Tempo (magazine mozambicain)
Tempo est un magazine mozambicain fondé à Lourenço Marques (auj. Maputo) en 1970, à la fin de la période coloniale, par un groupe de journalistes proches du Front de libération du Mozambique (FRELIMO). Abondamment illustré, longtemps hebdomadaire, il devient mensuel au moment de sa privatisation en 2000. Il semble qu'il ait cessé de paraître en [1].
Avec la participation de grands noms de l'écriture (Calane da Silva, Carlos Cardoso, Mia Couto) et du photojournalisme (Ricardo Rangel, Kok Nam, Naíta Ussene), c'est, d'une certaine façon, la « plus grande école de journalisme du Mozambique », également le plus important périodique d'information des années 1970 dans le pays. Historiquement, Tempo constitue un exemple de prise de contrôle des médias par les nouveaux pouvoirs politiques au lendemain des indépendances[2].
Tempo | |
Pays | Mozambique |
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Périodicité | hebdomadaire, puis mensuel |
Genre | magazine |
Date de fondation | 1970 |
Date du dernier numéro | 2008 ? |
Ville d’édition | Maputo |
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Naissance du magazine
modifierLes cinq journalistes fondateurs (Ricardo Rangel, José Mota Lopes, Areosa Pena, Rui Cartaxana et Ribeiro Pacheco), qui viennent de quitter le quotidien Notícias, porte-parole des autorités coloniales[3], doivent, pour financer le lancement du nouveau titre, faire appel à des hommes d'affaires locaux, donc à des acteurs du capitalisme colonial. Quoique actionnaires minoritaires, ils obtiennent une certaine indépendance éditoriale, préservée pendant les deux premières années, mais se trouvent bientôt en porte-à-faux. Cependant, en 1974, la révolution des Œillets au Portugal permet aux journalistes pro-FRELIMO de reprendre l'avantage[3].
Après l'indépendance, en 1975, la revue est dirigée par un trio, Albino Magaia, Calane da Silva et Ricardo Rangel, considéré comme le meilleur photojournaliste du pays[4], mais Tempo entre en conflit avec le ministre de l'Information, Jorge Rebelo, lui-même issu du FRELIMO. En effet le magazine, ouvertement anti-capitaliste, se situe plutôt à l'aile gauche du FRELIMO, qui n'adopte explicitement le marxisme-léninisme qu'en 1977[3].
Format
modifierImprimé par Tempográfica, doté d'une couverture en couleur, le premier numéro de 64 pages paraît le [5]. D'abord tiré à 5 000 exemplaires, puis rééimprimé pour en atteindre 15 000, c'est un grand succès. L'entreprise emploie alors une cinquantaine de professionnels[1].
Le tirage varie au fil du temps, atteignant occasionnellement 25 000, sans jamais dépasser 40 000. En 2008 il tire à 20 000 exemplaires[1].
Notes et références
modifier- (pt) « Revista Tempo 40 anos depois - Uma parte da História que se perde », @Verdade, 16 avril 2010
- Claúdio Jone, Presse et politique en Afrique Australe. De la transition au (socialisme) à la rediscussion des hégémonies internes au Mozambique et au Zimbabwe, Université Michel de Montaigne, Bordeaux, 2008, 581 p. [1]
- (en) Paul Fauvet, Marcelo Mosse, Carlos Cardoso: Telling the Truth in Mozambique, Juta and Company Ltd, 2003, p. 31-33 (ISBN 9781919930312)
- (en) « Mozambique: Country's Top Photo-Journalist Dies », AllAfrica, 12 juin 2009 [2]
- (pt) Emídio Machiana, A revista “Tempo” e a revolução moçambicana : da mobilização popular ao problema da crítica na informação, 1974-1977, Maputo, Promédia, 2002, p. 44
Annexes
modifierBibliographie
modifier- (pt) Paul Fauvet & Marcelo Mosse, « É proibido pôr algemas nas palavras ». Carlos Cardoso e a revolução moçambicana, Maputo, Ndjira, 2003, 454 p., compte-rendu par Cláudio Jone dans Lusotopie, no 11, 2004, Médias pouvoir et identités, p. 419-422, [lire en ligne]
- (pt) Celestino Joanguete, Imprensa moçambicana: do papel ao digital: teorias, história e digitalização, CEC Editores, 2016, 190 p. (ISBN 9789896914523)
- Claúdio Jone, « Les “gauchistes orphelins”. Presse et pouvoir dans le Mozambique post-colonial (1975-1990) » in Lusotopie, Médias, pouvoir et identités, Karthala, 2005, p. 281-294 (ISBN 9782845865945)
- Claúdio Jone, Presse et politique en Afrique Australe. De la transition au (socialisme) à la rediscussion des hégémonies internes au Mozambique et au Zimbabwe, Université Michel de Montaigne, Bordeaux, 2008, 581 p. (thèse en Sciences de l'information et de la communication)
- (pt) Emídio Machiana, A revista “Tempo” e a revolução moçambicana : da mobilização popular ao problema da crítica na informação, 1974-1977, Maputo, Promédia, 2002, 236 p.
- (pt) Fátima Ribeiro, António Sopa, Cem quarenta anos de imprensa em Moçambique, AMOLP, 1996, 292 p.
- (pt) Ilídio Rocha, A imprensa de Moçambique: historía e catálogo (1854-1975), Livros do Brasil, 2000, 435 p. (ISBN 9789723818000)
- (pt) Jacimara Souza Santana, Mulheres africanas de Moçambique na Revista “Tempo” (1975-1985), Itajaí, Casa Aberta, 2014, 236 p. (texte remanié d'un mémoire soutenu à l'université fédérale de Bahia.) (ISBN 9788533307483)
Articles connexes
modifier- Heliodoro Baptista, poète et journaliste
- Marcelo Panguana, poète et journaliste
- Hélder Muteia, poète, journaliste et homme politique
Liens externes
modifier- (pt) « Revista Tempo 40 anos depois - Uma parte da História que se perde », @Verdade, (avec des témoignages de Kok Nam et Calane da Silva)