Théodore Aubanel

félibre français

Théodore Aubanel (né Joseph Marie Jean Baptiste Théodore Aubanel, Teodòr Aubanèu en occitan), né le à Avignon, ville où il meurt le , est un imprimeur et poète d'expression occitane provençale.

Théodore Aubanel
Fonctions
Syndic
Maintenance de Provence du Félibrige (d)
-
Majoral du Félibrige
-
Louis Astruc (d)
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 57 ans)
AvignonVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Nom de naissance
Joseph Marie Jean Baptiste Théodore AubanelVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonymes
Lou Felibre de la Mióugrano, L'Aloubati, D.B. Drucker, Lou Felibre calu, Lou Felibre de VeiseVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Rédacteur à
La Poésie moderne (d), Lou Prouvençau (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Père
Laurent Aubanel (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Marie-Suzanne Aubanel (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Joseph Aubanel
Charles Aubanel (d)
Eugénie Vayson (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Joséphine Aubanel (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Jean-de-la-Croix Aubanel (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Membre de
Distinction

Biographie

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Né dans une famille d'imprimeurs exerçant déjà à Avignon[1] pour le compte du Pape et de l'archevêque d'Avignon au XVIIIe siècle, alors que la ville appartient encore aux états pontificaux, depuis la vente de la Reine Jeanne. Ses parents sont Laurent-Joseph Aubanel (1784-1854) et Marie-Suzanne Seyssau (1787-1857) de Monteux. Théodore Aubanel a une sœur, Marie-Thérèse (1814-1883) et deux frères : le peintre Joseph (1816-1879) et Charles (1827-1880) qui a repris avec lui la gestion de l'imprimerie de leur père[1]. Charles sera le grand-père du manadier Henri Aubanel. Ce dernier avait épousé Riquette de Baroncelli-Javon, fille du marquis Folco de Baroncelli, créateur de la "Santenco" aux Saintes-Maries de la Mer et propriétaire du Palais du Roure à Avignon.

Il fait ses études dans une école catholique d'Aix-en-Provence avant de revenir travailler dans l'imprimerie familiale. Très catholique, il suit les réunions de la « Société de la Foi » où il fait la connaissance du poète et libraire Joseph Roumanille[2] qui sera comme lui un "félibre", ami de Frédéric Mistral. Celui-ci lui présente Frédéric Mistral de Maillane et Anselme Mathieu de Châteauneuf du Pape. Tous se retrouvent au château de Font-Ségugne, sur la commune de Châteauneuf de Gadagne, pour créer vers et chansons en langue provençale en cours de codification. Ce faisant, ils participent à la renaissance provençale qui conduira à des idées fédéralistes.

C'est là qu'Aubanel rencontre en 1850 Jenny Manivet, dite "Zani". Amoureux tous les deux, les jeunes gens n'arrivent pas à s'avouer leur flamme, la jeune fille entre dans l'ordre des Filles de la Charité[3], Sœur Clémentine en religion et part pour Paris (hôpital Necker), puis Galatz en Roumanie. En 1854, les sept amis de Font-Ségugne fondent, le jour de la Sainte Estelle, le Félibrige dont Aubanel sera le poète le plus profond et le plus désespéré. En 1860, il publie La Miougrano entredubèrto (La Grenade entrouverte) qui reçoit un accueil enthousiaste du monde littéraire et où il chante son amour pour Zani. Mais l'ouvrage est mis à l'index par les catholiques[4] traditionalistes avignonnais dont il a été proche, mettant en danger l'imprimerie familiale liée à l'archevêché d'Avignon[5]. Il se marie en avril 1861 avec Joséphine Mazen de Vaison-la-Romaine, sœur de l'épouse de son frère Charles, Marie. Théodore retrouve un certain bonheur de vivre, mais ne publie plus toutes ses œuvres et se contente de faire imprimer les plus importantes. Son fils unique, Jean de la Croix Aubanel (1865-1942) éditera ses œuvres posthumes. Théodore avait entretenu une relation suivie avec Stéphane Mallarmé quand celui-ci était professeur d'anglais au lycée de Tournon-sur-Rhône et a correspondu avec lui. Il est également proche de Villiers de l'Isle-Adam.

Des malentendus avec Joseph Roumanille en 1878, au moment où le Félibrige est accusé de séparatisme politique (ou de fédéralisme) par certains journaux, l'éloignent du mouvement à partir de 1880. C'est la sortie confidentielle en 1885 d'un autre recueil, ouvertement sensuel, Li fiho d'Avignoun (Les Filles d'Avignon) qui précipite sa fin : il est violemment attaqué par le milieu dévot et blâmé par l'archevêque d'Avignon. Il se retire alors à Villeneuve, sur la rive droite du Rhône, où il achète dans la garrigue le mas de Carles (appelé à l'époque : « La Carlisle »).

Il meurt d'une crise d'apoplexie intervenue le 31 octobre 1886. Il est enterré au cimetière Saint-Véran d'Avignon.

