Tenseur de Weyl
En géométrie riemannienne, le tenseur de Weyl représente la partie du tenseur de Riemann ne possédant pas de trace.
L'éponyme[1],[2] du tenseur est Hermann Weyl qui l'a introduit en [3],[4].
Formule principale
modifierEn notant respectivement Rabcd, Rab, R et gab le tenseur de Riemann, le tenseur de Ricci, la courbure scalaire et le tenseur métrique, le tenseur de Weyl Cabcd s'écrit
- ,
où n est la dimension de l'espace considéré.
En particulier, en relativité générale, où l'on considère presque exclusivement des espaces-temps de dimension 4, on a[5] :
- .
Interprétation physique
modifierEn relativité générale, le tenseur de Ricci est lié à la présence de matière ; en l'absence de matière, le tenseur de Ricci est nul. Par conséquent, le tenseur de Weyl s'identifie au tenseur de Riemann. Cette propriété donne toute son importance au tenseur de Weyl : sa structure donne la totalité de la structure du champ gravitationnel dans les régions vides de matière. Par exemple, une région de l'espace traversée par une onde gravitationnelle a un tenseur de Weyl non nul.
Propriétés
modifierLe tenseur de Weyl est un tenseur :
- d'ordre 4[6],[7] ;
- ayant les mêmes symétries[7],[8] et antisymétries[7],[8] que le tenseur de Riemann ;
- sans trace[7],[8] et représentant la partie sans trace du tenseur de Riemann[9].
Composantes indépendantes
modifierLe nombre de composantes indépendantes du tenseur de Riemann est , celui du tenseur de Ricci est (en incluant sa trace, correspondant à la courbure scalaire, et pour n supérieur à 2). Ainsi, le nombre de composantes indépendantes du tenseur de Weyl, pour une variété de dimension n strictement supérieur à 2, de[10] :
- .
N est nul à une ou deux dimensions. En particulier, le tenseur de Weyl est nul dans un espace à 3 dimensions. Dans un espace(-temps) à 4 dimensions, il possède 10 composantes indépendantes.
Symétries
modifierLe tenseur de Weyl possède les mêmes symétries que celui de Riemann[11] :
- ,
- .
Cependant, il possède, par rapport à celui de Riemann, une symétrie additionnelle[12] :
- .
Un calcul direct montre que si l'on fait subir au tenseur métrique une transformation conforme (c'est-à-dire qu'à partir d'une fonction Ω on définit un nouveau tenseur sous la forme ), le tenseur de Weyl associé reste invariant. Comme le tenseur de Weyl est nul dans l'espace de Minkowski, le tenseur de Weyl doit être nul dans un espace conformément plat (c'est-à-dire dont la métrique est proportionnelle à celle de Minkowski en tout point). On peut montrer que la réciproque est vraie pour n supérieur à 3 : il suffit que le tenseur de Weyl soit nul pour que l'espace soit conformément plat. Dans un espace à trois dimensions, où le tenseur de Weyl est nul par définition, la platitude conforme est équivalente à l'annulation d'un autre tenseur, appelé tenseur de Cotton-York (ou tenseur de Cotton).
Classification
modifierUn grand nombre de solutions connues des équations de la relativité générale correspondent à des espaces dépourvus de matière. Il est donc particulièrement utile de classer ces différentes solutions. L'une de ces classifications exploite une analogie avec les vecteurs propres des espaces vectoriels usuels, appliqué aux tenseurs d'ordre 4. Cette classification s'appelle la classification de Petrov. Dans un contexte légèrement différent, les espaces-temps quadridimensionnels sont commodément étudiés dans le cadre du formalisme de Newman-Penrose, qui consiste essentiellement à choisir un système de coordonnées adapté et dont les vecteurs de base jouissent de certaines propriétés. Dans ce cadre-là, les dix composantes indépendantes du tenseur de Weyl sont réduites à la donnée de cinq nombres complexes appelés scalaires de Weyl, auxquels il est possible de donner une interprétation physique intuitive (alors que la nature exacte de la solution apparaît souvent peu claire par la simple considération du tenseur métrique).
Notes et références
modifier- Mars 2017, p. 545.
- Kopeikin, Efroimsky et Kaplan 2011, chap. 3, sec. 3.7, § 3.7.6, no 3.7.6.2, p. 264.
