conjecture de Fermat-Catalan, combinant les idées du dernier théorème de Fermat et la conjecture de Catalan.