Il était chevalier de la Légion d'honneur[6].

Œuvres

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Avec Roumanille et Mistral, Aubanel est l'un des trois piliers du Félibrige (il en sera majoral à partir de 1876). Aux deux recueils de poésies publiés de son vivant, La Grenade entrouverte[4] et Les Filles d'Avignon[3], il faut ajouter un drame en vers, Lou pan dòu pecat (Le pain du péché), joué en 1878, ainsi que des ouvrages posthumes comme le recueil de poésies Lou Rèire-Soulèu (Le soleil d'outre-tombe) publié en 1899[7], et deux drames : Lou raubatòri (Le Rapt) publié en 1928 et Lou pastre (Le Pâtre) publié en 1946 par l'Intercontinentale d'édition avec 16 lithographies originales d'André Jordan.

Il écrit une partie de son œuvre dans son studio du Mas du "Grand Rougier", sur la commune de Monteux (aujourd'hui, le Pontet, quartier des Daulands, chemin de Panissé). Le "Grand Rougier", hérité de la famille Seyssaud, a été racheté par le docteur Bonnet d'Avignon, allié à la famille Aubanel, pendant l'entre-deux-guerres, avant d'être transmis à ses héritiers, la famille Valin-Bonnet-Cassin. Le studio porte la mention de sa devise :"Qui chante son mal l'enchante".

Ses œuvres complètes sont éditées par la maison Aubanel à Avignon de 1960 à 1963. Textes et commentaires sont établis en 8 volumes par Claude Liprandi (1910-2002) avec index.

Recueils posthumes

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Correspondance active

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  • Lettres à Mignon [Sophie de Lentz] (éd. « Serge Bourreline »), Aubanel, 1899 (BNF 30034341).
  • Ce cœur qui ne change pas : lettres à Marie Jenna (éd. Claude Liprandi), Aubanel, 1987 (ISBN 2-7006-0120-3).

Odonymie

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(Liste non exhaustive)

Notes et références

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  1. a et b « Fonds Aubanel (notice détaillée) », Archives départementales de Vaucluse (consulté le )
  2. « Théodore Aubanel, célèbre poète fondateur du Félibrige. », sur www.notreprovence.fr (consulté le )
  3. a et b « Théodore Aubanel - Charles Maurras », sur maurras.net (consulté le )
  4. a et b Encyclopædia Universalis, « THÉODORE AUBANEL », sur Encyclopædia Universalis (consulté le )
  5. Voir éléments de biographie et extraits dans Anthologie du félibrige provençal (1850 à nos jours) Ch.-P. Julian et P. Fontan, T.1 Les fondateurs du Félibrige et les premiers félibres, Librairie Delagrave, 1920 [1].
  6. Chancellerie de la Légion d'Honneur, « Légion d'Honneur patronyme = AUBANEL Joseph Marie Jean Baptiste », sur base Léonore (consulté le )
  7. Lou Rèire-soulèu, sur Centre international de l'écrit en langue d'Oc [lire en ligne]

Voir aussi

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Bibliographie

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  • Charles Maurras, Théodore Aubanel, Revue indépendante tome XII, Nos 33, 34, 35, juillet-, p. 80-104, 259-280 [2].
  • Notice décrivant le fonds de la famille Aubanel (dont les archives de Théodore Aubanel), consultable aux archives départementales du Vaucluse [3]
  • Ludovic Legré :Le poète Théodore Aubanel, 424 pages, Paris, Librairie Victor Lecoffre, 1894
  • Léo Larguier : Théodore Aubanel, 187 pages, Avignon, Editions Edouard Aubanel, 1946 (lire en ligne)
  • Théodore Aubanel : Textes, introduction et notes par Claude Liprandi (8 volumes), Editions Aubanel
  • (es) Ángeles Ciprés Palacín (sous la dir. de Jesús Cantera Ortiz de Urbina), El universo poético de Theodore Aubanel (thèse de doctorat ès lettres), Madrid, Université complutense, (présentation en ligne).
  • William Calin (en), « Scandale en Avignon : Théodore Aubanel dramaturge », dans Ricardo Cierbide (es), Actes du IVe siècle congrès international de l’AIEO à Vitoria-Gasteiz, 1994, p. 407-414.

Sur Le Pain du péché

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  • (oc) Rose Blin-Mioch, « Lo pan dóu pecat de Teodor Aubanel dins la batèsta sul maridatge al sègle XIX », dans Carmen Alén Garabato, Claire Torreilles et Marie-Jeanne Verny (dir.), Los que fan viure e treslusir l'occitan, Limoges, Lambert-Lucas, (ISBN 978-2-35935-086-9), p. 804-813.
  • (oc) Jean-Claude Forêt, « Qualques remarcas dramaturgicas sus Lou Pan dóu pecat : lo teatre d'Aubanèl dins la dramaturgia francesa e europèa del sègle XIX », Plumas, no 5,‎ (lire en ligne).

Articles connexes

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Liens externes

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