- Hall 2000, références, [4], p. 507, col. 1.
- Weyl 1918.
- d'Inverno et Vickers 2022, chap. 6, sec. 6.13, p. 107 (6.88).
- Plebański et Krasiński 2006, Ire partie, chap. 7, sec. 7.13, p. 58.
- Sharan 2009, chap. 9, sec. 9.5, § 9.5.2, p. 166.
- Choquet-Bruhat 2008, chap. XV, sec. 5, § 5.3, no 5.3.1, p. 500.
- Luscombe 2018, chap. 14, sec. 14.5, § 14.5.3, p. 267.
- Kopeikin, Efroimsky et Kaplan 2011, chap. 3, sec. 3.7, § 3.7.6, no 3.7.6.2, p. 265 (3.203).
- d'Inverno et Vickers 2022, chap. 6, sec. 6.13, p. 107 (6.89).
- d'Inverno et Vickers 2022, chap. 6, sec. 6.13, p. 107 (6.90).
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- [Choquet-Bruhat 2008] (en) Yvonne Choquet-Bruhat, General relativity and the Einstein equations [« La relativité générale et les équations d'Einstein »], Oxford, OUP, coll. « Oxford mathematical monographs », , 1re éd., XXIV-785 p., 15,6 × 23,4 cm (ISBN 978-0-19-923072-3, EAN 9780199230723, DOI 10.1093/acprof:oso/9780199230723.001.0001, S2CID 118382508, SUDOC 130297577, présentation en ligne, lire en ligne).
- [d'Inverno et Vickers 2022] (en) Ray d'Inverno et James Vickers (avant-propos de Roger Penrose), Introducing Einstein's relativity : a deeper understanding [« Présentation de la relativité d'Einstein »], Oxford, OUP, hors coll., , 2e éd. (1re éd. ), XIV-605 p., 18,9 × 24,6 cm (ISBN 978-0-19-886202-4 et 978-0-19-886203-1, EAN 9780198862024, OCLC 1362982638, DOI 10.1093/oso/9780198862024.001.0001, SUDOC 255388101, présentation en ligne, lire en ligne).
- [Hall 2000] (en) Graham S. Hall, « Weyl tensor », dans Michiel Hazewinkel (éd.), Encyclopaedia of mathematics : supplement [« Encyclopédie des mathématiques : supplément »], t. II, Dordrecht, Kluwer Academic, (réimpr. ), 1re éd., VIII-632 p., 22,7 × 29 cm (ISBN 978-0-7923-6114-5 et 978-90-481-5378-7, EAN 9780792361145, OCLC 423389824, BNF 37529779, DOI 10.1007/978-94-015-1279-4, SUDOC 046695184, présentation en ligne, lire en ligne), s.v. Weyl tensor [« tenseur de Weyl »], p. 506-507.
- [Kopeikin, Efroimsky et Kaplan 2011] (en) Sergei Kopeikin, Michael Efroimsky et George Kaplan, Relativistic celestial mechanics of the solar system [« Mécanique céleste relativiste du système solaire »], Weinheim, Wiley-VCH, hors coll., , 1re éd., XXXI-860 p., 18,5 × 24,9 cm (ISBN 978-3-527-40856-6, EAN 9783527408566, OCLC 800837798, S2CID 118280176, SUDOC 156553651, présentation en ligne, lire en ligne).
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- [Plebański et Krasiński 2006] (en) Jerzy Plebański et Andrzej Krasiński, An introduction to general relativity and cosmology [« Une introduction à la relativité générale et à la cosmologie »], Cambridge, CUP, hors coll., (réimpr. ), 1re éd., XIX-534 p., 18 × 25 cm (ISBN 978-0-521-85623-2 et 978-1-107-40736-7, EAN 9780521856232, OCLC 470624042, BNF 40201789, DOI 10.1017/CBO9780511617676, Bibcode 2006igrc.book.....P, S2CID 117162637, SUDOC 108448983, présentation en ligne, lire en ligne).
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- [Weyl 1918] (de) Hermann Weyl, « Reine Infinitesimalgeometrie », Mathematische Zeitschrift, vol. 2, , p. 384-411 (OCLC 5653332444, DOI 10.1007/BF01199420, Bibcode 1918MatZ....2..384W, S2CID 186232500, lire en ligne [PDF]).